13 août 2006

Vers un référendum


Référendum il y aura donc si le crédit alloué à l'organisation de l'Eurofoot à Genève dépasse le million. Et opposition il y aura, de toutes façons, à ce que le budget cantonal, conçu dans la douleur, soit ponctionné. L'Eurofoot, devrait être financé par les organisateurs : la sécurité, notamment. Et si d'aventure le refus des Genevois du racket mis au point par l'UEFA devait inciter les organisateurs de l'Eurofoot à déplacer les matches "genevois" à Berne, Bâle ou Zurich, Genève n'y perdra rien. Même si le secrétaire général de l'Association suisse de football (celle-là même qui a "promis" à l'UEFA que les joueurs de foot seront exemptés d'impôts...) dit ne pas comprendre "que Genève, avec le statut de ville internationale qui est le sien, puisse se discréditer au point de laisser filer l'événement". Admettons que l'ASF soit orfèvre en matière de discrédit, mais signalons-lui tout de même que le statut de ville internationale de Genève a bientôt cinq siècles d'existence et ne doit rien à des "événements" du genre de l'Eurofoot.

"Le football, ce n'est pas seulement taper dans un ballon"
(Joseph Blatter, président de la FIFA, "Tribune de Genève" du 4 avril)...
ben non, c'est aussi taper dans les caisses publiques.

12 août 2006

EURO 2008 : NON AU RACKET !

Après le racket, la soustraction fiscale ?

De mieux en mieux : on se souvient de la lamentable arnaque mise en scène par le Conseil fédéral pour faire avaler aux parlementaires fédéraux l'organisation en Suisse d'une partie de l'Eurofoot 2008, en présentant une facture ridiculement basse (10 millions), puis, après la décision prise, présenter un début de facture réelle 18 fois plus élevée (182 millions au printemps dernier), et taxer les villes et les cantons "hôtes" (et rackettés), dont Genève, sur la base d'un accord signé aveuglément par l'administration fédérale et l'engageant à couvrir, sans limite, tous les surcoûts liés à la sécurité des manifestations. Ces débuts étaient prometteurs, la suite tiendra ces promesses : on se retrouve aujourd'hui avec une intéressante répartition des tâches, résumée ainsi par l'éditorialiste de la "Tribune de Genève" (du 8 août) : "A l'UEFA (Union européenne de football association) le milliard de retombées financières de l'Euro 2008, aux contribuables, la facture des hooligans". Facture à la laquelle on ajoutera toutes celles liées aux opérations parallèles aux matches.
Brillante opération, qui confirme le fonctionnement remarquable de l'UEFA comme pompe à fric : une pompe aspirante d'argent public et refoulante (dans les caisses de l'UEFA, qui va retirer de colossaux bénéfices de l'organisation de l'Eurofoot, notamment en encaissant de considérables droits de télévision et de partenariat publicitaire, mais qui refuse d'assumer les coûts de sécurité des manifestations qu'elle organise, et les fait assumer par des collectivités publiques, en plus de leur laisser assumer les bastringues connexes qu'on impose aux habitants de quartiers sinistrés par leurs dommages collatéraux.
Mais l'UEFA ne s'est pas arrêtée au racket financier, elle y ajoute désormais la revendication de l'exemption fiscale. L'Association suisse de football, partenaire de l'UEFA dans l'organisation de l'Eurofoot, aurait ainsi promis à celle-ci, sans en informer ni les cantons, ni la Confédération, qu'elle n'aurait pas un sou d'impôt à payer sur les primes distribuées aux joueurs des équipes nationales dispurant des matches en Suisse. De quel droit une association privée (l'ASF) engage-t-elle ainsi les collectivités publiques suisses ? Mystère. Mystère d'autant plus épais que la promesse de l'ASF à l'UEFA est totalement contradictoire des lois fédérales et cantonales. De plus, même si elle pouvait être honorée dans le cadre légal (ce qui n'est pas le cas), elle priverait les collectivités publiques (communes, cantons, Confédération) de millions de rentrées fiscales, dans le même temps où on leur demande de sortir des millions pour garantir la sécurité des matches, et assurer les festivités annexes.
Donc, si jamais (on n'en est pas à une manipulation près) l'accord mafieux passé entre la petite famille de l'ASF et la grande famille de l'UEFA était avalé par les autorités politiques fédérales et cantonales, il en coûterait aux collectivités publiques entre 15 et 20 millions de rentrées fiscales perdues. En gros, ce que coûteraient au canton de Genève les matches de l'Eurofoot prévus à la Praille.
Comme on s'en doute, l'UEFA a sauté sur l'occasion et, sans trop se préoccuper de savoir si l'ASF était habilitée à lui faire des promesses d'exemption fiscale, et si ces promesses étaient compatibles avec la loi, est partie du principe que cette proposition allait être la règle, que les joueurs de l'Euro 2008 ne seraient pas imposés à la source sur leurs primes, et qu'ils bénéficieraient donc d'un privilège. Or les lois fédérales et cantonales sont claires : les sportifs, artistes et conférenciers domiciliés à l'étranger et se produisant en Suisse sont imposés à la source, sur toutes les sommes qu'ils perçoivent pour leurs prestations. D'autant qu'en l'occurence ces sommes leurs seraient reversées, via les fédérations nationales, par une organisation (l'UEFA) dont le siège est en Suisse.
Les administrations fiscales cantonales et fédérale ont donc confirmé à l'UEFA, en 2005, que nul ne peut se soustraire à la loi, qu'il n'y a aucune raison que les Rolling Stones soient imposés lorsqu'ils donnent un concert en Suisse et que les stars du foot européens ne le soient pas lorsqu'ils jouent un match pour lequel ils sont payés et primés. Les collectivités publiques tentent aujourd'hui d'établir un minimum de respect du principe de l'égalité devant l'impôt ? L'UEFA s'asseoit dessus. On impose à la source les nettoyeurs frontalières de l'hôpital, mais faut pas toucher aux footballeurs étrangers. Dans la plupart des pays européens, sportifs et artistes venus de l'étranger sont imposés sur le lieu de leurs prestations ? L'UEFA n'en a cure. Lors des "mondiaux" de foot de 1998 et de 2002 les primes verséles aux joueurs ont été imposées ? l'UEFA ne veut pas le savoir. Lors de l'acceptation du crédit d'organisation de l'Eurofoot, le message du Conseil fédéral précisait que les joueurs seraient imposés, et les organisateurs ne l'ont pas contesté ? l'UEFA ne veut plus s'en souvenir.
Faut-il alors s'étonner, ou s'indigner, de la dernière manipulation en date dans ce dossier pourri ? S'en étonner, sûrement pas : la tentative de soustraction fiscale est prévue dans le mode d'emploi de la pompe à fric. S'en indigner, alors ? Pourquoi pas ? Mais c'est un peu tard.

