04 avril 2012

Le Servette FC en cessation de paiements : Y'a des semaines, comme ça...

Y'a des semaines, comme ça, où tout fout le camp : Mark Muller d'abord, le Servette ensuite... Le président de la SA du Servette Football Club (eh oui, amis sportifs: vos clubs ne sont pas des associations, ce sont des sociétés anonymes...) a donc annoncé qu'il était en cessation de paiements. Le club a pour 1,7 million de francs de poursuites, il doit fournir dans les dix jours des garanties financières pour obtenir sa licence pour la saison prochaine et il n'a apparemment plus un radis. L'administrateur du club, Cedric Tonoli, a démissionné de son poste. On cherche un repreneur ou des repreneurs (Marc Roger ? Bulat Chagaev). On s'agite. On pleure. Et on n'oublie qu'une chose : que depuis longtemps, le sort des équipes professionnelles ne se joue plus sur les terrains, dans les stades ou sur les patinoires, mais là où fonctionnent (ou dysfonctionnent) les pompes à fric...

Des p'tits trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous (chanson populaire)...

n devrait verser une larme, mais elle serait de crocodile, alors on s'en abstient (trop de sauriens se sont ébroués à Piogre cette semaine pour qu'on ait le goût de s'y mêler): le spectre de la faillite qui planait sur le Servette FC ne plane plus. Il a fondu sur sa proie. C'est ce qu'il y a de chiant avec les spectres : on n'arrive pas à s'en débarrasser. Une société qui s'occupe du nettoyage du stade, et qui n'avait pas été payée depuis six mois, ce qui la menaçait elle-même de faillite, avait annoncé qu'elle déposerait une requête de mise en faillite du club, pour une facture de l'ordre de 90'000 francs. In extremis, Pishyar a versé un acompte de 30'000 balles pour éviter, un temps, la faillite, mais le spectre planait toujours. Un autre créancier, qui fournissait les maillots du club, a demandé avant-hier la mise en faillite sans poursuite préalable, pour une créance de 285'000 balles. Le président Pishyar a donc posé les plaques et le ballon et est allé trouvé le juge pour annoncer son défaut de paiement.

Le petit frère du spectre genevois, qui planait au dessus du Neuchâtel Xamax, avait déja fondu sur sa proie, l'avait expédié ad patres et expédié son président au trou. On comprend que le précédent, s'il nous avait bien fait marrer, réjouissait peu le président du Servette, qui avait déjà sur le dos la Ligue suisse de football qui exigeait qu'il prouve qu'il avait payé les charges sociales des joueurs et du personnel, et que d'autres créanciers que la société de nettoyage avaient déjà mis le club aux poursuites. L'administrateur du Servette admettait, juste avant de démissionner, avoir « un problème de liquidités » et demandait à ses créanciers « de se montrer patients, de faire des efforts » -bref, de considérer qu'être créancier du Servette est un honneur qui suffit au paiement des créances, et que demander plus serait vulgaire. Un petit chantage affectif pour permettre au club et à Pishyar de ne pas payer leurs factures. Le temps de demander à quelque collectivité publique complaisante de les payer à leur place, comme d'hab'... Mais voilà, elles ont déjà payé, les collectivités publiques (la Ville et le canton), et elles ne veulent plus, en tout cas pas avant de savoir à quoi ont servi les subventions qu'elles ont accordées.
Car nos deux ministres (socialistes) des sports (et de la culture), le Conseiller d'Etat Charles Beer et le Conseiller administratif Sami Kanaan sont un peu fâchés : ils ont l'impression que le demi-million de subventions accordées au FC Servette pour le soutien à la formation et au mouvement juniors a été, au moins partiellement, utilisé pour boucher les trous financier de la SA du club et peut-être faire patienter les créanciers les plus pressés, ceux qui menaçaient de demander la mise en faillite du SFC avant que le président du SFC la demande lui-même. Si cela se confirmait, cela signifierait que les fonds versés par le canton et la Ville pour la formation et les junior auraient été détournés de leur affectation.

Bref, on attend avec gourmandise le rapport de la Cour des Comptes. Et on se prépare aussi à entendre les jérémiades des supporters politiques dans les parlements genevois. On aime bien ricaner avec le sport-pognon, et quelque chose d'impalpable nous dit que dans les prochaines semaines, on va avoir ample occasion de ricaner. Surtout que le SFC avait, cerise sur la gâteau, obtenu la gestion du stade de la Praille. Et que si le SFC est en faillite, il va falloir non seulement trouver un repreneur pour le club, mais aussi pour le stade... Et cette chanson là, on la connaît : Des p'tits trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous...