26 décembre 2009

FONDS DE TIROIR

La pluie de projets mirifiques d'une nouvelle patinoire et de proclamations hautes et fières de soutien au glorieux Servette Hockey-Cluc continue. Les radicaux proposent une nouvelle patinoire sur le parking des Vernets (un parking de moins, il est vrai que c'est toujours bon à prendre) ou sur le site de la gare des Eaux-Vives, les libéraux demandent au Conseil d'Etat de dégager un projet commun avec les communes et le club, sur un lieu précis (ça vaut mieux, en effet, parce qu'une patinoire sur un lieu imprécis, on voit mal à quoi ça peut ressembler, sinon à du brouillard givrant), et tout ça dans les cinq ans. Quant à Mark Muller, on nous sussurre que s'il ne soutient pas explicitement le projet de nouvelle patinoire dans le cadre du projet de méga-centre sportif de Plan-les-Ouates, il n'attend que le moment de chausser ses patins de combat pour envoyer le puck aux Charpines. Bref, tout le monde s'agite (même nous, pour préparer un référendum au cas où). Euh... y'a des élections bientôt ou quoi ?

Les conneries de l'Euro2008 se reproduisent pour le Mondial2010 : deux sociétés se disputant le marché des « fans zones » se sont retrouvées devant la justice, la première, Genevents, qui installera des écrans et des animations aux Vernets, accusant la seconde, CPF (la société du député radical Frédiric Hohl) de concurrence déloyale en proposant une deuxième « fan zone » et un deuxième écran géant à la Praille, en démarchant agressivement des commerçants (sans doute pas au courant du flop de la « fan zone » installée par les mêmes il y a deux ans au Bout du Monde), y compris des commerçants qui avaient déjà réservé un stand aux Vernets, en leur proposant par exemple la diffusion de spots sur un écran géant que la société en question n'a pas encore reçu l'autorisation d'installer. Quant à la police, elle s'inquiète : vu ses effectifs et les mobilisations déjà prévues (pour la « Lake Parade », qui se déroule le même jour que la finale du Mondial, par exemple), deux « fans zones » de 10'000 personnes chacune, c'est ingérable du point de vue sécuritaire. Vous allez voir que pour parfaire le comique de répétition, on va bien se retrouver à nouveau avec le grotesque ballon gonflable de l'Euro 2008 flottant (quand il n'y a pas de vent, ni de pluie) au dessus du jet d'eau, et qu'on va devoir à nouveau proposer une prime à qui trouvera le moyen de l'envoyer dans le lac...


La téléromande est toute contente : elle a réussi à attirer 412'000 spectateurs pour regarder la Suisse se faire sortir de l'Euro par la Turquie, et a atteint jusqu'à 48, 8 % de part de marché (55 % pour TSR 1, 42,9 pour TSR 2) pendant les "prime time" de la période de l'Eurofoot. Bon, cela dit, 412'000 spectateurs, ça fait guère qu'un gros quart de la population romande... Si on ajoute les chaînes françaises (TF1 et M6), qui font ensemble 21,4 % de part de marché, on arrive à un peu gros tiers de la population, ce qui correspond aux sondages effectués avant l'Eurofoot et qui indiquaient qu'un tiers de la population s'y intéressaient, un tiers s'en foutaient et un tiers y était allergique. Au bilan final, selon l'UEFA elle-même, l'Eurofoot a été suivi en moyenne par 155 millions de téléspectateurs, dans le monde entier, ce qui est bien moins que claironné avant l'"événement" : pour pouvoir affirmer que l'Eurofoot allait susciter un intérêt passionné, puis pour pouvoir confirmer qu'il suscitait effectivement un intérêt passionné, on avait sorti des estimations d'une crédibilité improbable, selon lesquelles 6,4 millions de personnes vivant en Suisse, soit 91,6 % de la population, nourrissons et grabataires compris, allaient regarder (et avaient regardé) au moins une fois une retransmission en direct d'un match de l'Euro. Selon la même statistiques, les hommes auraient passé 11 heures et demie devant la télé à regarder l'Eurofoot (ça équivaut grosso modo à six matches, en comptant la mi-temps) et les femmes 8 heures et demi (quatre matches et des poussières).

Une recherche visant à mettre en évidence comment les acteurs d'une grande manifestation sont amenés à intégrer l'évaluation des risques et les problèmes de sécurité dans l'organisation de la manifestation a été lancée par l'Ecole polytechnique fédéral de Lausanne. Elle est co-financée par l'EPFL et la Fédération internationale du foot professionnel, la FIFA. Mais pas, apparemment, par l'UIEFA. Ben ça alors, pour une surprise, c'est une surprise...

Le président de l'UEFA n'aimant pas la couleur orange, l'espace VIP du stade de la Praille a été repeint en bleu. Aux frais de qui, au juste ?

Idée géniale de plus : celle, lancée par le rédacteur de la revue "Tracés", Francesco Della Chiesa, et reprise (elle le mérite) par GHI : une scène flottante sur le lac, se promenant entre Genève, Lausanne, Montreux et Evian. Après la baudruche à Jobin, c'est vrai que ça manquait. Le lac, c'est devenu le marché aux puces ?

Les cailloux sur la plaine de Plainpalais ont été enlevés, parfois à la main, et remplacés par du gravier. "Nous avons veillé à ne fournir aucune munition à l'intérieur du site en cas d'échauffourées", a précisé l'inévitable député radical prébendier des à côtés de l'Euromachin, Frédéric Hohl.
En fait, on a pas enlevé les munitions, on a seulement changé leur calibre.

Après le dégonflage final de la baudruche à Jobin (qui s'enthousiasme pour l'effet de l'image de ce machin au dessus du jet d'eau, image qui a fait "le tour du monde"), Genève Tourisme annonce qu'elle évalue "l'impact publicitaire" de la chose, en essayant de comparer le coût d'annonces publicitaires payantes sur les 140 chaînes de télé qui ont diffusé l'image de la baudruche sur le jet.
C'est complétement con comme comparaison : de toutes façons, Genève ayant été, hélas, une des villes-hôtes de l'Eurofoot, des images du jet d'eau sans baudruche, auraient été diffusées sur les mêmes chaînes de télé que celles qui les ont diffusées avec baudruche. Et le jet d'eau aurait-il été illuminé en teinte vert caca d'oie que l'image aurait aussi "fait le tour du monde"...

Le Conseiller fédéral Moritz Leuenberger et ses homologues autrichien, allemand et liechtensteinois, ministres de l'environnement, se sont permis, les malpolis, de critiquer l'UEFA pour son absence de conscience environnementale, et pour les émissions de CO2 provoquées par l'Eurofoot. Ils sont bien naïfs, nos ministres de l'Environnement : attendre de l'UEFA qu'elle manifeste un soupçon de conscience environnementale ? Et pourquoi pas demander à l'UDC de défendre la solidarité internationale ?
De toute façon, l'UEFA a la conscience tranquille : elle fait dans l'humanitaire. Si, si. Elle s'est engagée à faire un dont de 4000 euros au CICR pour chaque but marqué.
Humanitaire, mais pingre.

Un fauconnier a été mandaté pour éloigner, grâce à des oiseaux de proie, les pigeons du Stade de la Praille, pigeons qui ont, comme tous les pigeons, la mauvaise habitude de chier sur les lieux qu'ils occupent. Une méthode "écologique, peu coûteuse et surtout très efficace", commente le directeur du stade, Carnazzola. Le contraire du stade, en somme. Et le directeur de se réjouir dans le "Matin Dimanche" du 25 mai : "les sièges et les vitres des loges ne sont plus souillés par les fientes" (il s'agit toujours des pigeons, pas des occupants des loges). Un faucon et deux buses vont donc patrouiller tous les jours au-dessus du stade pour en faire fuir les pigeons. Ce rapprochement entre le sport-pognon et l'ornythologie était, forcément, dans l'air : dans le feuilleton de la Praille et de l'Eurofoot, les buses, les (vrais ou faux)cons et les pigeons sont présents depuis le début.

Souvenirs (dans "Le Temps" du 27 mai) du gardien de l'équipe suisse de foot lors de la Coupe du monde 1954 (elle se déroulait en Suisse), Eugène Parlier, dit "Gégène" ) : les joueurs avaient reçu en tout en pour tout 900 balles de dédommagement (ils avaient tous un boulot à côté), une caisse de "vivi-cola" et vingt paquets de clopes "Marocaines"... Et ils avaient abouti en demi-finale. Ben dis donc, ça nous rajeunit pas...

Une série humoristique produite par la télé romande (et deux chaînes privées françaises), "futurofoot", s'est attirée les foudres de l'UEFA, qui en a interdit (elle en avait donc le pouvoir ?) la diffusion dans la "fan-zone" de Plainpalais, en l'accusant de se moquer "du football, de ses instances, de ses règles et de sa philosophie" en montrant des "contenus sexuels (...) ainsi que des scènes de violence" (docteurs battant des joueurs, joueurs se battant entre eux, bagarres entre arbitres et joueurs). Les sketches (ou officie Jean-Luc Bideau en "professeur Blotter") expliquent "comment soudoyer un arbitre", "comment provoquer un joueur sans se faire sanctionner", "comment marquer ou arrêter un pénalty à coup sûr". Elle a raison, l'UEFA, de critiquer "futurofoot" : c'est pas une série humoristique, c'est un documentaire... Le réalisateur dudit documentaire, Nicolas Wadimoff, trouve judicieusement à la lettre de l'UEFA "un ton hallucinant sorti tout droit de l'ère stalinienne", et fait observer que les "fan-zones" sont carrément devenues des "zones UEFA, où il faut penser UEFA, rire UEFA" ("Le Matin Dimanche" du 25 mai). Ouais. Mais c'est pas seulement la fan-zone de Plainpalais qui était une "zone UEFA" : c'était tout Genève.

Selon deux enquêtes de l'Institut de recherches et études des media publicitaires (REMP), 15 % de la population susse joue au foot pour le plaisir et pas pour le pognon), et un footballeur amateur sur cinq est une footballeuse (une sur quatre chez les moins de 35 ans). La pratique du foot amateur concerne 16 % des Alémaniques, 11 % des Romands et 10 % des Tessinois. La proportion de fumeurs est plus élevée (31 %) chez les footballeurs amateurs que dans l'ensemble de la population (29 %), mais ils consomment moins d'alcool. Les supporters compensent.

La plupart des ballons de foot sont fabriqués à la main, au Pakistan, et plus particulièrement à Sialkot, dans le Pendjab, où 35'000 personnes (femmes et hommes, mais aussi, encore, des enfants) fabriquent vingt millions de ballons par an. Jusqu'en 1996 au moins, cette production était en grande partie assurée par des enfants, travaillant à domicile, et exclus de l'école par leur travail. 17'000 enfants et 42'000 adultes travaillaient dans la fabrication des ballons de foot en 1996. En 1997, un traité conclu entre les producteurs, l'UNICEF et l'OIT interdisait le travail des enfants de moins de 14 ans. Ce traité a produit des effets : 10'000 enfants ont pu suivre l'école primaire, 5000 continuer leur formation ensuite -mais les familles ont pertdu une source de revenu, et la rémunération du travail ne s'est pas améliorée -elle a même baissé de 10 % en dix ans. Aujourd'hui, les ouvriers, payée à la pièce, gagnent 40 à 75 centimes par ballon fabriqué dans les conditions "normales", ou 50 % de plus pour ceux fabriqués dans les conditions du commerce équitable -on trouve ces "ballons équitables" dans le commerce chez nous, pour un prix à peine supérieur à celui des autres.
La Suisse importe chaque année un million et demi de ballons de foot, vendus entre vingt et quarante francs. Les écoles achètent 20 à 30 % de cette marchandise, sans trop vérifier si elle a été produite dans les conditions habituelles de servage ou celles du "commerce équitable". Il est donc vraisemblable que des écoles de notre beau pays achètent des ballons "fabriqués dans des conditions de misère" et d'exploitation, comme le signale l'Oeuvre suisse d'entraide ouvrière (OSEO). Avant l'Eurofoot, le Crédit Suisse avait eu l'idée géniale de lancer une opération marketing en distribuant 200'000 ballons de foot. Avant qu'on lui fasse remarquer qu'une bonne partie de la production de ces ballons était encore assurée par des enfants, ce qui a finalement poussé la banque à faire un don d'un million à l'UNICEF. Quand à la Fédération internationale du foot professionnel, la FIFA, elle a "interdit" aux entreprises qu'elle certifie de faire travailler des enfants, mais comme elle ne fait aucune vérification préalable et ne sanctionne une violation de cette interdiction qu'a posteriori, une fois l'infraction dénoncée (quand elle l'est), constatée (quand on en fait l'effort) et prouvée (quand on le peut), cette interdiction est probablement aussi souvent violée que les règles du foot lors des matches internationaux. Surtout que les "entreprises certifiées" font fréquemment appel à des sous-traitants qui, eux, ne sont pas "certifiés".

