25 décembre 2012

Fonds de tiroir

La société du Sport Toto, le bookmaker sportif suisse officiel, sait quoi faire des bénéfices qu'elle fait sur le dos des parieurs : elle les transforme notamment en petits cadeaux destinés aux politiciens fédéraux pour qu'ils soutiennent le crédit d'un milliard, sous forme de garantie de déficit, proposé pour assurer le financement des Jeux Olympiques d'hiver dans les Grisons en 2022. Si les citoyennes et citoyens des Grisons en veulent, ce qui n'est pas garanti puisqu'ïl semble qu'ils soient « très partagés », comme nous l'écrit « Le Matin Dimanche » de dimanche dernier (qui nous tartine trois pages de promotion du projet). Bon, ben déjà qu'on jouait pas au Sport Toto, si en plus on nous apprend que le pognon qu'on y aurait claqué sert entre autres à offrir des montres à des parlementaires fédéraux pour qu'ils votent une garantie de déficit d'un milliard, on va réfréner toute envie éventuelle de se mettre à y jouer. On n'aura pas trop de mal à se contenir, notez...

Les chefs des départements cantonaux de justice et police se sont mis d'accord : dès l'été prochain, l'alcool sera interdit dans les stades et les patinoires (et à leurs abords) lors des « matches à risque ». Les organisateurs des rencontres de première division devront déposer une demande d'autorisation pour toute la saison sportive. Les compétitions seront classées en vertes, jaunes et rouges, selon leur niveau de dangerosité. L'alcool sera interdit dans les stade et un kilomètre autour lors des rencontres rouges, et des contrôles à l'entrée devront permettre d'identifier les hooligans (il y en aurait un millier en Suisse). Lors des matches verts et jaunes, l'alcool sera autorisé et les contrôles réduits. La conseillère d'Etat vaudoise Jacqueline de Quattro trouve ces recommandations « libérales » : évidemment, puisque le commerce d'alcool par les clubs reste, contrairement aux craintes des clubs, autorisé pour la plupart des matches, et pour tous les matches dans les « zones VIP »  (ces boxes à rupins sont réputés calmes : les parcs à bourges ne sont pas des corralls). Mais les cantons sont tout de même inquiets : ils devront assurer la sécurité lors des déplacements de leurs supporters à l'extérieur, et l'interdiction de l'alcool lors des matches rouges, les plus rentables, reste en travers du foie des clubs. Du coup, on les voit déjà quémander auprès des autorités cantonales : à Genève, le directeur administratif du FC Servette va discuter avec le Conseiller d'Etat Pierre Maudet pour trouver des « arrangements » : « nous sommes incapables de prendre à notre charge l'entier des frais de sécurité ». On se disait aussi que ça allait forcément retomber sur les caisses publiques, ce truc. Bon, de toute façon, si l'on en croit le Conseiller d'Etat fribourgeois Erwin Jutzet, la conférence des chefs de départements cantonaux de justice et police n'a adopté que « des recommandations, que l'on peut suivre ou pas ». Autrement dit : dont on peut se confoutre comme un dealer de sa quinzième interpellation. Sur ce, santé, conservation et vive le sport, école de civilité et d'abstinence !

Les anciens joueurs de l'ancien FC Servette (celui de Marc Roger) veulent relancer l'action en responsabilité civile contre les administrateurs de la société en faillite, et demandent, ensemble, plus de 20 millions à Olivier Maus (qui ne veut pas payer, même s'il en a les moyens, puisque sa famille est en passe de se goinfrer le crodocile Lacoste pour 350 millions de francs) et à Marc Roger (qui n'a évidemment par le premier centime d'euro de cette somme). Maus demande de ne pas être seul en cause, et requiert la participation au procès de l'ancien président du club, un certain Christian Lüscher, et (notamment) des ex-administrateurs du club, Olivier Carrard et Alain Rolland.  Avec Marc Roger, Lüscher et Carrard avaient produit un bilan illusoire pour faire croire que le club n'était plus surendetté, et lui permettre de continuer à participer au championnat. Pour cela, Roger avait été condamné pour faux dans les titres, pas Lüscher ni Carrard. On accuse les frontaliers de prendre les emplois des Genevois ? En tout cas, ils prennent leurs condamnations.

La menace d'une interdiction de vente d'alcool dans les stades (et autour) des grands matches de foot ou de hockey continue de faire hoqueter. Pour de bonnes, saines et désintéressées raisons : «le match de foot et de hockey ne se conjugue que rarement sans sa bière et sa saucisse » clame le responsable de la communication du groupe (de brasseurs) Felschlösschen. Dont « Le Matin Dimanche » nous précise, au cas où on en douterait, qu'il est « aussi un partenaire financier important du sport suisse ». Un partenaire désintéressé, qui aime le sport pour la beauté du sport, bien sûr,  mais qui précise qu'il y a « un rapport direct entre les quantités vendues et les montants rétrocédés aux clubs ». Les quantités de quoi ? De bibine. Et de bibine avec alcool, pas de la bibine pour gonzesses, parce que quand on échange l'une contre l'autre, « la consommation diminue sérieusement ». En clair: le spectateur et le supporter ne boivent pas de la bière, mais de l'alcool. Et comme moins d'alcool=moins de consommation, et moins de consommation=moins de pognon redistribué aux clubs, les clubs, eux aussi, nous font une crise de delirium très mince. Bon, nous, hein, ce qu'on on dit, on n'aime ni le sport, ni la pistrouille de chez Feldmachin, alors tant qu'on nous empêche pas de nous bourrer la gueule à la slivo dans un rade balkanique...