25 décembre 2012

Fonds de tiroir

La société du Sport Toto, le bookmaker sportif suisse officiel, sait quoi faire des bénéfices qu'elle fait sur le dos des parieurs : elle les transforme notamment en petits cadeaux destinés aux politiciens fédéraux pour qu'ils soutiennent le crédit d'un milliard, sous forme de garantie de déficit, proposé pour assurer le financement des Jeux Olympiques d'hiver dans les Grisons en 2022. Si les citoyennes et citoyens des Grisons en veulent, ce qui n'est pas garanti puisqu'ïl semble qu'ils soient « très partagés », comme nous l'écrit « Le Matin Dimanche » de dimanche dernier (qui nous tartine trois pages de promotion du projet). Bon, ben déjà qu'on jouait pas au Sport Toto, si en plus on nous apprend que le pognon qu'on y aurait claqué sert entre autres à offrir des montres à des parlementaires fédéraux pour qu'ils votent une garantie de déficit d'un milliard, on va réfréner toute envie éventuelle de se mettre à y jouer. On n'aura pas trop de mal à se contenir, notez...

Les chefs des départements cantonaux de justice et police se sont mis d'accord : dès l'été prochain, l'alcool sera interdit dans les stades et les patinoires (et à leurs abords) lors des « matches à risque ». Les organisateurs des rencontres de première division devront déposer une demande d'autorisation pour toute la saison sportive. Les compétitions seront classées en vertes, jaunes et rouges, selon leur niveau de dangerosité. L'alcool sera interdit dans les stade et un kilomètre autour lors des rencontres rouges, et des contrôles à l'entrée devront permettre d'identifier les hooligans (il y en aurait un millier en Suisse). Lors des matches verts et jaunes, l'alcool sera autorisé et les contrôles réduits. La conseillère d'Etat vaudoise Jacqueline de Quattro trouve ces recommandations « libérales » : évidemment, puisque le commerce d'alcool par les clubs reste, contrairement aux craintes des clubs, autorisé pour la plupart des matches, et pour tous les matches dans les « zones VIP »  (ces boxes à rupins sont réputés calmes : les parcs à bourges ne sont pas des corralls). Mais les cantons sont tout de même inquiets : ils devront assurer la sécurité lors des déplacements de leurs supporters à l'extérieur, et l'interdiction de l'alcool lors des matches rouges, les plus rentables, reste en travers du foie des clubs. Du coup, on les voit déjà quémander auprès des autorités cantonales : à Genève, le directeur administratif du FC Servette va discuter avec le Conseiller d'Etat Pierre Maudet pour trouver des « arrangements » : « nous sommes incapables de prendre à notre charge l'entier des frais de sécurité ». On se disait aussi que ça allait forcément retomber sur les caisses publiques, ce truc. Bon, de toute façon, si l'on en croit le Conseiller d'Etat fribourgeois Erwin Jutzet, la conférence des chefs de départements cantonaux de justice et police n'a adopté que « des recommandations, que l'on peut suivre ou pas ». Autrement dit : dont on peut se confoutre comme un dealer de sa quinzième interpellation. Sur ce, santé, conservation et vive le sport, école de civilité et d'abstinence !

Les anciens joueurs de l'ancien FC Servette (celui de Marc Roger) veulent relancer l'action en responsabilité civile contre les administrateurs de la société en faillite, et demandent, ensemble, plus de 20 millions à Olivier Maus (qui ne veut pas payer, même s'il en a les moyens, puisque sa famille est en passe de se goinfrer le crodocile Lacoste pour 350 millions de francs) et à Marc Roger (qui n'a évidemment par le premier centime d'euro de cette somme). Maus demande de ne pas être seul en cause, et requiert la participation au procès de l'ancien président du club, un certain Christian Lüscher, et (notamment) des ex-administrateurs du club, Olivier Carrard et Alain Rolland.  Avec Marc Roger, Lüscher et Carrard avaient produit un bilan illusoire pour faire croire que le club n'était plus surendetté, et lui permettre de continuer à participer au championnat. Pour cela, Roger avait été condamné pour faux dans les titres, pas Lüscher ni Carrard. On accuse les frontaliers de prendre les emplois des Genevois ? En tout cas, ils prennent leurs condamnations.

La menace d'une interdiction de vente d'alcool dans les stades (et autour) des grands matches de foot ou de hockey continue de faire hoqueter. Pour de bonnes, saines et désintéressées raisons : «le match de foot et de hockey ne se conjugue que rarement sans sa bière et sa saucisse » clame le responsable de la communication du groupe (de brasseurs) Felschlösschen. Dont « Le Matin Dimanche » nous précise, au cas où on en douterait, qu'il est « aussi un partenaire financier important du sport suisse ». Un partenaire désintéressé, qui aime le sport pour la beauté du sport, bien sûr,  mais qui précise qu'il y a « un rapport direct entre les quantités vendues et les montants rétrocédés aux clubs ». Les quantités de quoi ? De bibine. Et de bibine avec alcool, pas de la bibine pour gonzesses, parce que quand on échange l'une contre l'autre, « la consommation diminue sérieusement ». En clair: le spectateur et le supporter ne boivent pas de la bière, mais de l'alcool. Et comme moins d'alcool=moins de consommation, et moins de consommation=moins de pognon redistribué aux clubs, les clubs, eux aussi, nous font une crise de delirium très mince. Bon, nous, hein, ce qu'on on dit, on n'aime ni le sport, ni la pistrouille de chez Feldmachin, alors tant qu'on nous empêche pas de nous bourrer la gueule à la slivo dans un rade balkanique...

29 novembre 2012

Fonds de tiroir

Le double patron du Servette Hockey-Club et du Servette Football-Clug, Hugh Quennec, a annoncé à la « Tribune » qu'il était « en contact avec des partenaires russes, du Moyen-Orient et coréens », « très intéressés » à soutenir les deux clubs, ou l'un ou l'autre. Le pognon qui arrivera, s'il arrive, il est prévu de le laver et de le désodoriser avant usage ou de l'injecter tout de suite dans les clubs ?

Pas content de l'arbitre lors du match Suisse-Norvège, l'entraîneur de l'équipe de Suisse, Ottmar Hitzfeld, lui a adressé un doigt d'honneur. Et deux jours plus tard, ce dégonflé s'en excuse : « Mon doigt d'honneur était déplacé ». Et déplacé où, au juste, galopin ?

On a comme une impression de déjà vu  : le coût de l'organisation éventuelle en Suisse des jeux Olympiques d'hiver en 2022 a pris l'ascenseur avant même que les citoyennes et citoyens des Grisons se soient prononcés sur cette proposition. Les seules mesures de sécurité coûteraient 410 millions de francs, dont 250 millions à la charge des collectivités publiques (il est prévu de mobiliser pas moins de 2500 policiers et 5000 soldats pour l'occasion...). A lui seul, le canton des Grisons devrait casquer pour 180 millions. Et c'est un crédit global d'un milliard qui devrait être débloqué par le parlement.. Mais comme les partisans de ce projet se doutent bien que le peuple renâclera à cette ponction dans les caisses publiques, le Conseiller fédéral Ueli Maurer (qui est non seulement notre inénarrable ministre de la Défense, mais aussi celui des Sports...) a annoncé que le crédit, proposé aux Chambres fédérales l'été prochain, serait purement et simplement soustrait au référendum... comme naguère, à Genève, certain crédit pour le renflouement du Stade de Genève... c'est une manie, décidément, que de vouloir puiser dans les caisses publiques pour alimenter celles du sport-pognon, en privant les citoyennes et citoyens de la polssibilité de se prononcer sur ce racket... Une manie, mais une sale manie...
Le financement d'éventuels Jeux Olympiques d'hiver en Suisse a du plomb dans l'aile : le seul parti qui soit prêt à accorder un milliard de francs pour que se déroulent les JO d'hiver 2022 dans les Grisons est le petit Parti bourgeois démocratique (PBD). Tous les autres partis sont, soit opposés à ce projet, comme les Verts et le PS, soit partisans du projet mais opposés à le financer. Au fond, les raisons pour lesquelles les uns et les autres refuseront de financer l'organisation des JO d'hiver en Suisse, on avoue qu'on s'en contrefout. Ce qui compte, c'est qu'en refusant ce financement, ils condamnent ce projet nuisible à tout points de vue : financier, certes (le fric claqué là-dedans, on en a un besoin plus urgent ailleurs), mais aussi environnemental (pour l'environnement, les JO sont une véritable calamité, où qu'ils se déroulent)...

 La Ville de Zurich va, peut-être, se doter du stade le plus cher de Suisse, pour remplacer le Hardturm, fief du Grasshoper, démoli en 2008. Le nouveau projet est d'un stade de 19500 spectateurs (moins que le stade de Genève et ses 30'000 places, alors que la ville de Zurich est deux fois plus peuplée que celle de Genève, et le canton près de trois fois plus peuplé...), pour lequel un crédit de 230 millions sera déposé, dont 150 millions pour la construction et 80 millions pour le rachat du terrain au Crédit Suisse. La Municipalité prévoit pour ce stade un déficit d'exploitation annuel de 6,3 à 8,3 millions (au moins, elle n'essaie pas, contrairement à ce qui fut fait à Genève, de faire croire que l'exploitation du machin ne sera pas déficitaire). Un siège dans le nouveau stade coûterait donc 11'000 balles, ce qui en ferait le pose-cul de footballeux le plus cher de Suisse. Et on est bien contents, à Genève, d'apprendre qu'en matière de construction de stade, on a trouvé encore plus cons que nous.

17 octobre 2012

Les Jeux Olympiques d'hiver 2022 en Suisse ? C'est la luge finale...

