27 novembre 2007

europroxos

EUROPROXOS
La coalition "Euro 08 contre la traite des femmes" annonce une "campagne de grande envergure contre la traite des femmes" à l'occasion de l'Eurofoot, pour rendre le "grand public (...) attentif à la nécessité de mieux protéger les victimes de la traite des femmes et de la prostitution forcée". La coalition va lancer une pétition demandant une meilleure protection des victimes et des témoins, pétition qui sera lancée dans la semaine du 8 mars, journée internationale des femmes, et qui sera accompagnée, jusqu'à l'Eurofoot, d'actions publiques (stands, manifestations etc...) puis, avant et pendant l'Euro, de la projection d'un spot, sur les écrans retransmettant les matches et, "si possible", à la télévision.
Au Grand Conseil genevois, une motion socialiste demandant un renforcement de la prévention et de la répression du proxénétisme lors de l'Eurofoot a été renvoyée le 28 juin à l'examen en commission judiciaire (à une voix de majorité, contre la droite qui n'en voulait pas, et contre le Conseiller d'ERtat socialiste Moutinot, qui n'en voyait pas l'utilité vu qu'il n'y a pas à Genève "de réseaux mafieux qui contrôlent la prostitution" et que la police fait déjà bien son travail. Pourtant, le chef de la section compétente à l'état-major de la police genevoise, Jean Nobs, déclarait une semaine auparavant dans GHI qu'on assistait à Genève à une véritable "explosion de la prostitution", avec 1500 prostituées, soit une fille pour 300 habitants, nourrissons et grabataires compris, ce qui représente plus du triple de la proportion normale pour une ville de la taille de Genève. Le nombre de prostituées recensées aurait été multiplié par vingt en cinq ans, et par quatre en un an, entre 2006 et 2007, du fait des bilatérales et de la libre circulation. Et Jean Nobs d'ajouter qu'avec l'Eurofoot 2008, "il y aura plus de mendiants, plus de voleurs et plus de prostituées". Ce que précisément la droite parlementaire niait, et dont doutait le ministre de la police.

23 novembre 2007

Europoulets

Un match amical entre la Suisse et les Pays-Bas, le 22 août à la Praille, a permis à la gendarmerie genevoise de tester le "concept sécurité" élaboré pour l'Euro 2008. Le commandant de la gendarmerie, Christian Cudré-Marcoux, se dit satisfait du test, quoique un peu inquiet des problèmes de billetterie (lecture des code-barres à l'entrée du stade) et de buvette (manque de personnel) : "c 'est le cumul de ces microproblèmes qui peut poser des problèmes", résume le pandore en chef.

Par ailleurs, la presse s'est faite l'écho de rumeurs selon lesquelles des militants islamistes arrêtés récemment en Autriche et au Canada projeteraient des attentats dans les villes hôtes de l'Euro, pendant l'Euro. Les autorités suisses et autrichiennes ont démenti.
A toutes fins utiles, nous adressons un message à Oussama Ben Laden : si vous voulez balancer un avion sur le stade de la Praille, faites-le quand il est vide. Vous n'aurez que l'embarras du choix du moment.

En attendant, le Conseiller fédéral Samuel Schmid et le Conseiller d'Etat Mark Muller se font rassurants : "l'Eurofoot ne prendra pas les allures d'un nouveau G8" ("Le Temps" du 24 août), "les vitrines genevoises ne seront pas barricadées" et l'Euro2008 sera "avant tout une fête populaire"... S'ils le disent...
Mais le G8, finalement, ça a bien été une grande fête populaire...

Selon le Conseiller fédéral Samuel Schmid, on surestime les risques de violences pendant l'Euro 2008 : 0,4 pour mille des spectateurs du Mondial 2006 ont été des perturbateurs (9000 interpellation pour, au total, 22 millions de spectateurs). Ce qui, sur 90'000 spectateurs attendus à Genève, fait tout de même entre 350 et 400 fouteurs de merde pour notre bonne ville.