Les "politiques" déjà grugés par les organisateurs de l'Eurofoot se sont, tardivement réveillés et jouent aujourd'hui les matamores, histoire de sauver ce qui peut encore l'être auprès de l'opinion publique : le Conseiller d'Etat libéral Mark Muller assure que le référendum qui sera lancé contre les crédits alloués à l'organisation de l'euro ne remettra en cause que les événements connexes, mais pas les matches, et que la "sécurité sera assurée" (aux frais des contribuables, mais pas sur un budget spécifique, ce qui permettra aux larbins de l'UEFA de contourner la sanction poulaire). Le radical Pierre Maudet fait dans le mouvement de menton et dénonce un "amateurisme complet dans la conduite des négociations" lors de l'accord signé en 2002 pour l'organisation de l'Eurofoot. Le même Maudet était de ceux qui voulaient que la Ville de Genève rallonge de 2,5 millions et demi les sommes versées dans le trou de la Praille : à amateur complet, amateur et demi... La Conseillère nationale libérale Martine Brunschwig Graf déclare quant à elle qu'il y a "une loi à respecter dans ce pays" et que ça vaut pour les lois fiscales comme pour les autres, et pour l'UEFA et l'ASF comme pour tout le monde. C'est bien de le rappeler. Le problème, c'est que l'UEFA, l'ASF et les pingouins qui ont négocié l'accord de 2002 se croient précisément au-dessus des lois -et surtout au-dessus de l'exigence de la bonne foi.

11 août 2006


Le Service genevois des espaces verts et de l'environnement (SEVE) annonce que la Ville veut "recenser les pigeons" (Le Matin Bleu du 9 août)...

Bonne idée, mais c'est déjà fait, par le fisc : c'est la liste des contribuables genevois, appelés à casquer pour l'organisation de l'Eurofoot 2008 et les beuveries annexes, après avoir été appelés à casquer pour la construction du stade de la Praille, puis pour nourrir ce mammouth, puis boucher le trou financier creusé...

"Je ne comprendrais pas que Genève, avec le statut de ville internationale qui est le sien, puisse se discréditer au point de laisser filer (l'Eurofoot)"(Pierre Gilléron, secrétaire général de l'Association suisse de football, Le Temps du 9 août)...
En matière de discrédit, l'ASF est certainement orfèvre, mais pour l'évaluation du statut international de Genève, elle fait plutôt dans la quincaillerie : ce statut ne doit pas grand chose à des exhibitions du genre de l'Eurofoot...

"L'UEFA ne doit pas manquer de bonne foi", déclare la Conseillère nationale libérale Martine Brunschwig Graf, à propos de l'exigence de l'UEFA d'exempter d'impôt les joueurs du Mondial (La Tribune de Genève du 9 août)...
Si l'UEFA avait autant de bonne foi que de culot, elle siégerait au fonds du puit de la vérité.
Le centre de transfusion sanguine de la Croix Rouge suisse annonce que la Coupe du monde de foot a eu pour effet de réduire (la canicule aidant) de 30 % le nombre des donneurs de sang ("20 minutes" du 9 août)...
... le sang était dilué dans la bière...