23 octobre 2011

Fonds de tiroir

« Neuchâtel Xamax est maintenu sous perfusion pour des raisons sportives », titre « Le Matin Dimanche » de dimanche dernier, en nous annonçant que la « Swiss Football League » (la coupole nationale du foot) a payé à la place du club des factures impayées par son impayable président, Bulat Chagaev. Des factures de la société Syconcept, qui gère les écrans géants dans le stade de la Maladière. Ecrans géants qui permettent de passer les pubs de la SFL. Pubs qui rapportent du pognon à la SFL, et ecrans qui paraît-il sont indispensables à la tenue de matches dans un stade de foot. Nous, on croyait que pour jouer au foot, il fallait un ballon, deux fois onze joueurs et des arbitres. On apprend maintenant qu'il faut aussi des écrans. Et des pubs. Et que ce sont là les « raisons sportives » pour lesquelles les factures du club ont été payées (mais en puisant dans un compte alimenté par les droits télé des matches joués par Xamax) par la Souisse Fottball Ligue. Ce qui a fait râler les autres créanciers de Bulat Chagaev, qui, eux, attendent d'être payés. Et ouala. Bulat Chagaev, ça doit être un nom d'emprunt : enlève ton masque, Marc Roger, on t'a reconnu.

Début septembre, une rencontre de 4ème ligue de foot, entre les FC vaudois Le Talent et Cugy, a fini en bagarre générale, après que deux joueurs se soient castagnés et qu'une vingtaine de supporters aient envahis le terrain de Saint-Barthélémy (le premier qui dit que c'était un nom prédestiné est un antisportif huguenot primaire). L'un des joueurs a été blessé par une arme de poing ou un objet contondant et l'entraîneur de l'une des équipes a abreuvé les joueurs de l'autre d'injures racistes. Bon, bref, vive le sport école de civilité, quoi...

Le président du FC Sion, Christian Constantin, vire à gauche. Si, si. Bon, c'est pas par conviction politique, c'est parce qu'il a une dent contre les faîtières du foot mondial, l'UEFA et la FIFA, qui ont beau engranger des milliards (2,3 milliards d'euros prévus en 2001-12 pour l'UEFA) mais ne paient pas un fifrelin d'impôt fédéral (et, pour l'UEFA, pas plus d'impôt cantonal) au prétexte qu'elles sont « d'utilité publique ». Constantin en veut à la FIFA d'avoir sanctionné son club pour l'engagement d'un gardien étranger dans des conditions contraires aux réglements de la FIFA, qui comme chacun sait s'imposent aux lois nationales. Et du coup, il rejoint la gauche dans sa revendication d'assujettir la FIFA (et l'UEFA, et toutes les autres faîtières sportives) à l'impôt, comme de vulgaires entreprises commerciales -qu'elles sont. La FIFA, qui ne paie ue les impôts cantonaux et municipaux à Zurich, en a payé pour un peu plus de trois millions en quatre ans (2007-2010), alors que si elle avait été traitée pour ce qu'elle est, elle aurait dû en payer soixante fois plus. La FIFA ne paie pas non plus d'impôts dans les pays où elle organise la Coupe du Monde, et qu'elle laissent se charger des infrastructures nécessaires pendant qu'elle encaisse les benefs (2,3 milliards pour la Coupe du Monde en Afrique du Sud). Voilà, voilà... mais c'est marrant, quand même : on peut peut plus parler de sport sans parler aussi de pognon... fatalitas...

Le samedi 10 septembre, à l'aube du jour du match entre Servette et Bâle à la Praille, trois supporters du Servette ont été interpellés par la police : ils venaient de planquer dans les chiottes des engins pyrotechniques pour foutre un peu de feu à la partie. Un quatrième supporter sera interpellé après le match pour avoir effectivement bengalisé son coin de tribunes. Aucun supporter bâlois, en revanche, n'a été surpris en train de franchir les limites du bon goût sportif -dont on sait qu'elles sont assez larges. Quant au match, Servette s'est fait éclaffer en prenant quatre buts sans en marquer aucun. Résumé des courses : 4:0 pour Bâle au football, 4:0 pour Servette au bengale. Un match nul comme un autre, quoi.

