11 avril 2014

Fonds de tiroir

« Genève est paré pour la finale de la Coupe » de Suisse de foot, «Genève est prêt pour accueillir la finale de la Coupe de Suisse » titre (deux fois, au cas où on n'aurait pas compris) la «Tribune de Genève » de samedi (qui oublie au passage que Genève est un nom propre féminin). Explication : les « débordements » des supporters lors de la finale de la Coupe, traditionnellement accueillie au Stade de Suisse à Berne, ont incité la ville de Berne à renoncer à accueillir cette « grande fête du foot », de la bière et de la connerie. Et comme Genève dispose d'un stade de 30'000 places dont elle ne sait pas quoi foutre, le Conseil d'Etat (Maudet en tête) et le fondation du stade de la Praille (dit « Stade de Genève ») se précipitent pour poser leur candidature et conclure un «partenariat» avec l'Association suisse de football pour la répartition des coûts de sécurité de l'opération. Voilà pour le prétexte. Mais derrière, il y a aussi, pour ne pas écrire « surtout », l'occasion de demander du fric aux collectivités publiques. Parce que la fondation du stade, elle a besoin de fric pour remettre son stade aux normes de l'ASF. Elle utilise donc le prétexte pour avancer sa sébile : il lui faut, paraît-il, six millions de francs pour « mettre le stade à niveau, et notamment améliorer l'accueil des VIP ». Qui ne sauraient évidemment être accueillis comme de vulgaires spectateurs. Bon, ben on fait déjà chauffer le référendum ou on attend que ça se décante ? 


Le 22 février, à Sao Paulo, une manifestation d'opposition au Mondial de Football organisé, à un coût astronomique, par le Brésil, a dégénéré en violence et en saccage, et en répression brutale. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés, ainsi que cinq journalistes. On compte des blessés dans les rangs des manifestants comme dans ceux de la police. Des agences bancaires ont été mises à sac, des barricades ont été érigées. Le 12 juin, c'est précisément à Sao Paulo que devrait se tenir le match d'ouverture du Mondial. Les manifestants dénonçaient, sous le slogan « Le Mondial pour les riches, la mortadelle pour les pauvres »,  le gaspillage, par milliards (de dollars ou d'euros) pour cette manifestation, alors que les services publics, les infrastructures utiles à la population et les prestations sociales sont dans un état lamentable, des écoles aux hôpitaux en passant par les transports. Des manifestations semblables, et dénonçant également le Mondial et le gaspillage qui l'accompagne,  avaient déjà eu lieu, plus massives, lors de la Coupe des confédérations de football, en juin 2013. Au total, le Brésil aura investi 11 milliards de dollars dans l'organisation du Mondial et la construction des stades. Le vieux mot d'ordre romain « panem et circensens » est toujours d'actualité : « du pain et des jeux ». Mais encore faudrait-il qu'il y ait vraiment du pain et pas seulement des jeux de cons. Ah oui, on allait oublier : le présidente et le gouvernement brésiliens sont de gauche. Du Parti des Footballeurs -pardon : du Parti des Travailleurs.