A la demande de la Ville et du canton de Genève, la Cour des Comptes
genevoise s'est penchée sur les comptes du FC Servette. Résultat :
comme on le savait déjà, la comptabilité du club était plus
qu'approximative. Comme on s'en doutait, les subventions destinées à
l'association devant assurer la relève des jeunes (une sorte d'«
académie de formation ») ont été en partie (un tiers, apparemment)
engloutis dans la société anonyme du club. Et comme certains (de
mauvais esprits antisportifs, cela va sans dire) le recommandaient
avant la Cour des Comptes, la Ville et le canton auraient du, et pu,
se montrer un tantinet plus curieux et exigeants avant de filer du
pognon aux gestionnaires de l'Acadmémie, qui se trouvaient, O
surprise, être les mêmes que ceux du club... Mais c'est quand même
marrant : quand des doutes étaient exprimés sur le fonctionnement
financier du club, ceux qui les exprimaient étaient accusés de
n'être que des antisportifs primaires et footophobes pulsionnels. Et
maintenant que ces doutes sont confirmés par la Cour des Comptes, on
n'entend plus guère ceux qui se sont battus pour qu'on file du
pognon dans un vase percé communiquant avec un trou...
Une manifestation syndicale a dénoncé lundi 14 mai, à Lausanne,
devant le siège du Comité International Olympique (CIO), la
désignation d'une entreprise minière australo-britannique, Rio
Tinto, comme fournisseur officiel des médailles des prochains Jeux
Olympiques d'été à Londres. Rio Tinto s'est rendue coupable de lock
out contre près de 800 travailleurs au Québec, parce qu'ils
refusaient de voir les salariés partant à la retraite être remplacés
par des temporaires payés moitié moins. Rio Tinto, présente dans une
quarantaine de pays, est aussi dénoncée pour ses activités
polluantes et son mépris des populations locales. Les syndicats
exigent du CIO qu'il respecte et fasse respecter de ses fournisseurs
les droits fondamentaux et les principes de la charte olympique. Pis
quoi encore ? D'ailleurs, le directeur de la communication du CIO a
précisé que le CIO n'avait aucune intention d'exiger quoi que ce
soit de Rio Tinto, qui n'est même pas sponsor des Jeux mais
seulement fournisseur de médailles. Y'a une médaille pour
l'hypocrisie ? Et c'est aussi Rio Tinto qui la fournit ?
Le Conseil d'Etat genevois a adopté un arrêté visant à «aménager
les conditions-cadres favorables au bon déroulement de l'Eurofoot
2012 et des manifestations liées à cet évènement » . Concrètement,
ça veut dire quoi, l'Eurofoot se déroulant en Pologne et en Ukraine,
et pas à Genève ? Ben, il s'agit, nous dit le communiqué du Conseil
d'Etat, de « rappeler les différentes dispositions légales et
réglementaires en matière, notamment, d’ordre, de sécurité, de
tranquillité et de salubrité publics, de débits de boissons, de
vente d’alcool sur la voie publique ou encore de commerce
itinérant»... Bref, un petit catalogue des nuisances, incivilités,
tapages et perturbations diverses liées à la «grande fête du foot»,
même quand elle se déroule à quelques milliers de kilomètres de chez
nous. De la délinquance transfrontalière, quoi. Mais qu'en disent
Gominator et son MCG ? Et quand proposeront-ils de mettre les
supporters bruyants dans des containers près de l'aéroport ?
On appelle ça le « calcioscomesse » : c'est le scandale des matches
truqués en Italie (mais on sait que la pratique consistant à payer
des joueurs pour qu'ils fassent perdre un match à leur équipe afin
que les parieurs, mafieux ou non, qui ont misé sur leur adversaire
puissent empocher le gros lot, n'est pas une exclusivité italienne).
Et puis, il y en a un qui rêve tout haut, c'est le Premier ministre
italien, Mario Monti, qui suggère « une suspension totale (du foot
en Italie) pour deux ou trois ans », et qui pense que cette
abstinence footeuse profiterait « à la maturité politique de nos
concitoyens ». Bien sûr, que cela profiterait à leur maturité
politique, mais qui s'y intéresse, à leur maturité politique ? Et
qui en profiterait, de leur maturité politique ? Certainement pas
les réseaux mafieux qui gèrent les paris sur les marches truqués...
et certainement pas non plus le petit monde du foot professionnel,
italien ou non. car comme l'écrit l'historien du sport Fabien
Archambault : « le football (en Italie) est un système industriel où
les enjeux symboliques, au-delà des enjeux financiers, sont très
importants. Du coup, il est hors de question de le laisser aux mains
du hasard ». D'où la manipulation des matches : on sait jamais, si
on ne les manipulait pas, peut-être que les meilleurs gagneraient
toujours... Ah oui, encore un truc : selon le procureur Di Martino,
le « Calcioscomesse » a été en partie organisé en Suisse, et ses
profits en partie planqués en Suisse. Ah ben ça, pour une surprise,
c'est une surprise...
08 juillet 2012
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