Selon l'"England Journal of Medecine", regarder un match de foot à "fort enjeu" augmente le risque d'accident cardiaque. Les services d'urgence enregistrent un pic de fréquentation dans les deux heures suivant le coup d'envoi d'une rencontre sportive, et certains cardiologues se demandent s'il ne faudrait pas, par prophylaxie, supprimer l'épreuve des "tirs au but". Des médecins français recommandent à leurs patients sortant d'infarctus de ne pas regarder de matches de foot importants. En 2006, lors du Mondial de foot, les hospitalisations ont augmenté de 25 % en Allemagne. Il s'agit certes dans la plupart des cas de pathologies bénignes, mais comme les Urgences sont déjà encombrées, ces pathologies bénignes les ont encombrées encore plus. Lors de la Coupe du monde en Allemagne, le nombre de malaises cardiaques a doublé à Munich, et le risque d'accident cardiaque pendant les matches de l'équipe allemande a été 3,26 fois plus élevé pour les hommes, et 1,82 fois plus élevé pour les femmes, que normalement. Au sein de la population souffrant de problèmes artériels, les malaises ont quadruplé.
D'où les bons conseils du "Matin Dimanche" du 1er juin : pendant les matches, "bougez au moins les jambes de temps en temps", "évitez l'alcool", "n'oubliez pas vos médicaments", "regardez les matches avec des amis ou de la famille" (ils appelleront les secours), et "Composez le 144 en cas d'urgence".
Ce serait pas plus simple de se faire carrément hospitaliser avant le début du match ?

Selon la gendarmerie genevoise, le record d'alcoolémie enregistré durant l'Eurofoot s'est établi à 3,67 pour mille chez les hommes et 2,69 pour mille chez les femmes.
L'égalité avance à grands pas. Enfin... quand elle arrive encore à tenir debout.

On estime à 770 tonnes par an la consommation mondiale de produits dopants, en ne tenant compte que des stéroïdes anabolisants et de la testostérone. ça correspond annuellement à 14 milliards de doses de stéroïdes et 34 milliards de doses d'EPO et GH, et à 15 millions de consommateurs de stéroïdes, 1 million et demi de testostérone et deux millions d'EPO et GH. Les sportifs, professionnels ou amateurs, constituent la très grande majorité des consommateurs de ces saloperies : de 38 à 40 % des consommateurs se trouvent dans la clientèle des salles de gymnastique (et des professionnels de la sécurité), et de 35 à 37 % chez les athlètes, tous sports confondus ("Le Monde", 17 juin 2008).

La consommation de bière, de saucisses et de chips a été dopée par l'Eurofoot en Suisse : en juin, les ventes de bière ont augmenté de 15 % par rapport à juin 2007, les ventes de saucisses de 11 %, les ventes de chips de 9 %, les ventes de cacahouètes, noix et graines salées de 6 %, celles d'articles de sport de 15 %. En revanche, les ventes de télévisions, d'équipements vidéo et d'appareils de photo ont reculé de 3 à 25 %. Tout le monde ne peut pas faire du fric au même moment.

Depuis deux ans, l'Autriche s'entraînait intensivement pour l'Euro. En août 2006, une jeune femme, Natascha Kampusch, réussissait à s'évader d'une cave où elle avait été séquestrée pendant huit ans et demi près de Vienne. En avril 2008, on découvrait qu'un homme séquestrait depuis des années sa propre fille dans une cave, après l'avoir violée et lui avoir fait sept enfants. En mai 2008, enfin, un homme de 39 ans tuait toute sa famille à coups de hache au prétexte d'éviter à ses proches la honte de sa propre ruine. L'équipe autrichienne de foot (qualifiée d'office pour l'Euro) commençait à faire peur à ses adversaires.
Pourtant, selon un sondage, juste avant le début de la compétition, 34 % des Autrichien-ne-s se disaient "pas du tout intéressés" par l'Eurofoot, et 22 % "peu intéressés". Et en septembre 2007, une pétition avait été lancée sous le titre "l'Autriche sait se tenir" pour que l'Autriche, qualifiée d'office pour l'Euro puisqu'organisatrice (comme la Suisse : pour concourir, on n'a pas besoin de jouer, suffit de payer) se désiste du tournoi en raison de son faible niveau footbalistique, et pour permettre à des équipes plus dignes de participer à l'Eurofoot d'y participer. En un mois, la pétition avait réuni 10'000 signatures.

Un criminel de guerre croate, l'Oustachi Milijov Asner, ancien chef de la police du régime fasciste d'Ante Pavelitch, 95 ans aux fraises et supporter de la Croatie, a été repéré et photographié à la terreasse d'un café de Klagenfurt. Jugé "sénile" par la justice autrichienne, et donc inapte à être jugé, il est présenté par le Centre Simon-Wiesenthal comme un exemple de la protection accordée par l'Autriche à d'anciens criminels de guerre. Un autre exemple d'un passé qui ne veut pas passer, c'est le lieu de la finale de l'eurofoot : un stade viennois au passé nazi. Ben quoi ? Pour les dieux du stade, ça vaut bien Nuremberg, non ?

Selon les chiffres publiés par "Le Temps" (du 31 mai), 146'300 juniors sont inscrits à un club de foot en 2008 en Suisse, dont 19'000 filles. En dix ans, le nombre des juniors inscrits dans un club a augmenté de 20 %, pendant que, dans le même temps, les clubs d'athlétisme perdaient la moitié de leurs juniors.

Après l'Euro2008 de foot, le Mondial2009 de hockey. Et donc, après Flix et Trix, Cooly. Cooly, c'est la mascotte choisie pour le championnat du monde 2009 de Hockey sur glace, qui se tiendra en Suisse. Et Cooly, c'est une vache. Une vache pour un championnat du monde de hockey, ça tombe sous le sens. Mais on ne sait pas trop sous quel sens.

L'Etat, la Fondation pour le tourisme, Genève Tourisme et la commission cantonale du Sport Toto ont claqué 360'000 balles poour faire flotter un gros ballon (de quinze mètres de diamètre) au-dessus du jet d'eau (du moins quand le vent ne souffle pas à plus de 30 km/h). Le machin était retenu par trois cables, deux fixés sur la jetée, un relié à une barge flottante. L'installation des points d'amarrage avait nécessité la pose de 40 tonnes de merdier dans le lac, et la mise à l'eau d'une barge équipée d'un treuil. Et il a fallu mobiliser une quinzaine de spécialistes, le 23 avril, pour mettre en place cette grosse connerie.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Association des ligues de football professionnel ont signé le 14 avril un accord de coopération pour la promotion d'initiatives visant à sensibiliser le public aux questions relatives à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la faim. Les deux organisations estiment que le pouvoir du football est un outil efficace au service du développement et pour la promotion de la lutte contre la faim dans le monde ainsi que pour atteindre l'objectif de réduire de moitié d'ici à 2015 le nombre de personnes souffrant de la faim et de la pauvreté. Tout ça est très bien. Mais vu la quantité de saloperies diverses que les supporters de foot vont bâfrer pendant l'Euro, faudrait voir à signer un autre accord de coopération : pour la lutte contre la goinfrerie et l'obésité.

Après les JO de Pekin, se tiendront les JO (d'hiver) de Vancouver, en 2010. Et là encore, y'a des indigènes qui râlent. Pas des Tibétains, évidemment, mais des Amérindiens. Les maudits sauvages râlent contre la constructions de nouvelles infrastructures sur des territoires qui sont supposés être les leurs, et n'ont jamais été cédés au gouvernement fédéral ni à la province : Hôtels, télécabines et parkings devraient fleurir sur les dernières terres de chasse intactes de la nation Salish. Qui n'a jamais été consultée ni par le comité olympique local, ni par le CIO. Font chier les peaux-rouges, ils savent pas qu'ils ont été battus par John Wayne ?

Quant aux JO de Pekin, ils se seront tenus dans une ville nettoyée de ses dissidents : Fin juillet, Amnesty International fait le point sur les "valeurs de la Charte olympique" (qui veut "encourager une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine"), confrontées à la réalité chinoise. Bilan : les condamnations à mort et les exécutions (8000 par an) se poursuivent, les "rééducations par le travail" pour les petits délinquants et déviants divers aussi, la pression et la répression sur les défenseurs des droits humains itou, la censure s'est renforcée contre les journalistes et sur internet, les minorités nationales, en particulier les tibétains et les ouïgours, sont ciblées... dès fin décembre 2007, la police a commencé à arrêter et à mettre en résidence surveillée des dizaines de militants des droits humains, d'intellectuels critiques et d'avocats des uns et des autres. Ce qui n'émeut pas le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, qui ne cesse de répéter qu'il ne faut pas "mélanger le sport et la politique", qu'il ne faut pas "demander au CIO de régler tous les problèmes de la planète" (d'ailleurs, nous, on ne lui demande rien, au CIO), que le CIO est une "organisation sportive" (formée tout de même de comités nationaux contrôlés, de près ou de loin, par des Etats) et qui a déclaré au "Financial Times" qu'il fallait se montrer "patients" avec la Chine, étant donné son histoire. Et aux journaliste du "Temps" qui lui rappellent que la Charte olympique, dans son art. 5, "fait référence aux droits de l'Homme", Rogge répond : "Nous défendons le principe général des droits de l'Homme, sans entrer dans le domaine spécifique du monde de la politique". C'est commode, ça fait des droits de l'Homme une sorte d'ectoplasme métaphysique sans contenu réel, et ça évite d'avoir à se battre pour les faire respecter.

Le 27 juillet, le Secrétaire Général et l'Assemblée générale de l'ONU ont lancé un "appel solennel" à tous les Etats membres pour une "trêve olympique" dès l'ouverture des jeux, le 8 août, afin de "permettre de réfléchir au prix élevé de la guerre, d'ouvrir un dialogue et d'apporter une assistance aux populations qui souffrent d'un conflit".
Résultat : pendant les Jeux, la Géorgie attaque l'Ossétie du Sud, la Russie envahit la Géorgie, la guerre se poursuit en Afghanistan et en Irak...

La Coupe du Monde 2014 aura lieu au Brésil -qui était le seul pays en lice, le 30 octobre 2007, lors de la décision par la FIFA. "Une Coupe du monde au Brésil, c'est comme aller en pélerinage à La Macque, à Saint-Jacques de Compostelle ou à Jerusalem", a déclaré, inspiré par le Très-Haut, le président de l'UEFA, Saint Michel Platini. ça va pas être facile de jouer au foot prosterné ou à genoux. Quant à l'écrivain Paulo Coelho, il a tenté de plaisanter : "l'émotion du foot dure plus longtemps que le sexe. Mais ce n'est pas meilleur". L'humour de Coelho est du même niveau que ses bouquins.
Quant au Brésil, il a promis un "Mondial" social et écologique. On jouera donc, dans un Mondial sans sponsors et sans hymnes nationaux les matches dans des terrains vagues avec des ballons en fibres végétales, dans des matches mettant aux prises des équipes d'amateurs. Non ? Ah bon...

"Le Courrier" casse l'ambiance de la "grande fête du foot" en rappelant (le 13 juin) ce à quoi ont servi, et ce qu'on pu provoquer, les matches de quelques équipes nationales en compétition internationale :
- match entre l'Italie fasciste et l'Espagne républicaine au Mondial de 1934 : plusieurs joueurs espagnols blessés, le match est annulé;
- match entre l'Italie fasciste et la Hongrie fasciste en 1938 au Mondial : les Italiens reçoivent la coupe en uniforme militaire;
- match entre une équipe ukrainienne et une équipe allemande en 1942 à Kiev. Les Ukrainiens gagnent. Toute l'équipe ukrainienne est arrêtée par la Gestapo, tous les joueurs sont torturés et déportés, beaucoup meurent dans les camps.
- match entre le Perou et l'Argentine en 1964 à Lima. L'arbitre annule un but péruvien, les spectateurs protestent, deux d'entre eux déboulent sur le terrain, la police tire des coups de feu en l'air et provoque une panique qui fait 320 morts et 800 blessés.
- matches éliminatoire du Mondial entre le Honduras et le Salvador en 1969 : le Salvador perd le match aller au Honduras, gagne le match retour à domicile après que l'hôtel des joueurs honduriens ait été incendié. Des échauffourées font deux morts. Le Salvador gagne ensuite le match de barrage au Mexique. Une guerre éclate entre le Salvador et le Honduras, elle dure une semaine, fait 2000 morts et des milliers de blessés.

Selon le sexologue Ronald Virag, les hommes préfèrent désormais le foot et la télé au sexe, et le mois de l'Eurofoot s'annoncerait particulièrement déprimant pour les couples (mais assez excitant, en revanche, pour les hommes célibataires en chasse d'épouses de supporters).

11 décembre 2009

APRES L'EURORACKET, LES J.O.RACKET ?

