06 juin 2009

Quand Zurich raisonne mieux que Genève

Abandon d'un projet de stade de 30'000 places au Hardturm

La nouvelle est passée presque inaperçue à Genève. Elle aurait pourtant du y résonner avec un écho tout particulier : le Crédit Suisse a annoncé l'abandon définitif de son projet de stade de foot de 30'000 places, couplé à un Centre commercial. La Ville reprend le flambeau, avec un projet " raisonnable " de stade de 20'000 places, sans centre commercial. Un stade de 30'000 places couplé à un centre commercial, ça ne vous dit rien ? C'est le boulet que Genève traîne depuis des années. Et un projet " raisonnable " de stade, ça ne vous dit rien non plus ? C'est celui que le Comité Praille opposait à ce qui a finalement été réalisé, et pour quoi les collectivités publiques paient, à fonds perdus, depuis huit ans. A Zurich, on a réfléchi. A Genève, on a tout fait, tout dit, tout promis, pour empêcher la réflexion. Et on se retrouve aujourd'hui à se demander ce qu'on va bien pouvoir faire du pachyderme de la Praille, et combien on va encore bien devoir payer, pour le nourrir, le vendre ou l'abattre.

Praille qui maille
Le Conseil d'Etat réclamait neuf millions de francs pendant quatre ans pour assurer le financement de la Fondation du stade de Genève. Le comique de répétition finissant par lasser même les spectateurs les plus dociles, et le dieu du sport sait s'ils ont été nombreux à participer, comme acteurs ou figurants, au feuilleton du stade de la Praille, les députés ont fini par se rendre compte que continuer à balancer des millions dans ces funestes abysses ne relevait plus que du réflexe pavlovien. Les deux commissions du Grand Conseil chargées d'examiner le projet du Conseil d'Etat le renvoient donc à ses auteurs avec prière d'en rabattre considérablement de ses prétentions. Parallèlement, des député-e-s de gauche et de droite ont déposé un projet de loi réduisant à un unique versement de 500'000 francs pour la seule année 2010 le soutien du canton au stade. Si le Grand Conseil s'en tient là, peut-être (mais seulement peut-être...) s'évitera-t-on (pour le moment) de lancer un référendum. Le Comité Praille interrogeait les Genevois en ces termes, en 2005 : " Avait-on réellement besoin à Genève d'un stade capable d'accueillir un habitant sur quinze, nouveaux-nés et grabataires compris ? "… et prévenait : " si un coup d'arrêt n'est pas donné au racket des finances publiques, on verra chaque anée les pèlerins de la Praille se présenter devant les collectivités publiques, sébile en main et pleurant famine, pour quémander quelques petits millions supplémentaires ". Car toute les mendicités ne sont pas interdites, à Genève : celle des Rroms qui quémandent une piécette devant la Migros l'est -pas celle de la fondation grabataire d'un stade vide qui pompe des millions chaque année dans les caisses publiques. C'est à cette mendicité là que le Grand Conseil pourrait finalement se résoudre à ne pas céder. Mais elle est bien tardive, cette prise de conscience, et bien trop empreinte de craintes électorales : quel temps perdu, quelles ressources gaspillées et quelle crédibilité politique envolée au fil décennal des épisode de cette triste farce.

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