11 décembre 2014

Maroc, Oslo, Paris, le CIO, la FIFA : Petite chronique du sport mafieux


Le sport, vous dites ? Eh non, le pognon...

La Justice helvétique va devoir traiter une plainte déposée par la Coupole internationale du foot business, la FIFA, pour le « mauvais comportement présumé de cerrtaines personnes dans le cadre de l'attribution des Mondiaux » de foot 2018 et 2022 au Qatar et à la Russie. Le « mauvais comportement » en question, c'est l'achat, par les Qataris et les Russes, des voix nécessaires pour que leur soient attribués les jeux du cirque footballistique. Une enquête interne de la FIFA avait pourtant, tout en relevant des « irrégularités », permis à la Coupole de ne pas remettre en cause ces deux attributions, à deux puissances (l'une politique, l'autre financière) qu'elle n'avait pas du tout envie de titiller. Pour le foot continental, on note la défection, au motif ou au prétexte d'Ebola,, du Maroc pour organiser la Coupe d'Afrique. Et il y a aussi des trous dans les Jeux Olympiques, d'hiver et d'été. Et là, ce sont les défections de villes candidates qui ont été annoncées. Alors quoi, ça va mal pour le sport mondial ? Voui : l'essentiel est  menacé. L'essentiel vous dites ? Le sport ? Eh non, banane, le pognon...

«  Si elle imaginait sa propre existence, la connerie ne serait plus elle-même » (Georges Picard)

Premier épisode : Le Maroc ayant déclaré forfait pour l'organisation de la Coupe d'Afrique de foot, en raison de la peur d'une contamination des foules par le virus Ebola, la faîtière continentale de ballopied (la CAF) devait choisir un autre pays. On connaît les critères d'une parfaite rectitude qui guident les choix des faitières (continentales ou internationales) sportives en ce qui concerne la démocratie, les droits humains, la transparence financière, tout ça... Et on n'a pas été déçus : la CAF a choisi la Guinée équatoriale et son président, Teodoro Obiang Nguema, 72 ans dont 35 ans au pouvoir (après un coup d'Etat, forcément, contre son oncle), dictateur « népotique et prédateur » (dixit Le Monde) d'un pays où la violence à l'égard des opposants, de la société civile et de la presse est quotidienne, la corruption omniprésente et la misère massive. Le choix rêvé pour une «grande fête du foot» dont le clan au pouvoir, les entreprises qui lui sont liées et la faîtière continentale du foot profiteront plein pot, et que la plèbe regardera passer. Et paiera. La routine, quoi...

Deuxième épisode : Oslo a retiré sa candidature pour les JO d'hiver 2022 pour des raisons financières (la foire sportive des neiges coûte trop cher pour ce qu'elle vaut aux yeux des Norvégiens), mais « personne ne doit s'inquiéter pour les Jeux », a assuré le président du Comité International Olympique : il reste les deux candidatures de deux célèbres stations de sport d'hiver, Pekin et Almaty (Kazakhstan). Ouagadougou n'était pas candidate. Et à propos du respect des Droits de l'Homme, le CIO assure qu'il prend « très au sérieux l'application de la Charte Olympique durant les jeux ». Avant et après les Jeux, il s'en fout. On se sent très Norvégiens, du coup. Ou Parisiens : la Maire de Paris, Anne Hidalgo, a renvoyé dans les cordes François Hollande qui s'était déclaré « favorable » à ce que la Ville de Paris se porte candidate à l'organisation des Jeux Olympiques d'été de 2024, au prétexte que « ce sera un moment de ferveur », que ça fera « le plein d'équipements, d'emplois et d'industries qui pourront se montrer ». A quoi Hidalgo a fort pertinemment répondu que la « course au toujours plus » à laquelle se livrent les villes organisatrices leur laisse surtout des équipements surdimensionnés, et inutiles une fois les jeux passés.

