30 août 2007

Eurobaston

Le 5 avril, le quart de finale de la Coupe de l'UEFA entre Séville et
Tottenham a été ouvert par des affrontements entre supporters anglais et
policiers espagnols. Bilan : 8 blessés.
Le 10 avril, le quart de finale de la Ligue des champions entre Manchester
et Rome a été marqué par des violences : 18 personnes ont été arrêtées, et
un blessé a du être hospitalisé.
Le 15 avril, à Agrinio (Grèce), lors d'un match de 3ème division, une
bagarre générale entre joueurs et supporters des deux équipes a fait trois
blessés graves. Le même week-éend, des incidents violents se sont aussi
produits à Kalamata, Larissa, Thessalonique et Athênes, où, fin mars, un
supporter de 25 ans avait été tué dans des affrontements entre plusieurs
centaines de hooligans.
Le 26 avril, plusieurs supporters valaisans interdits de stade se sont
défoulés dans la gare d'Aarau et se sont affrontés à la police. 25
supporters ont été arrêtés, un policier a été blessé. Début avril, lors
d'une rencontre entre deux équipes juniors valaisannes à Vouvry, un joueur
d'une quinzaine d'années a été passé à tabac par des supporters de l'équipe
adverse.
Le FC Zurich a envoyé à quatre de ses supporters les plus excités une
amende de 10'000 balles qui lui (au club, donc) a été infligée à cause de
leurs "débordements" lors de matches à Zurich. La commission de discipline
de la Souisse Foutbol Ligue avait puni le FC Zurich après que ces
supporters aient lancé des objets ou allumé des feux d'artifice interdits
dans les stades ou jouait le club.
Si on peut même plus rigoler, alors...

26 août 2007

EUROBOURRAGE DE CRANE (ET VIDAGE DE CAISSES PUBLIQUES)

Une fort opportune étude du bureau zurichois Rütter+Partner (sur)évalue à
une fourchette de 1,1 à 1,5 milliard le chiffre d'affaire de l'euro2008
pour la Suisse. La valeur ajoutée de l'événement serait comprise dans une
fourchette de 637 à 859 millions, et les dépenses des visiteurs dans une
fourchette de 250 à 400 millions (le nombre de visiteurs étrangers étant
évalué entre 1 et 1,4 millions, pour 2,8 à 5,4 millions de visiteurs au
total). Tout cela est bien beau, mais d'une part la même étude constate que
pour les collectivités publiques, l'Euro2008 aboutira à un déficit d'au
moins 30 millions (les investissements publics s'élevant à au moins 140
millions, et les rentrées fiscales à au plus 110 millions), et d'autre part
une étude allemande sur les retombées économiques du Mondial allemand de
2006 constate que ces retombées ont été bien moindre que prévues, et qu'en
particulier celles dans le secteur du tourisme avaient été largement
surestimées : si un événement sportif majeur attire des spectateurs
étrangers, il pousse d'autres touristes à renoncer à se déplacer dans la
région sinistrée. Le seul domaine où le Mondial de foot semble avoir eu
quelque effet, c'est la démographie : dans plusieurs villes allemandes,
neuf mois après l'événement, on a constaté un "baby boom" (plus 20 % de
naissances à Berlin, par rapport à l'année précédente, par exemple).
Economiquement, cepenant, le Mondial n'a eu aucun effet sur la conjoncture
allemande : les bénéfices supplémentaires enregistrés dans certains
secteurs (le commerce de détail par exemple) et sous-secteurs (la
gastronomie, les articles de sport) ne se traduisent que par des retombées
tout à fait margin ales sur l'ensemble de l'économie. En Suisse, les
prévisions de Rütter+Partner sont contestées pour leur optimisme excessif
: pour un porte-parole de la Migros ("20minutes.ch" du 14 mai), le
doublement escompté du chiffre d'affaire est "illusoire". En revanche,
comme il pourrait être moins illusoire dans certains secteurs très
particuliers, les collectivités publiques organisatrices ont décidé de
soutenir financièrement une campagne contre la traite des femmes et la
prostitution forcée, après analyse des faits lors du Mondial allemand de
2006. Il faut donc bien admettrre que certains secteurs de l'économie vont
effectivement profiter de l'Euro2008, même si selon le service de
coordination contre la traite d'être humains ne prévoit pas une "flambée de
la prostitution forcée" pendant l'Euro 2008. Logique : on s'est déjà fait
baiser avant.
En Autriche également, on a produit des prédictions très optimistes sur
l'impact économique de l'Euro : des recettes de 320 millions d'euros, 5400
nouveaux emplois, dont un e moitié de longue durée, des centaines de
milliers de nuitées.

Le directeur des opérations de l'UEFA, Martin Kallen, ayant annoncé que le
tournoi austro-suisse serait "le plus réussi de l'histoire", ce qui est
assez logique puisque c'est le dernier en date, le président de l'UEFA,
Michel Platini, a nuancé : "il a du dire la même chose avant l'Euro 2004 au
Portugal, et il dira sans doute la même chose avant l'Euro 2012 organisé
par la Pologne et l'Ukraine"... C'est ce qu'il y a de bien avec l'UEFA : on
a affaire à des optimistes. Près de leurs sous, mais optimistes quand même.

Du côté des organisateurs suisses de la foire à beaufs, on est aussi
optimistes, mais on prend des précautions, au cas où l'enthousiasme
spontané des masses ne serait pas au rendez-vous. On lance donc une
campagne destinée à réveiller cett enthousiasme, ou à le susciter, ou à
faire croire qu'il est là. ça s'appelle (en anglo-zurichois, forcément, vu
qu'en français ou en italien, ça a tout de suite l'air de la chanson :
tarte) "Play Football Switzerland on Tour", ça dure 140 jours et ça doit
"ancrer le football d'un point de vue émotionnel dans toutes les régions du
pays" et y laisser "une trace tangible au-delà de l'Euro". Quelle genre de
trace, on sait pas, mais une trace.
Au cas où on aurait oublié que l'Euromachin est une grosse affaire de gros
sous, la campagne "Play Football Switzerland on Tour" est soutenue par le
Crédit Suisse et Oechsner Sport". Et bien sûr, la SSR, jamais en reste de
soutien à la ringardise.