26 septembre 2008

EUROT 2008 : BURP...

Le droit de manifester a été fortement restreint pendant l'Eurofoot : le Département des Institutions a édicté une directive stipulant que, sauf exception, aucune manifestation imprévue ne serait autorisée sur la voie publique en juin, compte tenu de la mobilisation des forces de police autour de l'Eurofoot et de ses à-côtés. En Ville, des manifestations régulières (la Fête de la Musique, les Promotions) ont certes été maintenues, mais toute nouvelle demande de manifestation d'importance allait être refusée, et des manifestations prévues (y compris des tournois de foot) ont été déplacées (Pro Velo), repoussées (Gena Festival à Avully) ou suspendues (la Ville est à vous). " Le droit constitutionnel de manifester sera maintenu ", assurait un porte-parole du département des institutions, qui ajoutait cependant que " chaque demande sera examinée attentivement ". la Ville a annoncé qu'elle donnerait son accord pour de telles manif's imprévues provoquées par les tumultes du monde, mais à la condition que le canton soit d'accord.

Etat de bain de siège
Engouement forcé, joie obligatoire, jubilation tarifée, pompe à fric aspirante mais pas refoulante… l'Euro2008 avait déjà tout pour plaire. Au cocktail de ramdam médiatique, de racket financier et de privatisation de l'espace public, il ne manquait que la petite touche finale de paranoïa politico-policière. Ce fut fait : pendant les festivités dictées par l'UEFA (et financées, sur ses instruction péremptoires, par les caisses publiques), les manifestations de rue ont été, sauf exceptions, purement et simplement interdites. Pendant l'Euro, la vie du monde est priée de s'arrêter, la solidarité internationale aussi, la défense des droits fondamentaux de même (qu'on se rassure cependant : si les manifestations politiques de rue étaient interdites à Genève pendant l'Eurofoot, Genève n'allait pas se priver d'en dénoncer l'interdiction à Pékin pendant les Jeux Olympiques). La grosse baudruche flottant (quand le vent ne souffle pas à plus de 30 km/h) au dessus du jet d'eau était décidément bien à l'imagede la " grande fête du foot " : gonflée, coûteuse, ridicule, tenant à de gros cordages mais défaillante au moindre souffle de vent. Cette baudruche était une lanterne éclairant Genève en état de siège -comme on le dit d'un bain.

20 septembre 2008

Procès de Marc Roger : Le Bouc-émissaire en son enclos

Or donc, le procès du bouc-émissaire de la faillite du Servette, de celle de la société d'exploitation du stade, de la sous-occupation endémique dudit stade et de la relégation du Servette en ligue folklorique, s'est ouvert le 1er septembre devant le Correctionnelle. Outre le Parquet, pas moins de quinze avocats veulent la tête de Roro (et de Roro tout seul), au nom d'une vingtaine de joueurs qui, comme quelques notables locaux (Luscher, Carrard), jouent les andouilles et plaident la connerie : " on savait pas ", " on a été trompés ", " on n'a rien compris ".. Crédible ? Peu importe : quand on a un bouc-émissaire, on ne cherche plus de responsables..

Roro et les cloches
Selon ses accusateurs, Marc Roger aurait donc, tout seul avec ses petites mains, sa petite pelle et son petit seau, creusé dans le FC Servette un trou de 17 millions entre l'été 2004 et le début 2005. Il aurait fait preuve d'une " ambition démesurée et hasardeuse sur l'avenir du club " (il n'était pas le seul), se serait montré beaucoup trop optimiste sur le sponsoring et sur le nombre de spectateurs attirables dans le stade (est-ce qu'on pourrait nous rappeler le nom de tous les vendeurs de savonnettes qui nous assuraient qu'un stade de 30'000 places, c'était ce dont Genève avait besoin ?). Roro risque sept ans de gnouf (il en a déjà fait presque deux en préventive). Ceux qui lui ont refilé Servette, et ceux qui ont imposé à Genève un stade inutile et bouffeur de millions, ne risquent en revanche rien du tout. Sauf le ridicule, qui ne tue plus personne depuis longtemps. Surtout politiquement. Ce sont eux, pourtant, qui ont creusé l'essentiel du trou et laissé à Roger, pour un franc symbolique, un club en état de faillite. Mais ceux-là, les Luscher et les Carrard affirment hautement leur incompétence : " on s'est fait avoir par le Marseillais, putaing cong ! ". Une fois le procès terminé, et Roro condamné d'avance (on ne va jusqu'en Espagne rechercher un bouc-émissaire pour le relâcher ensuite dans la nature), il se passera quoi ? Rien que de très rituel. On ne prend pas forcément les mêmes, mais on recommence les mêmes conneries : main dans la main pour " sauver le Servette et le stade ", alors que c'est au Servette de se sauver tout seul et que le stade n'est pas sauvable, Manu et Mediamark sonnent le branle-bas. Mais quitte à donner dans la sonnerie, c'est le glas qui devrait s'imposer.

12 septembre 2008

Le stade de la Praille est au bord du gouffre ? Faisons lui faire un grand pas en avant !