Deux visionnaires, le directeur de l'Hôtel de Rhône, Marco Torriani, et le président de Genève Tourisme, Jean-Pierre Jobin, ont donc eu une idée de génie, reprise (c'est dire si c'est une idée de génie) par Mark Muller et la "Tribune de Genève" : faire organiser les Jeux Olympiques d'hiver 2018 à Genève. C'est vrai que ça manquait à notre station de sports d'hiver. Torriani et Jobin ont donc monté un comité exploratoire, pompé 200'000 francs au Sport Toto, et sont allés quémander des soutiens moraux divers et variés. Ils ont obtenu notamment celui, comme on s'y attendait, de Mark Muller, toujours partant pour soutenir ce genre de foutaises (invariablement qualifiées de projets "ambitieux et enthousiasmant", youpie !). Dans la "Tribune" du 27 juin, le rédac'chef nous pond carrément un édito orgasmique : Non seulement "l'Euro2008 est un succès total que même le fiasco du Bout-du-Monde ne peut entamer" (faudra qu'on nous explique comment un succès contenant un fiasco peut être total...)" et l'image de la baudruche à Jobin sur le jet d'eau a été une image "parfaite", mais "dans la griserie de l'instant" (raaaah lovely) "un seul projet semble désormais capable de satisfaire l'appétit des nouveaux rois de l'événement" et de leurs porte-plumes : les JO 2018, qui ramèneraient "l'Euro aux dimensions d'une belle fête foraine", et permettraient en plus aux fétichistes de la bagnole et aux drogués du béton de nous coller la traversée routière de la rade, la troisième voie autoroutière et un nouvel aéroport. Reste plus que quelques détails à peaufiner : s'assurer "l'appui des autres cantons, de la Confédération et de la France voisine" (Ruetschi a oublié l'Union européenne et l'ONU, mais ça doit être dans l'exaltation du moment), et surtout du peuple (qui devra se prononcer), de "Swiss Olympic" (l'organe faîtier de l'olympisme en Helvétie), qui avait déclaré renoncer à une candidature suisse pour 2018, et des instances olympiques (qui, comme l'UEFA pour l'Euro, ne donneront pas leur appui mais le vendront, très cher) et du "reste du monde", qui évidemment n'a que ça comme préoccupation essentielle. Les promoteurs des JO de Genève veulent encore trouver une personnalié qui soit la "figure de proue" du projet (Mark Muller pense à Stéphane Lambiel, Pirmin Zurbriggen ou Didier Cuche, c'est dire la hauteur des figures de proue...). Et Marc Roger, alors, on l'oublie ?
Quant à nous, on va devoir tirer les leçons de l'Euroracket pour éviter les JOracket, et nous y prendre assez tôt pour faire capoter un projet encore plus imbécile que celui dont on vient de sortir. Parce que "si la candidature (genevoise) se concrétise, les Genevois devront voter en 2009". Mais aussi, si nous les y convions, à chaque demande de crédit, à chaque projet de loi, à chaque déclassement de zone, en 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016 et 2017...
De toute façon, une candidature genevoise aux JO de 2018 aurait apparemment peu de chances : les Jeux Olympiques étant organisés non par des pays mais par des villes (ce que Manuel Tornare n'a pas manqué de rappeler à Mark Muller), et les règles de Swiss Olympic (qui n'a d'ailleurs même pas été informée de la pseudo-candidature genevoise, et avait même annoncé qu'il n'y aurait pas de candidature suisse pour les jeux de 2018) imposant une ratification des candidatures par vote populaire (communal ou cantonal, voire les deux), les Genevois (de la Ville en tous cas, et du canton en plus, vraisemblablement) devront obligatoirement être consultés, et pas seulement sur le principe : aussi sur un crédit d'investissement, une subvention, une garantie de déficit -bref, le montant officiel du racket. Racket dont Mark Muller assure qu'il n'a "aucune idée".
Et c'est là qu'on va rigoler. Parce que le budget d'une plaisanterie du genre JO d'hiver va avoisiner les deux milliards (c'était le budget des JO de Turin en 2006), soit deux ans de budget total de la Ville. Dans une Ville (et un canton) incapables de payer les 150 millions de son stade vide, c'est peut-être un peu excessif. Autant dire que le gag de Jobin et Torriani risque de faire long feu. D'autant que pour "Swiss Olympic", une candidature suisse pour 2018 n'aurait "pas de sens et quasiment aucune chance", les jeux précédents (2014) se déroulant déjà en Europe (à Sotchi, en Russie, aux portes de l'Abkhazie et de la Géorgie, va y'avoir du sport) et la règle étant celle d'un tournus entre continents (il y a déjà deux candidatures asiatiques et une candidature américaine).. En plus, Swiss Olympic doute de la ferveur populaire invoquée par Mark Muller. Et Manuel Tornare de la pertinence de la comparaison avec l'Eurofoot : organiser des Jeux Olympiques, même d'hiver, c'est autrement plus complexe que d'accueillir trois matches de foot.

Cela dit, faut les comprendre, les taborniaux qui veulent organiser des JO d'hiver à Piogre : comme l'UEFA, le CIO est une gigantesque pompe à fric (depuis le début de l'ère Samaranch, en 1984). Durant l'olympiade 2004-2008, le mouvement olympique aura perçu cinq milliards de revenus. Plus de la moitié (53 %) des revenus du mouvement olympique proviennent des droits de retransmission télé, les sponsors suivent avec 34 %, la billetterie traîne avec 11 %, les produits dérivés dérivent avec 2 %. Le CIO perçoit 8 % de cette manne et reverse le reste aux comités d'organisation des Jeux, ainsi (mais dans une moindre mesure) aux fédérations des sports olympiques et aux comités olympiques nationaux, et quelques miettes au comité international paralympique et à l'Agence mondiale antidopage. Dans un programme de financement "TOP" (T he Olympic Partner") étaient réunies pour les JO de Pékin douze multinationales (Coca-Cola, Visa, Panasonic, Kodak, McDonald's, Samsung, Lenovo) qui ont payé 866 millions de dollars le droit d'utiliser l'emblème olympique. Dans le Comité d'organisation des JO de Pekin (BOCOG), on trouvait 35 entreprises (la plupart chinoises, mais aussi des multinationales comme Adidas ou Volkswagen) qui payaient chacune 28,5 millions (soit un milliard au total), plus des prestations en nature (VW fournit 5000 véhicules, Adidas habille les volontaires), dans l'attente d'un bon retour sur investissement (Adidas attend un retour immédiat de 100 millions, soit trois fois sa mise, et le doublement de ses points de vente en Chine). Pour la première fois, les montants perçus par le sponsoring national (700 millions) ont dépassé ceux du sponsoring international (500 millions). L'addition des deux n'atteindra toutefois pas le total des droits de télévision : 1,7 milliard de dollars). Quant à la billetterie, elle atteint tout juste (selon les prévisions) la centaine de millions. Une paille. Une grosse paille, mais une paille.
Le temps passe : en 1948, lors des premiers jeux télévisés, la BBC avait payé ses droits 800 balles. Et le CIO les lui avaient rendu, parce qu'il avait fait du bénéfice. Il fera évidemment un bénéfice incomparable en 2008, mais ne rendra rien des centaines de millions (1,737 milliard de dollars) qu'il aura encaissé en droits TV. La seule chaîne américaine NBC a payà 894 millions de dollars, ce qui lui donnait le pouvoir d'imposer les horaires des compétitions pour qu'elles passent à de bonnes heures pour ses téléspectateurs, et surtout ses annonceurs. L'Europe suivait à bonne distance, avec 400 millions de droits (pour tous les pays d'Europe réunis, de l'Alantique à l'Oural).

25 novembre 2009

STADES EN VRAC

Il y a beau temps que les stades ne sont plus des enceintes sportives, mais seulement les accessoires (encombrants et coûteux, certes) de centres commerciaux. Plus aucun stade n'est rentable. Et même pour des manifestations comme l'Eurofoot, les gestionnaires de ces pompes à fric, aspirantes mais pas refoulantes, annoncent qu'ils seront heureux de ne pas perdre trop d'argent. Le football n'est pas une activité rentable en elle-même -ce qui est rentable, c'est tout ce qu'on organise autour. Il faut 14'000 spectateurs par match de l'équipe normale pour rentabiliser le stade de Suisse, à peu près autant pour rentabiliser le stade de Genève . Le stade de Suisse, à Berne, qui a coûté 350 millions, contient des boutiques, une écoles, des salles de conférence, une centrale solaire. Et ac cessoirement un terrain de foot. Le stade de Bâle a coûté 220 millions de francs, le stade de Zurich 130 millions, le stade de Genève 240 millions.Les stades suisses accueillant des matches de l'Euro pèsent, ensemble, 930 millions d'investissements pour leur construction. Loués à l'UEFA pour l'Euro, ils ont dû y être adaptés aux frais des collectivités publiques. La facture s'est montée à dix millions à Zurich, à quinze à Genève.

Pour Jelmoli, la construction du stade de la Praille avait été le moyen de faire avaler celle de son centre commercial. Mais le groupe zurichois voulait bien maintenant vendre ce stade, avec tout le parc immobilier du groupe (une centaine d'immeubles en Suisse), pour 3 milliards et demi. Jelmoli pensait même avoir trouvé des acquéreurs : un groupe israélien. Et le 31 juillet, Jelmoli Holding annonçait la vente. Pour, deux mois plus tard, annoncer que la transaction était compromise, les acquéreurs contestant la somme convenue (Jelmoli aurait ainsi demandé 300 millions pour le seul centre de la Praille, qui ne lui en acoûté que 140)...

Le bon vieux club genevois de foot Urania Genève Sport (UGS) est résidant du plus beau stade de la République, celui de Frontenex (qui aurait d'ailleurs bien besoin de recevoir quelques miettes de ce qu'on a accordé à l'étron de la Praille). UGS est aussi locataire, par son cercle, de la Ville de Genève, pour son bistrot sis dans l'ancienne Mairie des Eaux-Vives. Or la Ville de Genève veut récupérer ces locaux pour agrandir l'Office de l'état-civil, effectivement très à l'étroit au rez-de-chaussée de la vieille Mairie. Et la Ville envisage donc de résilier le bail du cercle UGS, dont le président, le brave Alain Morisod, a écrit aux chefs des groupes politiques du Conseil municipal pour leur demander leur soutien, et leur annoncer qu'il envisage au minimum une pétition, voire une initiative pour que le bistrot d'UGS ne subisse pas le sort qui menaçait (l'imparfait est optimiste) l'Alhambar et qui a déjà frappé le Cristallina, le Radar et le Relais de l'Entrecôte -ce qui avait d'ailleurs suscité des protestations de la Ville.
Cela dit, si la Ville cherche des locaux pour son Office de l'Etat Civil, elle peut les trouver à la Praille : y'a là un grand machin généralement inutilisé, ou vide à 90 %, et dont la fonction essentielle reste celle de pompe à fric.
Mais de pompe aspirante, seulement.

A Lausanne, un comité de citoyens a lancé et fait aboutir une initiative populaire communale attaquant le plan "Métamorphose" de la municipalité, pour lequel un crédit d'étude de 6,3 millions a été voté par le Conseil communal. et qui implique (du moins dans une de ses trois variantes) la démolition du vieux stade de la Pontaise et l'aménagement sur le site d'un "écoquartier", le réaménagement du stade d'athlétisme de Vidy, le bétonnage d'une partie de la zone de détente de Vidy et la construction d'un nouveau stade (de 12 à 15'000 places), d'un piscine olympique et d'un boulodrome à la Bourdonnette et d'une salle polyvalente sports-cinéma à la Blécherette. Pour les initiants, les stades d'athlétisme et de football de la Pontaise sont un "élément clé de l'identité du nord de la ville" et doivent y rester (pas forcément à la Pontaise, quoiqu'il serait stupide de démolir le stade, comme à Genève, alors qu'il peut être rénové) mais en tous cas dans le nord de la Ville. Les initiants plaident en outre pour la mixité des affectations : "chaque quartier doit avoir des logements, du travail, des équipements publics...". La droite lausannoise, inquiète, demande que la Municipalité organise elle-même, et spontanément (ou presque) un référendum sur le projet "Métamorphose", histoire d'éviter une victoire des initiants, et surtout de faire voter le bon peuple le plus vite (et le mieux) possible. Les Verts lausannois se sont prononcés contre l'initiative, en l'accusant d'être "contraignante" (ce qui est généralement le cas des initiatives formulées), de ne pas respecter le "fonctionnement de nos institutions" (le droit d'initiattive faisant pourtant partie du "fonctionnement de nos institutions") et de "court-circuiter" la démarche "participative" lancvée par les autorités (quoi de plus "participatif", pourtant, qu'une initiative populaire ?)...

A Bienne, le 9 décembre, 70 % des citoyennes et yens ayant consenti à voter (taux d'abstention : 73 %) ont accepté le projet d'un nouveau stade de foot et celui d'une nouelle patinoire. Le financement de ce complexe sportif est supposé être totalement assuré par un partenariat avec le secteur privé.

En Valais, et en janvier, le séminaire intégriste catholique d'Ecône a déposé un recours auprès du gouvernement contre le changement d'affectation des zones, indispensable à la réalisation du projet de stade et de centre commercial (plus éventuellement un téléphérique et une patinoire) présenté par le patron du FC Sion, le promoteur Christian Constantin, qui contrôle déjà 140'000 m2 de terrain (il en est propriétaire ou dispose d'un droit de préemption) Les écônards invoquent les "nuisances", notamment sonores, qu'ils subiraient si le stade se construisait. Y'a pourtant qu'à faire chanter les supporters en grégorien.

A Zurich, le vieux stade du Hardturm a été occupé pendant trois jours, une semaine après la fin de l'Euroboxon, par des militants de la gauche alternative, qui y ont organisé une "Fan zone alternative" pour protester contre "la domination de l'UEFA sur l'espace public" et la "commercialisation du football". Des milliers de personnes ont participé à la fête organisé dans le stade, inutilisé depuis un an.
Voilà une idée qu'elle est bonne. Et importable à Genève, où on a aussi un stade généralement inutilisé...

Les supporters des équipes suisses de foot dénoncent les tarifs prohibitifs pratiqués dans les stades du pays, surtout pour les supporters des équipes reçues (c'est moins cher pour ceux des équipes domiciliées). La différence entre le prix du billet pour le supporter de l'équipe locale et celui de l'équipe visiteuse va de 30 % à Zurich à 50 % à Berne. Dans le stade tout neuf du Letzigrund, la place la moins chère est à 35 francs : c'est 50 % de plus qu'à Milan ou Munich. A Neuchâtel et à Berne, les visiteurs payent 10 francs de plus que les hôtes; à Bâle, 11 francs de plus...

