09 mars 2012

Autophagie à Piogre : Le Servette reprend le Servette...

Et un sauveur suprême de plus, un !

Le patron du Servette annonce qu'il est prêt à reprendre le Servette (mais pas avec son argent, avec celui de mystérieux financiers restant anonymes), et le patron du Servette cède le Servette au patron du Servette pour un franc symbolique... Une tautologie, un enfonçage de portes ouvertes, un serpent de lac qui se mort l'appendice caudal ? Pas tout à fait : c'est le patron du Servette Hockey Club (SHC), qui annonce qu'il veut reprendre le Servette Football Club (SFC). La grande famille du sport, quoi. Ce tour de passe-passe a permis un ajournement de faillite, et une semaine de sursis pour le SFC. Hugh Quennec assurerait les charges courantes pendant un mois, le temps de vérifier dans quel état réel est le club de foot. Et après ? On fait quoi ? Qui paie quoi ? Et dans combien de temps tombera la première demande d'aide financière faite au canton et à la Ville ?

Footballeries pascales : cène, trahison, passion, résurrection, ascension, pentecôte...

n ne sait pas qui est derrière Quennec pour la reprise du FC Servette. On finira peut-être par le savoir, mais en attendant, toute l'opération sent furieusement le sauvetage improvisé. Majid Pishyar a été d’accord de renoncer à toutes ses créances ? De toute façon, elles étaient cuites, ses créances, et cuites par ses dettes... alors Quennec peut bien remercier Pisyhyar et en faire le président d'honneur du club (Marc Roger va être jaloux...) et Beer remercier Quennec et Pischyar, et la Tribune commencer à chanter les louanges des uns et des autres, mais si Hugh Quennec met 650'000 balles sur la table pour un mois, il doit encore trouver trois millions avant Pâques pour que le franc de la reprise du club ne soit pas que symbolique. Et comme nous le disent les Evangiles, s'il peut se passer bien des choses avant Pâques (Cène, trahison, tout ça...), c'est rien comparé à ce qui peut se passer après. Pour « sauver Servette », on a donc eu, successivement, un Français (Roger), un Espagnol (Vinas), un Iranien (Pishyar), maintenant un Canadien (Quennec)... Genève est vraiment une ville internationale... Mais quand Quennec aura jeté l'éponge, car il finira bien, comme ses prédécesseurs, par jeter l'éponge, on ira le chercher où, le Sauveur ? Chez les extra-terrestres ? Ou plus trivialement, dans les caisses des collectivités publiques ?
Parce qu'enfin, si on veut bien croire que « le Servette est sauvé » (une fois de plus), reste la question qui devrait fâcher mais qui pour l'instant ne fait que lasser : on fait quoi du stade ? on le fourgue à qui ? son exploitation est gérée depuis juillet 2011 par le SFC, qui doit payer une redevance annuelle de 150'000 francs à la fondation du stade, dans laquelle siègent encore les villes de Lancy et Genève et le canton (mais qu'attendent les collectivités publiques pour se débarrasser de se boulet qui leur a déjà coûté des dizaines de millions ?). Mais le SFC n'a pas payé sa redevance, et c'est une dette qui s'ajoute à toutes les autres. Si le SFC était mis en faillite, le stade n'aurait plus d'exploitant, et c'est la fondation qui devrait se charger, à nouveau, de l'être. Sans en avoir les moyens humains, ni même financiers. Devinez à qui on demandera alors de payer, directement ou non...
Alors on imagine, et sous nos doutes et nos ricanements quelques idées nous viennent, à peine moins absurdes que celle de prendre Genève pour Barcelone ou Manchester. Que le patron du club de hockey prenne la tête du club de foot présage certes d'une campagne coordonnée de mendicité institutionnelle, mais comme le club de hockey veut une nouvelle patinoire et que le club de foot n'arrive pas à remplir son stade, on pourrait vous synergiser tout ça sur le modèle (que nous souffle une copine verte, qu'on ne dénoncera pas) du cirque de Moscou, avec sa scène tournante en fonction des numéros présentés : Tous à la Praille, avec au choix une arène de gazon, une arène de glace et une arène de sable (pour la lutte, on va quand même pas renoncer à en organiser une, de fête fédérale...).
On nous assure que les Genevois tiennent à une grande équipe de foot, que Genève ne peut pas s'en passer... mais alors pourquoi diable cette équipe ne remplit-elle pas le stade, et pourquoi celui.-ci reste en moyenne aux deux tiers vide quand elle y joue ? Parce que le stade est trois fois trop grand ? certes... mais s'il se trouvait, plus simplement, que Genève n'est plus une ville de football, depuis que le football n'est plus un sport mais un commerce ? L'arrivée du patron du Servette Hockey à la tête du Servette Football réjouit le ministre cantonal des sports : « C'est important pour le football genevois et le sport en général ». S'il le dit, Charles... L'esprit de Pâques, sans doute (les chtis lapins et les gros oeufs ont déjà envahis les magasins) : Cène, trahison, passion, résurrection, ascension, pentecôte... Juste un conseil les gars : évitez le chemin de Damas, en ce moment : il est miné.

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