17 octobre 2012

Les Jeux Olympiques d'hiver 2022 en Suisse ? C'est la luge finale...

Le Conseil d'Etat des Grisons a envie d'organiser, avec une facture (sous-estimée) de quatre milliards de francs, et une garantie de déficit d'un milliard accordée par la Confédération,  les Jeux Olympiques d'hiver 2022 à Saint-Moritz. Plus sensées, que les Grisons (mais aussi que Genève et le Valais, qui furent un temps candidats à la candidature), Lucerne et la Suisse centrale avaient renoncé à se porter candidates à l'organisation de cette fête du sport-pognon, de ses sponsors et de ses pharmaciens experts en dopage. Le CIO attribuera les Jeux en 2015. Il reste donc aux opposants à l'organisation en Suisse de cette foire moins de trois ans pour renvoyer ce funeste projet à ses expéditeurs réels : les offices du tourisme. Avec prière d'en faire ce qu'il mérite : des confettis.

Pas plus de JO dans les Grisons que de Gripen au-dessus


Des Jeux Olympiques d'hiver à Saint-Moriz, qui les avaient déjà accueillis il y a des décennies, du temps où ces Jeux étaient encore des jeux (ou des joutes) et leurs participants des amateurs ? L'idée titille donc à la fois le secteur local du tourisme, le gouvernement cantonal grison et le Conseil fédéral. Sans qu'il soit évident que la population des Grisons (et pas seulement les hôteliers de Saint-Moritz ou Davos) la soutienne, et que le Comité international olympique y soit sensible, d'autant que, pour leur donner une petite couleur dans l'air du temps, les promoteurs du projet assurent qu'il sera compatible avec le «développement durable», ce qui le rendrait parfaitement inintéressant du seul point de vue qui intéresse le CIO et ses sponsors : le point de vue financier, celui, bien entendu, des profits que l'on peut en tirer -parce que celui du coût pour les collectivités publiques organisatrices, le CIO s'en bat les lattes avec toute la componction qu'on lui connaît.
Le coût pour les collectivités publiques de l'organisation des JO d'Hiver à Saint Moritz est estimé, par ses partisans eux-mêmes, à plus de quatre milliards d'investissements, dont une partie serait assumée par la Confédération, c'est-à-dire par toute la Suisse. Le seul soutien officiel à la candidature grisonne a été estimé par le Conseiller fédéral Ueli Maurer à 30 millions : c'est le prix du lobbying, de la pub, du racolage des pontes du Comité international olympique.  Quant aux promesses d'organiser en Suisse des « Jeux Verts » et modestes, on ne peut guère qu'en ricaner : il y a toujours plus d'athlètes, de disciplines, de journalistes, de public, de mercantilisme et de sponsoring autour des grandes manifestations sportives en général, et des JO en particulier, et une candidature « verte et modeste » n'aurait aucune chance d'être retenue par le Comité olympique, sauf évidemment à n'être « verte et modeste » que dans le discours tenu pour la faire accepter par le bon peuple des communes, des villes, du canton et du pays organisateurs.

« Les Jeux Olympiques ne sont clairement pas une priorité pour le pays », a fort judicieusement déclaré le Conseiller national (vert) genevois Ueli Leuenberger. Non seulement parce qu'ils se terminent toujours par des déficits gigantesques pour ceux qui les ont organisés (mais pas pour le CIO), comme Vancouver qui s'est retrouvée avec une ardoise d'un milliard, mais aussi parce qu'avec les quatre milliards (au moins) que l'exercice coûterait, on aurait bien mieux à faire que le financer, et financer de grosses infrastructures avec l'espoir qu'elles doperont le tourisme (alors qu'on vient d'accepter l'initiative Weber qui veut précisément mettre fin à ce genre de fuite en avant).

Fort heureusement, le ministre en charge du dossier, au Conseil fédéral, c'est l'inénarrable Ueli Maurer, et pour les adversaires de l'organisation des JO en Suisse le dossier est entre les meilleures mains possibles, celles d'un ministre UDC. Parce qu'il faut bien le reconnaître : en ce moment, la gauche doit une fière chandelle au vivier politique de ce parti : c'est un ministre UDC, Ueli Maurer, qui est en train d'abolir l'armée à la place du GSSA, et une ministre ex-UDC, Evelyne Widmer-Schlumpf, qui est en train d'abolir le secret bancaire à la place de Jean Ziegler... On peut donc accorder à Ueli Maurer une confiance totale pour plomber le dossier des JO d'hiver 2022 avec la même efficacité qu'il a déployée pour plomber celui de l'achat de nouveaux avions de combat.
Logiquement, il ne devrait pas plus y avoir de Jeux Olympiques dans les Grisons que de Gripen au-dessus...