21 avril 2011

L'exploitation du Stade de la Praille remise au FC Servette : La plaisanterie continue

Le président du FC Servette, Majid Pishyar, a obtenu de la Fondation du Stade de Genève l'exploitation de ce terrain vague pour 32 ans. En expliquant qu'il en avait besoin pour « poursuivre le développement de Servette ». On aurait plutôt du lui carrément la propriété du stade, à Pishyar, histoire de se débarrasser de ce machin, mais l'hypothèse n'est pas à l'ordre du jour. Le FC Servette a donc obtenu de pouvoir exploiter le stade de la Praille en sachant pertinemment que si cet enclos ne servait qu'à ce pourquoi il a été construit, c'est-à-dire précisément de stade, les maigres 5000 spectateurs qu'il peut espérer en moyenne ne suffiront pas à équilibrer ses comptes (le SFC ne s'est engagé à verser que 900'000 francs par an à la fondation du stade, sous forme de redevance annuelle et de contribution à la couverture des coûts de maintien de l'infrastructure). Les collectivités publiques vont continuer à casquer, quoi qu'en promette le Conseil d'Etat.

Jouez hautbois, sonnez trompettes, le Servette est à la maison


L'accord signé avec le Servette FC, et qui remet au club l'exploitation du stade de la Praille, « règle les problèmes politiques autour du financement du stade », et l' « enceinte fonctionnera désormais sans subvention », promet Mark Muller... Croit-il seulement lui-même à ce qu'il dit, le Conseiller d'Etat, même s'il n'évoque que les subventions portées en tant que telles au budget du canton, et non les prestations en nature, la mise à disposition de personnel, l'abandon de créances (par le canton ou la Ville de Lancy) ou la prise en charge par le canton du droit de superficie payé aux CFF ? Le stade de la Praille a déjà coûté plus de 120 millions de francs au lieu des 68 millions prévus;; En 2004, sa valeur en cas de vente forcée n'était évaluée qu'à 17 millions. En d'autres termes, aujourd'hui, le stade, qui a coûté deux fois plus que prévu, vaut dix fois moins que ce qu'il a coûté. L'accord passé avec le SFC n'y changera rien : on se retrouve à Genève avec un stade deux fois trop grand, trois fois trop cher, vide à 90 %, ne valant que le dixième de ce qu'il a coûté, géré par une fondation surendettée, parfaitement incapable de remplir le rôle que ses statuts lui assignent : « favoriser la pratique et le développement en général de tous les sports athlétiques dans le canton de Genève, et plus particulièrement ceux pratiqués par le Servette Football Club ». En fait, les seuls sports athlétiques dont le stade de la Praille ait jamais « favorisé la pratique et le développement en général» sont le saut dans le vide budgétaire, la natation synchronisée en eaux troubles et la pêche aux subventions. Nous sommes de ceux qui depuis dix ans annoncent que ce stade ne sera jamais rentable : un stade de 30'000 places pour un canton de 500'000 habitants et pour 5000 supporters, relève d'une absurdité durable.On a construit un stade deux fois trop grand, qui reste généralement vide à 90% lorsqu'il est utilisé pour ce à quoi il est voué. Le club résident ne remplissait déjà plus les Charmilles, il pouvait d'autant moins remplir la Praille qu'il est tombé en division plébéienne. Du coup, pour annoncer la bonne nouvelle de l'accord passé entre la Fondation du Stade et le FC Servette, le communiqué officiel prend des airs de rodomontades d'insurgés libyens : « Après plus de trois ans de travail, le Servette FC retrouve peu à peu ses couleurs glorieuses et obtient, à travers la gestion du stade, pour atteindre ses plus hauts objectifs ». Jouez hautbois, sonnez trompettes, le jour de gloire arrive dans les seize mètres. L'article initial du contrat signé par le SFC pour l'exploitation du stade engage son actionnaire à doter l'équipe « de moyens, notamment financiers, suffisants pour permettre la promotion » du club en division d'élite du foot suisse (Axpo Super League), mais si le club, au lieu de remonter en ligue supérieure, redescend en ligue inférieure, le contrat deviendrait caduc. Aujourd'hui, Majid Pishyar se félicite : « Servette peut enfin se sentir comme à la maison ». Une maison payée par les collectivités publiques, qui vont continuer à la payer Financièrement, le stade est un gouffre, architecturalement, un étron; sportivement, un terrain vague qui a englouti, outre les dizaines de millions de fonds publics qu'on y a balancé, la totalité du droit de superficie dû par Jelmoli et du prix des concessions des stands et des buvettes. Il a aussi englouti les prêts consentis par les collectivités publiques complaisantes, et qui ne seront jamasis remboursés. Le meilleur sort qu'on puisse lui réserver serait de le vendre pour un franc symbolique, à qui en voudra, Marc Roger, Bernard Madoff ou Majid Pishyar, peu importe. Ou qu'il soit détruit. Sinon, qu'en faire ? Une friche post-industrielle ? Un musèe des imbécilités politiques ? Une annexe de Champ-Dollon ? Le Servette FC est dans le stade « comme à la maison », soupire d'aise son président. Maison de retraite, maison de correction ou maison de passe ?

06 avril 2011

Fonds de tiroir

Le Conseil d'Etat a versé 1,6 million de francs au Genève-Servette Hockey en puisant dans des fonds de la Loterie Romande, qui exclut toute aide à une société anonyme. Or le GSHC est précisément une société anonyme. Qui a donc reçu, au titre de « soutien très spécial », une aide puisée dans un fonds que le canton n'avait pas le droit d'utiliser pour cela. C'est une douce manie, d'ailleurs, du canton, de procéder ainsi dès qu'il s'agit de sport : la fondation du Stade de Genève avait déjà bénéficié des largesses du Conseil d'Etat, qui avait cette fois puisé dans le fonds d'équipement cantonal pour éviter de demander au Grand Conseil un crédit qui aurait été attaqué par référendum. Donc voilà, maintenant qu'on a arrosé le foot et le hockey, on attend l'arrosage de la pétanque, du polo, du tennis de table et du hornuss. Tant qu'à faire. Faut juste trouver le fonds dans lequel puiser sans y être autorisé...

Le Tsar du foot-pognon, Sepp Blatter, président de la Fédération internationale du foot, la FIFA, se représente pour un quatrième mandat (après avoir promis qu'il n'en ferait que deux) , au prétexte qu'il n'a pas « fini sa mission » (laquelle ? plonger encore un peu plus le foot dans le mercantilisme ?), mais un candidat sérieux se présente contre lui : la Quatari Mohammed Bin Hammam, président de la Confédération asiatique de football. Sa première élection, en 1998, Blatter l'avait gagnée grâce à l'achat de votes., et en 2007, plus de concurrent du tout... Mais cette fois, il risque de perdre son trône : bin Hammam est un homme du sérail, qui fait campagne en proposant de créer une commission de « transparence » pour lutter contre la corruption, fléau dont Blatter n'est peut-être pas l'adversaire le plus résolu. Dans une élection normale, démocratique le Quatari aurait toute ses chances. Mais la FIFA fonctionne selon le principe « un pays - une voix ». Ce qui fait peser Antigua (1000 licenciés) du même poids que le Brésil ou l'Italie et leurs millions de licenciés. Une procédure idéale pour s'acheter son élection. Bref, un système qui ressemble tout à fait à ce que la FIFA a réussi à faire du football professionnel : un souk.