La France veut se lancer dans un vaste programme de construction de nouveaux stades, dans la perspective de l'Euro 2016 -qu'elle souhaite se voir attribuer. Les pouvoirs publics français ont mis en place une commission "Grands stades 2016", présidée par l'ancien ministre Philippe Séguin. La France veut présenter sa candidature à l'Euro 2016, et doit le faire en 2010, la désignation du pays organisateur se faisant en 2011. Il se pourrait que l'Eurofoot fasse s'affronter 24 équipes (au lieu de 16 actuellement). Mais pour l'Euro 2012 déjà, l'UEFA impose (car c'est l'UEFA qui impose, pas les collectiités publiques qui décident...) au pays organisateur huit sades d'au moins 30'000 places, dont deux d'au moins 50'000 places. Or la France ne possède que cinq stades de plus de 40'000 places. Mais treize stades vont être rénovés ou construits dans les prochaines années, à Grenoble, Lille, Valenciennes, Lens, Le Mans, Le Havre, Nice, Lyon et Strasbourg.
A Lyon, le futur "grand staded" d'une capacité de 62'000 places pourraît être livré fin 2001.
A Strasbourg, un Eurostadium (forcément) est projeté.
A Lille, c'est un stade de 50'000 places, financé par les collectivités publiques de la communauté urbaine (à hauteur d'au moins 490 millions d'euros), qui est projeté. La Communauté urbaine fournirait en plus, gratuitement, le terrain. Deux autres projets de stades planent sur le nord de la France, à Valenciennes et à Lens, ce qui ferait des chtis les heureux habitants de la région à plus forte concentration de stades payés par des fonds publics, avec trois stades d'au moins 30'000 places à 30 kilomètres les uns des autres.

15 novembre 2009

LES AVENTURES DU SERVETTE

Deux investisseurs iraniens, Canadiens et Français d'adoption, Majid Pishyar et son fils Amin, à la tête d'un groupe industriel de Dubaï (32Group) et de plusieurs sociétés, dont la "Swiss Financial Consulting Services" à Genève, et qui étaient entrés dans le comité du Servette au début novembre, projettaient carrément de le racheter (pour huit millions), de le transformer en société anonyme, de créer une structure, du marketing, des finances solides, un management professionnel, un centre de formation... et de le faire remonter en "Super League". Majid Pishyar est "l'homme du futur pour Servette", assurait l'actuel président du club, le brave Francisco Vinas, avant de couper les jambes dudit "homme du futur". Ceux qui cherchent des poux dans la coiffure de Micheline Calmy-Rey parce qu'elle s'est rendue en Iran n'auraient certainement pas manqué de protester contre l'hypothèse d'un achat du Servette par des Iraniens, mais, patatras ! "La Tribune" du 7 juin annonçait que "l'homme du futur" n'était vraisemblablement plus que celui du futur antérieur : le président Vinas a fait annoncer sur le site internet du club que "Messieurs Pishyar voulant s'en tenir à des assurances de nature générale", sans signer les quinze pages de convention proposée par Vinas, "il n'a pas été possible d'obtenir des engagements jugés suffisants". L'Occident chrétien est sauvé. Surtout que les Pishyar se sont déjà illustrés dans la reprise d'un club de foot autrichien, Admira Wacker Modling, de Vienne, huit fois champion d'Autriche, mais mis en liquidation judiciaire après avoir été présidé par Majid Pishyar. Le club a d'ailleurs ensuite purement et simplement disparu. Toute la famille Pishyar siègeait au comité du club (le père, ses fils et son neveu), ce qui n'a pas empêché le club d'être deux fois relégué, la deuxième fois "sur le tapis vert" en raison d'une garantie bancaire non versée par le clan Pishyar. Finalement, le 7 juillet, et par sept voix contre cinq (mais en l'absence des deux Pishyar), le comité de l'association du Servette refusait le plan Pishyar, et donc la passation de pouvir entre Vinas et Pishyar. Du coup, l'entraîneur pressenti du FC Servette, Gérard Castella, qui s'était engagé au côtés des Pishyar, a jeté l'éponge, et Jacques Barlie veut la tête de Vinas.

Le 23 mai, les objets saisis dans le cadre de la faillite du Servette FC ont été bradés par l'Office des faillites, dans une vente aux enchères qui a pu éventuellement (et encore, on n'est pas sûrs) rapporter de quoi payer les frais de la vente aux enchères. Du fond de son trou, Marc Roger s'étonne : les coupes gagnées par Servette, les drapeaux de ses adversaires, les maillots de Pelé, Zidane, Henry ou Ronaldinho offerts au club n'ont pas été mis en vente, et ont disparu.
S'il n'y avait que ça qui ait disparu... En fait, y'a que Roger qu'on ait réussi à garder.

31 octobre 2009

LES AVENTURES DE RORO

Ramené manu policiari de Madrid à Genève le 11 octobre dans un avion médicalisé (le transfert a dû coûter dans les 100'000 balles, d'autant que la France avait refusé le transit de Roro par son territoire), inculpé de gestion fautive, banqueroute frauduleuse, escroquerie, abus de confiance, l'ancien patron du FC Servette, Marc Roger s'est vu refuser ensuite à moult reprises sa mise en liberté provisoire, le 19 octobre, le 14 décembre, le 5 février, le 12 février, le 4 avril, le 20 mai, le 4 juin, le 28 juillet. A chaque fois le même argument pour le même refus : le risque de fuite, chat échaudé craignant l'eau froide, et de collusion (faut dire que du naufrage du Servette, Roro est le seul responsable éventuel à être en tôle). Le dossier ayant été transmis au Ministère public, la Chambre d'accusation a estimé que le risque de fuite était aggravé, et le Tribunal fédéral a confirmé. Pourtant, Roro a tout osé : il a non seulement promis, juré, qu'il ne s'enfuirait pas, mais même assuré qu'il voulait rester à Genève... pour reprendre le Servette, grâce au règlement de créances impayées pour 30 millions de francs.
Le procès de Roro devrait s'ouvrir le 1er septembre, devant la Cour correctionnelle avec jury. Pluie annoncée de témoins (pas moins de 95) plus ou moins crédibles et plus ou moins utiles à la manifestation de la vérité : Pelé, Bernard Tapie, Alain Morisod, Guy Roux (increvable entraîneur de l'AJ Auxerre), Thierry Henry, Patrick Vieira, Claude Makelele (joueurs français), Roman Abramovic (milliardaire russe, président du FC Chelsea), Sepp Blatter (président de la fédération du foot-pognon)... D'ici là, et pendant tout le procès, le bouc émissaire doit rester dans son enclos, estiment les parties civiles. Les avocats de Roger étaient évidemment d'un autre avis, estimant qu'une détention préventive de deux ans est disproportionnée par rapport à la peine encourue, et proposaient sa mise en liberté conditionnelle contre une caution de 40'000 francs, que le parquet estimait insuffisante -sans pour autant s'opposer à la remise du bouc émissaire en stabulation libre, mais moyennant une caution plus élevée. Roro affirme être totalement fauché, mais la justice genevoise a enquêté sur un compte qu'il avait ouvert en 2001 au Luxembourg, et dont la rumeur suggérait qu'il était encore crédité d'un petit million, alors que lui affirmait qu'il était à sec depuis 2003. C'est presque le cas : le compte a été en grande partie vidé avant l'arrivée de Roro au Servette en 2004. Il avait été alimenté en 2001 et 2002 par des commissions versées pour le transfert du joueur Clude Makelele en Espagne.
Dans la même procédure que Roro sont impliqués son ancienne avocate, Marguerite Fauconnet, le patron d'une fiduciaire zurichoise et l'ancien administrateur du Servette FC, Olivier Maus, qui s'est opposé à ce que sa déclaration fiscale soit versée au dossier, a demandé des compléments d'expertise financière (qui lui ont été refusée) et accuse de la faillite du SFC son ancienne équipe dirigeante, dont son ancien président, l'actuel Conseiller national libéral Christian Lüscher, ainsi que les deux anciens administrateurs Olivier Carrard et Alain Rolland (de Jelmoli) que Maus accuse d'avoir tout fait pour repousser une faillite inéluctable, et d'avoir enjolivé la situation du SFC pour pouvoir le fourguer, moribond, à Roger. Même les accusateurs de Marc Roger sont d'accord que "le club a été artificiellement sauvé" en 2004, et que "tout le monde a été dupé", comme le reconnaît le procureur Zanni, pour qui il est "risible de dire qu'on ne savait pas" que le club avait besoin de 15 millions "pour sortir la tête de l'eau"... "J'ai acheté le club en croyant qu'il avait un passif de 4,5 millions de francs. En réalité, il était de 14,5 millions. Les dirigeants du Servette FC qui m'ont vendu le club ont dilapidé l'héritage légué par Canal Plus", a déclaré (en octobre dernier) Marc Roger, qui a promis qu'il allait "prochainement" publier sur internet les preuves comptables qu'il s'est fait avoir par les dirigeants du Servette à l'époque où il l'a acheté. On attend. Avec impatience.
En attendant, Roro est seul à payer les pots cassés. Et ça fait 20 mois qu'il est au gnouf.Au passage, son avocat, Alain Marti, a été inculpé de faux dans les titres, pour avoir produit un document selon lequel un notaire genevois disposerait de l'argent pour "sauver Servette" de la faillite. Et même largement : selon ce "document", près de six milliards de francs seraient en mains du notaire, ce pactole provenant d'une invention géniale d'un Libanais, Joseph Ferraye, qui aurait découvert le moyen d'éteindre les puits de pétrole incendiés en Irak. L'avocat de Roger se trouvait donc à l'automne 2007 inculpé pour avoir produit le document supposé prouver que le notaire détenait cette fortune. L'avocat admet avoir produit le document, mais plaide la bonne foi. Celle du charbonnier, sans doute.

Pour compléter le palmarès de Roro, on l'accuse non seulement d'avoir à lui tout seul coulé le Servette, mais aussi d'avoir payé des hommes de main pour menacer un débiteur récalcitrant, et tenter de lui extorquer 150'000 balles. Dans cette affaire, Marc Roger n'est cependant entendu qu'à titre de témoin, puisque ce sont les hommes de main qui sont passés devant le tribunal en novembre.

Roro n'est d'ailleurs pas seulement accusé devant la justice genevoise, il est aussi de temps à autre accusateur. Le 16 janvier, il est sorti de sa geôle pour accuser devant le Tribunal de police un ancien journaliste du "Temps", contre qui il a porté plainte pour diffamation et qu'il accuse d'avoir par un article paru en décembre 2004 fait capoter le sauvetage du Servette par de mystérieux investisseurs russes, qui étaient (selon Roro) prêts à y balancer trois millions de francs, mais y auraient renoncé après avoir lu dans l'article que Roro était recherché par la police espagnole pour avoir falsifié une lettre de change et avoir été compromis dans la faillite du club de foot FC Lorca.

Pour couronner le tout, le père de Roro s'est lui aussi retrouvé au gnouf, à la mi-novembre, et pour un peu moins de deux ans, pour abus de biens sociaux, faux et usage de faux: il avait utilisé les fonds de deux sociétés, à raison de 2,7 millions d'euros, pour nourrir le club de foot dont il était président, l'Olympique d'Alès (l'argent a servi à payer des loyers, des déménagements et des cadeaux aux joueurs et à leurs proches).

Enfin, Roro a écrit (ou plutôt fait écrire par le journaliste Michel Biet) ses mémoires. Il avait commencé à le faire juste avant son arrestation, en février, mais n'a pas trouvé d'éditeur, parce qu'il demandait une avance excessive sur ses droits d'auteurs. L'agence de presse DATAS a obtenu une copie des Mémoires de Roro, et "Le Courrier" nous en a fait un chti résumé (dans son édition du 25 juin). Roro décrit les réseaux de copinage, les magouilles et les habitudes du "footbusiness", mais n'apporte pas de révélations particulières : il nous décrit un milieu pourri, qu'on savait déjà pourri avant qu'il nous le décrive. Il se présente lui-même comme la victime d'un système mafieux, qu'on sait pertinemment être mafieux. Il regrette d'avoir mis quinze ans pour comprendre qu'il se trouvait dans un "milieu sans foi ni loi", ou "tout est permis pour la vente ou l'achat d'un joueur", et où règnent "les arrangements, les dessous de table, les retro-commissions, les menaces, les parties de poker menteur, les arnaques", avec comme acteurs des joueurs "âpres au gain", des dirigeants, des agents, des "intermédiaires véreux" et des entraîneurs, "prêts à tout, pour toujours plus d'argent", le tout sur fond de retro-commissions, de fraude fiscale, d'évasion fiscale, de transactions en liquide ou par chèques sur des comptes dans des paradis fiscaux... le sport professionnel, quoi, dans toute sa beauté.

Fin mai, la mise aux enchères des reliefs du Servette de Marc Roger (les affaires saisies lors de la faillite de la SA) ont pris des allures de bradage. la machine à imprimer les maillots, qui vaut 10'000 balles, est partie pour 500 balles, la veste de Roro et une vingtaine de survêtements sont partis pour 90 balles, les maillots estampillés du nom des joueurs ont plafonné à quelques dizaines de thunes.