« Autant l'affirmer sans ambage, la saga de Bulat Chagaev à la tête du Neuchâtel Xamax, ça suffit ! Il faut que le sulfureux Tchètchène s'en aille, et vite ! », implore l'édito du « Courrier » du 12 septembre. En rappelant qu'à l'arrivée de Chagaev, une seule opposition s'était manifestée: celle du professeur Patrick Vincent. Et qu'à l'exception des Verts, personne ne l'avait écoutée, cette voix. Du moins tant qu'on croyait qu'il avait du pognon, Chagaev. Mais maintenant, on a des doutes : il a été viré d'un club de foot pour non respect de ses engagements financiers, à Neuchâtel ses fournisseurs ne sont pas payés... alors là, on s'inquiète. Parce qu'un butor riche, on supporte. Mais un butor fauché, c'est plus rien qu'un butor. Tchetchène, en plus. Résultat : le « club des amis » du Xamax, qui réunissait 160 personnes la saison dernière (chacune paie 10'000 balles pour soutenir le club) n'en réunissait plus que 25 l'été dernier. Du coup, Chagaev, qui les soupçonnait d'être amis du club sans l'être de son président, leur a interdit l'entrée du stade. A notre avis, ça a plutôt dû les soulager, les amis du club, de ne plus pouvoir mettre les pieds, ni le reste, au stade de Grozneuche...

26 septembre 2011

Fonds de tiroir

Le centre commercial de la Praille n'est pas content de l'horaire de certains matches joués par Servettte dans le stade voisin, et voudrait bien qu'on les change, ces horaires, pour que les matches ne commencent pas alors que le centre commercial est encore ouvert. Parce qu'il a la trouille, le centre commercial : les matches contre Lausanne, Grasshoper ou Bâle risquent d'être « chauds », question état d'esprit et taux d'alcoolémie de certains supporters... or il est prévu qu'ils commencent à 17 heures 45 le samedi, où le centre commercial est ouvert jusqu'à 18 heures... et on s'inquiète pour la sécurité des marchandises, de la clientèle et des bagnoles dans les parkings... Ah ben vous l'avez voulu, le stade à côté du centre commercial, ça a même été le moyen de faire accepter le centre commercial (Jelmoli était au départ l'un des investisseurs dans la construction du stade, parce qu'il savait que qu'en faisant passer le stade, on faisait en même temps passer le souk), alors maintenant ça serait bien de l'assumer... et d'assumer les dommages collatéraux du sport-pognon : pas seulement les trous financiers du stade, mais aussi les trous dans les neurones des supporters...

315'000 personnes se sont blessées en Suisse en 2009 en faisant du sport, dont plus de 90'000 en pratiquant des « jeux de balles » (foot, tennis etc...), plus de 90'000 également en pratiquant des sports d'hiver, et environ 10'000 en pratiquant des sports de montagne -qui ont tué 70 personnes cette année là. Y'a pas à dire, le sport, c'est la santé.

Vous vous souvenez de Marc Roger ? Mais oui, allez, vous savez bien, l'ancien patron du FC Servette et du Stade de la Praille, bouc-émissaire officiel de toutes les foirades du sport-pognon local... eh bien Marc Roger vient de se prendre une baffe de plus. Faut dire qu'il les a collectionnées. Il avait sollicité de pouvoir bénéficier de l'assistance juridique pour pouvoir faire recours au Tribunal fédéral contre une décision de la justice genevoise lui imposant de rembourser à un ancien mécène du SFC, Olivier Maus, une avance d'un million et demi de francs que ce dernier avait consenti pour que le club puisse obtenir sa licence de jeu, et que Roger considérait comme un don alors que Maus affirmait qu'il ne s'agissait que d'un prêt. Mais pouvoir faire recours du TF, Roger devrait débourser 12'000 balles. Et, totalement ruiné, il ne pouvait donc faire recours qu'en bénéficiant de l'assistance juridique. Qui lui a été refusée. Il ne fera donc pas recours. Et reste avec sa dette d'un million et demi, devenu deux millions avec les intérêts, à rembourser à l'un des plus gros contribuables de Genève. Et l'un des plus élégants, aussi, à voir comment il s'acharne sur un type déjà au fond du trou pour tenter de lui faire cracher un pognon dont lui, le gros contribuable, n'a absolument pas besoin...

« Nouveaux soupçons de corruption à la FIFA » (la fédération internationale du foot-pognon, donc), titre la «Tribune » : le secrétaire général de la fédération thaïlandaise de foot, et membre du comité exécutif de la FIFA, a trouvé le moyen de faire développer, grâce à une aide de la FIFA (pour un million de dollars) des infrastructures footballistiques sur des terrains lui appartenant. Et on apprend par ailleurs, au moment où la Jeunesse Socialiste dépose à Berne une pétition pour abolir les privilèges fiscaux accordés à la FIFA, que celle-ci paie un loyer dérisoire pour un restaurant sélect qu'elle exploite à Zurich à côté du siège qu'elle s'est fait construire pour 240 millions de francs. Le sport populaire avance à grands pas.

Le « sport-pognon », ça existe pas, c'est rien que des menteries, de la diffamation produite par des antisportifs pour abaisser la religion médiatique du temps : le sport professionnel. Bon, cela dit, un contrat de cinq ans portant sur 140 millions de francs, et valable dès le championnat 2012-13, a été signé entre le comité (pardon : le « commitee ») de la Swiss Football League et la société Cinetrade (Teleclub, Swisscom TV), c'est-à-dire une entreprise de télé payante, qui retransmettra les 180 marches de la saison matches en direct, le service public (la SSR) n'ayant plus que les droits de 36 matches par saison -et encore, sous réserve d'un accord financier. Et c'est pas du sport pognon, ça ? Meuh non, c'est les lois du marché, zêtes bouchés ou quoi ?

21 juin 2011

FC Servette et Stade de la Praille : De la mendicité des mammouths

Les hurlements de joie et les klaxons des supporters bourrés ne s'étaient même pas encore estompés, après le retour du FC Servette en ligue A, que le président dudit FC Servette, et désormais, en plus, exploitant du stade de la Praille, réclamait 2 millions et demi à la Ville et au canton. Sinon, lui, il ne paiera pas pour les investissements « nécessaires ». Na ! Il ne sait pas que la mendicité est interdite à Genève et que le chantage, c'est une mauvaise manière, Pishar ? Ou alors, en tant que mendiant millionnaire à la légèreté de «mammouth » pour reprendre l'expression de l'éditorialiste du « Matin Dimanche », il a acheté une dispense de respect de cette interdiction et une autorisation générale de paître dans les finances publiques ?

Les mammouths, les fantômes et le permafrost

A propos des « deux mammouths dans un magasin de porcelaine » que sont, selon elle (mais nous partageons ce constat paléontologico-économico-sportif), Majid Pishar, patron du FC Servette, et Bulat Chagaev, patron du Xamax, qui l'un et l'autre exigent des communes et/ou du canton dans lequel ils s'ébrouent qu'elles et ils leur fassent quelques petits cadeaux (2,5 millions pour Pishar, une pelouse pour Chagaev), Ariane Dayer se demandait dans le Matin Dimanche de dimanche dernier si c'est « le foot qui a besoin de la politique ou le contraire » ? Ben, les deux, ma colonelle, ou alors peut-être que tout dépend de quel foot et de quelle politique on parle... parce que si c'est du foot pognon de Pishar et Chagaev et de l'aplaventrissement des zautorités devant leurs clubs (dont on rappellera utilement au passage qu'ils sont des sociétés anonymes, pas des associations sans but lucratif), on se contentera de constater que l'un (le sport) se nourrit de la pusillanimité de l'autre (la politique)... Et qu'apparemment, il bouffe bien. Majid Pishar exige donc deux millions et demi de la Ville et du canton de Genève, sous peine de renoncer à assurer les « investissements nécessaires » pour rendre « compétitif » le club dont il est propriétaire. Et ces exigences, Charles Beer pour le canton, Sami Kanaan pour la Ville, en ont pris connaissance non de la bouche de Pishar (qui apparemment ne parle d'ailleurs toujours pas la langue du lieu -encore un problème d'intégration, que fait l'UDC ?), mais des colonnes de la Tribune de Genève, bulletin officiel des supporters du Servette, du stade, de Pishar et de tout ce qui va avec. Le montage que propose Pishar (qui demande aussi des sous aux milieux privés, mais qui sait qu'il les obtiendra plus facilement des «politiques ») est du même type que celui qu'ont proposé (et obtenu) les dirigeants de l'autre Servette, celui du Hockey : on ne subventionne pas le club, on subventionne ce que le club devrait subventionner, son centre de formation, ses juniors, sa « Maison du Servette » (puisque comme dirait Claudel, le foot,, y'a des maisons pour ça...) bref : tout ce qui fait joli dans le tableau panégyrique à la gloire du sport-qui-tisse-le-lien-social, et, surtout, tout ce qui permet au club de de ne plus avoir à payer pour ce que la Ville et le canton seraient d'accord de financer. Le résultat est le même, en moins compromettant politiquement, que si les collectivités publlques payaient directement : c'est deux millions et demi de plus pour le club, ou pour Pishar, qu'on les lui donne ou qu'on lui permette de les économiser. Est-ce que ça lui permettrait de payer le personnel de sa boîte, qu'il refuse de payer, ou de régler les factures du Servette ou du stade qui restent impayées depuis janvier, comme nous l'apprenait Le Temps du 11 juin ? Et le quotidien d'ajouter : «les fantômes du passé ressurgissent ». Parce que quelqu'un pensait sérieusement qu'ils avaient disparu ? qu'on les avait exorcisés ? Les fantômes n'ont-ils pas l'éternité pour eux, même lorsqu'ils hantent les stades de foot, la sébile à la main ? En attendant que les hurlements des fantômes de la Praille cessent de résonner dans les colonnes de la « Julie », on se réjouit d'avance d'apprendre par quel nouveau tour de passe-passe nos zautorités vont réussir à sortir les millions que réclame le patron du Servette, sans les soumettre à référendum populaire. En les intégrant purement et simplement aux budgets municipal et cantonal ? Parce que si Pishar astique sa sébile, nous, on pourrait dépoussièrer nos stands de récolte de signatures... sport pour sport, le nôtre coûte moins cher à la collectivité, n'engraisse aucun mammouth et, écologiquement responsable, sauvegarde le permafrost de la Praille.

12 juin 2011

Fédération internationale du foot-pognon (FIFA) : Circulez, y'a rien à voir...

Unique candidat restant à sa propre succession (« un couronnement sans opposant, c'est comme un mandat frauduleux », estimait le président de la fédération anglaise de foot, qui a vainement plaidé pour un report de l'élection), le Suisse Sepp Blatter a donc été réélu pour un quatrième mandat (le dernier, a-t-il promis, juré) à la présidence de la Fédération internationale du foot-pognon, la FIFA, avec un score nord-coréen (186 suffrages sur 203 votants) malgré les accusations de corruption dont cette coupole sportive fait l'objet. Lui s'en est sorti (« il est intouchable car il n'a jamais touché, mais il sait qui a touché », commente un ancien cadre de la FIFA) , pas le Quatari Mohammed Bin Hammam, qui a dû se retirer de la course à la présidence. Les deux candidats avaient fait campagne en promettant de restaurer l'éthique sportive et d'en finir avec la corruption. Personne ne les a cru, l'un des deux a été éjecté de la course, l'autre, dans l'appareil depuis bientôt quarante ans et à sa tête depuis vingt ans comme secrétaire général, puis directeur exécutif puis président, a été réélu. « C'est une journée formidable pour la FIFA car elle a démontré l'unité de notre famille », a résumé le padrino réélu. Circulez, y'a rien à voir, sport-business as usual.

La FIFA : Milliardaire, corrompue... et « d’utilité publique »...

Les principaux « partenaires économiques » (les sponsors, quoi) de la Fédération Internationale de football «amateur» (amateur de quoi ? de pognon ?) ne sont pas contents : l'image de la FIFA se dégrade au fur et à mesure que tombent comme à Gravelotte les révélations sur ses dirigeants (10 d'entre eux, sur 24, sont soupçonnés de corruption) et sur les achats de votes de représentants de fédérations nationales -mais soyons clairs : ce n'est pas la corruption qui gène Visa, Coca-Cola. Adidas, Sony, Hyundai, ou Emirate, c'est qu'elle s'étale au grand jour. D'ailleurs, aucun des ces aimables philanthropes n'a menacé de retirer ses billes financières de la FIFA. C'est d'ailleurs grâce à eux que les revenus quadriennaux de la FIFA ont dépassé les quatre milliards de dollars. Et comme on peut légitimement douter que ces multinationales soutiennent cette autre multinationale pour l'amour du sport, on se dit qu'elles trouvent leur intérêt à poursuivre ce soutien intéressé. Le porte-parole de Coca-Cola, lié à la FIFA depuis 1978, la joue pourtant alarmiste : « les allégations actuelles (de corruption) sont angoissantes et très mauvaises pour le sport ». Le président de la ffédération danoise de foot, au nom de tous les pays scandinaves, a réclamé la création d'une commission indépendante chargée de faire la lumière sur ces allégation. Ces Scandinaves croient au Père Noël ? la FIFA n'a aucun intérêt à « faire la lumière » sur ses propres pratiques et celles de ces dirigeants. Certes, elle va, comme l'y invitait Micheline Calmy-Rey, « prendre au sérieux » les accusations de corruption -mais c'est parce qu'elle sait qu'elles ne sont pas sans fondement, et qu'il importe de tout faire pour qu'elles ne perturbent pas le business du foot. Il faudra rassurer les sponsors et les chaînes de télévision qui achètent les droits de retransmission des jeux du cirque. Et on s'en tiendra là : « faire le ménage » au sein de la coupole du foot, ce serait tuer le foot business... or les dirigeants de la FIFA, et la FIFA elle-même, en vivent, du foot business, et ils ne sont pas du genre à égorger la poule aux oeufs d'or avant qu'elle ait pondu tout ce qu'elle peut pondre. « Ne laissez pas l'argent abimer votre idéal », plaidait Micheline Calmy-Rey -mais l'argent n'abime pas l'idéal du foot, il l'achète, et un idéal qui s'achète, c'est bien un idéal qui se vend, au plus offrant. Sepp Blatter, bottant en touche, a fait accepter le principe de l'attribution des coupes du monde non plus par le comité exécutif de la FIFA, mais par son assemblée générale (ou le délégué d'une île pacifique de quelques milliers d'habitants, dont 50 footballeurs, pèse autant que celui du Brésil et de ses millions de footballeurs amateurs et professionnels). Et après ? ça fera simplement plus de votants à corrompre, ça coûtera un peu plus cher, mais le jeu continuera à en valoir la chandelle, et la triche. Milliardaire et corrompue, se souciant comme de son dernier maillot des droits de la personne humaine (elle vient d’attribuer la Coupe du monde 2022 au Qatar, un pays où les femmes et les migrants sont traités comme des citoyens de seconde zone, où l’homosexualité est punissable et qui ne connaît ni la liberté de la presse ni la liberté d’opinion), la FIFA continue de jouir dans notre pays, puisqu'elle y est installée comme n'importe quel évadé fiscal, d'un statut d'organisme « d’utilité publique ». Cette belle oeuvre charitable à engrangé un bénéfice de 2,35 milliards de francs lors de la Coupe de monde de football en Afrique du Sud, et a versé plus de 50 millions de francs de bonus à Sepp Blatter (dont le salaire annuel dépasse le million de francs) et ses autres dirigeants, alors que l'organisation de la Coupe a creusé un trou de 3 milliards dans les finances de l’Etat sud-africain, dont 40% des habitants vivent dans une pauvreté absolue. Le même destin attend le Brésil, qui accueillera la Coupe du monde en 2014. Le statut « d’utilité publique » de la FIFA lui a permis de ne payer entre 2007 et 2010 que soixante fois moins d'impôts (3 millions au lieu de 180 millions) que ce qu'elle aurait dû payer si elle avait été taxée comme une entreprise lucrative, ce qu'elle est. Voilà pourquoi Solidar Suisse et la Jeunesse socialiste suisse lancent une pétition qui invite le Conseil fédéral et le Parlement à « mettre fin aux privilèges fiscaux (allègements et exonérations) accordés à la Fédération de football association (FIFA)» : Signez la pétition! (www.solidar.ch/petition-fifa.html)