La Fondation du Stade de Genève est en état d'insolvabilité : le gigantesque trou financier creusé à la Praille, et dans lequel les collectivités publiques (Confédération, canton, communes) ont déjà englouti 60 millions de francs, continue de s'approfondir. Et ceux qui l'ont creusé d'attendre qu'on y balance de nouveaux fonds publics. Il manque deux millions par an pour couvrir les coûts d'exploitation et les frais d'entretien du stade… et en gros 29'000 spectateurs chaque semaine pour le remplir. La " Tribune de Genève, fervente partisane du stade depuis des années, titre sur ses affichettes : " Le stade de Genève au bord du gouffre ". Et c'est une ânerie de plus. Le stade n'est pas au bord du gouffre -il est le gouffre.

Le mammouth et le Bouc-émissaire (fable genevoise)
Le mammouth de la Praille barrit après son fourrage : il a déjà coûté 140 millions (plus du double de ce qui était prévu), les collectivités publiques (Confédération canton, Ville, communes) y ont déjà déversé soixante millions, mais il lui manque deux millions pour boucler l'année, et il lui manquera toujours plusieurs millions pour boucler chacune des années que l'on consentira à lui laisser vivre. Et l'habitude en ayant été prise, ce sont vraisemblablement les fonds publics qui paieront le fourrage de la bête. Au nom de l'utilité publique. Mais il y a beau temps que les stades ne sont plus que les accessoires encombrants et coûteux de centres commerciaux superfétatoires mais, eux, rentables. Car aucun stade n'est rentable. Le football n'est une activité rentable que pour les margoulins qui s'y greffent comme des morpions sur les bas morceaux du bas clergé. Ce qui est rentable, c'est ce qu'on organise autour, et qu'on vend autour du foot et des stades : Pour Jelmoli, la construction du stade de la Praille a été le moyen de faire avaler celle de son centre commercial. Objectif atteint, et Jelmoli satisfaite : le stade est vide, mais le centre commercial est plein; le stade est un gouffre financier, mais le chiffre d'affaire du centre commercial devrait atteindre 190 millions de francs en 2008… Jelmoli encaisse, le stade coûte. Tout a été fait pour qu'on le construise, tout sera fait pour éviter qu'on abrège ses souffrances -et les nôtres, alors que l'acte le plus intelligent que l'on puisse commettre à son égard serait de le détruire. Il ne manque plus que quelques écrans de fumée médiatique pour voiler les responsabilités de la nomenklatura genevoise : Le 1er septembre s'ouvrait au Palais de Justice la cérémonie de sacrifice du bouc-émissaire officiel des turpitudes sportivo-financières de la République : Marc Roger passait en jugement. Marc Roger, et deux comparses, mais pas Christian Luscher, ni Alain Rolland, ni la palanquée de "responsables" politiques enrôlés dans la troupe des pom-pom girls du stade.

09 septembre 2008

MAIN BASSE SUR LA VILLE PRIVATISEE

Les matches de l'Eurofoot se sont joués dans des villes " hôtes " de Suisse et d'Autriche que leurs autorités, les autorités de leurs cantons et provinces et les autorités de leurs deux pays ont littéralement " louées ", à défaut sans doute de pouvoir les vendre, à l'UEFA, à ses sponsors, et aux " mandataires " plus ou moins prébendiers choisis pour les " animer " (et animer toutes les autres villes du pays, grâce par exemple aux " UBS Arena " ayant métastasé un peu partout). Mais cette privatisation de l'espace public est particulière : alors qu'habituellement, on privatise pour en retirer de l'argent, pour l'Eurofoot ce sont les collectivités publiques qui ont payé pour brader leur propre espace public. Et payé cher. Le brave comte de Sacher-Masoch n'a pas fait à Genève des émules que chez les banquiers privés : chez les responsables politiques aussi. Mais eux survivront.

Hôte-toi de là que j'y mette mon sponsor
Ce que rendit visible l'Eurofoot à Genève (puisque nous y sommes), c'est la perfection d'un processus à l'œuvre depuis l'avènement du " sport-pognon " : ce règne du marketing, du petit et du gros commerce de tout ce qui peut se commercer (légalement ou non), aboutit logiquement à la privatisation de tous les espaces publics disponibles jusqu'à la ville elle-même, devenue marchandise. Dans les espaces publics gardés par des polices privées après avoir été vendus aux organisateurs des jeux du cirque et à leurs sponsors, on ne choisit pas la bière que l'on boit, on ne porte pas un vêtement à l'effigie d'une marque concurrente de celle du sponsor. Et pour que cette privatisation se fasse, se maintienne et puisse se répéter, pour que la ville puisse être vendue, il faut lui donner l'image que l'acheteur souhaite : on la purgera donc de ses mendiants, de ses marginaux, de ses dealers, de ses lieux culturels alternatifs. Ainsi se dessine des modèles de villes, d'habitants, d'activités. Le modèle de la ville, c'est Disneyland. Le modèle d'habitant, c'est le consommateur ne cherchant pas à consommer autre chose que ce qu'on lui offre. Le modèle d'activité, c'est le centre commercial. Et tout cela se fait avec au minimum l'accord, et souvent la participation active et revendicatrice, des autorités élues. " L'ambition souvent fait accepter les fonctions les plus basses : c'est ainsi qu'on grimpe dans la même posture que l'on rampe" disait Jonathan Swift. Rien n'a changé -sinon que l'on ne grimpe plus que dans les loges VIP, dans la même posture que l'on rampe devant l'UEFA.