Le canton de Genève va adhérer à un concordat intercantonal instituant des mesures contre la violence lors de manifestations sportives, concordat dont le texte est mis en consultation auprès des ministres cantonaux de la police. Le concordat prévoit des mesures d'interdiction de périmètres des obligations de se présenter à la police, des gardes à vue etc... Et si les cantons ne parvenaient pas à s'entendre, le Conseil fédéral agite la menace de légiférer lui-même pour sécuriser les stades.
La loi actuelle, en vigueur depuis janvier, prévoit déjà la création d'une banque de données (opérationnelle depuis le 1er mars) recensant les hooligans et la possibilité de les interdire de s'approcher d'un stade ou de se rendre à l'étranger. Elle prévoit aussi la possibilité de leur imposer de se présenter à la police, ou de les mettre en garde à vue (s'ils ont au moins 15 ans, les autres mesures s'appliquant dès l'âge de douze ans. Mais ce dispositif est limité dans le temps, et deviendrait caduc dès la fin 2009, d'où l'idée d'un concordat entre cantons, qui pourrait prendre la suite.

La grande fête populaire annoncée pour l'Euro 08 a une drôle de couleur (vert de gris) : Un engagement de police intercantonal "de dimensions exceptionnelles" est prévu pour l'Euro 2008, et une demande d'aide auprès de pays étrangers est possible "en dernier ressort", notamment pour un apport de flics allemands et français. Un seul match à risque devra mobiliser 900 policiers pour le seul maintien de l'ordre. De plus, les villes hôtes ont été invitées par notre glorieuse armée à préparer un "modèle de requête de soutien pour l'Euro-08" : le comique de la chose tient au fait qu'on se retrouve avec une armée si peu convaincue de sa propre utilité qu'elle va proposer ses services aux autorités civiles, pour des tâches ne relevant nullement d'une mission militaire. L'histoire du gros truc inutile à quoi on cherche désespérément une affectation utile, ça ne vous rappelle un peu l'histoire du stade de la Praille ?

20 novembre 2007

Petites nouvelles du racket

Le ministre neuchâtelois des Finances, Jean Studer se demande, comme nous, si les collectivités publiques ne sont pas en passe de se faire joliment empapaouter par les organisateurs de l'Euro2008 : selon lui, les coûts de sécurité du machin seront largement supérieurs aux 64,4 millions annoncée (partagée entre la Confédération, pour 35,7 millions, les cantons et les villes (28,7 millions), puisque cette projection ne tient pas compte des coûts supportés par les cantons non-hôtes des matches, mais devant tout de même contribuer à la mobilisation des forces de l'ordre : les cantons romands (hors Genève) devraient ainsi payer 16 millions, et les cantons alémaniques (hors Zurich, Bâle et Berne) au moins autant, ce qui fait déjà monter la facture à 100 millions, soit 50 % de plus que prévu. Et sans compter les frais de sécurité liés à l'installation des écrans géants dans des villes et des cantons n'accueillant pas de matches.
En revanche, le coût de l'appel à des flics étrangers (français et allemands) serait couvert. On est rassurés.

Le Conseil administratif Pierre Maudet assure qu'il va "remettre en cause" la pratique de la Ville de céder gratuitement l'usage du domaine public à des privés ("Tribune de Genève" du 21 septembre 2008), et qu'il va donc revenir sur les largesses de son prédécesseur, Andrà Hediger.
On verra ça lors de l'Euro 2008, quand la plaine de Plainpalais sera squattée par les organisateurs de la fête à beaufs.

17 novembre 2007

Fonds de corbeille

ENCARTE
Depuis le 27 juin, un certain Jérôme Valke est devenu le numéro deux de la fédération internationale du foot-pognon, la FIFA. Valke, ancien journaliste, puis dirigeant de sociétés, avait pourtant été licencié le 15 décembre 2006 de la FIFA, pour avoir indûment favorisé la société Visa, au détriment de la société MasterCard, dans la négociation d'un contrat de sponsoring. Du coup, Sepp Blatter, président de la FIFA, licenciait VBalke... qui revenait donc six mois plus tard à la FIFA, après que celle-ci et MasterCard aient commercialement divorcé pour les coupes du monde 2010 et 2014, et que la FIFA ait choisi Visa (la candidate de Valke, précisément) comme partenaire pour toutes ses compétitions entre 2007 et 2014.
Entre coquins, on finit toujours par s'arranger comme entre copains.

BASTONS
Le 23 septembre, lors d'un match opposant en Haute-Savoie Ayze à Magland, un joueur de l'équipe de Magland a tenté de lâcher son chien (un molosse) contre l'arbitre après que celui-ci ait sanctionné l'un de ses coéquipiers. Fuite des uns, prise du chien à partie par les autres. Le joueur à cléb rd rejoint son équipe dans les vestiaires, et le chien, pas sectaire, attaque le gardien et le mord à le cheville.
Ce qui nous confirme que la place du football n'est pas dans les stades, mais dans les chenils.