10 octobre 2009

LE DESERT DE LA PRAILLE
Le président de la Fondation du stade, Benoît Génecand, a eu un gros coup de fatigue, et a démissionné. Pas de la fondation du stade, mais de la direction du projet "Praille-Acacias-Vernets" (PAV), où il avait été nommé par le Conseiller d'Etat Mark Muller. Explication de Genecand, sur le fait qu'il reste à la tête de la fondation du stade mais quitte celle du projet PAV : la présidence du Stade "n'a rien de comparable en termes de charges". Sauf de charges sur les caisses publiques, mais ça, c'est pas un problème pour Muller.

Le président du Servette FC, Francisco Vinas, estime que pour couvrir les seuls frais de l'utilisation (location du stade, sécurité, éclairage) du terrain vague de la Praille par le club, il faudrait que les matches attirent 1500 spectateurs payants. Ils n'en attirent souvent pas la moitié, et n'atteignent que très rarement cette fréquentation minimale nécessaire pour que le club ne perde pas de l'argent en utilisant le stade. Quant au stade lui-même, il lui faudrait en gros 14'000 spectateurs par match de l'équipe locale pour être rentable. Or il n'atteint pas le dixième de cette jauge :
Le 28 octobre 2007, Servette reçoit Lugano à la Praille : 2010 spectateurs. Le stade est vide à 93 %
Le 11 novembre, Servette reçoit La Chaux de Fonds à la Praille : 1210 spectateurs. Le stade est vide à 96 %
Le 2 décembre, Servette reçoit Gossau à la Praille : 759 spectateurs. Le stade est vide à 97 %
Le 24 février 2008, Servette reçoit Concordia à la Praille : 1782 spectateurs. Le stade est vide à 94 %
Le 19 mars, Servette reçoit Vaduz à la Praille : 839 spectateurs. Le stade est vide à 97 %.
Le 5 avril, Servette reçoit Schaffhouse à la Praille : 1117 spectateurs. Le stade est vide à 96 %
Le 16 avril, Servette reçoit Locarno à la Praille : 1063 spectateurs. Le stade est vide à 96 %
Le 21 avril, un match de gala avec de nombreuses vedettes du foot (Karembeu, Lizarazu, Zidane, Cantona...) attire 19088 spectateurs à la Praille. Même alors, le stade est au tiers vide.
Le 28 avril, Servette reçoit Lausanne à la Praille : 2011 spectateurs. Le stade est vide à 93 %.
Le 7 juin, le Portugal et la Turquie se rencontre dans le cadre de l'Eurofoot : 29'106 spectateurs. Le stade est enfin presque plein (à 97 %). Il le restera pour les deux autres matches de l'Euro joués à Genève.
Le 26 juillet, Servette reçoit Lugano à la Praille : 1531 spec tateurs. Le stade est vide à 95 %.

02 octobre 2009

Acharnement thérapeutique

Une subvention pour la Fondation du Stade de la Praille ?

Cet automne, vraisemblablement entre l'élection du Grand Conseil et celle du Conseil d'Etat, le Grand Conseil (l'actuel, sans doute) se prononcera sur une nouvelle proposition de ponction des caisses publiques pour alimenter celles de la fondation privée du stade de Genève. Deux propositions sont en concurrence : celle de la majorité de droite (sans l'UDC, qui s'oppose à tout financement public de la fondation), qui accorde 700'000 francs à la fondation pour lui éviter la faillite, et celle des socialistes et des verts, qui limitent l'aumône à 500'000 francs (pour tenter d'éviter un référendum). Par rapport aux neuf millions sur quatre ans que l'inénarrable Mark Muller demandait initialement, on est certes devenu, enfin, un peu raisonnable dans ce dossier foireux, mais on s'obstine toujours à pratiquer à l'égard d'une fondation privée au bord de la faillite un acharnement thérapeutique absurde, auquel on ne saurait répondre, charitablement, qu'en faisant appel à Exit ou Dignitas. La fondation est au bord de la faillite ? Faisons-lui faire un grand pas en avant...

Les millions de la casserole
Après le racket, le chapardage ; après le pompage de dizaine de millions, le goutte-à-goutte de centaine de milliers de francs… on est apparemment devenus modestes, ou prudents, mais la méthode reste la même : utiliser les caisses publiques pour remplir celles de la fondation du stade. D'autant qu'à la subvention proposée s'ajoutent quelques autres cadeaux publics : le report du remboursement des dettes de la fondation à l'égard de la Ville de Lancy, et le règlement par l'Etat à la place de la fondation de la rente de superficie de 325'000 francs due aux CFF. Ce qui fait qu'au bout du compte, si la proposition de la majorité de la commission des finances du Grand Conseil était acceptée, le cadeau à la fondation dépasserait le million. C'est-à-dire la limite au-delà de laquelle le Comité de citoyennes et citoyens contre tout financement public du stade lancera un référendum. Et ce ne sont pas les " conditions " qu'on fait mine de poser à la fondation pour lui accorder une subvention qui nous dissuaderont de le lancer : la fondation est hors d'état de respecter ces conditions (un nouveau contrat de prestations, un business plan, un " certain dynamisme commercial " et la découverte miraculeuse d'autres " solutions d'assainissement à long terme ", tous engagements qui ne valent pas mieux que ceux pris par la fondation depuis bientôt une décennie, et qu'elle n'a jamais été capable de tenir). Un référendum permettrait certainement (si la subvention est de 700'00 francs) ou peut-être (si elle est de 500'000 francs) aux citoyennes et aux citoyens du canton, et pour la première fois (ceux de la Ville se sont déjà prononcés, et clairement), de dire ce qu'ils pensent de ce morne feuilleton. Et probablement d'en dire qu'il convient d'y mettre fin, et que la seule " solution d'assainissement à long terme " de la Fondation du du stade de la Praille est son abandon pure et simple, total et définitif par les collectivités publiques. On ne va tout de même pas traîner cette casserole pendant encore quarante ans...

18 septembre 2009

Fonds de tiroirs

La " Tribune de Genève " nous l'annonçait le 24 juillet : les premiers coups de pioche du Parc Hentsch, qui s'étendra là où s'étendait le stade des Charmilles, sont prévus en 2010... si tout va bien... et si tout va bien, on peut aussi attendre pour 2010 les premiers coups de pioche pour nous débarrasser du stade de la Praille ?

" Il faut détruire le stade de Genève ", clame, héroïque, le promoteur de spectacles Michael Drieberg, dans " Le Matin " du 2 octobre...
... eh, oh, copieur, on était prim's !
Et Drieberg de proposer un vote populaire pour la reconstruction d'un stade plus petit aux Charmilles, avec remplacement du stade de la Praille par des logements et un parc.
Chiche ? On lance une initiative ?

EUROCULTURE

Un livre de poche intitulé "90 minutes" et contenant 90 contributions (en allemand, français et italien) d'écrivains narrant leur relation à la baballe a été distribué, gratuitement et à 20'000 exemplaires, à l'entrée des stades où se jouaient les rencontres accueillies par la Suisse dans le cadre de l'Euro2008. Sachant que ces rencontres ont attiré 350'000 personnes (Soit 17 fois plus que le tirage du bouquin), on se dit que les auteurs de cette intéressante initiative ne sont pas très optimistes quant au goût des supporters de foot pour la lecture. Et que si les textes publiés (1300 signes au maximum) avaient été édités sous forme d'étiquettes collées sur des bouteilles de bière, ils auraient eu plus de succès.
Surtout qu'on aurait pu balancer les bouteilles sur les joueurs et l'arbitre si on n'était pas content du résultat du match, ou de l'arbitrage.

SELECTION NATURELLE
Selon une étude menée durant la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, le nombre d'urgences cardiaques a été multiplié par trois pendant les matches, et les jours où l'Allemagne jouait, les cas d'intervention médicale pour raisons d'origine cardiaque étaient multipliés par au moins 2,5 par rapport à un jour normal, voire trois lors des quart et demi finales, Les cardiologues du CHUV, à Lausanne, avaient déjà constaté une augmentation de 60 % des morts subites lors du Mondial 2002. Stress, colère, abus d'alcool ou de tabac décuplent les risques chez les fans. D'où ce titre de "20 Minutes" (du 11 mars) : "L'Eurofoot tuera les coeurs faibles".
Pour les cerveaux faibles, on n'avait même pas attendu le début des compétitions.

Les centres de transfusion sanguine étaient inquiets : on risquait de manquer de dons de sang pendant l'Eurofoot, comme en Allemagne lors du Mondial 2006. Les besoins devaient augmenter du fait de l'arrivée des spectateurs étrangers, mais les donneurs n'étaient pas plus nombreux (ils risquaient même de l'être moins), et un projet de collaboration avec l'UEFA avait échoué, du fait de l'UEFA, qui avait refusé d'offrir des billets pour les matches aux donneurs. C'est pas que l'UEFA soit contre le don du sang, non, c'est simplement qu'elle est contre le don de billets. En fait, les dons, elle y est favorable, l'UEFA. Mais seulement quand elle en bénéficie.

07 septembre 2009

EURODOPE

Le 12 mars, entraîneurs et dirigeants des fédérations de foot des seize pays participant à l'Eurofoot ont signé une charte contre le dopage, prévoyant des tests sanguins en plus des tests d'urine déja pratiqués. Avant que tout test ait été effectué, les patrons du foot européen avaient clamé qu'il n'y a pas, et qu'il n'y aura pas, de dopage dans "leur" sport... c'est dire si ces tests allaient être efficaces. Platini : "il n'y a pas à mon sens de dopage organisé" dans le foot; Kühn : "il est beaucoup plus difficile de se doper" dans le foot que dans d'autres sports, et "en équipe de Suisse, personne n'est dopé". Sur quoi, 300 contrôles antidopages ont été réalisés pendant l'Eurofoot. Tous négatifs, comme prévu, et comme annoncé. Il faudrait donc croire qu'aucun footballeur professionnel ne consomme des "drogues de performance". En fait, la seule chose qu'on doit croire c'est qu'aucun ne s'est fait prendre la dope dans le sang ou la pisse. Parce qu'on peut parfaitement se doper sans être pris : en consommant des substances interdites non décelables, des substances décelables mais non interdites, ou des substances décelables et en principe interdites sauf quand elles sont prescrites dans le cadre d'un traitement médical. Bref, on peut se doper aux hormones de croissance, aux transfusions autologues, à l'ACTH, à l'EPO biosimilaire, à l'insuline, à l'IGF-1, au Néoton, à l'Actovégin, aux hormomnes thyroïdiennes, à l'HMB... sans que cela apparaisse dans les contrôles ultérieurs. Les contrôles sanguins ne permettent pas la mise en évidence de la consommation de substances non hormonales, le dopage par hormone de croissance peut se faire quasiment en toute impunité (il faut être con pour se faire repérer), puisque trois heures après l'administration du produit, le contrôle sanguin ne le révèle plus. Bref, la seule vertu des contrôles effectués dans le foot, largement inférieurs en efficacité à ceux effectués par exemple sur le Tour de France, est une vertu de blanchiment : ça décerne un label de propreté à tous ceux qui ont été contrôlés, y compris ceux qui se sont dopés mais ne se sont pas fait repérer, ou à ceux qui se dopent habituellement mais se sont arrangés pour se faire contrôler à un moment où ils ne se se sont pas dopés.
Personne ne croit d'ailleurs sérieusement que le football professionnel soit préservé du dopage. Sinon, pourquoi la FIFA aurait-elle attendu d'être menacée de se retrouver devant le tribunal arbitral du sport pour mettre son réglement antidopage en conformité avec le code de l'Agence mondiale antidopage ? "Au sein de la FIFA, il y a des intérêts qui ne veulent aucun changement et d'autres qui sont plus progressistes", résumait en novembre le président sortant de l'agence mondiale antidopage, Richard Pound, qui expliquait que les intérêts économiques en jeu expliquent les libertés prises avec les codes : "les gens engagés dans les équipes ne veulent pas prendre le risque de perdre leurs stars pour une 'broutille' comme le dopage" ("Le Temps" du 14 novembre). Faut être con comme Maradona pour se faire piquer, quoi...

Dans le genre faux derche, le président du CIO, Jacques Rogge, a fait fort, dans un entretien au "Monde", en octobre dernier, déclarant : "je trouve que l'opinion publique est trop tolérante vis-à-vis du dopage en général : on a vu des athlètes pris en flagrant délit être encouragés le lendemain". On voit surtout aux JO des athlètes pratiquement tous dopés, et qui ne se distinguent que par la légalité ou non des substances et des méthodes de dopage.

28 août 2009

Brèves

EUROTOILE
Le directeur d'une société spécialisée dans la protection contre le piratage internet, Ilion, estime que le site de l'UEFA est "une cible idéale pour les hackers", et celui de la division française d'une société de surveillance informatique, Webensee, qu'avec les JO de Pékin, "l'Euro2008 offrait un terrain de jeu parfait pour les cybercriminels". On rappelle notamment qu'en janvier 2007, 20'000 internautes américains avaient été infectés par un "maliciel" (logiciel mouchard envoyant des données depuis l'ordinateur infecté vers l'ordinateur du "cybermalfrat") en commandant sur le site des "Miami Dolphins" des billets pour la finale du championnat de base-ball. Et après la victoire de la Suisse contre la Turquie à Istambul, en foot, des sites suisses avaient été piratés et des photos d'Atatürk y avaient été collées. Si c'était à la place des photos de Blocher, c'est pas grave.
A vos claviers !