Le Conseil d'Etat des Grisons a envie d'organiser, avec une facture (sous-estimée) de quatre milliards de francs, et une garantie de déficit d'un milliard accordée par la Confédération,  les Jeux Olympiques d'hiver 2022 à Saint-Moritz. Plus sensées, que les Grisons (mais aussi que Genève et le Valais, qui furent un temps candidats à la candidature), Lucerne et la Suisse centrale avaient renoncé à se porter candidates à l'organisation de cette fête du sport-pognon, de ses sponsors et de ses pharmaciens experts en dopage. Le CIO attribuera les Jeux en 2015. Il reste donc aux opposants à l'organisation en Suisse de cette foire moins de trois ans pour renvoyer ce funeste projet à ses expéditeurs réels : les offices du tourisme. Avec prière d'en faire ce qu'il mérite : des confettis.

Pas plus de JO dans les Grisons que de Gripen au-dessus


Des Jeux Olympiques d'hiver à Saint-Moriz, qui les avaient déjà accueillis il y a des décennies, du temps où ces Jeux étaient encore des jeux (ou des joutes) et leurs participants des amateurs ? L'idée titille donc à la fois le secteur local du tourisme, le gouvernement cantonal grison et le Conseil fédéral. Sans qu'il soit évident que la population des Grisons (et pas seulement les hôteliers de Saint-Moritz ou Davos) la soutienne, et que le Comité international olympique y soit sensible, d'autant que, pour leur donner une petite couleur dans l'air du temps, les promoteurs du projet assurent qu'il sera compatible avec le «développement durable», ce qui le rendrait parfaitement inintéressant du seul point de vue qui intéresse le CIO et ses sponsors : le point de vue financier, celui, bien entendu, des profits que l'on peut en tirer -parce que celui du coût pour les collectivités publiques organisatrices, le CIO s'en bat les lattes avec toute la componction qu'on lui connaît.
Le coût pour les collectivités publiques de l'organisation des JO d'Hiver à Saint Moritz est estimé, par ses partisans eux-mêmes, à plus de quatre milliards d'investissements, dont une partie serait assumée par la Confédération, c'est-à-dire par toute la Suisse. Le seul soutien officiel à la candidature grisonne a été estimé par le Conseiller fédéral Ueli Maurer à 30 millions : c'est le prix du lobbying, de la pub, du racolage des pontes du Comité international olympique.  Quant aux promesses d'organiser en Suisse des « Jeux Verts » et modestes, on ne peut guère qu'en ricaner : il y a toujours plus d'athlètes, de disciplines, de journalistes, de public, de mercantilisme et de sponsoring autour des grandes manifestations sportives en général, et des JO en particulier, et une candidature « verte et modeste » n'aurait aucune chance d'être retenue par le Comité olympique, sauf évidemment à n'être « verte et modeste » que dans le discours tenu pour la faire accepter par le bon peuple des communes, des villes, du canton et du pays organisateurs.

« Les Jeux Olympiques ne sont clairement pas une priorité pour le pays », a fort judicieusement déclaré le Conseiller national (vert) genevois Ueli Leuenberger. Non seulement parce qu'ils se terminent toujours par des déficits gigantesques pour ceux qui les ont organisés (mais pas pour le CIO), comme Vancouver qui s'est retrouvée avec une ardoise d'un milliard, mais aussi parce qu'avec les quatre milliards (au moins) que l'exercice coûterait, on aurait bien mieux à faire que le financer, et financer de grosses infrastructures avec l'espoir qu'elles doperont le tourisme (alors qu'on vient d'accepter l'initiative Weber qui veut précisément mettre fin à ce genre de fuite en avant).

Fort heureusement, le ministre en charge du dossier, au Conseil fédéral, c'est l'inénarrable Ueli Maurer, et pour les adversaires de l'organisation des JO en Suisse le dossier est entre les meilleures mains possibles, celles d'un ministre UDC. Parce qu'il faut bien le reconnaître : en ce moment, la gauche doit une fière chandelle au vivier politique de ce parti : c'est un ministre UDC, Ueli Maurer, qui est en train d'abolir l'armée à la place du GSSA, et une ministre ex-UDC, Evelyne Widmer-Schlumpf, qui est en train d'abolir le secret bancaire à la place de Jean Ziegler... On peut donc accorder à Ueli Maurer une confiance totale pour plomber le dossier des JO d'hiver 2022 avec la même efficacité qu'il a déployée pour plomber celui de l'achat de nouveaux avions de combat.
Logiquement, il ne devrait pas plus y avoir de Jeux Olympiques dans les Grisons que de Gripen au-dessus...

19 juillet 2012

Brèves


Une manifestation syndicale a dénoncé lundi 14 mai, à Lausanne, devant le siège du Comité International Olympique (CIO), la désignation d'une entreprise minière australo-britannique, Rio Tinto, comme fournisseur officiel des médailles des prochains Jeux Olympiques d'été à Londres. Rio Tinto s'est rendue coupable de lock out contre près de 800 travailleurs au Québec, parce qu'ils refusaient de voir les salariés partant à la retraite être remplacés par des temporaires payés moitié moins. Rio Tinto, présente dans une quarantaine de pays, est aussi dénoncée pour ses activités polluantes et son mépris des populations locales. Les syndicats exigent du CIO qu'il respecte et fasse respecter de ses fournisseurs les droits fondamentaux et les principes de la charte olympique. Pis quoi encore ? D'ailleurs, le directeur de la communication du CIO a précisé que le CIO n'avait aucune intention d'exiger quoi que ce soit de Rio Tinto, qui n'est même pas sponsor des Jeux mais seulement fournisseur de médailles. Y'a une médaille pour l'hypocrisie ? Et c'est aussi Rio Tinto qui la fournit ? 

Le Conseil d'Etat genevois a adopté un arrêté visant à  «aménager les conditions-cadres favorables au bon déroulement de l'Eurofoot 2012 et des manifestations liées à cet évènement » . Concrètement, ça veut dire quoi, l'Eurofoot se déroulant en Pologne et en Ukraine, et pas à Genève ? Ben, il s'agit, nous dit le communiqué du Conseil d'Etat, de  « rappeler les différentes dispositions légales et réglementaires en matière, notamment, d’ordre, de sécurité, de tranquillité et de salubrité publics, de débits de boissons, de vente d’alcool sur la voie publique ou encore de commerce itinérant»... Bref, un petit catalogue des nuisances, incivilités, tapages et perturbations diverses liées à la «grande fête du foot», même quand elle se déroule à quelques milliers de kilomètres de chez nous. De la délinquance transfrontalière, quoi. Mais qu'en disent Gominator et son MCG ? Et quand proposeront-ils de mettre les supporters bruyants dans des containers près de l'aéroport ?

On appelle ça le « calcioscomesse » : c'est le scandale des matches truqués en Italie (mais on sait que la pratique consistant à payer des joueurs pour qu'ils fassent perdre un match à leur équipe afin que les parieurs, mafieux ou non, qui ont misé sur leur adversaire puissent empocher le gros lot, n'est pas une exclusivité italienne). Et puis, il y en a un qui rêve tout haut, c'est le Premier ministre italien, Mario Monti, qui suggère « une suspension totale (du foot en Italie) pour deux ou trois ans », et qui pense que cette abstinence footeuse profiterait « à la maturité politique de nos concitoyens ». Bien sûr, que cela profiterait à leur maturité politique, mais qui s'y intéresse, à leur maturité politique ? Et qui en profiterait, de leur maturité politique ? Certainement pas les réseaux mafieux qui gèrent les paris sur les marches truqués... et certainement pas non plus le petit monde du foot professionnel, italien ou non. car comme l'écrit l'historien du sport Fabien Archambault : « le football (en Italie) est un système industriel où les enjeux symboliques, au-delà des enjeux financiers, sont très importants. Du coup, il est hors de question de le laisser aux mains du hasard ». D'où la manipulation des matches : on sait jamais, si on ne les manipulait pas, peut-être que les meilleurs gagneraient toujours... Ah oui, encore un truc : selon le procureur Di Martino, le « Calcioscomesse » a été en partie organisé en Suisse, et ses profits en partie planqués en Suisse. Ah ben ça, pour une surprise, c'est une surprise...

Les polices des grandes villes suisses sont inquiètes : la Swiss Football League a décidé de faire commencer les matches de Super League deux heures plus tard le samedi, à 19 heures 45. Et donc de les faire terminer deux heures plus tard, les spectateurs quittant le stade croisant alors les gens sortant faire la fête. D'où un risque accru de conflits dans les zones de concentration, comme les gares, entre des supporters déjà un peu (ou beaucoup) bourrés et des teufeurs pas toujours encore sobres. Bon, et alors ? il est où le risque ?  le sport, c'est plus une école de civilité suivie studieusement par de gentils supporters ?

Dans la nuit de samedi à dimanche, à 1 heure 69 minutes et 59 secondes, on recevra une seconde de temps supplémentaire pour rattraper le temps universel (le temps courant prend une demie-seconde de retard chaque année par rapport à celui mesuré par les horloges atomiques). Voilà, on a gagné une seconde. mais qu'est-ce qu'on va bien pouvoir en faire ?


08 juillet 2012

Fonds de tiroir

A la demande de la Ville et du canton de Genève, la Cour des Comptes genevoise s'est penchée sur les comptes du FC Servette. Résultat : comme on le savait déjà, la comptabilité du club était plus qu'approximative. Comme on s'en doutait, les subventions destinées à l'association devant assurer la relève des jeunes (une sorte d'« académie de formation ») ont été en partie (un tiers, apparemment) engloutis dans la société anonyme du club. Et comme certains (de mauvais esprits antisportifs, cela va sans dire) le recommandaient avant la Cour des Comptes, la Ville et le canton auraient du, et pu, se montrer un tantinet plus curieux et exigeants avant de filer du pognon aux gestionnaires de l'Acadmémie, qui se trouvaient, O surprise, être les mêmes que ceux du club... Mais c'est quand même marrant : quand des doutes étaient exprimés sur le fonctionnement financier du club, ceux qui les exprimaient étaient accusés de n'être que des antisportifs primaires et footophobes pulsionnels. Et maintenant que ces doutes sont confirmés par la Cour des Comptes, on n'entend plus guère ceux qui se sont battus pour qu'on file du pognon dans un vase percé communiquant avec un trou...

