« Genève est paré pour la finale de la Coupe » de Suisse de foot,
«Genève est prêt pour accueillir la finale de la Coupe de Suisse »
titre (deux fois, au cas où on n'aurait pas compris) la «Tribune de
Genève » de samedi (qui oublie au passage que Genève est un nom
propre féminin). Explication : les « débordements » des supporters
lors de la finale de la Coupe, traditionnellement accueillie au
Stade de Suisse à Berne, ont incité la ville de Berne à renoncer à
accueillir cette « grande fête du foot », de la bière et de la
connerie. Et comme Genève dispose d'un stade de 30'000 places dont
elle ne sait pas quoi foutre, le Conseil d'Etat (Maudet en tête) et
le fondation du stade de la Praille (dit « Stade de Genève ») se
précipitent pour poser leur candidature et conclure un «partenariat»
avec l'Association suisse de football pour la répartition des coûts
de sécurité de l'opération. Voilà pour le prétexte. Mais derrière,
il y a aussi, pour ne pas écrire « surtout », l'occasion de demander
du fric aux collectivités publiques. Parce que la fondation du
stade, elle a besoin de fric pour remettre son stade aux normes de
l'ASF. Elle utilise donc le prétexte pour avancer sa sébile : il lui
faut, paraît-il, six millions de francs pour « mettre le stade à
niveau, et notamment améliorer l'accueil des VIP ». Qui ne sauraient
évidemment être accueillis comme de vulgaires spectateurs. Bon, ben
on fait déjà chauffer le référendum ou on attend que ça se décante ?
Le 22 février, à Sao
Paulo, une manifestation d'opposition au Mondial de Football
organisé, à un coût astronomique, par le Brésil, a dégénéré en
violence et en saccage, et en répression brutale. Des dizaines de
manifestants ont été arrêtés, ainsi que cinq journalistes. On
compte des blessés dans les rangs des manifestants comme dans ceux
de la police. Des agences bancaires ont été mises à sac, des
barricades ont été érigées. Le 12 juin, c'est précisément à Sao
Paulo que devrait se tenir le match d'ouverture du Mondial. Les
manifestants dénonçaient, sous le slogan « Le Mondial pour les
riches, la mortadelle pour les pauvres », le gaspillage, par
milliards (de dollars ou d'euros) pour cette manifestation, alors
que les services publics, les infrastructures utiles à la
population et les prestations sociales sont dans un état
lamentable, des écoles aux hôpitaux en passant par les transports.
Des manifestations semblables, et dénonçant également le Mondial
et le gaspillage qui l'accompagne, avaient déjà eu lieu, plus
massives, lors de la Coupe des confédérations de football, en juin
2013. Au total, le Brésil aura investi 11 milliards de dollars
dans l'organisation du Mondial et la construction des stades. Le
vieux mot d'ordre romain « panem et circensens » est toujours
d'actualité : « du pain et des jeux ». Mais encore faudrait-il
qu'il y ait vraiment du pain et pas seulement des jeux de cons. Ah
oui, on allait oublier : le présidente et le gouvernement
brésiliens sont de gauche. Du Parti des Footballeurs -pardon : du
Parti des Travailleurs.
11 avril 2014
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