21 avril 2011

L'exploitation du Stade de la Praille remise au FC Servette : La plaisanterie continue

Le président du FC Servette, Majid Pishyar, a obtenu de la Fondation du Stade de Genève l'exploitation de ce terrain vague pour 32 ans. En expliquant qu'il en avait besoin pour « poursuivre le développement de Servette ». On aurait plutôt du lui carrément la propriété du stade, à Pishyar, histoire de se débarrasser de ce machin, mais l'hypothèse n'est pas à l'ordre du jour. Le FC Servette a donc obtenu de pouvoir exploiter le stade de la Praille en sachant pertinemment que si cet enclos ne servait qu'à ce pourquoi il a été construit, c'est-à-dire précisément de stade, les maigres 5000 spectateurs qu'il peut espérer en moyenne ne suffiront pas à équilibrer ses comptes (le SFC ne s'est engagé à verser que 900'000 francs par an à la fondation du stade, sous forme de redevance annuelle et de contribution à la couverture des coûts de maintien de l'infrastructure). Les collectivités publiques vont continuer à casquer, quoi qu'en promette le Conseil d'Etat.

Jouez hautbois, sonnez trompettes, le Servette est à la maison


L'accord signé avec le Servette FC, et qui remet au club l'exploitation du stade de la Praille, « règle les problèmes politiques autour du financement du stade », et l' « enceinte fonctionnera désormais sans subvention », promet Mark Muller... Croit-il seulement lui-même à ce qu'il dit, le Conseiller d'Etat, même s'il n'évoque que les subventions portées en tant que telles au budget du canton, et non les prestations en nature, la mise à disposition de personnel, l'abandon de créances (par le canton ou la Ville de Lancy) ou la prise en charge par le canton du droit de superficie payé aux CFF ? Le stade de la Praille a déjà coûté plus de 120 millions de francs au lieu des 68 millions prévus;; En 2004, sa valeur en cas de vente forcée n'était évaluée qu'à 17 millions. En d'autres termes, aujourd'hui, le stade, qui a coûté deux fois plus que prévu, vaut dix fois moins que ce qu'il a coûté. L'accord passé avec le SFC n'y changera rien : on se retrouve à Genève avec un stade deux fois trop grand, trois fois trop cher, vide à 90 %, ne valant que le dixième de ce qu'il a coûté, géré par une fondation surendettée, parfaitement incapable de remplir le rôle que ses statuts lui assignent : « favoriser la pratique et le développement en général de tous les sports athlétiques dans le canton de Genève, et plus particulièrement ceux pratiqués par le Servette Football Club ». En fait, les seuls sports athlétiques dont le stade de la Praille ait jamais « favorisé la pratique et le développement en général» sont le saut dans le vide budgétaire, la natation synchronisée en eaux troubles et la pêche aux subventions. Nous sommes de ceux qui depuis dix ans annoncent que ce stade ne sera jamais rentable : un stade de 30'000 places pour un canton de 500'000 habitants et pour 5000 supporters, relève d'une absurdité durable.On a construit un stade deux fois trop grand, qui reste généralement vide à 90% lorsqu'il est utilisé pour ce à quoi il est voué. Le club résident ne remplissait déjà plus les Charmilles, il pouvait d'autant moins remplir la Praille qu'il est tombé en division plébéienne. Du coup, pour annoncer la bonne nouvelle de l'accord passé entre la Fondation du Stade et le FC Servette, le communiqué officiel prend des airs de rodomontades d'insurgés libyens : « Après plus de trois ans de travail, le Servette FC retrouve peu à peu ses couleurs glorieuses et obtient, à travers la gestion du stade, pour atteindre ses plus hauts objectifs ». Jouez hautbois, sonnez trompettes, le jour de gloire arrive dans les seize mètres. L'article initial du contrat signé par le SFC pour l'exploitation du stade engage son actionnaire à doter l'équipe « de moyens, notamment financiers, suffisants pour permettre la promotion » du club en division d'élite du foot suisse (Axpo Super League), mais si le club, au lieu de remonter en ligue supérieure, redescend en ligue inférieure, le contrat deviendrait caduc. Aujourd'hui, Majid Pishyar se félicite : « Servette peut enfin se sentir comme à la maison ». Une maison payée par les collectivités publiques, qui vont continuer à la payer Financièrement, le stade est un gouffre, architecturalement, un étron; sportivement, un terrain vague qui a englouti, outre les dizaines de millions de fonds publics qu'on y a balancé, la totalité du droit de superficie dû par Jelmoli et du prix des concessions des stands et des buvettes. Il a aussi englouti les prêts consentis par les collectivités publiques complaisantes, et qui ne seront jamasis remboursés. Le meilleur sort qu'on puisse lui réserver serait de le vendre pour un franc symbolique, à qui en voudra, Marc Roger, Bernard Madoff ou Majid Pishyar, peu importe. Ou qu'il soit détruit. Sinon, qu'en faire ? Une friche post-industrielle ? Un musèe des imbécilités politiques ? Une annexe de Champ-Dollon ? Le Servette FC est dans le stade « comme à la maison », soupire d'aise son président. Maison de retraite, maison de correction ou maison de passe ?