Une manifestation syndicale a dénoncé lundi 14 mai, à Lausanne, devant le siège du Comité International Olympique (CIO), la désignation d'une entreprise minière australo-britannique, Rio Tinto, comme fournisseur officiel des médailles des prochains Jeux Olympiques d'été à Londres. Rio Tinto s'est rendue coupable de lock out contre près de 800 travailleurs au Québec, parce qu'ils refusaient de voir les salariés partant à la retraite être remplacés par des temporaires payés moitié moins. Rio Tinto, présente dans une quarantaine de pays, est aussi dénoncée pour ses activités polluantes et son mépris des populations locales. Les syndicats exigent du CIO qu'il respecte et fasse respecter de ses fournisseurs les droits fondamentaux et les principes de la charte olympique. Pis quoi encore ? D'ailleurs, le directeur de la communication du CIO a précisé que le CIO n'avait aucune intention d'exiger quoi que ce soit de Rio Tinto, qui n'est même pas sponsor des Jeux mais seulement fournisseur de médailles. Y'a une médaille pour l'hypocrisie ? Et c'est aussi Rio Tinto qui la fournit ? 

Le Conseil d'Etat genevois a adopté un arrêté visant à  «aménager les conditions-cadres favorables au bon déroulement de l'Eurofoot 2012 et des manifestations liées à cet évènement » . Concrètement, ça veut dire quoi, l'Eurofoot se déroulant en Pologne et en Ukraine, et pas à Genève ? Ben, il s'agit, nous dit le communiqué du Conseil d'Etat, de  « rappeler les différentes dispositions légales et réglementaires en matière, notamment, d’ordre, de sécurité, de tranquillité et de salubrité publics, de débits de boissons, de vente d’alcool sur la voie publique ou encore de commerce itinérant»... Bref, un petit catalogue des nuisances, incivilités, tapages et perturbations diverses liées à la «grande fête du foot», même quand elle se déroule à quelques milliers de kilomètres de chez nous. De la délinquance transfrontalière, quoi. Mais qu'en disent Gominator et son MCG ? Et quand proposeront-ils de mettre les supporters bruyants dans des containers près de l'aéroport ?

On appelle ça le « calcioscomesse » : c'est le scandale des matches truqués en Italie (mais on sait que la pratique consistant à payer des joueurs pour qu'ils fassent perdre un match à leur équipe afin que les parieurs, mafieux ou non, qui ont misé sur leur adversaire puissent empocher le gros lot, n'est pas une exclusivité italienne). Et puis, il y en a un qui rêve tout haut, c'est le Premier ministre italien, Mario Monti, qui suggère « une suspension totale (du foot en Italie) pour deux ou trois ans », et qui pense que cette abstinence footeuse profiterait « à la maturité politique de nos concitoyens ». Bien sûr, que cela profiterait à leur maturité politique, mais qui s'y intéresse, à leur maturité politique ? Et qui en profiterait, de leur maturité politique ? Certainement pas les réseaux mafieux qui gèrent les paris sur les marches truqués... et certainement pas non plus le petit monde du foot professionnel, italien ou non. car comme l'écrit l'historien du sport Fabien Archambault : « le football (en Italie) est un système industriel où les enjeux symboliques, au-delà des enjeux financiers, sont très importants. Du coup, il est hors de question de le laisser aux mains du hasard ». D'où la manipulation des matches : on sait jamais, si on ne les manipulait pas, peut-être que les meilleurs gagneraient toujours... Ah oui, encore un truc : selon le procureur Di Martino, le « Calcioscomesse » a été en partie organisé en Suisse, et ses profits en partie planqués en Suisse. Ah ben ça, pour une surprise, c'est une surprise...

28 juin 2012

Plus que quatre jours de diarrhée footeuse...

Tenir, tenir...

Une demie-finale de tirée, en reste une demain, et dimanche, on en aura donc enfin, et c'est pas trop tôt, fini avec l'Eurofoot. Mais pas avec le sport professionnel, ses jeux du cirque, ses préparations médicamenteuses, les masses de pognon qui s'y investissent et la décérébration collective qui l'accompagne. On en aura fini avec l'Eurofoot, mais Juillet, c'est le mois du Tour de France. Et du pot belge. Bah, au moins, à la télé, les retransmissions de la «  grande boucle »  nous font voir de beaux paysages, et c'est toujours ça que celles des matches de foot dans les cuvettes des stades ne peuvent nous proposer...


Eurofoot : vous préférez une finale Espagne-Allemagne à Gernika ou Espagne-Italie sur l'Ebre ?


e ne sont que des matches de foot, 20 grands garçons courant après une baballe avec pour ambition ultime de l'expédier dans une cage gardée par un autre grand garçon. Un jeu, rien qu'un jeu, mais devenu par la grâce des media un spectacle mondial, et par la graisse de l'économie du sport professionel un marché considérable. Mais quel est l'enjeu du spectacle, et que vend-on sur ce marché encombré de corruption, de spéculation et de dopage, ? A prendre au pied de la lettre et au pied du mot le langage guerrier des innombrables commentateurs de la baballe, il doit être considérable, cet enjeu : ce ne sont que défenses enfoncées, batailles et combats (le football n'est donc plus un jeu ?), proclamation  qu'il « faut bien un vainqueur» (ah bon ? et pourquoi diable ?)... Il est loin, le temps du précepte « L'essentiel, c'est de participer »... l'essentiel, aujourd'hui, dans le sport comme dans le plus pur libéralisme, c'est de gagner, et peu importe la manière. Que le plus fort, ou le plus malin, ou le plus riche, gagne, et malheur aux vaincus.


Mais qu'est-ce que cela aurait changé à la situation de la Grèce, si elle avait battu l'Allemagne ? Qu'est-ce que cela changera à la situation de l'Espagne et qu'est-ce que cela aurait changé à celle du Portugal d'aller entendre les hymnes nationaux des finalistes  (et chanter le sien) à Kiev dimanche ? Qu'est-ce que le résultat du match de demain changera à la situation des Italiens ?  Est-ce que l'obsession de « discipline budgétaire » d'Angela Merkel se sera dissipée  si l'Allemagne n'est pas championne du monde (ou si elle l'est) ? Evidemment que non. Evidemment que rien n'aura été changé à rien. Et que les habitants de l'Ukraine n'auront rien gagné à ce que leurs potentats co-organisent la fête à neuneu (le contexte ukrainien est calamiteux ? Et alors ? Tout le monde s'en fout, du contexte ukrainien...). Et même les plus abrutis des supporters de foot le savent bien, une fois sortis de leurs transes : leur exubérance de chaînon manquant entre préhominiens et hominiens tient de tout, sauf de la raison.


Il n'empêche : la mobilisation tripale et tribale, autour des marches de foot, de tout ce qui peut se ramasser de religiosité bas de gamme et de xénophobie ordinaire pose questions -à commencer par celle-ci : qu'est-ce qui peut bien provoquer la transformation d’individus ordinairement intelligents en primates éructants, au bord du suicide quand « leur » équipe perd et au-delà de l'épectase quand elle gagne ? Cela doit bien se situer quelque part, du côté du cerveau reptilien ou de la réminiscence infantile, cette insulte à Darwin, cette déchirure dans le continuum de l'évolution de l'espèce censée nous avoir mené au glorieux statut d'homo sapiens sapiens, d'humain qui sait qu'il sait...  mais alors pourquoi ne sommes-nous pas tous frappés de cette régression ? Pourquoi quelques-uns d'entre nous en sommes préservés alors que tant d'autres, et quelques uns, et même quelques unes que nous ne soupçonnions pas vulnérables à cette régression, la subissent au point de perdre avant, pendant et après match tout langage articulé (les klaxons en tiendront lieu), ou, pire, de n'en garder que ce qui est nécessaire pour proférer des énormités que seule la vacuité de leur prétexte sauve de l'odieux, sans les sauver du ridicule ?

06 juin 2012

L'Eurofoot débute dans deux jours en Pologne et en Ukraine : Du pain, des jeux et des prisons

Hier soir, au Conseil Municipal de la Ville de Genève, une majorité a refusé de traiter avant l'ouverture de l'Eurofoot, vendredi, une résolution socialiste exprimant, en termes pourtant mesurés, la distance que peut prendre une ville comme Genève avec l'état des libertés politiques dans l'un des deux pays organisateurs de la grande fête du ballon rond : l'Ukraine. Elle ne mangeait pourtant pas de pain, ni d'ailleurs de jeux, la résolution : elle demandait simplement que les retransmissions des matches se déroulant en Ukraine, sur écran géant à Genève soient complétées d'un avertissement du genre: « le match que vous regardez se déroule dans un pays ne respectant pas les libertés démocratiques ». Ben non : apparemment, dire l'évidence, ce serait déjà trop dire en pleine footerie européenne.

Etre antisportifs pour les mêmes raisons qu'être anticléricaux et antiracistes ...

