29 octobre 2007

Bourrages de crânes

CULTURLUTUTU EURO POINTU
Le projet (alibi) de faire accompagner l'Euro2008 de manifestations culturelles risque fort d'être un bide : le seul projet à l'échelle nationale, imaginé par le Musée du sport de Bâle ("1924, nous allons reconquérir le titre") pourrait lui-même être annulé, faute d'argent. Le budget public initial de 3,5 millions a été réduit de plus de la moitié (il n'en reste qu'un million et demi), et les sponsors se font très, très rares.

ECOLEURO
L'Euro 20008 sera écologique, si, si, ce sont les ministres suisse et autrichien de l'environnement, Moritz Leuenberger et Josef Pröll, qui l'ont assuré en signant le 25 juin une "charte pour un Euro 2008 durable". ça veut dire quoi, un "Euro 2008 durable" ? ça veut rien dire.
Ah si : dans les stades, des gobelets réutilisables seront utilisés, et les supporters devront trier leurs déchets.
Quant aux hooligans, ils sont priés de confectionner les cocktails Molotov avec de l'essence sans plomb, et les flics de taper sur les hooligans avec des matraques Max Havelaar.

26 octobre 2007

Bourrages de crânes

Grâce (ou à cause) d'un projet scolaire binational austro-suisse, "Fait Play Euro Schools" (l'anglais étant comme chacun sait la langue commune de l'Autriche et de la Suisse), un mini-Euro mixte sera organisé en juin, opposant des écoles moyennes (le Cycle d'Orientation, à Genève) de Suisse d'Autriche, chaque équipe représentant un pays européen (participant ou non à l'Euro officiel). Au sort, Genève a tiré l'Allemagne.
Cette compétition devant opposer des ados (en gros, de 12 à 15 ans), fallait trouver quelque chose pour les plus petits. Donc, dans la perspective d'une "promotion durable du sport", toutes les classes primaires qui le désirent (et quelques unes qui ne le désirent pas mais à qui on va tout de même l'imposer) recevront un "Euro-kit", destiné aux enfants de cinq à dix ans. De cinq à dix ans d'âge légal. Parce que si on devait le distribuer à tous les supporters de cinq à dix ans d'âge mental, les stocks seraient insuffisants.

Bien marrie, la Migros qui avait cru pouvoir surfer sur une hypothétique vague d'enthousiasme féminin pour le foot à l'approche de l'Euro, et qui avait annoncé à Genève, Neuchâtel, Fribourg, Bulle, Sion et dans le canton de Vaud des cours de son Ecole-Club sur les règles du foot (trois séances de cinquante minutes, pour 50 balles), en proclamant avec un peu de précipitation que ce cours est de tous ceux prévus dans la perspective de l'Euro celui "qui a rencontré le plus large écho"... Résultat : à Genève, le cours de juin a été annulé faute de participantes, aucune inscrption n'était enregistrée pour les cours d'octobre et de novembre, itou à Neuche, Fribourg, Bulle et Sion, et dans le canton de Vaud ce sont tous les cours de foot qui ont été annulés.
La femme est décidément l'avenir de l'homme.

Et tout ça n'empêche pas l'entraîneur-adjoint de l'équipe suisse, Michel Pont (comme la lune) d'affirmer dans "la Tribune de Genève" (du 22 août) que "l'identification de la population à l'équipe helvétique concerne toutes les régions du pays".

La chaîne de grands magasins Manor a aussi eu l'idée d'ûtiliser l'Euro2008 pour sa propre pub : elle a lancé une opération "ballon rouge" en s'inspirant du concept des relais de la flamme olympique, le ballon en question étant intelligemment placé au départ au sommer du Cervin, pour ensuite se promener en Suisse jusqu'à Bâle, où il arrivera la veille du match inaugural de l'Eurofoot, le 6 juin 2008. "On tient à passer par tous les endroits connus situés à proximité de nos magasins", explique le responsable du sponsoring de Manor, Markus Laub : en Valais, ça a par exemple été la vigne de Farinet, et à Lausanne le Musée olympique. A Genève, on sait pas. Mais y'a sûrement des chiottes publiques pas loin des magasins Manor.