06 avril 2011

Fonds de tiroir

Le Conseil d'Etat a versé 1,6 million de francs au Genève-Servette Hockey en puisant dans des fonds de la Loterie Romande, qui exclut toute aide à une société anonyme. Or le GSHC est précisément une société anonyme. Qui a donc reçu, au titre de « soutien très spécial », une aide puisée dans un fonds que le canton n'avait pas le droit d'utiliser pour cela. C'est une douce manie, d'ailleurs, du canton, de procéder ainsi dès qu'il s'agit de sport : la fondation du Stade de Genève avait déjà bénéficié des largesses du Conseil d'Etat, qui avait cette fois puisé dans le fonds d'équipement cantonal pour éviter de demander au Grand Conseil un crédit qui aurait été attaqué par référendum. Donc voilà, maintenant qu'on a arrosé le foot et le hockey, on attend l'arrosage de la pétanque, du polo, du tennis de table et du hornuss. Tant qu'à faire. Faut juste trouver le fonds dans lequel puiser sans y être autorisé...

Le Tsar du foot-pognon, Sepp Blatter, président de la Fédération internationale du foot, la FIFA, se représente pour un quatrième mandat (après avoir promis qu'il n'en ferait que deux) , au prétexte qu'il n'a pas « fini sa mission » (laquelle ? plonger encore un peu plus le foot dans le mercantilisme ?), mais un candidat sérieux se présente contre lui : la Quatari Mohammed Bin Hammam, président de la Confédération asiatique de football. Sa première élection, en 1998, Blatter l'avait gagnée grâce à l'achat de votes., et en 2007, plus de concurrent du tout... Mais cette fois, il risque de perdre son trône : bin Hammam est un homme du sérail, qui fait campagne en proposant de créer une commission de « transparence » pour lutter contre la corruption, fléau dont Blatter n'est peut-être pas l'adversaire le plus résolu. Dans une élection normale, démocratique le Quatari aurait toute ses chances. Mais la FIFA fonctionne selon le principe « un pays - une voix ». Ce qui fait peser Antigua (1000 licenciés) du même poids que le Brésil ou l'Italie et leurs millions de licenciés. Une procédure idéale pour s'acheter son élection. Bref, un système qui ressemble tout à fait à ce que la FIFA a réussi à faire du football professionnel : un souk.