'Ukraine a investi dix milliards d'euros dans l'organisation chez elle d'une partie de l'Eurofoot, alors qu'elle rame déjà pour rembourser, au titre de sa dette, un montant équivalent et que personne ne croit un instant qu'elle récupérera les ressources investies  grâce aux spectateurs venus de l'étranger et à leurs dépenses. Les travaux d'infrastructures ont été terminés à temps, mais leur coût a explosé, et il y entre de toute évidence une part importante de dessous de tables et de corruption. Accessoirement, une partie de la population locale fait les frais des mesures prises pour accueillir les spectateurs étrangers : ainsi, les cités universitaires de Kiev ont été réquisitionnées, et leurs habitants étudiants expulsés, sans solutions de relogement. Et pour couronner le tout, en Pologne et en Ukraine, les groupes d'« ultras », chaînons manquants entre les supporters basiques et les hooligans, se distinguent par leur violence, leur racisme, leur antisémitisme...

Pour le pouvoir ukrainien actuel, mais aussi pour une bonne partie de l'opinion publique, et même de l'opposition, l'organisation avec la Pologne de l'Eurofoot 2012 est l'évènement le plus important (ou, avec la « révolution orange » de 2004, l'un des deux plus importants) depuis le retour à l'indépendance, à la chute de l'Union Soviétique. Un événement si important qu'il importe peu au pouvoir, au gouvernement, au président, de savoir ce que leurs homologues européens pensent d'eux : ils savent que ce qui va compter, ce sont les matches, le tintouin autour des matches, les exaltations des supporters, le ramdam continental autour de la baballe -bref, la routine médiatique de toutes les grandes compétitions sportives internationales.

Au premier coup de sifflet du premier match de la compétition, qui, sinon des antisportifs primaires, secondaires et tertiaires dans notre genre, se préoccupera de l'état des libertés politiques en Ukraine ? Du sort de l'ancien Premier ministre Ioulia Timochenko ? (elle n'est pas franchement de notre famille politique, mais elle est en prison depuis l'automne 2011, victime d'une vengeance du pouvoir en place, et elle est si mal en point, et si maltraitée qu'il a fallu début mai, sur pression européenne, la transférer dans un hôpital. Et menacée encore d'au moins deux procès, l'un pour fraude fiscale, l'autre pour complicité de meurtre. Rien que cela...).

La Chancelière allemande et son gouvernement, le président de la Commission européenne et sa commissaire aux sports, le gouvernement français annoncent qu'ils ne se rendront pas en Ukraine tant que Ioulia Timochenko y était persécutée ? Le président Ianoukovitch, son gouvernement, son ministre des Affaires étrangères s'en foutent ouvertement : «  Le sport, c'est le sport, la politique, c'est la politique », savonne le ministre... « Tous les billets de tous les matches en Ukraine ont été vendus », se rengorge le président... et ils ont raison :  le sort des libertés politiques en général, et celui de Ioulia Timochenko en particulier, ne pèsera pas lourd lorsque l'Eurofoot commencera.

« Le sport, c'est le sport, la politique, c'est la politique » , en effet : et quand la seconde est inavouable, le premier la recouvre. Au fait, a-t-il jamais servi à autre chose qu'à cela, depuis qu'il a cessé d'être le plaisir désargenté de jouer pour le plaisir de jouer ? Depuis qu'il a été pris en mains par des Etats, des sponsors, des investisseurs ? Depuis qu'il est devenu la dernière et la plus puissante des religions décérébrantes  ?

Et l'on s'étonnera, et nous blâmera, de nous sentir requis d'être antisportifs pour les mêmes raisons qu'être anticléricaux et antiracistes ...

26 mai 2012

Brèves


Une centaine de supporters genevois ont causé dimanche des heurts à Lausanne en marge du match opposant Lausanne-Sport au FC Servette. La police a dû faire usage d’un camion-pompe et de  balles en caoutchouc. A l’entrée du stade, peu avant les fouilles, des fans du FC Servette ont provoqué une bousculade afin de pénétrer de force dans l’enceinte. Auparavant, certains d’entre eux avaient lancé des engins pyrotechniques dans les broussailles, provoquant un début d’incendie dans un talus. Et au terme du match, perdu 3 à 1 par Servette, une centaine de supporters genevois ont cherché la confrontation avec le service de sécurité du stade, s'en sont pris à du matériel, à des barrières et ont lancé des bouteilles. Comme disait en substance une résolution du Conseil Municipal de Genève, le soutien au foot professionnel, ça socialise les jeunes, ça leur donne un modèle. La preuve : lors du match entre Servette et Lausanne Sports, l'attaquant lausannois Mat Moussilou, congolais, a été l'objet d'insultes racistes de la part de supporters genevois. Des supporters de foot racistes ? Non, c'est pas possible...

Certains membres du « club des 100 »  (une réunion de mécènes du FC Servette), regroupés danms l'« association SFC » ont entendu dire que « la recherche de soutiens financiers » au club qui vient juste d'échapper à la faillite était « plus compliquée que prévu », et proposent donc d'entrer dans le capital de la Société anonyme du club, mais le « club des 100 » ne veut pas de cette solution et assure qu'il n'y a aucun problème dans la récolte des fonds, et que celle-ci se monte, après trois semaines, à environ un million et demi de francs. Et on est prié de le croire sur parole. D'ailleurs, personne ne ment dans le milieu du foot-pognon. Personne, jamais. Sinon, ça se saurait, non ?

La catastrophe économique, sociale et politique grecque peut-elle avoir du bon ? ou en tout cas, des effets collatéraux sur lesquels on ne versera pas une larme ? celui-ci, par exemple: la suspension de toutes les compétitions nationale d'athlétisme pour protester contre les coupes budgétaires opérées, au nom de l'austérité (et du remboursement de la dette de 350 milliards d'euros) par le ministère de la culture et des sports, qui a ratiboisé l'année dernière le tiers des subventions qu'il accordait au sport, et devrait récidiver cette année. Si on en faisait autant à Piogre, est-ce que le FC Servette, le HC Servette, leurs supporters, leur porte-voix politiques et le Stade de Genève nous lâcheraient la grappe ? 

Lundi dernier, lors d'un match à la Praille entre Servette (qui a perdu) et Thoune, des supporters servettiens de la «Section Grenat»  (en avant, marche !) s'en sont pris à d'autres supporters servettiens, d'origine brésilienne, qui occupaient avec drapeau et tambours les gradins habituels de ladite « Section Grenat », pour qui « les mecs avec leurs tam-tams n'ont rien à faire là ». Surtout s'ils sont basanés. Zont qu'à retourner dans leur jungle, les métèques, non mais. « Noms d'oiseaux et bras d'honneur ont fusé », témoigne un spectateur. Quant au porte-parole du Servette, il se contente de déclarer que « le stade est grand, chacun devrait y trouver sa place dans la respect des autres ». C'est vrai que le stade est grand. Très grand. Beaucoup trop grand. Et aux trois quarts vide. Comme le cerveau des supporters ? On l'a pas dit. Mais on l'a pensé très fort.

Dans une centaine de jours, les Jeux Olympiques d'été s'ouvriront à Londres. Et les Londoniens trinquent. Depuis longtemps, mais ça s'accélère et s'alourdit encore au rythme des derniers chantiers: réfection des chaussées et trottoirs, échanfaudages sur les façades des principaux édifices, paralysie des lignes de metro... dans les quartiers populaires (pour ne pas dire pauvres) proches du « parc olympique » , protégé de la racaille locale par des palissades de trois mètres de haut, les habitants attendent encore que se réalisent les promesses d'emplois pour les chômeurs du coin et d'aménagements de leurs quartiers. La Mairie de Hackney où un centre aquatique destiné aux JO a été implanté (pour 370 millions de francs) râle : ce centre est inutilisable pour un usage populaire, et il faudra en construire un à côté, pour la population de la commune. Le Comité londonien avait estimé le coût de l'organisation des JO pour les collectivités publiques à 2,25 milliards de livres. On en est presque à quatre fois plus (9,3 milliards, soit 13,5 milliards de francs). C'est un dixième des coupes imposées par le gouvernement dans les budgets sociaux, éducatifs et sanitaires, et dont la population la plus pauvre souffre le plus directement. Ces milliards manquent cruellement, et les prestations qu'ils finançaient manquent encore plus cruellement -mais quoi, le principe, c'est bien toujours « du pain et des jeux», non ? Même si le pain est sec et les jeux pourris...
Dimanche s'est couru à Bahrein un grand prix de formule 1. Qui a gagné ? On s'en fout. On sait en revanche qui a perdu : d'abord, tué par la police, un opposant au régime du roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa. Ensuite, le mouvement des Jeunes du 14 mai, qui réclame, l'impudent, une monarchie constitutionnelle (même pas une république) et le respect des choix démocratiques. Il y a un an déjà, la répression du mouvement d'opposition avait fait 35 morts, en février et mars, et plus de 60 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement. C'est quand même pas quelques dizaines de morts d'arabes, chiites en plus, tués par la police ou l'armée, qui vont arrêter un grand prix de Formule 1, non ? Les bagnoles de course passent, la démocratie trépasse et alors ? Y'a quand même encore des coins comme Bahrein où on respecte les vraies valeurs, celles qui font vroum vroum... 
Le 1er avril dernier, autour du match de foot Lausanne-Servette, à Lausanne, de graves débordements de supporters (et de bière) avaient contraint la police lausannoise à intervenir, avec tirs de balles en caoutchouc, suivie des pompiers et de la voirie. Six semaines après les faits, la police, les pompiers et la voirie ont envoyé la facture (80'000 balles, voirie non comprise) à la Ville. Qui avait assuré que ce serait aux clubs de payer. Et qui aujourd'hui admet que « le système de responsabilité financière des clubs (n'étant pas en place », c'est la Ville elle-même qui paiera. Et pourquoi pas les supporters ? Ben... parce que ce sont de bon gars, finalement. Forcément, des fans de foot, ça peut être quoi d'autre ? C'est quand même pas le black block. Juste le naze bock...


