26 septembre 2010

Bilan du Mondial de foot

Du pognon pour la FIFA, quoi d'autre ?

La Fédération internationale du foot-pognon (la FIFA) a lancé le 3 septembre dernier des « journées du fair-play ». Elle est particulièrement mal placée pour ce genre d'exercice, et son attitude lors du dernier Mondial de foot, en Afrique du Sud, en témoigne : fausses promesses, prévisions illusoires, absence d'impact durable sur le marché de l'emploi, augmentation des inégalités sociales, instauration d'un véritable protectorat financier sur l'Afrique du Sud... de tous les acteur de ce souk la FIFA est celui qui s'en tire le mieux : elle en retirera 3 milliards de francs (exemptés d'impôts) grâce à une politique strictement orientée vers le profit et une exemption d'impôts, alors que l’Afrique du Sud est confrontée à une perte nette de 2,8 milliards. Les partenaires financiers de la FIFA s'en sont également mis plein les poches, après que les commerçants locaux aient été exclus des périmètres des stades et que 20'000 personnes aient, été expulsées de leur logement et littéralement parquées dans des bidonvilles. Il fallait faire place nette au foot business, à ses pompes, ses oeuvres, ses stades et ses prébendiers.

FIFAfiots

Le premier Mondial de foot organisé sur sol africain a suscité de grands espoirs au sein de la population d'Afrique du Sud. Le gouvernement de ce pays et la FIFA ont tout fait pour stimuler cette euphorie. Ils ont parlé d'essor économique, d'une occasion rêvée de donner une belle image de l'Afrique du Sud et, surtout, de nouvelles perspectives et de places de travail pour la population. Deux mois après la fin du Mondial, le bilan est affligeant : une étude de l'OSEO montre ce que le Mondial 2010 de football a réellement apporté à la population sud-africaine : des nèfles, et des dettes. En revanche, la FIFA s'en est mis plein les poches. Pour l'Afrique du Sud, la Coupe du monde a entraîné, au lieu d'un gain initialement prévu de 4,9 milliards de rands (700 millions de francs), une perte nette de 20 milliards de rands (2,8 milliards de francs). De son côté, la FIFA a enregistré, par rapport à la Coupe du monde 2006, une hausse de ses bénéfices de 50%. Elle avait auparavant obtenu du gouvernement sud-africain que ses gains, ainsi que ceux de ses partenaires, soient exemptés d’impôts. 20 millions de Sud-Africains vivent dans la pauvreté, 12 millions d'entre eux n'ont pas de logement. huit millions et demi vivent dans des bidonvilles, sept millions et demi sont au chômage... Les milliards investis en vue du Mondial auraient pu être utilisés en faveur de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants. Ils l'ont été pour les beaux yeux de la Coupole du sport-business, et les pouvoirs publics doivent maintenant réduire leurs dépenses sociales pour payer la facture de la fête à neuneu, alors même qu'en quinze ans, la mortalité enfantine a augmenté en Afrique du Sud, que l'espérance de vie s'y est réduite, que le nombre d'orphelins en raison du SIDA a doublé en cinq ans et que l'Afrique du Sud fait partie des dix pays les plus inégalitaires du monde, s'agissant du revenu. Ce que le Mondial a rapporté (gros) à la FIFA, c'est ce que l'Afrique du Sud a perdu dans ce bastringue. qui a également permis aux grosses entreprises de construction de faire décupler leurs bénéfices, pour attendre le milliard et demi, et tripler les salaires de leurs directeur, alors que plus de 100'000 emplois disparaissaient dans leur secteur et que les travailleurs ont dû mener une grève nationale et 26 grèves locales pour obtenir des salaires ne leur permettant que de survivre. Dans plusieurs villes, des quartiers entiers ont été rasés pour construire des infrastructures exigées par la FIFA, ou, plus trivialement encore, parce qu'il s'agissait de quartiers pauvres et qu'il ne fallait pas que les visiteurs les voient. Lors du lancement de la « journée du fair-play » organisée par la FIFA, des joueurs du monde entier se sont engagés « maintenant et à l'avenir, à faire preuve de fair-play et de solidarité sur et en dehors du terrain ». On doute déjà de la capacité des joueurs de foot à tenir un tel engagement, c'est dire si le suggérer à la FIFA reviendrait à suggérer à la Mafia de s'engager à respecter les droits humains...