POURQUOI TANT DE HENTSCH ?
Le "parc Gustave et Léonard Hentsch" va-.t-il naître des décombres du stade des Charmilles ? Le Grand Conseil dont encore avaliser un projet de loi du Conseil d'Etat, modifiant les limites de zone, et un protocole d'accord entre la fondation Hippomène, la Ville et le canton doit encore être signé. Quant tout ça sera bouclé, il faudra encore attendre plusieurs mois pour que le parc voie le jour, et deux bonnes anéées pour que les logements promis suivent. Benedict Hentsch assure que 130 logements seront mis sur le marché, dont une quarantaine de logements subventionnés, ce qui paraît insuffisant à la Ville, dont le Conseil municipal a demandé une vingtaine de logements HBM en plus -réponse de Hentsch : c'est trop tard.

INCERTITUDES
Le coordinateur de l'Euro2008 pour Genève, Michael Kleiner, dit vouloir "céer une fête formidable avec cet Euro et présenter une Genève festive et chaleureuse". Et pour cela, il espère des matches engageant la France et l'Italiue, ou éventuellement, on n'est pas difficiles, l'Espagne ou le Portugal, vu la force des communautés espagnoles et portugaises à Genève. "Il y aurait de l'ambiance", soupire Kleiner, qui visiblement ne compte pas trop sur les indigènes pour mettre ladite ambience.

EUROBURP
Aucune bière et aucun autre alcool ne seront vendus dans les stades suisses pendant l'Euro2008, a annoncé l'UEFA. Quoique... d'une part, cette interdiction ne vaut que dans l'0enceinte des stades -à l'extérieur, on pourra se biturer. Et d'autre part, cet antialcoolisme ne frappe que le spectateur de base : dans les loges VIP, on pourra trinquer sans limite ni remord. "on présume que les nantis savent gérer l'alcool et le bon peuple un peu mois", regrette le directeur de l'Institut suisse de prévention de l'alcoolisme.
Et on a tort de présumer ?

11 novembre 2007

TERRAIN VAGUE ET VAGUES TERRAINS

- Le 22 juillet, Servette reçoit Kriens à la Praille : 2158 spectateurs. Le stade est vide à 93 %
- le 28 juillet, Servette reçoit Wohlen à la Praille : 1890 spectateurs. Le stade est vide à 94 %
- le 22 août, la Suisse reçoit les Pays-Bas en match amical à la Praille : 24'000 spectateurs. Le stade est rempli à 80 %, mais "Le Temps" écrit, le lendemain, que "l'escale de la Nati en République genevoise où l'Euro dresse déjà ses étendards dans les rues n'a éveillé qu'une curiosité éparse et civilisée, à peine décente". Comme disait Jean-Jacques Tillmann, "la ferveur populaire ne se quémande pas"... à quoi l'organisateur de l'Euro à Genève répond, confiant : "on peut compter sur les communautés étrangères de Genève pour mettre de l'ambiance"... Ah, l'ambiance d'un bon match Serbie-Croatie...
- le 25 août, Servette reçoit Yverdon à la Praille : 1728 spectateurs. Le stade est vide à 94 %
- le 9 septembre, Servette reçoit Delémont à la Praille : 900 spectateurs. Le stade est vide à 97 %
- le 20 septembre, Sion reçoit Galatasaray à la Praille : 15'000 spectateurs. Le stade est à moitié plein ou à moitié vide, comme on voudra.
- le 23 septembre, Servette reçoit Bellinzona à la Praille : 1585 spectateurs. Le stade est vide à 95 %