Dernier épisode : la plainte de la FIFA auprès de la justice suisse, pour corruption (mais sans prononcer le terme) dans l'attribution des Mondiaux de foot 2018 et 2022 au Qatar (où les ouvriers tombent comme des mouches pour construire les stades) et à la Russie. Et elle est bien emmerdée, la justice suisse. Parce que si jamais la plainte devait aboutir à la confirmation officielle de ce que tout le monde sait, que des voix nécessaires au Qatar et à la Russie pour se voir attribuer chacun leur Mondial ont été achetées et que cette attribution est donc nulle et non avenue, on imagine la colère poutinienne et émirienne. Et c'est teigneux, la Russie. Et c'est très riche, le Qatar. Et ils dépensent du pognon, en Suisse, les oligarques et les émirs. Et les fédérations sportives internationales sont bien une soixantaine à avoir posé leur sièges et leurs comptes en banque en Suisse, où elles ont rapporté près d'un milliard et demi de francs à l'économie en 2011. Dès lors, les paris sont ouverts : la justice suisse ira-t-elle jusqu'au bout de son travail, ou enterrera-t-elle le dossier sous le gazon d'un stade?
Tiens, celui de Genève, par exemple, qui ne sert pas à grand chose, pourrait servir à cela. Avant que le canton qui veut le reprendre dans le cadre d'une nouvelle répartition des tâches entre lui et les communes ne s'aperçoive qu'en fait, il ne reprendrait qu'un terrain vague avec un trou au milieu et  des dizaines de millions déjà balancés dedans.

07 décembre 2014

Fonds de tiroir


Oslo a retiré sa candidature pour les Jeux Olympiques d'hiver 2022, pour des raisons financières (la foire sportive des neiges, un gouffre financier pour ses organisateurs mais un pactole pour le ComIté International Olympique, coûte trop cher pour ce qu'elle vaut aux yeux des Norvégiens), mais « personne ne doit s'inquiéter pour les Jeux », a assuré le président du Comité International Olympique : il reste les candidatures de deux célèbres stations de sport d'hiver, Pekin et Almaty (Kazakhstan). Ouagadougou n'était pas candidate. Et à propos du respect des Droits de l'Homme, le CIO assure qu'il prend « très au sérieux l'application de la Charte Olympique durant les jeux ». Avant et après les Jeux, il s'en fout. On se sent très Norvégiens, du coup.

Hier, on félicitait chaudement les Norvégiens pour avoir renoncé à porter Oslo candidate à l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver 2022. Aujourd'hui, on félicite tout aussi chaudement la Maire de Paris, Anne Hidalgo, pour avoir renvoyé dans les cordes François Hollande qui s'était déclaré «favorable» à ce que la Ville de Paris se porte candidate à l'organisation des Jeux Olympiques d'été de 2024, au prétexte que « ce sera un moment de ferveur », que ça fera « le plein d'équipements, d'emplois et d'industries qui pourront se montrer». A quoi Hidalgo a fort pertinemment répondu que « les Jeux, ça coûte cher, y compris la candidature en soi » et que la « course au toujours plus » à laquelle se livrent les villes organisatrices leur laisse surtout des équipements surdimensionnés, et inutiles une fois les jeux passés. Eh ouais, François, des fois, c'est utile de réfléchir avant de parler, ça évite de dire des conneries et de se faire tacler par ses propres camarades de parti...

Le Maroc ayant déclaré forfait pour l'organisation de la Coupe d'Afrique de foot, en raison de la peur d'une contamination des foules par le virus Ebola, la faîtière continentale de ballopied (la CAF) devait choisir un autre pays. On connaît les critères d'une parfaite rectitude qui guident les choix des faitières (continentales ou internationales) des sports qui rapportent, en ce qui concerne la démocratie, les droits humains, la transparence financière, tout ça... Et ben on a pas été déçus : la CAF a choisi la Guinée équatoriale et son président, Teodoro Obiang Nguema, 72 ans dont 35 ans au pouvoir (après un coup d'Etat, forcément, et en famille, contre son oncle), dictateur « népotique et prédateur » (dixit « Le Monde ») d'un pays où la violence à l'égard des opposants, de la société civile et de la presse est quotidienne, la corruption omniprésente et la pauvreté massive (la moitié de la population n'a pas accès à l'eau potable, un enfant sur cinq meurt avant l'âge de cinq ans...). Le choix rêvé pour une « grande fête du foot » dont le clan au pouvoir, les entreprises qui lui sont liées et la faîtière continentale du foot profiteront plein pot. La routine, quoi...