19 juillet 2012

Brèves


Une manifestation syndicale a dénoncé lundi 14 mai, à Lausanne, devant le siège du Comité International Olympique (CIO), la désignation d'une entreprise minière australo-britannique, Rio Tinto, comme fournisseur officiel des médailles des prochains Jeux Olympiques d'été à Londres. Rio Tinto s'est rendue coupable de lock out contre près de 800 travailleurs au Québec, parce qu'ils refusaient de voir les salariés partant à la retraite être remplacés par des temporaires payés moitié moins. Rio Tinto, présente dans une quarantaine de pays, est aussi dénoncée pour ses activités polluantes et son mépris des populations locales. Les syndicats exigent du CIO qu'il respecte et fasse respecter de ses fournisseurs les droits fondamentaux et les principes de la charte olympique. Pis quoi encore ? D'ailleurs, le directeur de la communication du CIO a précisé que le CIO n'avait aucune intention d'exiger quoi que ce soit de Rio Tinto, qui n'est même pas sponsor des Jeux mais seulement fournisseur de médailles. Y'a une médaille pour l'hypocrisie ? Et c'est aussi Rio Tinto qui la fournit ? 

Le Conseil d'Etat genevois a adopté un arrêté visant à  «aménager les conditions-cadres favorables au bon déroulement de l'Eurofoot 2012 et des manifestations liées à cet évènement » . Concrètement, ça veut dire quoi, l'Eurofoot se déroulant en Pologne et en Ukraine, et pas à Genève ? Ben, il s'agit, nous dit le communiqué du Conseil d'Etat, de  « rappeler les différentes dispositions légales et réglementaires en matière, notamment, d’ordre, de sécurité, de tranquillité et de salubrité publics, de débits de boissons, de vente d’alcool sur la voie publique ou encore de commerce itinérant»... Bref, un petit catalogue des nuisances, incivilités, tapages et perturbations diverses liées à la «grande fête du foot», même quand elle se déroule à quelques milliers de kilomètres de chez nous. De la délinquance transfrontalière, quoi. Mais qu'en disent Gominator et son MCG ? Et quand proposeront-ils de mettre les supporters bruyants dans des containers près de l'aéroport ?

On appelle ça le « calcioscomesse » : c'est le scandale des matches truqués en Italie (mais on sait que la pratique consistant à payer des joueurs pour qu'ils fassent perdre un match à leur équipe afin que les parieurs, mafieux ou non, qui ont misé sur leur adversaire puissent empocher le gros lot, n'est pas une exclusivité italienne). Et puis, il y en a un qui rêve tout haut, c'est le Premier ministre italien, Mario Monti, qui suggère « une suspension totale (du foot en Italie) pour deux ou trois ans », et qui pense que cette abstinence footeuse profiterait « à la maturité politique de nos concitoyens ». Bien sûr, que cela profiterait à leur maturité politique, mais qui s'y intéresse, à leur maturité politique ? Et qui en profiterait, de leur maturité politique ? Certainement pas les réseaux mafieux qui gèrent les paris sur les marches truqués... et certainement pas non plus le petit monde du foot professionnel, italien ou non. car comme l'écrit l'historien du sport Fabien Archambault : « le football (en Italie) est un système industriel où les enjeux symboliques, au-delà des enjeux financiers, sont très importants. Du coup, il est hors de question de le laisser aux mains du hasard ». D'où la manipulation des matches : on sait jamais, si on ne les manipulait pas, peut-être que les meilleurs gagneraient toujours... Ah oui, encore un truc : selon le procureur Di Martino, le « Calcioscomesse » a été en partie organisé en Suisse, et ses profits en partie planqués en Suisse. Ah ben ça, pour une surprise, c'est une surprise...

Les polices des grandes villes suisses sont inquiètes : la Swiss Football League a décidé de faire commencer les matches de Super League deux heures plus tard le samedi, à 19 heures 45. Et donc de les faire terminer deux heures plus tard, les spectateurs quittant le stade croisant alors les gens sortant faire la fête. D'où un risque accru de conflits dans les zones de concentration, comme les gares, entre des supporters déjà un peu (ou beaucoup) bourrés et des teufeurs pas toujours encore sobres. Bon, et alors ? il est où le risque ?  le sport, c'est plus une école de civilité suivie studieusement par de gentils supporters ?

Dans la nuit de samedi à dimanche, à 1 heure 69 minutes et 59 secondes, on recevra une seconde de temps supplémentaire pour rattraper le temps universel (le temps courant prend une demie-seconde de retard chaque année par rapport à celui mesuré par les horloges atomiques). Voilà, on a gagné une seconde. mais qu'est-ce qu'on va bien pouvoir en faire ?


