31 juillet 2007

Euromarché (noir)


Des billets pour la demi-finale bâloise de l'Euro2008 sont déjà en vente
sur internet pour 6500 francs le jeu de quatre, soit douze fois plus cher
que leur prix normal. Ces billets sont soit mis en vente par des
particuliers les ayant obtenu normalement, ou par des revendeurs plus ou
moins légaux sachant où s'approvisionner au noir. En Angleterre, des sites
internet de vente non autorisée opérant à grande échelle font déjà l'objet
d'enquête.
C'est pas juste, faut pas tuer le petit commerce, il est inséparable de la
beauté du foot. Pour certains, il en est même le seul intérêt.
C'est ainsi que des entreprises sont prêtes à débourser des sommes
"colossales" (selon Le Matin du 29 avril) pour obtenir des places VIP
lors des matches de l'Euro 2008, histoire de s'en servir pour appâter des
clients, réceptions dans de grands hôtels à la clef (et escort girls en
prime ?). Les 80'000 billets VIP disponibles, distribués par la société
américaine IMG, sont en vene depuis la mi-avril, mais des arrangements se
négocient depuis le début de l'année, par des filières parallèles,
notamment des sociétés installées dans des paradis fiscaux (genre
Lichtenstein), qui proposaient mi-avril les trois matches du premier tour
dans le groupe de la Suisse pour 18'000 balles la place (3000 francs de
plus que le prix officiel) , avec réception dans un grand hôtel de Bâle.
Dans les coulisses de l'UEFA, on admet qu'il est possible que des
fédérations nationales de foot, malgré l'interdiction qui leur en est
faite, alimentent ce marché noir (ou gris foncé).
Quant au spectateur de base, il aura été convié à la loterie : l'UEFA a
reçu 8,7 millions de demandes de billets, pour 350'000 billets disponibles.
Sur 24 demandes, 23 n'auront donc pas été satisfaites ailleurs que sur le
marché noir. A Genève, 750 billets sont réservés à la population du canton
pour chacun des trois matches diputés à la Praille, les 7, 11 et 15 juin
2008. ça fait 2250 billets en tout, pour le vulgaire. Pour l'élite, le
Conseil d'Etat dispose de 40 billets par match à distribuer à ses petits
copains. La Fédération suisse de foot dispose en outre de 19 % des places
pour chaque match de l'équipe de Suisse, tous disputés à Bâle.
Au total, sur 1,05 million de places, un tiers sont attribuées par tirage
au sort au "grand public", 38 % aux fédérations de foot des pays qualifiés,
14 % aux sponsors, le reste se partageant entre happy few : invités
spéciaux, notables de l'UEFA et leurs copains, villes hôtes, propriétaires
des stade. Le marché noir va quant à lui se nourrir des reliefs de ces
attributions.

29 juillet 2007

Euroracket

L'Autriche investira officiellement l'équivalent de 220 millions de francs
dans l'organisation de l'Euro2008, la Suisse 182 millions. Il faut
évidemment placer l'expression "au moins" avant le chiffre officiel. Et
attendre les comptes pour savoir ce que le machin aura réellement coûté aux
collectivités publiques.

Le 17 juin, les citoyennes et yens de la Ville de Berne ont accepté, à une
courte majorité, un crédit de 5,2 millions de francs pour l'accompagnement
des matches de l'Euro2008. La votation avait, loyalement, été organisée par
les autorités bernoises sans attendre un référendum populaire, exercice
auquel s'étaient non seulement bien gardées de se livrer les autorités
genevoises, mais qu'elles avaient même rendu impossible en noyant les
crédits consentis à l'Euro dans le budget ordinaire du canton, contre
lequel aucun référendum ne peut être lancé.
Comme quoi la Sarine n'est pas seulement une frontière linguistique, mais
aussi une frontière politique, entre ceux pour qui "démocratie" est un mot
et ceux pour qui ce mot est aussi une pratique.