EUROBIDE
Les deux mascottes ridicules de l'Eurofoot, "Trix et Flix", ont fait un bide. Vendue avant les compet' au prix de 16 francs, elles étaient bradées à quatre balles trois semaines plus tard. Sur les 500'000 pièces produites, 450'000 restent sur les bras de ceux qui pensaient les vendre. La Coop en avait encore, à elle seule, 90'000 sur les bras à la fin de l'Euro. Interdiscount offrait 75 % de rabais pour se débarraser des siennes et "faire place au matériel des Jeux Olympiques". Produites par la Warner Bros (le géant du cinéma), les deux machins étaient supposés, selon les promoteurs de l'Eurofoot, "porter l'événement". Le porter où, on sait pas. Aux Cheneviers, sans doute.

24 août 2009

EUROPROXOS

Profitant de l'Euro2008, une coalition de 25 organisations (www.traitedesfemmes2008.ch) a mené avant et pendant l'Euro, une campagne contre la traite des femmes. La coalition rappelle que chaque pays dont l'équipe de foot participe à l'Euro2008 (y compris la Suisse) est soit un pays d'origine, soit un pays de destination de ce trafic. Comme l'événement a attiré en Suisse et en Autriche des dizaines de milliers de personnes, en très grande majorité des hommes, dont de nombreux clients potentiels de prostituées pouvant avoir été victimes de la traite (celle-ci n'épargnant pas la Suisse, où selon l'Ofice fédéral de la police entre 1500 et 3000 victimes de la traite sont acheminées chaque année), le moment était particulièrement bien choisi : "Je compte sur une hausse du chiffre d'affaire de 10 à 15 %" pendant l'Eurofoot, se réjouissait le patron de plusieurs lupanars alémaniques, Ingo Heidbrink. Fléau mondial, la traite des êtres humains frappe, selon l'OIT, 2 millions et demi de personnes chaque année, dont 80 % de femmes et de filles, et rapporterait 35 milliards de dollars par an.
Les responsables policiers genevois et suisses estimaient qu'il ne devait pas se produire une aggravation de la traite des femmes pendant l'Euro 2008, mais la Brigade des moeurs qui, à Genève, sera chargée de surveiller le marché local du sexe pendant cette période chaude reconnaît être en sous-effectifs (elle est composée d'une vingtaine de policiers, dont cinq, en temps "normal", affectés au contrôle de la prostitution). En novembre 2006, une motion socialiste s'inquiétait de ce manque de moyens. Le porte-parole de la police admettait qu'on pourrait "rencontrer durant l'Euro quelques cas de prostitution illégale", et la coordinatrice d'Aspasie, l'association qui défend les travailleuses du sexe, évoque de petites structures "issues de la misère".
Un spot contre la prostitution forcée avait été tourné pour pouvoir être diffusé à la télé, dans les stades, les UBS Arenae et dans les "Fan Zone" de l'Eurofoot. Mais pas dans la "*Fan Zone de Genève" : le canton, qui avait pourtant contribué financièrement à cette action a ensuite estimé qu'il n'y avait "aucun lien entre prostitution et football" et qu'il ne fallait pas contribuer à faire croire qu'il pourrait y en avoir un (c'est Mark Muller qui cause). C'est bien connu, le supporter bande mou.

Cela étant, il n'y a pas que les supporters qui se laissent guider par leurs couilles : les joueurs aussi. Neuf joueurs du FC Thoune (six de l'équipe en fonction et trois anciens) ont été poursuivis pour abus sexuels sur une supportrice mineure (elle avait quinze ans au moment des faits). Quatorze personnes ont été inculpées dans cette affaire (les joueurs actifs, les anciens et des supporters), trois personnes, dont un joueur, sont accusées d'avoir contraint l'adolescente à des actes sexuels. Du coup, les responsables des clubs suisses ont tous protesté de leur vigilance : le président du Lausanne-Sport a déclaré que le club avait rendu les joueurs "attentifs à leurs obligations", et que les joueurs et les membres de l'encadrement doivent "signer un engagement éthique" portant notamment sur les moeurs et le dopage. Même type d'engagement au Servette. Et la "Swiss Football League" a transmis aux clubs des directives rappelant les obligations des joueurs : non, on ne culbute pas les supportrices mineures sur la pelouse. Quant aux joueurs du FC Thoune poursuivis pour abus sexuels, quatre d'entre eux n'ont été condamnés qu'à des peines pécuniaires (de 2700 à 4950 francs), aux frais de justice et mille francs d'indemnités à la jeune fille victime (consentante, paraît-il). Ils ont probablement écopé d'une peine si légère en plaidant l'irresponsabilité : des joueurs de foot, on ne peut pas leur demander de savoir ce qu'ils font.

En Autriche, un programme avait été prévu pour lutter contre l'augmentation des violences conjugales pendant l'Eurofoot (augmentation à laquelle on s'attendait, comme pendant tous les grands événements sportifs du même genre). En Allemagne, les violences domestiques ont augmenté de 30 % duant la Coupe du monde de foot 2006, et dans près de la moitié des cas, la hausse de la consommation d'alcool peut être incriminée.
Quant à la Suisse, elle n'avait strictement rien prévu pour lutter contre le phénomène : "nous n'avons malheureusement ni les moyens, ni le temps" de faire quelque chose, a déclaré le délégué genevois à la violence domestique. En revanche, le temps et les moyens n'ont pas manqué pour organiser, encadrer, promouvoir et annoncer les innombrables à-côtés de la fête à blaireaux.

La moitié des Européens fans de foot préfèrent regarder un match important plutôt que d'avoir des relations sexuelles, affirme une étude de l'organisme britannique Sirc réalisée pour Canon.
ça ne les a pas empêché de se faire baiser par l'UEFA, comme tout le monde.

Début septembre 2007, à l'occasion de la Coupe du Monde féminine de foot en Chine, la Fédération intenationale du foot pognon (la FIFA) et l'UNICEF ont lancé une campagne ("Goals for Girls") sur les "valeurs du sport et notamment du football afin de promouvoir l'éducation, l'égalité des sexes et les droits de la femme", qui, à constater le comportement des supporteurs -et désormais teuses- de foot dans les stades ont en effet bien besoin d'être promues et promus. Il faut "montrer comment les jeunes filles et les femmes peuvent lutter contre la discrimination des sexes", expliquent la FIFA et l'UNICEF. On voit pas comment on pourrait le montrer par le foot, sinon en réalisant l'égalité dans la connerie, le dopage et la violence, mais bon : c'est pas du militantisme, c'est de la promo...

20 août 2009

EUROTERRORISME

Soupçon d'inquiétude à la police fédérale : sur les forums internet "djihadistes", on pouvait lire des messages du genre "Transformons les deux pays les plus sûrs d'Europe en enfer, comme l'enfer irakien ou afghan". C'est vrai que l'Autriche est un des pays les plus sûrs d'Europe : les enfants y vivent protégés dans des caves pendant des années. En Suisse, la gare de Zurich aurait été évoquée (sur un site internet djihadiste) comme cible possible d'un attentat. Des craintes ont été également exprimés d'actions du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), la Turquie jouant plusieurs de ses matches en Suisse, où réside une assez importante communauté kurde de Turquie. Finalement, ces craintes étaient aussi injustifiées que les espoirs de voir l'équipe de Suisse passer le cap des éliminatoires de la compétition. Le ministère autrichien de l'Intérieur s'était d'ailleurs fait rassurant : "aucun élément ne permet de conclure à une menace terroriste pesant sur l'Autriche ou la Suisse durant l'Euro". Même optimiste de Samuel Schmid : "Il n'y a aucun indice concret de plans d'attentats pendant l'Euro". Mais le Conseiller fédéral n'en avait pas moins pris, au cas où, de solides résolutions : Quand un journaliste de la "Tribune" (du 31 mai) lui demandait : "Un avion rempli de passagers ne répond pas aux appels des chasseurs. Ordonnez-vous qu'il soit abattu ?", Sami répondait "Oui", parce que "Dans cet avion il y a des terroristes (comment il le sait, puisque l'avion ne répond pas ?) et des personnes innocente. Mais au sol, il y a aussi des milliers d'innocents". Bref : tuez les tous en vol, Dieu reconnaîtra les siens au sol.
Et comme on n'est jamais trop prudent, un porte-parole de la police fédérale, Jürg Bühler, ajoutait que ladite police ne surveillait pas seulement les islamistes, mais aussi les gauchistes : "Nous gardons à l'oeil des groupes d'êxtrême-gauche". Que le Securitas infiltré dans le comité contre les racket de la Praille et de l'Eurofoot se dénonce !

01 août 2009

EUROBASTONS

La venue de dizaines de milliers de supporters tchèques, turcs et portugais à Genève, en sus des supporters vivant déjà dans la région, inquiètait ? Y'a pas de raison, assuraient leurs représentants : "nous avons des problèmes de violence entre clubs tchèques, mais très peu avec l'équipe nationale", affirmait la représentante des supporters tchèques. Pour son collègue turc, "le foot, c'est une fête, pas la guerre". Sauf évidemment si les Kurdes avaient utilisé (ils auraient dû) l'événement pour se rappeler au bon souvenir de la Turquie. Les autorités genevoises assuraient, par la voix de Mark Muller, n'avoir identifié, sur les trois matches joués à Genève, que deux matches à "risque faible" (Portugal-République tchèque et République tchèque-Turquie) et un match à "risque moyen" (Turquie-Portugal), pour lesquels les effectifs policiers locaux devraient suffire, surtout qu'en réserve se tenaient les CRS français et que l'armée suisse était prête à prendre en charge des tâches policières normales (la régulation du trafic, la "surveillance de certains lieux") pour en décharger la police genevoise. En fait, la prévision d'un EWurofoot sans baston a été la seule, du moins à Genève, qui se soit réalisée.
De toutes façons, les supporters étaient accueillis à Genève les bras ouverts. Ils ne doivent pas "être considérés comme une menace", avait proclamé le coordinateur de l'Euro2008 pour Genève, Michael Kleiner. Ben non, ils ne sont ni immigrants, ni requérants d'asile, ni mendiants. Et ils étaient même consommateurs.
A Bâle, Zurich, Genève, mais aussi dans le canton de Vaud (qui n'accueillait, heureusement pour lui, aucun match), les supporters ne pouvaient pas se masquer le visage (c'est dommage, de si belles têtes d'intellectuels), et pouvaient être amendés (jusqu'à 10'000 balles) s'ils le font. Même avec un masque de "Kobi" Kuhn ?
En tous cas, des hooligans, on n'a pas ça à Genève. Ou presque pas : selon le commandant de la gendarmerie genevoise, Genève ne compterait que dix hooligans potentiellement dangereux (on veut les noms !). Selon les estimations policières, il y aurait en Suisse entre 1500 et 2000 supporters violents, dont 264 étaient répertoriés début février dans la base de données "Hoogan".

A Berne, le club "phare" local, les Young Boys, a eu une riche idée : donner une "deuxième chance" aux supporters interdits de stade, en leur permettant d'assister, à condition d'être parrainés et accompagné de leur parrain, aux matches dans le stade de Suisse, stade que les pupilles et leurs parrains devront quitter au plus tard une demie-heure après la fin du match. On les materne, ces petits jeunes, c'est de la bonne graine, ça, Monsieur...

Petite chronique des bastons ordinaires :
Le 27 octobre, quatre personnes sont blessées dans une bagarre après un match à Wünnewil (Fribourg), entre l'équipe locale et le FC Schönberg, dont les joueurs ont saccagé les vestiaires. L'arbitre a été blessé. Dix jours plus tard, tous les matches sont annulés à Fribourg, du fait d'une grève de protestation des arbitres.

Le 11 novembre, un supporter de l'équipe romaine de la Lazio est tué par un policier après une rixe avec des supporters de l'équipe turinoise de la Juventus. Il s'ensuit trois heures de violents affrontements à Rome entre des centaines de supporters et la police. Les affrontements font une cinquantaine de blessés parmi les policiers. Les supporters ont dévasté les locaux du Comité olympique italien, incendié des voitures, cassé des vitrines, attaqué une caserne des carabiniers et un commissariat de police.
A Rome, 66 supporters de l'AS Rome ou de la Lazio se sont vu interdire l'accès au stade à la suite d'actes racistes. Dès 1990, un groupe néo-fasciste paramilitaire, le "Mouvement occidental", organise les skinheads, dont des supporters des deux clubs romains : on les verra à chaque match brandir des drapeaux à croix celtiques ou gammées, pousser des cris de singe à l'encontre des joueurs "de couleur", et autres joyeusetés du même tonneau.

Une soixantaine de supporters nord-irlandais en état d'ébriété (c'est pas un pléonasme ?) ont été empêchés le 18 novembre de prendre l'avion pour Las Palmas (Canaries) où leur sélection affrontait l'Espagne en match de qualifications à l'Euro-2008.
Le même 18 novembre, à Bâle, un match entre Servette et Concordia dégénère : les supporters servettiens (il en reste donc) affrontent dans les tribunes le service de sécurité du stade du Rankhof. Des coups sont échangés, des objets arrachés au stade lancés sur le terrain, la police intervient et un supporter servettien est interpellé (non, c'est pas Marc Roger, il était déjà au trou)

Le 1er décembre, le gardien du FC Lucerne, qui jouait contre Sion au stade de Tourbillon, s'est pris une "GameBoy" sur la gueule, lancée depuis la tribune des supporters "ultras" valaisans. On se félicite de ce que la miniaturisation des consoles de jeux ait fait des progrès : y'a vingt ans, il se serait pris une Amiga ou un Commodore dans la tronche.
Quant au gardien du Neuchâtel Xamax, dans le même stade de Tourbillon, il s'était pris une grosse clef d'hôtel à boule, en fer, quelques semaines auparavant.