18 mai 2012

Mondial 2014 de foot : Main basse sur le Brésil


Comme nul n'est censé l'ignorer, la prochaine coupe mondiale de foot, le « Mondial » (comme s'il était évident que ce machin résumait la planète) se déroulera et déroulera ses fastes, son fric et sa dope, au Brésil. Et le Brésil s'y prépare, sous la houlette tout sauf désintéressée de la coupole du foot professionnel international, la Fédération internationale de football (FIFA) et de son parrain haut-valaisan, Sepp Blatter. « Le Brésil s'y prépare », cela signifie : évacuation des habitants de quartiers entiers, violation des droits humains et des droits syndicaux, surexploitation des travailleurs, coupes dans les budgets sociaux pour financer les infrastructures sportives et touristiques... Il paraît que le Brésil a un gouvernement (et une présidente) de gauche. Face au foot-pognon mondialisé, il apparaît surtout que la gauche est aussi veule que la droite. 

Des chômeurs regarderont à la télé des millionnaires courant après un ballon

Souvenez-vous du Mondial 2010, en Afrique du Sud : ce fut une véritable opération de pillage des caisses publiques du pays par les organisateurs des joutes, leurs sponsors et les media. L'Afrique du Sud y avait perdu près de trois milliards de francs, la Coupole du foot (la FIFA, donc) y avait gagné plus de trois milliards de francs. Un transfert modèle, sur le dos des travailleuses et des travailleurs sud-africains, surexploités pendant tout le temps où ils mettaient sur pieds et sur béton toute l'infrastructure nécessaire à la « grande fête du sport ». Eh bien, pour le Mondial brésilien de 2014, l'histoire bégaie : sur les chantiers du Mondial, les salaires versés sont inférieurs au minimum vital. Les syndicats demandent un salaire minimum de 1100 reals par mois (environ 635 US$) mais le salaire minimum réel plafonne à 650 reals (environ 400 US$), et pour s'assurer que l'impudente revendication de pouvoir vivre de son travail ne perturbera pas les réjouissances fotballeuses, le droit de grève sera drastiquement limité pendant les trois mois précédant la compétition, et pendant toute la durée de celle-ci -il ne faudrait pas que les spectateurs et les téléspectateurs soient informés de la situation réelle des gens qui ont travaillé pour le spectacle... Enfin, le Mondial va déloger plus de 150'000 personnes des zones où sévira la fièvre du ballon rond et des favelas qui font tache dans le paysage touristique qu'on veut présenter, et il va de plus priver les marchands de rue (qui habitent ces favelas) de leur gagne-pain (en plus de leur logement) afin d'assurer le respects des droits exclusifs des sponsors de la FIFA.

« La FIFA met le Brésil en coupe réglée », résume Solidar Suisse (l'ex Oeuvre suisse d'entraide ouvrière, OSEO), qui lance une campagne pour exiger de la Coupole qu'elle fasse respecter les droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs brésiliens et des populations locales, victimes à la fois de la rapacité de la FIFA elle-même, de celle des sponsors et de l'incroyable veulerie des autorités brésiliennes. Il y a sans doute quelque feinte naïveté dans une campagne qui demande aux organisateurs d'une calamité de « promouvoir le fair-play à l'égard de la population locale » frappée par cette calamité, mais il y a surtout la volonté de mettre la FIFA face à ses propres discours sur le fair-play et la grande fraternité du sport, et à sa propre pratique : l'organisation «sportive» est en fait une multinationale qui va engranger des milliards de francs, ou de dollars, ou d'euros, grâce au Mondial et grâce à l'exploitation de ceux qui vont le rendre possible sur place, mais cette multinationale ne paie pas, et ne veut pas payer d'impôt, ni au Brésil où elle va sévir, ni en Suisse où elle siège.

Les milliards que le Brésil va consacrer à l'organisation du Mondial, pour les beaux yeux de la FIFA, de ses sponsors et des chaînes télés qui retransmettront les matches en faisant exploser les tarifs des publicités qui encadreront et farciront les retransmissions, ces milliards de dépenses somptuaires seront compensés par des coupes dans des programmes sociaux autrement plus urgents et plus essentiels que des joutes organisées dans les moindres détails par la FIFA, et se résumant en cette formule : « des chômeurs regardant à la télé des millionnaires courant après un ballon ».

Il y a 50 millions de pauvres au Brésil. Il y en aura encore plus après le Mondial. Mais ils auront pu croire leur pays devenu le centre du monde, alors qu'il n'aura été qu'un champ mis en coupe réglée par la FIFA.

Soutenez la campagne de Solidar : www.solidar.ch/fr/

09 mai 2012

Fonds de tiroirs


L'ancien patron du FC Servette, Francisco Vinas, qui se taisait depuis trois ans, est sorti de son silence, dans « Le Matin Dimanche » de dimanche dernier. Pour dire son fait à son successeur, Madjid Pishyar, en commençant par rappeler que lui, Vinas, avait sorti le club de la merde où l'avait laissé Marc Roger, et qu'il n'avait cédé le club à Pishyar que sous la pression d'attaques personnelles constantes, de la part des partisans de Pishyar (qu'on entend curieusement peu, en ce moment). Qui a donc pu reprendre un FC Servette sans dettes, avec plus de deux millions en caisse. Mais le laisse sans un radis, avec quelques millions de dettes. De toute façon, pour Vinas, faire vivre un club de foot d'élite à Genève, «c'est vouloir exporter le foot au Groenland » : en clair, l'écrasante majorité des Genevois (dont nous, ici) se contrefoutent de la présence ou non d'un club genevois en division A, B  ou Z du foot suisse. Vinas se dit « déçu de voir à quel point les Genevois et la presse locale se sont fait embobiner » et se demande comment ils ont pu « gober tout ce qu'à dit M. Pishyar ? ». Ben, c'est simple : ils auraient gobé n'importe quoi pourvu que ce n'importe quoi se conclue par « hop Servette, on va gagner ! », ce genre de conneries pour supporters, quoi. Et ça continue : la « Tribune » touille aujourd'hui la même sauce qu'à l'arrivée de Pishyar. Et s'apprête à nous la resservir avec n'importe quel repreneur.  C'est comme au bonneteau : tant qu'il y a des congres assez congres pour se laisser pêcher, y'a pas de raison d'abandonner la pêche au congre...

Fin janvier, la coupole européenne du sport-pognon (l'UEFA, donc) a annoncé dans un rapport que le déficit accumulé de 665 clubs européens atteignait 1,64 milliard d'euros, soit 435 millions de plus en un an, que 56 % des clubs de première division européenne avaient enregistré des pertes nettes en 2011 (en France, sur 20 clubs de la division supérieure, quatorze étaient en déficit, six enregistrant des pertes supérieures à cinq millions d'euros) et que 78 clubs avaient claqué la totalité de leurs recettes dans les seuls salaires, parfois mirobolant, de leurs joueurs et entraîneurs. Bon, nous, on vous dit ça, hein, c'est pour vous consoler des déboires du Servette : le sport-pognon, c'est la merde partout...

Le président du Servette Hockey-Club, Hugh Quennec,  ayant repris le Servette Football Club, et le Servette Football Club ayant précédemment repris l'exploitation du Stade de Genève, est-ce que Hugh Quennec va devoir aussi assumer le trou de la Praille ? Grave question, car le stade est impossible à rentabiliser : trop grand pour les besoins sportifs locaux, il ne peut même pas être utilisé pour y organiser  plus de trois concerts par an, afin de limiter les nuisances pour les riverains. Certains avaient bien pensé à en faire usage pour accueillir la fête fédérale de gymnastique mais, las ! les rupestres ont préféré Estavayer. Bon, ben avec tout ça on n'est pas plus avancés... on en fait quoi de ce truc ? le lieu unique pour les manifestations autorisées, après l'adoption par le bon peuple d'une loi durcissant les conditions de la liberté de manifester ? le lieu de détention des participants aux manifestations non autorisées ? Un stade Olivier-Jornot, en quelque sorte ?

A une heure du matin, dimanche dernier, une quinzaine de supporters du SFC ont provoqué une bagarre générale à la rue de l'Ecole de Médecine, en s'en prenant aux clients de trois bistrots, avant de déguerpir à l'arrivée de la police... Le Servette est de retour, ses supporters aussi, chouette...

On a retrouvé ça dans un vieux « GHI »  (du 16 mars de l'année dernière), et on savoure, sans autre retenue que celle que pourrait nous donner le temps qui passe et les illusions qui trépassent :
« Stade de Genève : à l'abri des soucis financiers.
Le Servette FC reprend l'exploitation du Stade pour les 33 prochaines années.
La signature de ce contrat entre le Servette FC et la Fondation du Stade de Genève règle tous les problèmes de financement, résume dans un large sourire Mark Muller, conseiller d'Etat en charge du Département des constructions ». Et Benoît Genecand, président de la Fondation du Stade, d'expliquer avoir voulu «  prémunir (la fondation) des problèmes financiers sur la durée», et Madjid Pishyar, alors président du Servette FC, annonce vouloir « doter Genève d'une académie du foot ». Et c'était illustré d'une zoulie photo d  Pishyar, Muller et Genecand, lequel devrait s'interroger sur son avenir vu le parcours des deux autres. L'article se clôt par cette citation d'un « proche observateur » : « J'espère que Madjid Pishyar a les moyens de ses ambitions »... La réponse est non. Mais pour les moyens de nous faire encore marrer un an après, la réponse est oui.

04 avril 2012

Le Servette FC en cessation de paiements : Y'a des semaines, comme ça...