25 juillet 2007

EUROPROPAGANDE : LA SSR EMBARQUEE

Garde à vous ! C'est le mot d'ordre imposé par la radio et la télé publique
suisse (SSR SRG Idée Suisse) à ses collaborateurs, à propos de l'Euro 2008.
La SSR a passé un accord avec la société Euro2008 SA, et entend bien faire
en sorte que cet accord ait force de loi supérieure à la liberté d'informer
-et plus encore, évidemment, à celle de critiquer. Une missive adressée au
personnel pose clairement le diktat : "L'Eurol va devenir au cours des 13
prochains mois le sujet dominant pour tous les services des sports, mais
les émissions d'information, de divertissement et les programmes culturels
reprendront eux aussi ici et là les divers éléments marquants de cette
manifestation. "We light the Euro fire", telle est la devise que s'est
donnée la SRG SSR Idée suisse pour les mois à venir". "We light the Euro
fire" : on a bien fait d'appeler le swiss public network "idée suisse". Et
on fait bien de mettre au pas les quelques journalistes qui pourraient, à la
SSR, avoir encore quelques bribes de morceau de fantôme d'esprit critique.
Et de préciser que les collaborateurs de la SSR SRG Swiss idea devront
désormais et jusqu'au 29 juin 2008 utiliser un papier à en-tête et des
enveloppes portant le logo de l'Euro.
Le service public va donc rouler pour l'UEFA. Le pire, c'est qu'on n'est
même pas surpris de cet aplaventrissement. Ni qu'il se manifeste en anglo-zurichois dans le texte.

23 juillet 2007

Euroramdam

A Genève, en plus du reste, une boîte de nuit sera spécialement aménagée à
la patinoire des Vernets pour que les supporters puissent boire et se
secouer jusqu'au bout de la nuit (la voirie les rammassera au matin).
Si la plaine de Plainpalais est surpeuplée, s'il pleut, s'il grèle, si...
les euromaniaques pourront suivre les matches sur l'écran des Vernets :
c'est une "soupage de sécurité", explique le député radical Frédéric Hohl,
organisateur de l'"événement", qui ajoute que tous les soirs une réunion
sera organisée (avec la police, entre autres) pour savoir si on ouvre ou
non le parc à beauf des Vernets en plus opu à la place de celui de
Plainpalais. Aux riverains de Plainpalais, on a une bonne nouvelle a donner :
après deux heures du matin le week end et onze heures du soir la semaine,
ujn peu de tranquillité reviendra. Un peu. Réaction des riverains :
"limiter le bruit (en le déplaçant aux Vernets), c'est toujours mieux que
de nous proposer d'aller nous installer ailleurs", ce que les braves
organisateurs du machin n'avaient pas hésité à suggérer aux malheureux
habitants.

Dans 17 villes triées par les organisateurs, une "UBS Arena" sera installée
paer la société Perron8, mandatée par la banque UBS, pour permettre au bon
peuple de "vivre l'Euro comme s'ils (les habitants) y étaient" : des écrans
de 45 m2, des arènes jusqu'à 1000 places assises et 10'000 debout (on n'a
pas les chiffres pour les places couchées). Six villes ont déjà été
désignées (Bienne, Kreuzlingen, Locarno, Lugano, Sion et Soleure), trois
ont le bonheur d'avoir déjà été mises hors course (dont Montreux et
Martigny), mais les masochistes de ces villes peuvent encore espérer la
mise en oeuvre d'un projet privé (il leur faudra se payer une licence
auprès de l'UBS). Plusieurs villes "sélectionnées" par l'UBS (heureux pays,
où une banque privée "sélectionne" des municipalités...) ont refusé le
cadeau : Fribourg, Delémont, Schaffhouse. Et Lucerne a fait savoir qu'elle
n'en voulait pas. La principale raison de ces refus tient aux coûts élevés
générés par ces sites, coûts évidemment à la charge des communes, et se
montant à plus de 100'000 francs par site.

Pour l'installation des "UBS Arena" dans 17 villes, les organisateurs
annoncent que des sponsors privés assureront "l'essentiel des coûts". Pour
l'accessoire, qui risque de coûter aussi cher (voire plus) que l'essentiel,
on fera comme d'habitude appel aux caisses publiques ?
Et dans les villes qui n'auront pas été retenues par les organisateurs pour
l'installation de ces parcs à beaufs, des privés pourront toujours monter
leurs propres parcs, mais à condition de se payer une licence. Y'a pas de
petit profit dans le sport pognon.

