13 janvier 2012

Brèves

En panne de liquidités pour rembourser sa dette (on n'a pas idée...), la Grèce a décidé de vendre (pour les remplacer par des programmes résidentiels ou touristiques ou des espaces dévolus au commerce et aux bureaux) les installations des Jeux Olympiques de 2004 , qui ont coûté un saladier et sont restées pratiquement inutilisées depuis (des installations sportives surdimensionnées, ça devrait rappeler quelque chose aux Genevois, non ?). Bref, la Grèce vend le site des Jeux Olympiques. Quant aux Jeux Olympiques eux-mêmes. il y a déjà quelques dizaines d'années qu'ils ont été vendus par le CIO à ses sponsors. Tout s'emboîte, donc, dans le meilleur des mondes sportifs possibles.

Chouette : « 60 ans après, les Jeux de Genève sont de retour », nous annonce la « Tribune de Genève » du 6 décembre. Qui nous précise que 2012 sera vraiment une grande année sportive avec les jeux olympiques, l'Euro de football et les Jeux de Genève... Mais quel pied on va se prendre ! Rien qu'avec les Jeux de Genève, où des jeunes de 10 à 18 ans vont concourir dans 22 disciplines les 12 et 13 mai. Avec un peu de tout, y compris quelques sports de combat, et nous, on aime voir les jeunes sportifs se taper sur la gueule. Et avec un peu de pot, on va les avoir tous les deux ans, les Jeux de Genève. Qui s'ouvriront aux sportifs de la région. Et y aura à la fin un Champion des Jeux de Genève. Le pied, on vous dit.

On va croire qu'on a une dent contre le sport (c'est même pas vrai d'abord, c'est pas une dent, c'est un plombage), mais on ne peut quand même pas manquer de vous transmettre cette info : alors que la consommation d'alcool est rigoureusement interdite dans les stades au Brésil, elle sera autorisée dans les stades qui accueilleront, toujours au Brésil, le Mondial de foot en 2014. Le fournisseur officiel de bibine (Budweiser) de la Fédération international de foot, la FIFA, peut roter de plaisir. « Le Temps » nous explique que la Coupe du Monde (c'est-à-dire la FIFA) a besoin de « maximiser les profits ». Et l'alcool, on le sait depuis la prohibition, ça maximise les profits. On va donc abreuver les supporters. Mais on a pris des précautions gigantesques : les boissons seront vendues dans des gobelets en plastique. Qu'importe le gobelet, pourvu qu'on ait la cuite...

Le coût de l'engagement de la police cantonale pour assurer la sécurité lors des événements sportifs s'élevait à 1,06 million de francs en 2009, à 1,8 million (75 % d'augmentation en un an...) en 2010, on ne sait pas de combien mais on sait que ça a encore augmenté en 2011, et que ça va encore augmenter en 2012. Les maniaques des zéconomies budgétaires pourraient trouver là de quoi grapiller quelques fifrelins, en laissant les supporters des équipes de foot ou de hockey se taper joyeusement sur la gueule, non ? au lieu d'accumuler les heures supplémentaires de policiers, jusqu'à déployer par exemple 170 gendarmes, en rappelant la quasi totalité du personnel en congé, le 6 novembre dernier, on pourrait laisser les hooligans s'ébattre... ou faire payer les frais de mobilisation des policiers par les clubs (bon, il est vrai qu'ils ne paient déjà pas ce qu'ils devraient)... mais on attenterait à la dignité de la vache sacrée sportive... et puis, même si on réussissait à les faire payer, les clubs, vous les verriez rappliquer devant le Grand Conseil ou le Conseil Municipal pour demander une subvention, que les adorateurs de la vache leur verseraient sans barguigner... Au fait, les adorateurs de la vache, qui sont prêts à faire payer son fourrage par la commune ou le canton, ce seraient-y pas les mêmes qui veulent des budgets é-qui-li-brés, et sont prêts à sucrer les subventions culturelles ou sociales ? Ben oui, ce sont les mêmes...

On est bien contents, la relève est assurée: selon une enquête réalisée en 2010 par la Conférence des directeurs du sport universitaire suisse, les étudiant-e-s genevois sont les moins sportifs du pays : 13 % d'entre eux ne pratiquent jamais aucun sport (contre 4 % à Saint-Gall ou à Lugano et 8 % en moyenne suisse), et 39 % en font moins de deux heures par semaine (ou pas du tout), ce qui est aussi un record national. Comme quoi faut pas désespérer des générations montantes: c'est pas parce qu'on les gave de sport à la télé et dans les journaux qu'elles font forcément ce qu'on les somme de faire.

Ils sont contents, les dirigeants du Genève Servette Hockey Club : le truc qu'ils ont créé, l'association «Genève Futur Hockey», a reçu un demi-million de la Ville de Genève. Et c'est un demi-million que le GSHC n'aura plus à verser au GFH. Et c'est donc une sorte de subvention indirecte au club. Pour recevoir ce pognon, l'association a dû réviser ses statuts : ils permettaient la nomination de sa présidence par le club professionnel lui-même et accordait un droit de veto au président du club. On nous assure que ce n'est plus le cas. Mais les autres clubs de hockey qui devaient faire partie de l'association se demandent comment l'argent versé à- celle-ci sera dépensé, pour qui, et pour quoi faire. On n'a pas idée de poser des questions aussi indiscrètes. Même si un club comme celui des Trois-Chênes ne dispose que d'un budget de 300'000 francs pour 270 joueurs, alors que « Genève Futur Hockey » recevra 500'000 balles pour 70 juniors et leurs « coaches ». « Qu'on ne viennent plus nous dire que le Genève Futur Hockey est une coquille vide », plaide le président du Genève Servette Hockey Club. Ben non, on ne le dira plus. C'est plus une coquille vide : on l'a remplie avec des fonds publics.