Le 26 janvier, à Sankt Margrethen, une bagarre générale entre joueurs et spectateurs turcs et albanais lors d'un tournoi amateurs a fait un blessé (un adolescent de 16 ans, dont la machoire a été fracturée).

Le 12 avril, des échauffourées ont opposé à Saint-Gall des supporters des clubs de St-Gall et de Berne (Young Boys). Des pierres et des bouteilles ont été lancées contre le train spécial des Bernois. Plusieurs personnes ont été interpellées.

Le 3 mai, des heurts entre supporters, et entre supporters et policiers, ont fait plus de 45 blessés à Berne et à Bâle. A Berne, la police a dû faire usage de gaz et de balles en caoutchouc contre une centaine de supporters bernois et neuchâtelois, et à Bâle, des jets de fumigènes et de feux de bengales par des supporters zurichois sur des supporters bâlois ont fait deux blessés, avant que des affrontements avec la police à l'extérieur du stade fassent 45 blessés, dont un policier.

Le même jour, les joueurs du FC Etoile-Laconnex Juniors A2 essuient une pluie d'injures et de menaces de la part de leurs adveraires du FC Vernier. La semaine suivante, ce sont les joueurs de Vernier qui sont accueillis par les supporters de Laconnex en étant aspergés de bière. e Conseiller administratif Alain-Dominique Mauris s'inquiète : des supporters de foot viennent au stade avec des battes de baseball -d'une utilité contestable dans un match de foot, et qu'il est assez vraisemblable en revanche de supposer être prévues pour être utilisées à taper sur la gueule des supporters adverses. Une dizaine d'actes de violence ont été signalés en six mois dans la commune. Que fait Cerutti ?

Le 8 mai, des supporters bâlois pillent le rayon alcool d'une Coop à la gare de Neuchâtel, après un match entre Bâle et Xamas.

Le 10 mai, pour la finale du championnat de Ligue A (pardon pour l'archaisme) à Bâle, entre Bâle et Berne, la vente de boissons alcoolisées a été interdite dans le stade.

Le 20 mai, des centaines de supporters saint-gallois furieux de la relégation de leur équipe en division inférieure ont saccagé le stade de l'Espenmoos (qui accueillait son dernier match) et affronté la police. Des pavés, des fusées et des pétards ont été lancés, un feu a été allumé dans la tribune principale du stade, dont le mobilier a été pillé et saccagé.Trois policiers et quatre agents de sécurité ont été blessés, 59 supporters ont été arrêtés, une dizaine de battes de base-ball ont été saisies, et entre 100'000 et 200'000 francs de dégats ont été causés.

Le 11 juin, après l'élimination de la Suisse par la Turquie dans le tour préliminaire de l'Euro, une centaine de supporters suisses ont été arrêtés, à Bâle, Berne, Aarau, Zurich et Winterthur. A Aarau, quelques centaines de Suisses ont provoqué quelques centaines de Turcs qui célébraient pacifiquement la victoire de leur équipe; à Berne, des échauffourées se sont produites entre supporters suisses et policiers, qui ont dû faire usage de balles en caoutchouc.

La fédération de foot de Croatie a écopé d'une amende de 20'000 francs pour la punir du comportement xénophobe de supporters croates, lors du quart de finale de l'Eurofoot contre la Turquie (qui y a éliminé la Croatie).

Face à la violence sur et autour des stades, qu'ils attribuent spécifiquement aux joueurs et aux supporters étrangers", des responsables de clubs de foot suisses ont eu une idée géniale : celle de créer en Suisse un championnat "séparé" (dans des clubs séparés,peut-être, et éventuellement dans des quartiers réservés, qu'on pourrait appeler des ghettos ?) pour les clubs étrangers en général, voire les clubs "balkaniques" en particulier, "pour qu'ils se molestent entre eux". A Genève, cette idée (émanant de responsables de clubs alémaniques, en particulier des régions de Bâle et de Zurich) laisse perplexe : il y a 40 % d'étrangers dans le foot à Genève, et la menace de retraits de points au classement suffit à calmer les équipes les plus agitées et leurs supporters, d'où qu'ils viennent - la violence étant aussi le fait de joueurs et de supporters suisses.

Selon une étude de l'Université de Neuchâtel et du Fonds national, le milieu des supporters militants de foot est dominé par de jeunes "ultras" machos, chauvins, potentiellement violents, mais suisses et bien intégrés. Sans blague ? Et nous qui croyions avoir affaire à de vieux intellectuels féministes étrangers vivant en communauté...

L'association "Juris Conseil Junior" a édité un guide juridique des "droits et obligations" des jeunes" fréquentant les manifestations de l'Eurofoot. On leur signalait qu'à partir de 16 ans (mais pas en dessous) ils ont le droit de boire de la bière, du vin ou du cidre, mais pas des alcools forts, qu'ils ne pourraient pas accéder avant 18 ans aux clubs éphémères installés dans les "fan's zones" (du genre du "Fan Club 08" des Vernets), que la loi punit les injures et incitations à la haine raciale même exprimées sous forme de SMS ou de MMS. Mais que si ils se font coffrer pour avoir, complètement bourrés, injurié les nègres de l'équipe adverse, les chtis supporters mineurs peuvent demander la présence de leurs parents une fois amenés au poste. Surtout si les parents, aussi cons que leur progéniture, ont déjà été coffrés pour les mêmes raisons que leurs gniards.

27 juillet 2009

EUROPOULETS

Le droit de manifester a été fortement restreint pendant l'Eurofoot : le Département des Institutions a édicté une directive stipulant que, sauf exception, aucune manifestation imprévue ne serait autorisée sur la voie publique en juin, compte tenu de la mobilisation des forces de police autour de l'Eurofoot et de ses à-côtés. En Ville, des manifestations régulières (la Fête de la Musique, les Promotions) ont certes été maintenues, mais des manifestations prévues (y compris des tournois de foot) ont été déplacées (Pro Velo), repoussées (Gena Festival à Avully) ou suspendues (la Ville est à vous).
Comment nos zautorités auraient-elles fait si l'actualité politique avait eu le mauvais goût de ne pas se plier au calendrier des festivités footballistiques, et provoquait des manifestations ? Elles auraient été emmerdées (surtout si les organisateurs de manifestations de protestation ou de soutien ne demandaient pas d'autorisation, vu qu'ils avaient la quasi-certitude de ne pas l'obtenir) ? la Ville avait annoncé qu'elle donnerait son accord pour de telles manif's imprévues provoquées par les tumultes du monde, mais à la condition que le canton soit lui aussi d'accord. "Le droit constitutionnel de manifester sera maintenu", assurait le Secrétaire adjoint du département des institutions, Nicolas Bolle, qui ajoutait cependant que "chaque demande sera examinée attentivement". Autant ne pas déposer de demande -et même, utiliser intentionnellement les moments de rassemblement autour de l'Euro pour y greffer la manif. Hélas (trois fois), tel ne fut pas le cas.
Pourtant, y'aurait eu des squats à tenter...

La majorité de droite du Grand Conseil genevois a accordé au Conseil d'Etat (dit "de centre gauche") un crédit de 5 millions pour doter, hors de toute base légale utilisable, huit sites "sensibles" de caméras de surveillance en prévision de l'Eurofoot -mais les caméras resteront après, premiers fils d'une toile de vidéosurveillance plus étendue. La gauche s'est opposée à cette proposition, mais l'intellectuel de service, Eric Stauffer, du MCG, lui a répondu que "ceux qui sont contre sont ceux qui ont quelque chose à se reprocher".

La police genevoise avait commencé fin janvier à s'entraîner pour l'Euro2008 : à la Gare Cornavin, le 23 janvier, des policiers déguisés en supporters et des policiers déguisés en policiers ont fait mumuse pour tester le dispositif d'encadrement des premiers par les seconds. Au Stade de la Praille, où le 10 avril des policiers déguisés en supporters ont fait mine d'affronter des policiers déguisés en policiers. Explication de la police : 30'000 personnes à la Praille pendant les matches, et une activité "festive" presque 24 heures sur 24 pendant trois semaines, ça équivaut aux Fêtes de Genève plus la Lake Parade. Et faut se préparer. D'ailleurs, on avait préparé une prison provisoire "spéciale Euro", sur le modèle des prisons temporaires créées en Allemagne pendant le Mondial 2006 (elles avaient accueilli 400 supporters). A Genève, la prison temporaire (Champ-en-jachère-Dollon ?) était installée à Palexpo dans la halle 7 et pourrait être réutilisée pour le Mondial de hockey en 2009. C'est "pour le bien de la collectivité", expliquait le porte-parole de Palexpo. On est sauvés, Palexpo veut notre bien. De toutes façon, on pouvait pas mettre les supporters violents à Champ-Dollon, ousque ce ne sont pas les clients qui sont bourrés, mais la prison elle-même. D'ailleurs, une fois terminé, l'Eurofoot est venu au secours de Champ-Dollon : douze des cabanes en bois utilisées comme lieux de rétention provisoire à Palexpo, dans le cadre de l'Eurofoot, vont être mises à disposition de Champ-Dollon, au cas où. Au cas où quoi ? Non, pas en cas de surpopulation, c'est promis, assure le directeur Franziskakis. Juste en cas d'"événement exceptionnel", comme un incendie. Provoqué par exemple par une mutinerie elle-même provoquée par la surpopulation, on joue un peu sur les mots, là...

Les gendarmes genevois toucheront une indemnité spéciale, forfaitaire, pour leur service pendant l'Eurofoot, et leurs heures supplémentaires seront payées. L'Union du personnel du corps de police réclamait le versement d'une prime exceptionnelle pour la surcharge de travail pendant l'Eurofoot. A l'occasion du G8, une prime de 2500 francs avait été octroyée aux gendarmes et policiers genevois. Si une prime équivalente était versée pendant l'Eurofoot, et on ne voit pas au nom de quoi elle ne le serait pas, la facture de l'Eurofoot pour les collectivités publiques s'alourdirait d'au moins un million.

La police lucernoise s'est quant à elle fait la main, le 1er décembre, sur des manifestants n'ayant rien à voir avec l'Euro, mais ayant eu le mauvais goût de défiler en ville pour protester contre les menaces de fermeture d'un centre alternatif, alors que l'UEFA s'apprêtait à organiser à Lucerne le pince-fesse du tirage au sort des matches de l'Euro. Pour les flics lucernois, c'était une sorte d'exercice grandeur nature avant l'Euro, où une partie d'entre eux ont prêté main-forte aux flics des villes-hôtes alémaniques. Donc, bilan du test (ou on a scrupuleusement respecté les consignes énoncées pour les matches de l'Euro) : dispersion de la manif en tirant des balles de caoutchouc, 245 personnes arrêtées, emmenées dans un abri PC transformé en prison, fouillées, parfois désabillées et photographiées (parfois à poil, y compris les filles de moins de 18 ans, dénudées devant des policiers et des employés de la protection civile, certaines étant en outre l'objet de fouilles intimes). Des personnes ont été enchaînées pendant des heures, entassées dans de petites cellules sans sanitaires.

Des accords de coopération ont été signés avec la France et l'Allemagne pour que des policiers français et allemands (entre 500 et 1000 au total) puissent renforcer les flics suisses pendant l'Euro. A Genève, des agents français pouvaient être engagés pour une durée maximale de 48 heures, pour les matches Portugal-Turquie du 7 juin, République tchèque-Portugal le 11 juin et Turquie-République tchèque du 15 juin. Les Allemands sont allés s'ébrouer à Bâle et à Zurich. Berne a bénéficié de renforts des polices argovienne, soleuroise et de Suisse centrale. Avec tout ça, la Suisse était prête à tout. Mais les polices cantonales avaient averti : avant, pendant et après les matches de l'Euro, on sera aux abonnés absents pour tout ce qui relève de nos tâches habituelles. La police zurichoise a annoncé que les jours des matches, elle ne pourra assurer qu'un service minimum. Et elle a aussi annoncé qu'elle testait un drone (avion sans pilote) embarquant une camera pour pouvoir identifier les situations critiques.

Heureusement, quand les polices d'Etat menacent d'être débordées, les polices privées veillent : Securitas annonçait vouloir engager 400 personnes pour Vaud, le Valais et Genève (la moitié à Genève), et Protectas 1000 personnes pour toute la Suisse, dont 300 en Romandie. Les deux poulaillers privés n'avaient, fin mars, trouvé que la moitié de ce nouveau personnel. En attendant, ce sont bien des "agences de sécurité" privées -plus clairement dit : des polices privées- qui ont assuré la "sécurité" de la "fan zone" de Plainpalais. Et les organisateurs du parc à bestiaux ont été "très satisfaits" des prestations de Python Sécurité et AS Sécurité. Ils ont raison : obliger les vieilles dames avec des cannes et les jeunes mères avec poussettes à faire le tour de la plaine squattée par le parc à beaufs, ça méritait toutes les félicitations.