Y'a des semaines, comme ça, où tout fout le camp : Mark Muller d'abord, le Servette ensuite... Le président de la SA du Servette Football Club (eh oui, amis sportifs: vos clubs ne sont pas des associations, ce sont des sociétés anonymes...) a donc annoncé qu'il était en cessation de paiements. Le club a pour 1,7 million de francs de poursuites, il doit fournir dans les dix jours des garanties financières pour obtenir sa licence pour la saison prochaine et il n'a apparemment plus un radis. L'administrateur du club, Cedric Tonoli, a démissionné de son poste. On cherche un repreneur ou des repreneurs (Marc Roger ? Bulat Chagaev). On s'agite. On pleure. Et on n'oublie qu'une chose : que depuis longtemps, le sort des équipes professionnelles ne se joue plus sur les terrains, dans les stades ou sur les patinoires, mais là où fonctionnent (ou dysfonctionnent) les pompes à fric...

Des p'tits trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous (chanson populaire)...

n devrait verser une larme, mais elle serait de crocodile, alors on s'en abstient (trop de sauriens se sont ébroués à Piogre cette semaine pour qu'on ait le goût de s'y mêler): le spectre de la faillite qui planait sur le Servette FC ne plane plus. Il a fondu sur sa proie. C'est ce qu'il y a de chiant avec les spectres : on n'arrive pas à s'en débarrasser. Une société qui s'occupe du nettoyage du stade, et qui n'avait pas été payée depuis six mois, ce qui la menaçait elle-même de faillite, avait annoncé qu'elle déposerait une requête de mise en faillite du club, pour une facture de l'ordre de 90'000 francs. In extremis, Pishyar a versé un acompte de 30'000 balles pour éviter, un temps, la faillite, mais le spectre planait toujours. Un autre créancier, qui fournissait les maillots du club, a demandé avant-hier la mise en faillite sans poursuite préalable, pour une créance de 285'000 balles. Le président Pishyar a donc posé les plaques et le ballon et est allé trouvé le juge pour annoncer son défaut de paiement.

Le petit frère du spectre genevois, qui planait au dessus du Neuchâtel Xamax, avait déja fondu sur sa proie, l'avait expédié ad patres et expédié son président au trou. On comprend que le précédent, s'il nous avait bien fait marrer, réjouissait peu le président du Servette, qui avait déjà sur le dos la Ligue suisse de football qui exigeait qu'il prouve qu'il avait payé les charges sociales des joueurs et du personnel, et que d'autres créanciers que la société de nettoyage avaient déjà mis le club aux poursuites. L'administrateur du Servette admettait, juste avant de démissionner, avoir « un problème de liquidités » et demandait à ses créanciers « de se montrer patients, de faire des efforts » -bref, de considérer qu'être créancier du Servette est un honneur qui suffit au paiement des créances, et que demander plus serait vulgaire. Un petit chantage affectif pour permettre au club et à Pishyar de ne pas payer leurs factures. Le temps de demander à quelque collectivité publique complaisante de les payer à leur place, comme d'hab'... Mais voilà, elles ont déjà payé, les collectivités publiques (la Ville et le canton), et elles ne veulent plus, en tout cas pas avant de savoir à quoi ont servi les subventions qu'elles ont accordées.
Car nos deux ministres (socialistes) des sports (et de la culture), le Conseiller d'Etat Charles Beer et le Conseiller administratif Sami Kanaan sont un peu fâchés : ils ont l'impression que le demi-million de subventions accordées au FC Servette pour le soutien à la formation et au mouvement juniors a été, au moins partiellement, utilisé pour boucher les trous financier de la SA du club et peut-être faire patienter les créanciers les plus pressés, ceux qui menaçaient de demander la mise en faillite du SFC avant que le président du SFC la demande lui-même. Si cela se confirmait, cela signifierait que les fonds versés par le canton et la Ville pour la formation et les junior auraient été détournés de leur affectation.

Bref, on attend avec gourmandise le rapport de la Cour des Comptes. Et on se prépare aussi à entendre les jérémiades des supporters politiques dans les parlements genevois. On aime bien ricaner avec le sport-pognon, et quelque chose d'impalpable nous dit que dans les prochaines semaines, on va avoir ample occasion de ricaner. Surtout que le SFC avait, cerise sur la gâteau, obtenu la gestion du stade de la Praille. Et que si le SFC est en faillite, il va falloir non seulement trouver un repreneur pour le club, mais aussi pour le stade... Et cette chanson là, on la connaît : Des p'tits trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous...

27 mars 2012

Brèves

Les créanciers du Servette FC de Magic Pilchard s'organisent : fatigués d'attendre que le gros poisson leur paie ce qu'il leur doit, ils ont décidé de faire valoir leurs droits collectivement plutôt que chacun pour soi. Une dizaine d'entreprises créancières se sont donc réunies lundi soir. Ensemble, elles représentent plus de 400'000 balles de créances diverses (plus que le capital, 320'000 balles, de la SA du club. Quatre de ces entreprises ont déjà mis le SFC aux poursuites, l'une d'entre elles avait menacé de le mettre en faillite avant de recevoir un acompte, et le Servette doit en plus une centaine de milliers de francs aux Services Industriels. Quelque chose nous dit qu'on n'a pas fini de rigoler. On a mauvais esprit.

Les Jeux Olympiques d'hiver se dérouleront à Sotchi, en Russie (sur la mer Noire). Et comme tous les jeux olympiques d'hiver et d'été précédents, leur préparation et l'installation des équipements font table rase des droits des habitants du coin (après qu'on leur ait promis monts et merveilles). C'est ainsi que les propriétaires de logements d'une cité d'habitation du quartier Makarenko risque fort de perdre leur logement : la cité doit carrément être rasée pour faire un parking. Les habitants avaient investi tout leur avoir dans l'achat d'un logement (entre 3,5 et 6 millions de roubles), la cité n'est même pas encore achevée (mais une quinzaine de familles y sont déjà installées) et voilà qu'on annonce qu'elle va être démolie au printemps par la société qui édifie les sites olympiques. Prétexte : le quartier a été construit sans base légale, le promoteur est en prison et toutes les collectivités publiques concernées (la Ville de Sotchi, la région, la Russie) jurent qu'elle ne peuvent rien faire. Comme si elles n'étaient pas au courant qu'un quartier entier s'édifiait et qu'on y avait amené gaz, électricité et eau courante. Le Comité international olympique reste d'un calme olympien : il assure qu'il prend « très au sérieux la question des déplacements de personnes en relation avec la construction des sites olympiques ». Il le prend même autant au sérieux que Poutine la question de la liberté des élections présidentielles. C'est dire. Qu'ajouter ? Ah oui, on a failli oublier : « vive le sport ! ».

Le Conseiller d'Etat Charles Beer et le Conseiller administratif Sami Kanaan, tous deux socialistes et tous deux « ministres des sports » sont un peu fâchés : ils ont l'impression que le demi-million de subventions accordées au FC Servette pour le soutien à la formation et au mouvement juniors ont été, au moins partiellement, utilisés pour boucher les trous financier de la SA du club . Beer et Kanaan ont donc saisi la Cour des Comptes pour qu'elle se penche sur la comptabilité, apparemment assez inventive, du centre de formation du SFC. Le Servette de Pisghyar a reçu 523'000 balles de subventions du canton (250'000) et de la Ville (273'700) en 2011 pour faire fonctionner son centre de formation et payer ceux qui l'animent, mais le responsable technique du centre n'a pas été payé depuis décembre (et a démissionné) et les entraîneurs du centre attendaient encore le 21 février leurs salaires de janvier. Quant aux joueurs de l'équipe « adulte », certains ont été payée intégralement, d'autres partiellement et attendaient toujours, eux aussi, leurs salaires de janvier. En revanche, les créanciers les plus pressés, ceux qui menaçaient de demander la mise en faillite du SFC, ont été au moins partiellement remboursés. Mais s'ils l'ont été grâce aux fonds versés par le canton et la Ville pour la formation et les juniors, ces fonds auraient alors été détournés de leur affectation (l'administrateur du club a d'ailleur appelé personnellement le Conseil d'Etat pour lui demander de régler les salaires en souffrance...). Et ça la foutrait mal dans le paysage. Bon, bref, on attend avec gourmandise le rapport de la Cour des Comptes. On aime bien rigoler avec le sport.

15 mars 2012

Brèves

Nouvelle du sport créateur de lien social, producteur de respect et terreau de fraternité : les directeurs cantonaux de justice et police ont soumis à consultation de nouvelles mesures de lutte contre le hooliganisme et les violences dans les stades et à leurs alentours. Leurs proposition de révision du «Concordat instituant des mesures contre la violence lors de manifestations sportives» prévoit un régime général d'autorisation préalable des autorités cantonales pour les matches de « super ligue » de foot et de « ligue nationale A » de hockey (on vous fait grâce du nom officiel, forcément en anglais, de ces réjouissances), et éventuellement pour certaines rencontres « à risque » dans les ligues inférieures. En contrepartie de l'autorisation, les autorités pourraient exiger des clubs (et des stades) des mesures de prévention sécuritaire : installation de caméras haute définition, présence d'agents de sécurité en nombre suffisant, interdiction de la vente d'alcool, restrictions dans la vente des billets, contrôles d'identité. Comment croyez-vous que les faîtières du sport professionnel ont réagi à ces propositions ? Vous avez gagné : elles sont contre. Parce que ça va leur coûter des sous. Et que le pognon, dans le sport professionnel, c'est le premier souci des clubs et des stades. Le pognon, pas le sport. Après tout, se foutre sur la gueule à l'entrée du stade, dans le stade et autour du stade, c'est aussi un sport, non ? Et appliquer aux manifestations sportives un régime identique à celui des manifestations politiques, ça serait plutôt rehausser le statut des premières, non ?