Du 28 au 30 septembre, le stade de la Praille a accueilli "Eros 2007", salon de l'érotisme, avec la participation de Rocco Siffredi, et une soixantaine de "shows érotiques". Les organisateurs du machin y attendaient "au moins 25'000 personnes", mais on dût se contenter de 12'000 (mais là, le stade bande mou...) Le directeur du stade, Olivier Carnozzola, admettant que "le football ne suffit pas à faire fonctionner le stade" (c'est en effet le moins qu'on puisse dire), ajoute que "cela ne nous a pas posé de problème de conscience d'accorder la tenue de ce salon" à la Praille. Et le Conseiller d'Etat Mark Muller se "réjouis de constater que le stade peut accueillir toutes sortes d'événements". Ils ont raison, le directeur et le Conseiller d'Etat: les promoteurs du stade ayant déjà entubé tout le monde, tenir un salon de l'érotisme (ou de ce qui en tient lieu dans le monde de la marchandise) dans le stade ne pose "aucun problème".
Sauf que plutôt qu'un stade, on aurait dû construire un bordel à la Praille : ça aurait coûté moins cher, ça aurait été plus souvent plein, ça aurait rapporté plus et ça aurait été plus utile.

Pendant le premier (été 2007) des quatre tours du championnat 2007-2008 de "Super League" du foot suisse, la fréquentation des stades où résident (ou qu'utilisent, faute de mieux), les dix équipes de la ligue a atteint en moyenne 12'000 spectateurs par matrch, en 45 matches. L'objectif de la ligue est une moyenne de 15'000 spectateurs, "lorsque toutes les conditions seront réunies".
Pour la "Swiss Football League", s'exprimant par la voix de son directeur Edmond Isoz, de nouveaux stades, dans les villes qui n'en ont pas, sont une "nécessité absolue", et les clubs qui n'en auront pas "seront condamnés à disparaître de l'élite". Ces nouveaux stades devront comporter au moins 10'000 places, dont au moins les deux tiers en places assises sur sièges individuels, avec des espaces dévolus aux "invités d'honneur", aux supporters des clubs adverses, au personnel médical, aux handicapés et aux media,. Les clubs qui ne satisferaient pas à ces exigences pourraient être privés de licence.
Ces dix équipes utilisent les stades suivants (et, le cas échéant, espérent en la réalisation des projets suivants :
- Aarau : stade du Brügglifeld (9249 places), datant de 1924. Le peuple ayant refusé en octobre 2006 un projet de nouveau stade au centre ville, un nouveau projet a été lancé, de stade de 10'000 places à Torfeld, pour 37 millions de francs
- Bâle : nouveau Parc Saint-Jacques : 38'500 places assises, pour 220 millions de francs
- Berne : le Stade de Suisse (32'000 places, 350 millions de francs) a remplacé le Wankdorf
- Lucerne : 13'500 places dans l'Allmend, datant de 1934. Projet d'un nouveau stade de 15'000 à 20'000 places, soumis au vote populaire le 24 février 2008.
- Neuchâtel : nouveau stade de la Maladière (12'000 places)
- Saint-Gall : le stade de l'Espenmoos (11'300 places) laissera place au nouveau stade de l'AFG Arena (21'000 places, pour 340 millions de francs)
- Sion : stade du Tourbillon (16'000 places), projet d'un nouveau stade de 20'000 places, mais on sait pas précisément où : Chablais, Martigny, Riddes ?)
- Thoune : stade du Lachen. Refus par le peuple le 12 février d'un projet de nouveau stade. Nouveau projet soumis au vote le 9 décembre (10'000 places, financement totalement privé))
- Zurich : dernier match le 1er septembre dans le vieux stade des Grasshopers, au Hardturm, datant de 1929 Projet d'un nouveau Hardturm de 50'000 places. Démolition du vieux stade du FC Zurich, au Letzigrund, datant de 1925. Nouveau stade de 26'600 places.

A Bienne, la municipalité a annoncé avoir trouvé un financement pour ses nouveaux stades, par l'octroi d'un droit de superficie de 99 ans pour 42 millions de FS à un partenaire privé, la vente de son vieux stade du Gurzelen à ce partenaire (l'entreprise HRS), la vente d'une parcelle voisine à Rolex et l'encaissement d'une subvention cantonale. La ville mettra le terrain à disposition de HRS, qui construira un stade de foot de 6000 places et une patinoire de 7000 places et les remettra ensuite à la ville.
Tant de bonté émeut.