On ne comptera en tous cas pas sur la presse romande pour une critique de l'Euro 2008 : les huit principaux quotidiens régionaux romands (La Tribune de Genève, 24 Heures, L'Express, l'Impartial, la Nouvelliste, la Liberté, le Journal du Jura et le Quotidien Jurassien) mettent leurs "forces en commun" pour servir la soupe à l'Euro2008, proclamé carrément "plus important événement sportif du siècle organisé en Suisse". Ce siècle n'ayant que six ans, on admire la prescience du pool de supporters pour les 93 années à venir après l'Euro.
On notera l'abence dans cette belle équipe du "Temps" (probablement considéré comme un quotidien national, et non régional) et du "Courrier", vraisemblablement considéré comme potentiellement trop critique).

Quant à la télévision nationale (la SSR, donc), elle a conclu un partenariat avec l'UEFA pour l'Euro 2008 : "UEFA EURO 2008 with SRG SSR idée suisse". On notera le "with" plutôt que le "mit", "avec" ou "con" (qui même en français s'imposerait). Mais on a quand même échappé à une devise tout à fait nationale idée suisse, proposée par le dirgé de la SSR, Armin Walpen, pour "motiver le personnel" de la boîte, au cas où il aurait quelque réticence à se mettre à la botte de l'UEFA : "We light the Euro fire"...

Enfin, un barman genevois, Daniel Pion, a créé des "coktails officiels de l'Euro 2008", dont un sans alcool : nectar de fraises du Valais et d'abricot, avec un jus de pomme pétillant.
C'était inutile : le cockail officiel de l'Euro, on le connaît déjà : un tiers de nectar d'arnaque, un tiers de jus de racket et un tiers de blabla. Servir tiède, mais réchauffer si besoin est.

23 octobre 2007

19 octobre 2007

SLEEP IN EN SOMMEIL

Le programme "sleep-in", supposé permettre aux spacxtateurs des matches de l'Euro de se faire louer une chambre ou un appartement par des indigènes, fait un bide à Genève : non seulement il n'y a que 42 hôtes à s'être annoncés pour louer une chambre ou un appart', mais la majorité de ces hôtes crêchent dans le canton de Vaud ou en France.
L'autre programme d'accueil, destiné celui-ci aux victimes des nuisances provoquées autour de la plaine de Plainpalais par les réjouissances de la fête à blaireaux installée sur la plaine pendant l'Euro, fait un bide encore plus retentissant : cinq personnes, en tout et pour tout, se sont annoncées. Seule réaction de Mark Muller : tant pis pour les riverains, il faudra qu'ils soient compréhensifs à l'égard des bruits de la fête.
Le société NEPSA du député radical Frédéric Holh a prévu d'installer deux écrans géants pour la retransmission des matches, trois ou quatre concerts "géants" en plein air. L'autre radical de service, Pierre Maudet, assure que "tous les services" dont il a la charge (pompiers, voirie, pritection civile, agents de ville) seron t "sur le pied de guerre pendant le mois de juin". Ils ne seront pas les seuls : les riverains de Plainpalais aussi.

16 octobre 2007

MILLE ET UNE NUITS (EN VINGT-CINQ VOLUMES)

Le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) a décidé d'autoriser sans préalable ("devoir d'autorisation") l'ouverture des commerces (et dont la mise au travail de leurs employés) jusqu'à minuit et le dimanche dans les villes hôtes des matches de l'Euro 2008, du 7 au 28 juin, pendant la compétition, mais également dans les villes qui ont prévu des écrans géants rediffusant les matches (par exemple Lausanne, Nyon, Vevey, Yverdon). Le SECO renonce donne donc une autorisation globale, mais les autorisations définitives resteront de la compétence des autorités locales (municipales ou cantonales, selon les cantons : cantonales à Genève). A Berne, les autorités (municipales) sont très réticentes à autoriser des ouvertures prolongées en semaine. Evidemment, les chtis commerçants (et plus encore les gros) sont enthousiastes, au prétexte d'éviter que "les touristes ne trouvent une ville morte". Evidemment aussi, les syndicats protestent : le Seco (en l'ocurrence sa direction du travail, dirigée par l'ancien syndicaliste USS Serge Gaillard) s'est fondé uniquement sur des critères consuméristes, en occultant totalement les intérêts des travailleurs. En voilà une surprise. L'Etat s'apprête à ouvrir des négociations, les syndicats à organiser des actions de blocage, les commerçants, persuadés que l'Euro2008 aura un effet favorable sur leurs recettes, à produire un "projet commercial global".
Le département cantonal genevois de l'économie et de la santé (celui d'Unger) se dit favorable à une "animation" impliquant l'ouverture prolongée des commerces : "animation" venant, étymologiquement, d'"anima", l'âme, on dira que Genève aura l'âme qu'elle mérite.