Dans le fichier central des supporters violents de foot ou de hockey, que tient la police fédérale depuis 2007, 1198 personnes étaient fichées en octobre 2011 (200 de plus qu'en janvier 2010). Dont seulement 9 femmes et une dizaine de mineurs. Le 70 % de ces hooligans sont fans de foot, 30 % de hockey. Les infractions les plus fréquentes qui leur sont reprochées sont l'émeute, les infractions à la loi sur les explosifs, les dommages à la propriété et les menaces contre les autorités et les fonctionnaires. On dirait presque un casier judiciaire de vieux gauchiste. Mais alors, pourquoi la loi sur les manifestations que propose la droite genevoise ne s'applique-t-elle qu'aux manifestations politiques et pas aux manifestations sportives alors que les directeurs cantonaux de Justice et Police les ont dans le colimateur -ils ont présenté jeudi dernier un nouvel arsenal de mesures préventives et répressives contre la violence dans et hors des stades et des patinoires : introduction d'un régime d'autorisation sous condition pour les matches des divisions supérieures, possibilité d'interdire la vente de boissons alcoolisées, de procéder à des fouilles corporelles (y compris des fouilles « intimes » en cas de soupçon concret) etc... Les coupoles du sport professionnel de masse, l'ASF pour le foot et la SHIF pour le hockey, ont protesté. : ces mesures «bureaucratiques et inutiles» vont rendre plus difficile l'organisation des championnats. Ben voyons. En attendant, nous, on compte fermement sur l'engagement de l'ASF et de la SHIF à nos côtés pour combattre la nouvelle loi genevoise sur les manifestations.

Le spectre de la faillite planait sur le Servette FC. Il s'est un peu éloigné, il plane un peu plus haut, mais il plane toujours. C'est ce qu'il y a de chiant, avec les spectres : on n'arrive pas à s'en débarrasser. Surtout que celui-là, ça fait des plombes qu'il plane sur le Servette FC et le stade, que ce soit ceux de Majid Pishyar aujourd'hui ou ceux de Marc Roger hier. Une société qui s'occupe du nettoyage du stade, et qui n'avait pas été payée depuis six mois, ce qui la menaçait elle-même de faillite, avait annoncé qu'elle déposerait une requête de mise en faillite du club, pour une facture de l'ordre de 90'000 francs. In extremis, Pishyar a versé un acompte de 30'000 balles pour éviter la faillite -on ne sait d'ailleurs pas s'il a payé lui-même ou avec le fric fourni par le «club des 100», une association de supporters friqués. Mais le spectre plane toujours. Le petit frère du spectre, qui planait au dessus du Neuchâtel Xamax, avait déja fondu sur sa proie, l'avait expédié ad patres et expédié son président au trou. On comprend que le précédent, s'il nous a bien fait marrer, a peu réjoui le président du Servette. Surtout qu'il a déjà sur le dos la Ligue suisse de football qui exige qu'il prouve qu'il a payé les charges sociales des joueurs et du personnel, et que d'autres créanciers que la société de nettoyage attendent d'être payés, certains ayant déjà mis le club aux poursuites. L'administrateur du Servette admet avoir « un problème de liquidités » et demande à ses créanciers « de se montrer patients, de faire des efforts », et de considérer qu'être créancier du Servette est un honneur qui suffit au paiement des créances, demander plus, ça serait vulgaire. Un petit chantage affectif pour permettre au club et à Pishyar de ne pas payer leurs factures. Le temps sans doute de demander à quelque collectivité publique complaisante de les payer à leur place, comme d'hab'...

09 mars 2012

Autophagie à Piogre : Le Servette reprend le Servette...

Et un sauveur suprême de plus, un !

Le patron du Servette annonce qu'il est prêt à reprendre le Servette (mais pas avec son argent, avec celui de mystérieux financiers restant anonymes), et le patron du Servette cède le Servette au patron du Servette pour un franc symbolique... Une tautologie, un enfonçage de portes ouvertes, un serpent de lac qui se mort l'appendice caudal ? Pas tout à fait : c'est le patron du Servette Hockey Club (SHC), qui annonce qu'il veut reprendre le Servette Football Club (SFC). La grande famille du sport, quoi. Ce tour de passe-passe a permis un ajournement de faillite, et une semaine de sursis pour le SFC. Hugh Quennec assurerait les charges courantes pendant un mois, le temps de vérifier dans quel état réel est le club de foot. Et après ? On fait quoi ? Qui paie quoi ? Et dans combien de temps tombera la première demande d'aide financière faite au canton et à la Ville ?

Footballeries pascales : cène, trahison, passion, résurrection, ascension, pentecôte...

n ne sait pas qui est derrière Quennec pour la reprise du FC Servette. On finira peut-être par le savoir, mais en attendant, toute l'opération sent furieusement le sauvetage improvisé. Majid Pishyar a été d’accord de renoncer à toutes ses créances ? De toute façon, elles étaient cuites, ses créances, et cuites par ses dettes... alors Quennec peut bien remercier Pisyhyar et en faire le président d'honneur du club (Marc Roger va être jaloux...) et Beer remercier Quennec et Pischyar, et la Tribune commencer à chanter les louanges des uns et des autres, mais si Hugh Quennec met 650'000 balles sur la table pour un mois, il doit encore trouver trois millions avant Pâques pour que le franc de la reprise du club ne soit pas que symbolique. Et comme nous le disent les Evangiles, s'il peut se passer bien des choses avant Pâques (Cène, trahison, tout ça...), c'est rien comparé à ce qui peut se passer après. Pour « sauver Servette », on a donc eu, successivement, un Français (Roger), un Espagnol (Vinas), un Iranien (Pishyar), maintenant un Canadien (Quennec)... Genève est vraiment une ville internationale... Mais quand Quennec aura jeté l'éponge, car il finira bien, comme ses prédécesseurs, par jeter l'éponge, on ira le chercher où, le Sauveur ? Chez les extra-terrestres ? Ou plus trivialement, dans les caisses des collectivités publiques ?
Parce qu'enfin, si on veut bien croire que « le Servette est sauvé » (une fois de plus), reste la question qui devrait fâcher mais qui pour l'instant ne fait que lasser : on fait quoi du stade ? on le fourgue à qui ? son exploitation est gérée depuis juillet 2011 par le SFC, qui doit payer une redevance annuelle de 150'000 francs à la fondation du stade, dans laquelle siègent encore les villes de Lancy et Genève et le canton (mais qu'attendent les collectivités publiques pour se débarrasser de se boulet qui leur a déjà coûté des dizaines de millions ?). Mais le SFC n'a pas payé sa redevance, et c'est une dette qui s'ajoute à toutes les autres. Si le SFC était mis en faillite, le stade n'aurait plus d'exploitant, et c'est la fondation qui devrait se charger, à nouveau, de l'être. Sans en avoir les moyens humains, ni même financiers. Devinez à qui on demandera alors de payer, directement ou non...
Alors on imagine, et sous nos doutes et nos ricanements quelques idées nous viennent, à peine moins absurdes que celle de prendre Genève pour Barcelone ou Manchester. Que le patron du club de hockey prenne la tête du club de foot présage certes d'une campagne coordonnée de mendicité institutionnelle, mais comme le club de hockey veut une nouvelle patinoire et que le club de foot n'arrive pas à remplir son stade, on pourrait vous synergiser tout ça sur le modèle (que nous souffle une copine verte, qu'on ne dénoncera pas) du cirque de Moscou, avec sa scène tournante en fonction des numéros présentés : Tous à la Praille, avec au choix une arène de gazon, une arène de glace et une arène de sable (pour la lutte, on va quand même pas renoncer à en organiser une, de fête fédérale...).
On nous assure que les Genevois tiennent à une grande équipe de foot, que Genève ne peut pas s'en passer... mais alors pourquoi diable cette équipe ne remplit-elle pas le stade, et pourquoi celui.-ci reste en moyenne aux deux tiers vide quand elle y joue ? Parce que le stade est trois fois trop grand ? certes... mais s'il se trouvait, plus simplement, que Genève n'est plus une ville de football, depuis que le football n'est plus un sport mais un commerce ? L'arrivée du patron du Servette Hockey à la tête du Servette Football réjouit le ministre cantonal des sports : « C'est important pour le football genevois et le sport en général ». S'il le dit, Charles... L'esprit de Pâques, sans doute (les chtis lapins et les gros oeufs ont déjà envahis les magasins) : Cène, trahison, passion, résurrection, ascension, pentecôte... Juste un conseil les gars : évitez le chemin de Damas, en ce moment : il est miné.

27 février 2012

Vous avez aimé le stade de la Praille ? vous adorerez la patinoire du Trèfle !

Broutez du Trèfle !

Jouez hautbois, résonnez trompettes : le canton, la Ville de Genève (apparemment, la Ville de Lancy compte pour beurre... c'est pourtant sur son sol qu'on va installer la baratte) et le Servette Hockey Club se sont mis d'accord pour construire une nouvelle patinoire, d'ici à on ne sait pas très bien quand (2015 ? 2018 ? 2020 ?) au « Trèfle-Blanc», près du Bachet de Pesay, et ne pas rénover outre mesure la quinquagénaire patinoire des Vernets, pour la rénovation de laquelle on a pourtant déjà claqué une vingtaine de millions de francs (dont une partie consacrée à l'amélioration du confort des fessiers des « VIP »). « L'abandon des Vernets est un bon projet », assure la « Tribune ». Aussi bon sans doute que celui, applaudi par la même «Tribune », du stade des Charmilles. Restent les questions qui fâchent : qui va payer ? Combien ? Et qui va exploiter le futur complexe sportif lancéen ? Marc Roger ? Bulat Chagaev ?

