11 juin 2009

EUROCHIOTTES

Les entreprises de location de sanitaires mobiles ont tiré la chasse d'alarme : durant l'Euro2008, le nombre de toilettes mobiles risquait d'être insuffisant et les fournisseurs de n'avoir "pas assez de WC pour tout le monde", selon le directeur de "Toi Toi", un des leaders de la branche vespasienne. Presque tous les containers aménagés en toilettes étaient déjà loués. Angoisse : les supporters allaient-ils aller pisser dans les plate-bandes publiques et les parcs ? En 2006, pendant le Mondial de foot, le parc public berlinois du Tiergarten avait reçu en cadeau des supporters 100'000 litres d'urine par jour. Cet arrosage acide avait causé d'importants dégâts à la flore, malgré les six millions de litres d'eau quotidiennement giclés pour diluer l'urine. Le directeur des espaces verts de la Ville de Zurich s'inquiètait : les arbres et les plantes risquaient de périr sous les flots d'urine, souvent alcoolisée, déversés par les supporters. En juin 2008, la Suisse terre de miction ?
Mais, miracle, la solution était là : ça s'appellait le Roadbag, c'est une poudre qui gélifie l'urine, ça coûte sept balles les trois unités, et on en a déjà vendu 50'000 pièces, déclarait avant la compet', heureux comme après avoir soulagé un besoin pressant, son inventeur.
Comme y'a pas de petits profits, l'Association suisse des cafetiers (SCV) avait préconisé de rendre payant l'usage des chiottes des bistrots par ceux qui en usent sans consommer au bistrot, pendant l'Euro 2008, autour des stades et des "fan-zones" du genre Plaine de Plainpalais.
Tout confirmait donc que, décidément, l'Euro2208, va faire chier beaucoup de monde.

On a pu fumer dans les stades suisses et autrichiens pendant l'Euro. En revanche, aucun paquet de clopes ni de tabac n'a été vendu pendant l'Euro dans les stades, et on a recommandé aux spectateurs de ne pas fumer -sans les y contraindre. En revanche, les entraîneurs et les accompagnateur des équipes ont été, eux, frappés d'une stricte interdiction de fumer sur leurs bancs. On pouvait d'ailleurs déjà fumer dans le stade de la Praille, même après l'adoption par le peuple de l'initiative antifumée. De toutes façons, à la Praille, en dehors de l'Euro, on peut fumer tant qu'on veut et ce qu'on veut, vu la fréquentation des lieux on risque pas de gêner grand monde.

06 juin 2009

Quand Zurich raisonne mieux que Genève

Abandon d'un projet de stade de 30'000 places au Hardturm

La nouvelle est passée presque inaperçue à Genève. Elle aurait pourtant du y résonner avec un écho tout particulier : le Crédit Suisse a annoncé l'abandon définitif de son projet de stade de foot de 30'000 places, couplé à un Centre commercial. La Ville reprend le flambeau, avec un projet " raisonnable " de stade de 20'000 places, sans centre commercial. Un stade de 30'000 places couplé à un centre commercial, ça ne vous dit rien ? C'est le boulet que Genève traîne depuis des années. Et un projet " raisonnable " de stade, ça ne vous dit rien non plus ? C'est celui que le Comité Praille opposait à ce qui a finalement été réalisé, et pour quoi les collectivités publiques paient, à fonds perdus, depuis huit ans. A Zurich, on a réfléchi. A Genève, on a tout fait, tout dit, tout promis, pour empêcher la réflexion. Et on se retrouve aujourd'hui à se demander ce qu'on va bien pouvoir faire du pachyderme de la Praille, et combien on va encore bien devoir payer, pour le nourrir, le vendre ou l'abattre.

Praille qui maille
Le Conseil d'Etat réclamait neuf millions de francs pendant quatre ans pour assurer le financement de la Fondation du stade de Genève. Le comique de répétition finissant par lasser même les spectateurs les plus dociles, et le dieu du sport sait s'ils ont été nombreux à participer, comme acteurs ou figurants, au feuilleton du stade de la Praille, les députés ont fini par se rendre compte que continuer à balancer des millions dans ces funestes abysses ne relevait plus que du réflexe pavlovien. Les deux commissions du Grand Conseil chargées d'examiner le projet du Conseil d'Etat le renvoient donc à ses auteurs avec prière d'en rabattre considérablement de ses prétentions. Parallèlement, des député-e-s de gauche et de droite ont déposé un projet de loi réduisant à un unique versement de 500'000 francs pour la seule année 2010 le soutien du canton au stade. Si le Grand Conseil s'en tient là, peut-être (mais seulement peut-être...) s'évitera-t-on (pour le moment) de lancer un référendum. Le Comité Praille interrogeait les Genevois en ces termes, en 2005 : " Avait-on réellement besoin à Genève d'un stade capable d'accueillir un habitant sur quinze, nouveaux-nés et grabataires compris ? "… et prévenait : " si un coup d'arrêt n'est pas donné au racket des finances publiques, on verra chaque anée les pèlerins de la Praille se présenter devant les collectivités publiques, sébile en main et pleurant famine, pour quémander quelques petits millions supplémentaires ". Car toute les mendicités ne sont pas interdites, à Genève : celle des Rroms qui quémandent une piécette devant la Migros l'est -pas celle de la fondation grabataire d'un stade vide qui pompe des millions chaque année dans les caisses publiques. C'est à cette mendicité là que le Grand Conseil pourrait finalement se résoudre à ne pas céder. Mais elle est bien tardive, cette prise de conscience, et bien trop empreinte de craintes électorales : quel temps perdu, quelles ressources gaspillées et quelle crédibilité politique envolée au fil décennal des épisode de cette triste farce.