18 juillet 2007

Moins d'un an de sursis

Le 7 juin, dans les quatre villes hôtes de l'Eurobeauf (Bâle, Berne, Genève
et Zurich), les organisateurs du machin ont installé des compteurs à
rebours "se mettant en branle sous le regard émus des officiels locaux"
(Le Temps du 7 juin). A 18 heures ce jour là, il restait encore
31'536'000 secondes avant le coup d'envoi du premier match.
Et le délégué du Conseil fédéral pour l'Euro2008 de prédire : "Au final, je
suis persuadé que tout le monde sera emballé". Personne n'ayant d'ailleurs
le choix.
Si on n'a pas le choix d'être ou non emballés (on est déjà ficelés), on a
encore le choix de s'emballer nous mêmes ou de nous y refuser. Un sondage
(sans représentativité, et par internet) auprès des lecteurs de
20minutes.ch, a priori plutôt sensibles à ce genre d'événements, signale
que si 43 % d'entre eux se "réjouissent" à l'avance de l'Euro2008, 30 %
s'en foutent et 27 % y sont allergiques. "La sauce tarde à prendre, surtout
à Genève", observe, contrit, le prébendier de service (le député radical Frédéric
Hohl, organisateur des à-côtés festifs du machin). Normal, c'est pas une
sauce, c'est un bouillon de onze heures.

15 juillet 2007

Ravalement de façade

Dans la perspective (exaltante) de l'Euro20087, le stade de Genève va subir un "léger lifting". Léger ? Un système de contrôle d'accès, des bureaux (pour l'UEFA), des studios avec vue panoramique, un centre media pour 250 journalistes... Le tout payé par le Sport Toto et, évidemment, les caisses publiques (fédérales, en l'ocurrence). Bref, par le Sport Toto et le Sport Gogo.

10 juillet 2007

La Praille, morne trou

LA PRAILLE, MORNE TROU
Le Comité de citoyennes et yens contre les rackets de la Praille et de
l'Eurofoot avait déposé trois recours (auprès du Tribunal administratif et
du Tribunal fédéral, ceux auprès du Tribunal fédéral ayant été rejetés, sur
la forme, par celui-ci, qui a nié la qualité pour agir aux recourants)
contre la décision (et ses modalités) du fonds d'équipement communal de
pomper dans ses ressources pour payer les dettes de la fondation du stade.
Le comité a aussi dénoncé auprès du Procureur général ce qui s'apparente
objectivement (sinon juridiquement) à un détournement de fonds publics.
La décision de faire un cadeau de onze millions à la fondation du stade a
été prise, sur injonction du Conseil d'Etat, par le Conseil du fonds,
administré par le département du Territoire (celui de Bob Cramer). Le
Conseil du fonds est composé de représentants des communes et du Conseil
d'Etat. Pour le Conseil d'Etat, Robert Cramer et David Hiler. Pour la Ville
de Genève, c'était à l'époque Pierre Muller. Pour les communes, on avait
les conseillers administratifs, maires et adjoints de Meyrin (Monique
Boget) et Bellevue (Claude Etter) pour la rive droite, Cologny (Jean
Murith) et Thônex (Isabel Rochat) pour la partie Arve-Lac de la rive
gauche, Onex (Laurent Nicole) et Fernand Savigny (Perly-C ertoux) pour la
partie Arve-Rhône.
Pour le président de la fondation, Jean-Pierre Carera, "il n'y a rien de
pénal dans cette affaire, l'argent a seulement transité par la FSG pour
régler ses dettes, tout s'est fait au grand jour, personne (...) n'a triché
pour détourner de l'argent" ("20minutes.ch" du 20 avril). Une argumentation
qu'il vaut la peine de reprendre point par point :
- "Il n'y a rien de pénal dans cette affaire"... sauf que pour pouvoir
ponctionner les caisses publiques afin de payer les dettes de la fondation
privée, il a fallu contourner, voire violer, des statuts (ceux du fonds
d'équipement communal) ayant force de loi;
- "l'argent a seulement transité par la FSG" (Fondation du stade) "pour
régler ses dettes" : mais recevoir de l'argent qu'on n'était pas destiné à
recevoir, que ce soit pour régler ses dettes ou pour tout autre usage,
c'est toujours bénéficier d'un cadeau, que cet argent ne fasse que
transiter vers le créancier ou qu'il reste dans les caisses. La question
est de savoir si la fondation privée du stade était en droit d'attendre cet
argent des caisses publiques (le fonds d'équipement communal), pour payer
sa dette (privée) à l'égard d'un créancier privé. La réponse est non;
- "tout s'est fait au grand jour" ; rien ne s'est fait au grand jour, tout
s'est fait dans l'opacité, et il a fallu la maladresse d'un communiqué de
la Fondation du stade annonçant qu'elle avait payé sa dette pour qu'on
finisse par apprendre comment elle s'était procuré les moyens de la payer.
Et à ce jour, on n'a pas encore obgtenu les documents attestant des
procédures suivies pour soutirer onze millions au fonds d'équipement communal.
- "personne n'a triché pour détourner de l'argent" : les fonds du FEC sont
destinés aux équipements publics (en mains publics), aux investissements
publics et aux dettes liées à ces équipements et ces investissements; la
fondation du stade est une fondation privée, son créancier est une
entreprise privée, et sa dette est antérieure aux dispositions légales
permettant d'utiliser le fonds d'équipement communal pour autre chose que
des équipements strictement communaux. Bref, on a bien triché, et on a bien
détourné de l'argent de sa destination légale.

