26 octobre 2007

Bourrages de crânes

Grâce (ou à cause) d'un projet scolaire binational austro-suisse, "Fait Play Euro Schools" (l'anglais étant comme chacun sait la langue commune de l'Autriche et de la Suisse), un mini-Euro mixte sera organisé en juin, opposant des écoles moyennes (le Cycle d'Orientation, à Genève) de Suisse d'Autriche, chaque équipe représentant un pays européen (participant ou non à l'Euro officiel). Au sort, Genève a tiré l'Allemagne.
Cette compétition devant opposer des ados (en gros, de 12 à 15 ans), fallait trouver quelque chose pour les plus petits. Donc, dans la perspective d'une "promotion durable du sport", toutes les classes primaires qui le désirent (et quelques unes qui ne le désirent pas mais à qui on va tout de même l'imposer) recevront un "Euro-kit", destiné aux enfants de cinq à dix ans. De cinq à dix ans d'âge légal. Parce que si on devait le distribuer à tous les supporters de cinq à dix ans d'âge mental, les stocks seraient insuffisants.

Bien marrie, la Migros qui avait cru pouvoir surfer sur une hypothétique vague d'enthousiasme féminin pour le foot à l'approche de l'Euro, et qui avait annoncé à Genève, Neuchâtel, Fribourg, Bulle, Sion et dans le canton de Vaud des cours de son Ecole-Club sur les règles du foot (trois séances de cinquante minutes, pour 50 balles), en proclamant avec un peu de précipitation que ce cours est de tous ceux prévus dans la perspective de l'Euro celui "qui a rencontré le plus large écho"... Résultat : à Genève, le cours de juin a été annulé faute de participantes, aucune inscrption n'était enregistrée pour les cours d'octobre et de novembre, itou à Neuche, Fribourg, Bulle et Sion, et dans le canton de Vaud ce sont tous les cours de foot qui ont été annulés.
La femme est décidément l'avenir de l'homme.

Et tout ça n'empêche pas l'entraîneur-adjoint de l'équipe suisse, Michel Pont (comme la lune) d'affirmer dans "la Tribune de Genève" (du 22 août) que "l'identification de la population à l'équipe helvétique concerne toutes les régions du pays".

La chaîne de grands magasins Manor a aussi eu l'idée d'ûtiliser l'Euro2008 pour sa propre pub : elle a lancé une opération "ballon rouge" en s'inspirant du concept des relais de la flamme olympique, le ballon en question étant intelligemment placé au départ au sommer du Cervin, pour ensuite se promener en Suisse jusqu'à Bâle, où il arrivera la veille du match inaugural de l'Eurofoot, le 6 juin 2008. "On tient à passer par tous les endroits connus situés à proximité de nos magasins", explique le responsable du sponsoring de Manor, Markus Laub : en Valais, ça a par exemple été la vigne de Farinet, et à Lausanne le Musée olympique. A Genève, on sait pas. Mais y'a sûrement des chiottes publiques pas loin des magasins Manor.

On ne comptera en tous cas pas sur la presse romande pour une critique de l'Euro 2008 : les huit principaux quotidiens régionaux romands (La Tribune de Genève, 24 Heures, L'Express, l'Impartial, la Nouvelliste, la Liberté, le Journal du Jura et le Quotidien Jurassien) mettent leurs "forces en commun" pour servir la soupe à l'Euro2008, proclamé carrément "plus important événement sportif du siècle organisé en Suisse". Ce siècle n'ayant que six ans, on admire la prescience du pool de supporters pour les 93 années à venir après l'Euro.
On notera l'abence dans cette belle équipe du "Temps" (probablement considéré comme un quotidien national, et non régional) et du "Courrier", vraisemblablement considéré comme potentiellement trop critique).

Quant à la télévision nationale (la SSR, donc), elle a conclu un partenariat avec l'UEFA pour l'Euro 2008 : "UEFA EURO 2008 with SRG SSR idée suisse". On notera le "with" plutôt que le "mit", "avec" ou "con" (qui même en français s'imposerait). Mais on a quand même échappé à une devise tout à fait nationale idée suisse, proposée par le dirgé de la SSR, Armin Walpen, pour "motiver le personnel" de la boîte, au cas où il aurait quelque réticence à se mettre à la botte de l'UEFA : "We light the Euro fire"...

Enfin, un barman genevois, Daniel Pion, a créé des "coktails officiels de l'Euro 2008", dont un sans alcool : nectar de fraises du Valais et d'abricot, avec un jus de pomme pétillant.
C'était inutile : le cockail officiel de l'Euro, on le connaît déjà : un tiers de nectar d'arnaque, un tiers de jus de racket et un tiers de blabla. Servir tiède, mais réchauffer si besoin est.

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