13 octobre 2007

JELMOLI, JELMOLO ET JELMOLLAH

Jelmoli a ouvert à Alger fin juin le chantier d'un Centre commercial inspiré de celui de la Praille, à Genève. Ce sera le premier centre commercial algérien, après celui de Riadh el Feth. Il s'étendra sur 32'000 m2, comprendra en sus 17'000 m2 de bureaux, emploiera un millier de personnes et sera situé dans le quartier de Bab Ezzouar, entre Alger et son aéroport. L'ouverture du centre est prévue à l'automne 2008. Le devis du projet atteint 70 millions de francs suisses. Jelmoli espère pouvoir ensuite construire d'autres centres commerciaux à Oran, Annaba, Constantine, et un second centre à Alger. Jelmoli a créé en Algérie une société par actions, de droit algérien, au capital de 10 millions de dinars (en viron 180 millions de francs suisses), détenu à 45 % par Jelmoli et à 55 % par deux sociétés genevoises, Darsi et Valartis. Le partenaire bancaire algérien du projet est le Crédit populaire algérien (CPA), en voie de privatisation, ce qui, déclare le directeur général de Jelmoli, Alain Rolland, a "renforcé notre confiance". Alain Rolland a en outre souligné "les excellentes conditions d'implantation" dont Jelmollah a bénéficié en Algérie, "grâce à une administration efficace et rigoureuse", a affirmé n'avoir jamais rencontré en Algérie "la moindre forme de corruption" et a exprimé sa convictio n qu'on devrait assister en Algérie "à une prompte diversification des ressources du pays et une hausse du pouvoir d'achat de ses habitants".
On est toujours ébahi devant la sincérité et la pertinence des déclarations de Jelmolo.

Un mois après avoir ouvert son chantier algérois, et deux mois après avoir vendu à la Coop la marque Fust, pour 990 millions de FS, Jelmoli (plus précisément sa filiale immobilière) vend à un consortium d'investisseurs israéliens 98 immeubles (et les impôts qui vont avec), plus des options pour le rachat du centre commercial de la Banhofstrasse zurichoise et la Jelmoli Bonus Card. La valeur de ces 98 immeubles (grands magasins, boutiques, bureaux, centre commerciaux, pour une surface totale équivalant à une centaine de terrains de foot) était estimée à 2,7 milliards de francs, et la vente a atteint 3,4 milliards, soit le tiers de toutes les transactions immobilières effectuées en Suisse en 1996 (quand on pense que Jelmoli ne voulait pas payer quelques millières de cette somme pour renflouer le stade de la Praille, que cette modeste entreprise avait réussi à coller aux genevois pour faire passer son centre commercial...). Le portefeuille immobilier de Jelmoli en Russie est exclu de la transaction.
Les biens vendus par Jelmoli comprennent d'ailleurs le centre commercial de la Praille (et celui de Carouge), ainsi que le Globus de Genève (ex-Grand Passage). On n'aurait pas pu en profiter pour fourguer le stade (dont Jelmoli est l'un des principaux actionnaires) au consortium acheteur, pour le franc symbolique qu'il vaut (et encore, on est optimistes) ?

09 octobre 2007

Le racket était légal

Le Conseil administratif de la Ville avait des doutes sur la légalité du procédé utilisé par le canton pour faire à la Fondation du stade un cadeau lui permettant de régler sa dette à l'égard de l'entreprise Zschokke (devenue Implenia), et pour faire financer ce cadeau par le Fonds d'équipement communal. L'exécutif municipal avait donc saisi la Cour des Comptes, en février. En juin, la Cour a rendu son verdict : le racket était légal, le canton avait parfaitement le droit d'instrumentaliser le Fonds d'équipement communal pour payer les dettes d'une fondation privée. Cela dit, la Court précise tout de même qu'elle ne se prononce ni sur la constitutionnalité du procédé, ni sur la question de savoir s'il respecte ou non les droits des citoyens.
La Ville formulait trois reproches : le versement aurait été décidé sans l'accord de l'Association des communes, il aurait servi à payer la dette d'une fondation privée, ce qui serait contraire aux buts du FEC, et la dette ainsi payée était antérieure aux dispositions de la loi permettant au FEC de financer des investissements de ce genre.
Réponses de la Cour des comptes :
1. les magistrats communaux (y compris ceux de la Ville) et l'ACG étaient parfaitement informés des intentions du Conseil d'Etat. En clair, les magistrats de la Ville ne peuvent pas faire croire qu'ils se sont fait rouler à l'insu de leur plein gré, ils étaient consentants.
2. Ce qui importe n'est pas le statut (privé ou public) de la fondation bénéficiaire (celle du stade, en l'ocurrence), mais la vocation publique ou non de l'installation qu'elle gère. Et pour la Cour, le trou de la Praille a une vocation publique.
3. Une attribution en décembre 2006 pour une prestation réalisée antérieurement ne contrevient pas aux statuts du fonds (mais peut-être à la loi ? mystère...)