10 janvier 2011

Fonds de tiroirs

Après le choix de la Russie pour organiser le Mondial de foot en 2018, les experts s'inquiètent, en découvrant que la Russie, putain que c'est grand ! Les compétitions devraient se dérouler dans des stades allant de celui de Kaliningrad à l'Oural, soit une distance de 3000 kilomètres, dans un pays où, nous assure-t-on, la vitesse moyenne des trains ne dépasse pas 75 kilomètres à l'heure et mettraient donc deux jours et six heures pour aller d'un stade à l'autre. Bon, et alors ? Ils auraient pu faire mieux, les Russes : programmer des matches en Sibérie. Une demi-finale à Irkoutsk, juste avant une finale à Moscou, ça aurait de la gueule, non ? Pour le coup, les joueurs n'auraient pas besoin de faire semblant de tomber dans les seize mètres pour arracher frauduleusement un pénalty, vu que dans les seize mètres, ils n'y parviendraient jamais. L'autre choix de la FIFA pour organiser le Mondial de foot, celui de 2022, au Qatar, a aussi suscité des commentaires aigre-doux, notamment sur la nécessité de prévoir des stades climatisés vu qu'à l'époque où se tiendra la compétition, il fait autour 50 degrés à l'ombre dans ce joli pays. En tout cas, si jamais l'équipe de Suisse est sélectionnée pour ce bain de soleil sur le sable, elle n'aura pas besoin de se chercher des excuses quand elle se fera lourder aux éliminatoires : faisait trop chaud.

Le Servette FC bombe le torse. Pas à cause de ses résultats en championnat, non. A cause de la fréquentation du stade : 7400 spectateurs par match, en moyenne, dans un stade de 30'000 places « C'est la cinquième affluence du pays, toutes ligues confondues », claironne le vice-président du SFC. Ouais, ça nous fait surtout un stade aux trois quarts vide.

Le choix de la FIFA, de la Russie et du Qatar pour organiser les Mondiaux de foot de 2018 et 22, aura fait une tripotée de people et de politiciens malheureux : Bill Clinton, venu soutenir la candidatures des USA, le prince William, Danid Beckham et le Premier ministre Caremeron, venus soutenir celle de la Grande-Bretagne, Elle MacPherson, pour l'Australie... Des fois, ça fait du bien par où ça passe, la Schadenfreude...

Plus de 33.000 amateurs de football ont assisté à la mi-décembre au Pirée, en Grèce, à un « Match contre la pauvreté » auquel participaient notamment des joueurs comme Ronaldo, Zinédine Zidane et Didier Drogba -mais le communiqué de l'ONU qui nous annonce le bouleversifiante nouvelle ne nous dit pas dans quelle équipe (celle des riches ou celle des pauvres ?) ils jouaient. Ni même si dans ce « Match contre la pauvreté » participait une équipe de pauvres. Dans un match organisé en Grèce, en ce moment, ça ne devrait pas être impossible à former, une équipe de pauvres. « A travers ce match, nous espérons faire savoir au monde que nous sommes avec (les pauvres)», a déclaré Zinédine Zidane. ça leur fait une belle jambe, aux pauvres. Quant à Ronaldo, il s'est dit « impressionné que le stade soit plein ». Nous, on vous dira pas ce qui nous impressionne le plus dans cette histoire, ça serait pas poli. Oh non, pas poli du tout.

Mark Muller s'obstine : il veut les Jeux Olympitres d'Hiver 2022, ou 2026, pour Genève. Tout en faisant mine de soutenir, et de faire soutenir par le Conseil d'Etat auprès du CIO, la candidature d'Annecy pour les JO d'hiver de 2018, candidature qui, si elle était retenue, renverrait celle de Genève aux calendes grecques. Mais comme la candidature d'Annecy est plombée à la fois par la contestation locale et le départ de son directeur, ça coûte rien de la soutenir, dès lors qu'on fait le pari qu'elle sera rejetée et qu'on pourra présenter celle de Genève pour les olympiades suivantes. Pourtant, les contestations à Annecy, c'est rien à côté de celles qui naîtront à Genève si le projet mullero-jobinesque de faire de Genève une station de sport d'hiver devait prendre réellement de l'étoffe. Parce que chez nous, mon bon Monsieur, contrairement au pays d'à côté, ce genre de projets finit toujours par être soumis au peuple. Et peut en plus faire l'objet de plus de recours qu'il y a de compétitions spécifiques au JO d'hiver. Ou d'été. Ou des deux en même temps. Bref, on risque de bien se marrer.