07 novembre 2007

FOOTBALLEURS AU NOIR

Le président à vie de la Ligue des Tessinois, "Nano" Bignasca, a écrit dans son canards, "La Regione", le 26 août, que l'équipe nationale suisse de foot alignait "trop de joueurs noirs", et que la Suisse n'ayant jamais colonisé l'Afrique (elle a seulement profité de la colonisation de l'Afrique par d'autres), "un footballeur de couleur chocolat est acceptable, mais trois, c'est décidément trop". Pour le président de la LICRA, Elie Elkaim, Bignasca n'a rien dit d'autre "qu'un Suisse noir n'a pas la même valeur qu'un autre Suisse". Or, selon le ministère public tessinois, Bignasca n'a pas commis de discrimination raciale en le disant. Quant à l'Association suisse de foot, elle se dit "consternée" par les propos de Bignasca, mais les reltivise : "il s'agit d'un politicien isolé". Comme Le Pen en France, qui depuis la victoire de la France au Mondial de 1998 attaque systàmatiquement l'équipe nationale "black blanc beur", trop black et trop beur. Isolés, donc, Bignasca et Le Pen. Isolée peut-être, mais pas solitaires : il y a fort à parier que des conneries du genre de celles proférées par le Nano, un bon paquet de Suisses normaux, blancs, les pensent (et un bon paquet de supporters les disent, à leur manière, en poussant dans les stades des cris de singes dès qu'un joueur noir a le ballon).

04 novembre 2007

Bénévoles à la tire

RECRUTEMENT DE BENEVOLES POUR UNE POMPE A FRIC
La campagne de recrutement de bénévoles en vue de l'Euro2008 a débuté (elle va se poursuivre jusqu'àé fin octobre, et reprendra en décembre), et les syndicats s'inquiètent. 2700 volontaires sont recherchés dans les villes-hôtes, dont 400 à Genève, en plus des 5000 bénévoles recrutés directement par "Euro 2008 SA". Ces volontaires, baptisés (évidemment en anglais) "host city volonteers", seront chargés notamment de l'information du public, de l'accueil des supporters, de l'aide à la "mobilité du trafic", de l'entretien et du nettoyage, du transport de personnes... toutes tâches qui auraient pu être confiées à des professionnels, mais voilà : les professionnels, faut les payer. Les syndicats, notamment UNIA, ont fait savoir que s'ils n'étaient pas opposés en principe au bénévolat, c'était à la condition qu'ils ne servent pas des dessins lucratifs. Or la société organisatrice de l'Euro, Euro2008 S.A., est une société à but lucratif, et elle entend bien exploiter (gratuitement) des bénévoles plutôt que de payer des salariés, pour des tâches nécessitant des compétences professionnelles (informatique, travail avec les media). "Il n'est pas acceptable qu'une entreprise qui retirera d'énormes bénéfices de l'événement fasse alors travailler des personnes grauitement". Pas acceptable, certes, mais pas surprenant non plus : quant on pompe des millions dans les caisses publiques, on peut aussi en gratter d'autres sur les salaires.
UNIA exige donc des organisateurs de l'Euro2008 qu'ils garantissent des conditions de travail correctes pour les milliers de volontaires et de salariés impliqués dans l'Euro2008, qu'ils respectent les conventions collectives et que là où il n'y a pas de convention collective, un salaire horaire minimal de vingt francs de l'heure soit respecté.
On peut toujours rêver.

01 novembre 2007

Pompe à fric

On le sait, les promoteurs de l'Euro2008, et leurs commis politiques, ont largement évoqué les mirifiques avantages ("retombées") économiques de la chose pour les pays et les villes hôtes, tous les grands événements sportifs étant supposés être largement bénéficiaires. Mais bénéficiaires à court terme, et quand on ne tient pas compte des coûts d'infrastructure, des effets de substitutions (touristes évitant les lieux où se déroulent les manifestations sportives, supporters restreignant leurs dépenses de visiteurs pour amortir le coût d'un billet), de la charge financière des nuisances liées aux manifestations et aux infrastructures, des éventuelles désordres liés au hooliganisme...
On se rappellera utilement que trente ans après les jeux olympiques de Montréal (1976), les habitants de la ville payent encore la dette (1,5 milliard d'euros) laissée par les infrastructures des jeux, et que quinze ans après les jeux olympiques d'Albertville (1992), les équipements olympiques sont sous-utilisés.
On se rappellera surtout que l'essentiel de l'impact économique positif du sport (pour ne rien dire de son impact social positif) vient de sa pratique en amateur. En France, celles-ci génèrent un chiffre d'affaire de plus de 25 milliards d'euros, alors que le sport business en génère sept fois moins (3,3 milliards) ("Le Monde" du 4 septembre).