15 mars 2012

Brèves

Nouvelle du sport créateur de lien social, producteur de respect et terreau de fraternité : les directeurs cantonaux de justice et police ont soumis à consultation de nouvelles mesures de lutte contre le hooliganisme et les violences dans les stades et à leurs alentours. Leurs proposition de révision du «Concordat instituant des mesures contre la violence lors de manifestations sportives» prévoit un régime général d'autorisation préalable des autorités cantonales pour les matches de « super ligue » de foot et de « ligue nationale A » de hockey (on vous fait grâce du nom officiel, forcément en anglais, de ces réjouissances), et éventuellement pour certaines rencontres « à risque » dans les ligues inférieures. En contrepartie de l'autorisation, les autorités pourraient exiger des clubs (et des stades) des mesures de prévention sécuritaire : installation de caméras haute définition, présence d'agents de sécurité en nombre suffisant, interdiction de la vente d'alcool, restrictions dans la vente des billets, contrôles d'identité. Comment croyez-vous que les faîtières du sport professionnel ont réagi à ces propositions ? Vous avez gagné : elles sont contre. Parce que ça va leur coûter des sous. Et que le pognon, dans le sport professionnel, c'est le premier souci des clubs et des stades. Le pognon, pas le sport. Après tout, se foutre sur la gueule à l'entrée du stade, dans le stade et autour du stade, c'est aussi un sport, non ? Et appliquer aux manifestations sportives un régime identique à celui des manifestations politiques, ça serait plutôt rehausser le statut des premières, non ?

Dans le fichier central des supporters violents de foot ou de hockey, que tient la police fédérale depuis 2007, 1198 personnes étaient fichées en octobre 2011 (200 de plus qu'en janvier 2010). Dont seulement 9 femmes et une dizaine de mineurs. Le 70 % de ces hooligans sont fans de foot, 30 % de hockey. Les infractions les plus fréquentes qui leur sont reprochées sont l'émeute, les infractions à la loi sur les explosifs, les dommages à la propriété et les menaces contre les autorités et les fonctionnaires. On dirait presque un casier judiciaire de vieux gauchiste. Mais alors, pourquoi la loi sur les manifestations que propose la droite genevoise ne s'applique-t-elle qu'aux manifestations politiques et pas aux manifestations sportives alors que les directeurs cantonaux de Justice et Police les ont dans le colimateur -ils ont présenté jeudi dernier un nouvel arsenal de mesures préventives et répressives contre la violence dans et hors des stades et des patinoires : introduction d'un régime d'autorisation sous condition pour les matches des divisions supérieures, possibilité d'interdire la vente de boissons alcoolisées, de procéder à des fouilles corporelles (y compris des fouilles « intimes » en cas de soupçon concret) etc... Les coupoles du sport professionnel de masse, l'ASF pour le foot et la SHIF pour le hockey, ont protesté. : ces mesures «bureaucratiques et inutiles» vont rendre plus difficile l'organisation des championnats. Ben voyons. En attendant, nous, on compte fermement sur l'engagement de l'ASF et de la SHIF à nos côtés pour combattre la nouvelle loi genevoise sur les manifestations.

Le spectre de la faillite planait sur le Servette FC. Il s'est un peu éloigné, il plane un peu plus haut, mais il plane toujours. C'est ce qu'il y a de chiant, avec les spectres : on n'arrive pas à s'en débarrasser. Surtout que celui-là, ça fait des plombes qu'il plane sur le Servette FC et le stade, que ce soit ceux de Majid Pishyar aujourd'hui ou ceux de Marc Roger hier. Une société qui s'occupe du nettoyage du stade, et qui n'avait pas été payée depuis six mois, ce qui la menaçait elle-même de faillite, avait annoncé qu'elle déposerait une requête de mise en faillite du club, pour une facture de l'ordre de 90'000 francs. In extremis, Pishyar a versé un acompte de 30'000 balles pour éviter la faillite -on ne sait d'ailleurs pas s'il a payé lui-même ou avec le fric fourni par le «club des 100», une association de supporters friqués. Mais le spectre plane toujours. Le petit frère du spectre, qui planait au dessus du Neuchâtel Xamax, avait déja fondu sur sa proie, l'avait expédié ad patres et expédié son président au trou. On comprend que le précédent, s'il nous a bien fait marrer, a peu réjoui le président du Servette. Surtout qu'il a déjà sur le dos la Ligue suisse de football qui exige qu'il prouve qu'il a payé les charges sociales des joueurs et du personnel, et que d'autres créanciers que la société de nettoyage attendent d'être payés, certains ayant déjà mis le club aux poursuites. L'administrateur du Servette admet avoir « un problème de liquidités » et demande à ses créanciers « de se montrer patients, de faire des efforts », et de considérer qu'être créancier du Servette est un honneur qui suffit au paiement des créances, demander plus, ça serait vulgaire. Un petit chantage affectif pour permettre au club et à Pishyar de ne pas payer leurs factures. Le temps sans doute de demander à quelque collectivité publique complaisante de les payer à leur place, comme d'hab'...

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