De la bigorexie politique, de ses symptômes et de son traitement

C'est une affection peu connue, mais qui fait des ravages. Elle est même endémique : on l'appelle la bigorexie; ce n'est pas une forme pathologique de bigoterie (quoique...), c'est une addiction au sport. Une toxicomanie reconnue comme telle par l'OMS : la maladie de celles et ceux dont la pratique d'une discipline sportive tourne à l'obsession et bousille la vie -souvent sans même qu'ils et elles s'en rendent compte. Entre 10 et 15 % des sportifs ayant une pratique intensive de leur sport en souffrent, de bigorexie, et sacrifient tout à leur addiction : famille, vie sociale, loisirs, vacances, santé physique et psychique, carrière professionnelle. Toute leur vie est organisée autour de leur sport. Et les symptômes de l'état de manque sont les mêmes que ceux des autres addictions. 43 % des joggeurs, et entre 68 et 74 % des marathoniens en souffrent lorsqu'ils ne joggent ou ne marathonent plus, ou plus assez. Une vraie toxicomanie, mais sans drogue. La libération dans le cerveau d'endomorphines aux mêmes effets que les opiacés en tiendra lieu, et la baisse de la libération de dopamine (provoquée précisément par les endomorphines) produira les mêmes effets de sevrage que ceux d'un sevrage d'héroïne : anxiété, insomnie, douleurs.

Ainsi donc, les choses devraient être claires : la pratique obsessionnelle d'un sport est une toxicomanie à traiter comme telle. Seulement voilà : cette pratique est favorisée par le contexte culturel et médiatique, par le discours tenu sur le sport (qui est comme chacun sait « bon pour la santé » -d'aucuns ajoutant même qu'il éloigne de la toxicomanie, quand il ne fait qu'en remplacer une par une autre-, par le culte de la performance et l'injonction au « dépassement de soi » (comme si on pouvait se dépasser soi-même, ou tirer plus vite que son ombre...). Résultat : il est encore plus difficile de traiter la bigorexie que l'héroïnomanie ou la cocaïnomanie : d'abord, parce que le malade nie sa maladie, et la revendique comme un bienfait, la valorise, avec l'accord de son milieu (d'autant qu'il s'est lui-même coupé de tous ceux qui pouvaient le critiquer et lui faire admettre son comportement comme une addiction). Ensuite parce qu'il est de bon ton, et de bon usage politique, de tartiner sur les vertus du sport. Et de faire claquer ensuite par les collectivités publiques des sommes faramineuses pour que ces fort hypothétiques vertus puissent s'exposer.

Et c'est ainsi que nous apprêtons, à Genève, à édifier un nouveau bigorex-cirque : une patinoire de 10'000 places à Lancy. Le canton de Genève, la Ville de Genève, le club de Hockey en ont décidé ainsi, paraît-il. En oubliant Lancy ? En oubliant que ce ne sont pas eux qui vont décider mais vraisemblablement, après un parcours du combattant qui va durer des années, d'enquête publique en préavis, de préavis en oppositions, d'oppositions en recours et de recours en référendum, le bon peuple ? A qui il faudra bien donner réponses à quelques triviales questions : Combien la Ville de Genève devra-t-elle payer pour une nouvelle patinoire installée hors de son territoire, après qu'on l'ait privée des ressources fiscales de l'imposition au lieu de travail des contribuables habitant précisément hors de son territoire ? Et d'ailleurs, combien va-t-elle coûter, cette patinoire (ou plutôt, ce centre sportif -il n'y manque qu'un centre commercial pour ressembler à la Praille comme un petit frère à son aîné) ? 70 millions ? 100 millions ? Plus ? A quoi va ressembler le « business plan » que le Club présentera? A un plan sur quelle comète ? Il y a en tout cas une question à laquelle nous pouvons déjà donner réponse : si ce « business plan » implique une participation financière de la Ville supérieure au coût d'une votation municipale après lancement d'un référendum, référendum il y aura. Parce que la bigorexie politique, ça se soigne. Par la politique elle-même, en démocratie.

13 janvier 2012

Brèves

En panne de liquidités pour rembourser sa dette (on n'a pas idée...), la Grèce a décidé de vendre (pour les remplacer par des programmes résidentiels ou touristiques ou des espaces dévolus au commerce et aux bureaux) les installations des Jeux Olympiques de 2004 , qui ont coûté un saladier et sont restées pratiquement inutilisées depuis (des installations sportives surdimensionnées, ça devrait rappeler quelque chose aux Genevois, non ?). Bref, la Grèce vend le site des Jeux Olympiques. Quant aux Jeux Olympiques eux-mêmes. il y a déjà quelques dizaines d'années qu'ils ont été vendus par le CIO à ses sponsors. Tout s'emboîte, donc, dans le meilleur des mondes sportifs possibles.

Chouette : « 60 ans après, les Jeux de Genève sont de retour », nous annonce la « Tribune de Genève » du 6 décembre. Qui nous précise que 2012 sera vraiment une grande année sportive avec les jeux olympiques, l'Euro de football et les Jeux de Genève... Mais quel pied on va se prendre ! Rien qu'avec les Jeux de Genève, où des jeunes de 10 à 18 ans vont concourir dans 22 disciplines les 12 et 13 mai. Avec un peu de tout, y compris quelques sports de combat, et nous, on aime voir les jeunes sportifs se taper sur la gueule. Et avec un peu de pot, on va les avoir tous les deux ans, les Jeux de Genève. Qui s'ouvriront aux sportifs de la région. Et y aura à la fin un Champion des Jeux de Genève. Le pied, on vous dit.

On va croire qu'on a une dent contre le sport (c'est même pas vrai d'abord, c'est pas une dent, c'est un plombage), mais on ne peut quand même pas manquer de vous transmettre cette info : alors que la consommation d'alcool est rigoureusement interdite dans les stades au Brésil, elle sera autorisée dans les stades qui accueilleront, toujours au Brésil, le Mondial de foot en 2014. Le fournisseur officiel de bibine (Budweiser) de la Fédération international de foot, la FIFA, peut roter de plaisir. « Le Temps » nous explique que la Coupe du Monde (c'est-à-dire la FIFA) a besoin de « maximiser les profits ». Et l'alcool, on le sait depuis la prohibition, ça maximise les profits. On va donc abreuver les supporters. Mais on a pris des précautions gigantesques : les boissons seront vendues dans des gobelets en plastique. Qu'importe le gobelet, pourvu qu'on ait la cuite...

Le coût de l'engagement de la police cantonale pour assurer la sécurité lors des événements sportifs s'élevait à 1,06 million de francs en 2009, à 1,8 million (75 % d'augmentation en un an...) en 2010, on ne sait pas de combien mais on sait que ça a encore augmenté en 2011, et que ça va encore augmenter en 2012. Les maniaques des zéconomies budgétaires pourraient trouver là de quoi grapiller quelques fifrelins, en laissant les supporters des équipes de foot ou de hockey se taper joyeusement sur la gueule, non ? au lieu d'accumuler les heures supplémentaires de policiers, jusqu'à déployer par exemple 170 gendarmes, en rappelant la quasi totalité du personnel en congé, le 6 novembre dernier, on pourrait laisser les hooligans s'ébattre... ou faire payer les frais de mobilisation des policiers par les clubs (bon, il est vrai qu'ils ne paient déjà pas ce qu'ils devraient)... mais on attenterait à la dignité de la vache sacrée sportive... et puis, même si on réussissait à les faire payer, les clubs, vous les verriez rappliquer devant le Grand Conseil ou le Conseil Municipal pour demander une subvention, que les adorateurs de la vache leur verseraient sans barguigner... Au fait, les adorateurs de la vache, qui sont prêts à faire payer son fourrage par la commune ou le canton, ce seraient-y pas les mêmes qui veulent des budgets é-qui-li-brés, et sont prêts à sucrer les subventions culturelles ou sociales ? Ben oui, ce sont les mêmes...

On est bien contents, la relève est assurée: selon une enquête réalisée en 2010 par la Conférence des directeurs du sport universitaire suisse, les étudiant-e-s genevois sont les moins sportifs du pays : 13 % d'entre eux ne pratiquent jamais aucun sport (contre 4 % à Saint-Gall ou à Lugano et 8 % en moyenne suisse), et 39 % en font moins de deux heures par semaine (ou pas du tout), ce qui est aussi un record national. Comme quoi faut pas désespérer des générations montantes: c'est pas parce qu'on les gave de sport à la télé et dans les journaux qu'elles font forcément ce qu'on les somme de faire.

Ils sont contents, les dirigeants du Genève Servette Hockey Club : le truc qu'ils ont créé, l'association «Genève Futur Hockey», a reçu un demi-million de la Ville de Genève. Et c'est un demi-million que le GSHC n'aura plus à verser au GFH. Et c'est donc une sorte de subvention indirecte au club. Pour recevoir ce pognon, l'association a dû réviser ses statuts : ils permettaient la nomination de sa présidence par le club professionnel lui-même et accordait un droit de veto au président du club. On nous assure que ce n'est plus le cas. Mais les autres clubs de hockey qui devaient faire partie de l'association se demandent comment l'argent versé à- celle-ci sera dépensé, pour qui, et pour quoi faire. On n'a pas idée de poser des questions aussi indiscrètes. Même si un club comme celui des Trois-Chênes ne dispose que d'un budget de 300'000 francs pour 270 joueurs, alors que « Genève Futur Hockey » recevra 500'000 balles pour 70 juniors et leurs « coaches ». « Qu'on ne viennent plus nous dire que le Genève Futur Hockey est une coquille vide », plaide le président du Genève Servette Hockey Club. Ben non, on ne le dira plus. C'est plus une coquille vide : on l'a remplie avec des fonds publics.