08 juillet 2012

Fonds de tiroir

A la demande de la Ville et du canton de Genève, la Cour des Comptes genevoise s'est penchée sur les comptes du FC Servette. Résultat : comme on le savait déjà, la comptabilité du club était plus qu'approximative. Comme on s'en doutait, les subventions destinées à l'association devant assurer la relève des jeunes (une sorte d'« académie de formation ») ont été en partie (un tiers, apparemment) engloutis dans la société anonyme du club. Et comme certains (de mauvais esprits antisportifs, cela va sans dire) le recommandaient avant la Cour des Comptes, la Ville et le canton auraient du, et pu, se montrer un tantinet plus curieux et exigeants avant de filer du pognon aux gestionnaires de l'Acadmémie, qui se trouvaient, O surprise, être les mêmes que ceux du club... Mais c'est quand même marrant : quand des doutes étaient exprimés sur le fonctionnement financier du club, ceux qui les exprimaient étaient accusés de n'être que des antisportifs primaires et footophobes pulsionnels. Et maintenant que ces doutes sont confirmés par la Cour des Comptes, on n'entend plus guère ceux qui se sont battus pour qu'on file du pognon dans un vase percé communiquant avec un trou...

Une manifestation syndicale a dénoncé lundi 14 mai, à Lausanne, devant le siège du Comité International Olympique (CIO), la désignation d'une entreprise minière australo-britannique, Rio Tinto, comme fournisseur officiel des médailles des prochains Jeux Olympiques d'été à Londres. Rio Tinto s'est rendue coupable de lock out contre près de 800 travailleurs au Québec, parce qu'ils refusaient de voir les salariés partant à la retraite être remplacés par des temporaires payés moitié moins. Rio Tinto, présente dans une quarantaine de pays, est aussi dénoncée pour ses activités polluantes et son mépris des populations locales. Les syndicats exigent du CIO qu'il respecte et fasse respecter de ses fournisseurs les droits fondamentaux et les principes de la charte olympique. Pis quoi encore ? D'ailleurs, le directeur de la communication du CIO a précisé que le CIO n'avait aucune intention d'exiger quoi que ce soit de Rio Tinto, qui n'est même pas sponsor des Jeux mais seulement fournisseur de médailles. Y'a une médaille pour l'hypocrisie ? Et c'est aussi Rio Tinto qui la fournit ? 

Le Conseil d'Etat genevois a adopté un arrêté visant à  «aménager les conditions-cadres favorables au bon déroulement de l'Eurofoot 2012 et des manifestations liées à cet évènement » . Concrètement, ça veut dire quoi, l'Eurofoot se déroulant en Pologne et en Ukraine, et pas à Genève ? Ben, il s'agit, nous dit le communiqué du Conseil d'Etat, de  « rappeler les différentes dispositions légales et réglementaires en matière, notamment, d’ordre, de sécurité, de tranquillité et de salubrité publics, de débits de boissons, de vente d’alcool sur la voie publique ou encore de commerce itinérant»... Bref, un petit catalogue des nuisances, incivilités, tapages et perturbations diverses liées à la «grande fête du foot», même quand elle se déroule à quelques milliers de kilomètres de chez nous. De la délinquance transfrontalière, quoi. Mais qu'en disent Gominator et son MCG ? Et quand proposeront-ils de mettre les supporters bruyants dans des containers près de l'aéroport ?

On appelle ça le « calcioscomesse » : c'est le scandale des matches truqués en Italie (mais on sait que la pratique consistant à payer des joueurs pour qu'ils fassent perdre un match à leur équipe afin que les parieurs, mafieux ou non, qui ont misé sur leur adversaire puissent empocher le gros lot, n'est pas une exclusivité italienne). Et puis, il y en a un qui rêve tout haut, c'est le Premier ministre italien, Mario Monti, qui suggère « une suspension totale (du foot en Italie) pour deux ou trois ans », et qui pense que cette abstinence footeuse profiterait « à la maturité politique de nos concitoyens ». Bien sûr, que cela profiterait à leur maturité politique, mais qui s'y intéresse, à leur maturité politique ? Et qui en profiterait, de leur maturité politique ? Certainement pas les réseaux mafieux qui gèrent les paris sur les marches truqués... et certainement pas non plus le petit monde du foot professionnel, italien ou non. car comme l'écrit l'historien du sport Fabien Archambault : « le football (en Italie) est un système industriel où les enjeux symboliques, au-delà des enjeux financiers, sont très importants. Du coup, il est hors de question de le laisser aux mains du hasard ». D'où la manipulation des matches : on sait jamais, si on ne les manipulait pas, peut-être que les meilleurs gagneraient toujours... Ah oui, encore un truc : selon le procureur Di Martino, le « Calcioscomesse » a été en partie organisé en Suisse, et ses profits en partie planqués en Suisse. Ah ben ça, pour une surprise, c'est une surprise...