Et puis, notre glorieuse armée était sur le pied de guerre : en 2006, le Conseiller fédéral Samuel Schmid avait annoncé que 15'000 soldats seraient¨ mis à disposition des cantons pendant l'Eurofoot. La plus forte mobilisation depuis la Guerre Mondiale. On en avait tiré fort judicieusement la conclusion que l'armée se cherchait, et trouvait là où elle pouvait, des missions pouvant justifier son existence. Mais en réalité, des 15'000 soldats annoncés, on n'en a mobilisé que quelques centaines. A Genève, la gendarmerie a annoncé qu'elle comptait sur le renfort d'une seule compagnie, soit une centaine de troufions, chargés de régler la circulation et d'accomplir des tâches purement logistiques. C'est pour ça qu'on a besoin d'une armée, pour faire le boulot d'une police municipale ? Ben oui, c'est pour ça...
Et c'est pour ça aussi qu'on a besoin d'hélicoptères militaires : un Super Puma de l'armée, équipé d'une caméra embarquée, a remplacé à Genève les drones (avions sans pilotes) utilisés dans les autres villes-hôtes. Explication : l'aéroport est trop proche. Et la baudruche à Jobin aussi ?

Le Tribunal fédéral a annulé partiellement le règlement zurichois contre le hooliganisme, adopté en prévision de l'Euro2008, et mis également hors-jeu le dispositif genevois. Le contrôle judiciaire de la garde à vue (24 heures au maximum) des supporters arrêtés était jugé insuffisant par le TF, qui trouvait discutable le principe même de l'emprisonnement avant toute commission de délit, et qui précisait que tout individu arrêté doit pouvoir recourir immédiatement contre son arrestation et sa détention auprès d'un juge ou d'un tribunal, ce que ni le règlement zurichois, ni le règlement genevois ne permettaient. A Zurich comme à Genève, les réglements ne satisfaisaient pas aux exigences posées par la Convention européenne des droits de l'Homme, puisqu'ils ne prévoyaient de premiers recours qu'auprès d'autorités administratives ou politiques. A Genève, le règlement prévoyait qu'un recours doit être déposé d'abord auprès du Département cantonal (celui des Institutions), et, en deuxième instance, auprès du Tribunal administratif. Procédure trop lente, et insatisfaisante au regard de la Convention européenne, estime le TF. Du coup, Genève a du revoir sa copie : le supporter mis en garde à vue a inalement pu saisir la justice, et celle-ci (en l'occurence le Tribunal administratif) avait 24 heures pour rendre une décision. Restait un problème : celui de la détention de mineurs. Pour la présidente du Tribunal de la jeunesse, Sylvie Wegelin, il ne pouvait être question "de mettre les jeunes ailleurs qu'à la Clairière" -mais celle-ci est déjà surpeuplée, et ses cellules dédoublées.

19 juillet 2009

Fonds de tiroir

EUROGHETTOS
Durant l'Euro2008, les quartiers autour des stades accueillant les matches en Suisse ont été interdits au trafic automobile privé, hors celui des habitants du coin. C'est le seul aspect positif de la foire à blaireaux. C'était d'ailleurs une exigence de l'UEFA. Les autorités cantonales entendaient éviter un trafic indésirable de véhicules en quête de places de parc. Le problème, c'est que ce trafic s'est reporté dans les quartiers avoisinants.

EUROMARCHE (NOIR)
Alors que les organisateurs et les politiciens locaux pressaient les Genevois et voises de faire le meilleur accueil possible aux foules de spectateurs et supporters venus assister aux matches (ou à leur retransmission sur écrans géants), moins de 2000 places sur les 30'000 disponibles par matches à la Praille étaient disponibles pour ces mêmes Genevois et voises. 2000 places desquels il fallait encore déduire les places réservées aux notables, invités et autres sponsors : la "grande fête populaire" se faisait sur invitation. Ou par le marché noir : mi-décembre, des billets pour les matches de l'Euro étaient mis en vente sur le site internet eBay pour des prix atteignant sept fois le prix officiel -mais les matches "genevois" n'avaient pas la cote. Féroce gardienne de ses petits profits, l'UEFA a annoncé que les petits malins se livrant à ce petit commerce pouvaient être amendés jusqu'à 5000 euros (mais amendés par qui ?)...

A Genève, l'absence de petits cadeaux a entretenu l'inimitié entre la Ville et le canton, que la première accusait d'accaparer les billets de faveur (240 par match, soit 40 billets gratuits et 200 billets payants, mais réservés) pour l'Euro2008 à la Praille. Comme ça n'est pas la Ville mais le canton de Genève qui était hôte officiel du machin (contrairement à ce qui était le cas à Berne et Zurich), le canton décidait tout seul l'usage de ses billets. Les parlementaires et les clubs de foot se sont vus "offrir la possibilité d'acheter" un billet payant (c'est joli, comme expression : "offrir la possibilité d'acheter"...); quant aux billets gratuits, la "Tribune de Genève" (du 3 avril) annonçait que les Conseillers d'Êtat en feraient ce qu'ils voudraient. D'où une grosse jalousie des Conseillers administratifs de la Ville, puisque celle-ci aller claquer au moins un million et demi pour une manifestation dont elle supportait les nuisances, et qu'elle paierat pour la mobilisation des pompiers et de la voirie et la mise à disposition de la Plaine de Plainpalais...
Les villes hôtes avaient droit en tout et ensemble à 750 places par match. A Genève, chaque club de foot n'avait droit qu'à deux billets... payants. Et, princièrement, le canton et la "Tribune de GenèveW" mettaient au concours 100 places, pour l'un ou l'autre des trois matches "genevois".

Pendant que le supporter de base ramait, et claque son pognon, pour essayer (sans, le plus souvent, y arriver) d'obtenir une place dans un stade pour un match de l'Euro, des milliers de places restaient vides, jusqu'à 8000 lors d'un seul match à Bâle, soit en gros le quart du stade. Parce que les sponsors, qui avaient leur lot de places gratuites, n'en faisaient rien.

02 juillet 2009

Y'A PAS DE PETIT PROFIT

On ne sait pas combien l'accueil forcé de l'Euro2008 par Genève pourrait rapporter : les estimations varient du simple au double. Rütter+Partner évoque une fourchette de 44 à 80 millions de francs de dépenses directes et indirectes des participants et des spectateurs (logement, nourriture, shopping) à Genève, entre 90 et 170 millions à Zurich -ce qui ne signifie pas grand chose en termes de retombées économiques ou de rentrées fiscales. D'autant qu'il faudra, pour évaluer ce qu'éventuellement l'Euro2008 aura rapporté, déduire de son "produit événementiel brut" ce qu'il aura coûté : au moins vingt millions de dépenses directement liées à l'événement, si tout se passe bien. Plus le coût de la mise en conformité du stade, le paiement des dettes de la fondation du stade, et les impondérables...
En tous cas, les hôteliers font grises mines : à Genève, les nuitées pendant le mois de l'Euro, juin 2008, ont été de 4 % plus basses qu'en juin 2007, et seuls les hôtels deux étoiles ont eu plus de nuitées que l'an dernier (et encore, pas beaucoup : 1 %)-
De petits malins comptaient bien s'en mettre plein les poches pendant l'Euro, en sous-louant leur appartement le temps des compétitions, et en le sous-louant jusqu'à trois, quatre ou cinq fois le loyer normal (un trois-pièces à 900 balles par mois sous-loué 150 balles par nuit, un autre loué 1300 francs par mois, et sous-loué 4000 francs par mois, une chambre à Chancy pour 200 euros -exemples cités par "20 minutes").
D'autres petits malins entendaient également profiter de l'Euro : les responsables de la société qui perçoit les droits d'auteurs en Suisse, la Suisa, qui a rappelé qu'elle pouvait exiger de toute personne faisant voir sur sa télé ou sur n'importe quel écran des matches de l'Euro hors de sa sphère privée, au sens restrictif du terme (un ensemble de gens que l'on connaît tous et qui se connaissent sous), la somme de 25 francs 95 par diffusion. Quant aux bistroquets, ils aueraient dû payer une redevance supplémentaire dès que la diagonale de l'écran sur lequel ils diffusaient les matches dépassait trois mètres. Quelques fans de foot ont annoncé qu'ils avaient l'intention de diffuser gratuitement sur internet les matches de l'Euro, au motif, particulièrement naïf, que "la fête du foot appartient à tous et pas seulement à ceux qui peuvent se la payer". Mais l'UEFA, qui a vendu pour des centaines de millions, ou des milliards, les droits de diffusion des matches, veillait : elle n'avait pas la moindre intention de laisser filer le moindre centime et a annoncé qu'elle ne tolérerait aucune action du genre diffusion gratuite des matches. Le problème, c'est que, selon la Commission arbitrale fédérale pour la gestion des droits d'auteurs, l'UEFA n'a pas le droit de demander une redevance aux organisateurs des rediffusions de matches, et que seules les sociétés détentrices d'une concession de la Confédération, comme la Suisa, peuvent le faire, alors que des organisateurs avaient déjà, avant l'Euro, été rançonnés par l'UEFA (celui des retransmissions de l'Euro au jardin du Rivage, à Nyon, a ainsi payé 6000 francs pour la retransmission des rencontres), et à des tarifs largement supérieurs à ceux demandés par la Suisa (l'organisateur nyonnais a payé 6000 francs pour ce que la Suisa tarife à 2500 francs maximum). A Compesières, où 400 personnes devaient se réunir pour suivre les matches et griller quelques cervelas, les organisateurs ont failli être taxés de 2400 balles par l'UEFA, et être forcée de ne faire glouglouter que la bière officielle de l'Euro.
Quant à l'UBS, qui a mis sur pieds les UBS-Arena (scènes de retransmission des matches sur écrans géants, agrémentées de quelques productions musicales), elle avait passé des contrats d'exclusivité avec les communes où les ABS Arena sont implantées -pas question pour des associations ou des clubs d'essayer de mettre sur pied leurs propres retransmissions sur écrans géants, c'est verboten, la taille maximale des écrans autorisés sur le domaine public, hors UBS Arena, est de 3 mètres de diagonale. On rigole pas avec les contrats d'exclusivité.
Autre monopole : celui attribué à Eurosport, numéro un de la distribution des articles de sport en Suisse, qui avait décroché l'exclusivité de la vente dans les quatre stades hôtes des produits officiels liés à l'Euro.
Petit malins aussi, les limonadiers et brasseurs : l'Office fédéral de la santé publique demandait que les villes hôtes offrent gratuitement de l'eau potable à leurs visiteurs pendant l'Euro, pour éviter qu'ils ne soient conduits à se désaltérer à la bière. Ben non, elles n'ont pas pu : les sponsors s'y sont opposés. Tout au plus, à Genève, a--t-on vendu à prix réduit du jus de pomme genevois.
Petits malins encore, les encaveurs de la Cave de Genève : ils ont lancé pour l'Euro 2008 trois pinards de "qualité gastronomique" à onze balles la totoille : un chardonnay baptisé "coup d'envoi", un pinot rosé baptisé "mise en touche" et un assemblage de rouges baptisé "prolongations". Pour "pénalty", "hors jeu" et "coup franc", rien n'est prévu -sinon la consommation des trois bouteilles précitées. La secrétaire générale de la Fédération genevoise pour la prévention de l'alcoolisme, la députée socialiste Laurence Fehlmann-Rielle, a trouvé qu'"associer le sport et le vin n'est pas très malin". S'agissant du foot, c'est surtout pas très pertinent : c'est à la bière que carburent les supporters, et plutôt à la coke que s'explosent les joueurs.
Petits malins enfin, les tenanciers des Auberges de Jeunesse : dans les villes-hôtes, la nuit dans une AJ a coûté généralement jusqu'à 20 % de plus que d'habitude...
Dans un ramdam comme l'Euro2008, tout est un marché, même (ou surtout ?) la sécurité : la société "Python Sécurité" a ainsi reçu mandat d'assurer la sécurité sur le site du stade pendant les trois matches de l'Euro joués à Genève. Elle espérait en retirer une augmentation de 40 % de son chiffre d'affaire entre 2007 et 2008, mais avoue avoir eu de la peine à recruter des "stadiers bénévoles" (il lui en manquait encore 200 fin mars).
Toujours à propos du petit commerce : le Crédit Suisse a commencé le 16 avril à distribuer 200'000 ballons de foot dans ses 183 succursales. Mais selon la télé alémanique DRS, les ballons ont été fabriqués au Pakistan, par une entreprise non contrôlée, employant non seulement des hommes et des femmes, mais aussi des enfants, payés princièrement l'équivalent de 39 centimes par ballon (soit la moitié du tarif normal). Et alors ? pour ces basanés qui vivent de rien et se contentent de peu, 39 centimes, c'est le début de la fortune, non ? La valeur totale des ballons distribués par le Crédit Suisse, ça ne se monte qu'à 78'0000 francs. A peine un jour de boulot pour la patron de la banque... Et une année de subsistance pour tout un village pakistanais.
Feldschlosschen est contente : "nous avons même dépassé nos ambitieux objectifs", a déclaré le patron du groupe, Thomas Amstutz, commentant le bilan de la vente de bibine pendant l'eurofoot : la consommation a grimpé de 20 % par rapport à la même période de l'année dernière, ce qui correspond à cinq millions de litres supplémentaires, dont 200'000 lites pour le seul 21 juin, jour du match bâlois Russie-Pays Bas (c'est que ça boit, le Russe et le Batave)
Enfin, y'en a un à qui l'Euro2008 a rapporté 30 millions avant même qu'il ne débute, c'est l'un des sponsors de la compet', la marque horlogère Hublot, qui a écoulé avant même sa mise sur le marché les 2008 exemplaires de la "montre officielle" de l'Euro, à 15'000 balles pièce. C'est beau, le sport populaire.