Quant au Conseiller d'Etat Muller, il estime que "ce qui aurait été
déloyal, c'est de ne pas régler les dettes du stade". Le Conseiller d'Etat
Muller a de la loyauté une conception qui rrangerait les dizaines de
milliers de débiteurs privés de la République : vous avez des dettes ?
adressez-vous à l'Etat, ou au fonds d'équipement communal ? ils les
régleront pour vous. En puisant dans les fonds publics. Pour régler vos
dettes privées.
C'est exactement ce qu'il a fait dans le cas du stade : la dette privée
d'une fondation privée à l'égard d'une entreprise privée a été réglée par
le fonds d'équipement communal, alimenté par 45 communes, dont 43 n'ont
strictement aucune responsabilité dans le merdier de la Praille.

06 juillet 2007

La Praille, morne plaine

Salué dans l'exaltation par la bonne presse locale et régionale, un
nouveau-né nous est donné : le futur quartier la Praille-Acacias-Vernets
(PAV), "symbole de l'entrée du canton dans le XXIe siècle" selon "La
Tribune", avec des gratte-ciel qui sont autant de "cathédrales de vie"
(Xavier Comtesse, "Le Matin" du 27 mai). On a les calendriers qu'on peut et
les cathédrales qu'on mérite, là où on les mérite. Le futur quartier,
s'exalte-t-on, accueillera 40'000 emplois (le double qu'actuellement), neuf
gratte-ciel autour de l'Etoile et du stade, allant jusqu'à 175 mètres de
hauteur, et 9000 logements (3000 actuellement). Cette "Défense genevoise"
(pour qui connaît la sinistre Défense parisienne, c'est tout un programme)
aurait un densité d'habitants comparable à celle du quartier des
Eaux-Vives, et le Conseiller d'Etat Mark Muller nous promet "un vrai
quartier, avec commerces, lieux d'activités" et tout et tout... Le gros
bébé (prénommé PAV, pour Praille-Acacias-Genève) a été présenté à la presse
enthousiaste (forcément enthousiaste) par ses trois parrains, les
Conseillers d'Etat Cramer, Unger et Muller. Le dernier cité a fort
justement résumé le principal intérêt du projet : "le nouvel eldorado
genevois de l'immobilier". Qui a surtout l'avantage de pouvoir être réalisé
dans une zone industrielle à 85 % en mains publiques. Et déjà sinistrée par
des centres commerciaux et un stade.

02 juillet 2007

La Cour des comptes valide le racket du fonds d'équipement communal


Instituée par un vote populaire l'an dernier, la Cour des comptes est
entrée en fonction le 1er janvier 2007 ; elle siège avec 3 magistrats
titulaires mais comprend des magistrats suppléants. Elle a recruté 13
collaborateurs en contrat de droit privé pour l'accomplissement de sa
mission : effectuer des audits de légalité, de régularité, de gestion des
comptes et des activités des collectivités publiques. Elle veille en fait
au bon emploi des fonds publics.

En six mois, elle a été sollicitée à 13 reprises. Elle a refusé une entrée
en matière, travaille sur 4 à 6 dossiers en ce moment et vient rendre ses
trois premiers rapports. Pour deux d'entre eux, la Cour des comptes estime
que l'opération soumise à l'audit était conforme à la légalité (11 mo du
fonds d'équipement en faveur de la Fondation du Stade de Genève et
fondation de valorisation des actifs de la BCG).