03 octobre 2007

Fonds de corbeille

Avant le match du 20 septembre entre Sion et Galatasaray (Turquie), à la Praille, la police a rappelé "les règles élémentaires de bonne conduite" : pas d'alcool, pas d'armes, pas de propos racistes. "Elementaires", en effet, ces règles.
Le problème n'est pas qu'on les rappelle. Le problème, c'est qu'il faille les rappeler.

"Je veux mettre mes compétences et mon enthousiasme au service de notre canton", proclame fièrement le candidat libéral au Conseil national Christian Luscher, dans un pavé publicitaire...
Christian Luscher ayant précédemment mis ses compétences et son enthousiasme au service du FC Servette, qu'il a présidé avant de le remettre à Marc Roger, on peut déjà annoncer la mise en vente du canton, ou on attend le retour de Roro à Champ-Dollon ?

On ne comptera pas sur la presse romande pour une critique de l'Euro 2008 : les" huit principaux quotidiens régionaux romands" (La Tribune de Genève, 24 Heures, L'Express, l'Impartial, la Nouvelliste, la Liberté, le Journal du Jura et le Quotidien Jurassien -merci pour le Temps et le Courrier) mettent leurs "forces en commun" pour servir la soupe à l'Euro2008, proclamé carrément "plus important événement sportif du siècle organisé en Suisse" ("Tribune de Genève" du 22 août)
Ce siècle n'ayant que six ans, on admirera la prescience du pool de supporters pour les 93 années à venir après l'Euro.

Le directeur du stade de la Praille, Olivier Carnozzola, admettant que "le football ne suffit pas à faire fonctionner le stade" (c'est en effet le moins qu'on puisse dire), ajoute que "cela ne nous a pas posé de problème de conscience d'accorder la tenue (d'un salon de l'érotisme" à la Praille, du 28 au 30 septembre ("Le Matin bleu" du 12 septembre)
Il a raison, le directeur : les promoteurs du stade ayant déjà entubé tout le monde, un salon de l'érotisme (ou de ce qui en tient lieu dans le monde de la marchandise) n'y pose "aucun problème".
Sauf que plutôt qu'un stade, et quitte à se faire baiser, c'est un bordel qu'on aurait dû construire à la Praille : ça aurait coûté moins cher et ça aurait été plus souvent plein.

"On ne peut plus tolérer que les pouvoirs publics versent l'argent du contribuable à une manifestation sportive sans avoir des garanties sérieuses qu'il n'y aura pas de triche, donc de dopage", déclare (sérieusement ?) le Conseiller d'Etat Mark Muller dans "Le Matin dimanche" du 5 août...
... Faut dire que MM parle du Tour de Romandie. Pas de l'Eurofoot. A quoi les pouvoirs publics ont décidé d'attribuer des million s d'"argent du contribuable" sans "garantie sérieuse qu'il n'y aura pas de triche, donc de dopage".
L'éthique sportive de Muller et de ses comparses, c'est celle du deux poids, deux mesures. On fait la fine bouche devant le cyclisme, on raque pour le foot business.

Quant au président de l'UEFA, Michel Platini, il joue carrément les andouilles : "Je ne crois pas à un dopage organisé dans notre sport" ("Tribune de Genève" du 7 juin).
C'est le même genre de déclarations qu'on entendait dans le cyclisme professionnel il y a une dizaine d'années.

Le maire socialiste de Bieenne, Hans Stöckli, se dit persuadé que la construction d'un nouveau stade et d'une nouvelle patnoire "accroîtront la motivation pour le sport et déboucheront sur des promotions" des équipes locales de foot et de hockey en ligues supérieures.
Les belles promesses rendent les fous (de foot) joyeux : à Genève, le FC Servette n'avait pas plutôt posé ses crampons sur le nouveau stade qu'il chutait en ligue inférieure. Il y marine toujours.