18 septembre 2009

Fonds de tiroirs

La " Tribune de Genève " nous l'annonçait le 24 juillet : les premiers coups de pioche du Parc Hentsch, qui s'étendra là où s'étendait le stade des Charmilles, sont prévus en 2010... si tout va bien... et si tout va bien, on peut aussi attendre pour 2010 les premiers coups de pioche pour nous débarrasser du stade de la Praille ?

" Il faut détruire le stade de Genève ", clame, héroïque, le promoteur de spectacles Michael Drieberg, dans " Le Matin " du 2 octobre...
... eh, oh, copieur, on était prim's !
Et Drieberg de proposer un vote populaire pour la reconstruction d'un stade plus petit aux Charmilles, avec remplacement du stade de la Praille par des logements et un parc.
Chiche ? On lance une initiative ?

EUROCULTURE

Un livre de poche intitulé "90 minutes" et contenant 90 contributions (en allemand, français et italien) d'écrivains narrant leur relation à la baballe a été distribué, gratuitement et à 20'000 exemplaires, à l'entrée des stades où se jouaient les rencontres accueillies par la Suisse dans le cadre de l'Euro2008. Sachant que ces rencontres ont attiré 350'000 personnes (Soit 17 fois plus que le tirage du bouquin), on se dit que les auteurs de cette intéressante initiative ne sont pas très optimistes quant au goût des supporters de foot pour la lecture. Et que si les textes publiés (1300 signes au maximum) avaient été édités sous forme d'étiquettes collées sur des bouteilles de bière, ils auraient eu plus de succès.
Surtout qu'on aurait pu balancer les bouteilles sur les joueurs et l'arbitre si on n'était pas content du résultat du match, ou de l'arbitrage.

SELECTION NATURELLE
Selon une étude menée durant la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, le nombre d'urgences cardiaques a été multiplié par trois pendant les matches, et les jours où l'Allemagne jouait, les cas d'intervention médicale pour raisons d'origine cardiaque étaient multipliés par au moins 2,5 par rapport à un jour normal, voire trois lors des quart et demi finales, Les cardiologues du CHUV, à Lausanne, avaient déjà constaté une augmentation de 60 % des morts subites lors du Mondial 2002. Stress, colère, abus d'alcool ou de tabac décuplent les risques chez les fans. D'où ce titre de "20 Minutes" (du 11 mars) : "L'Eurofoot tuera les coeurs faibles".
Pour les cerveaux faibles, on n'avait même pas attendu le début des compétitions.

Les centres de transfusion sanguine étaient inquiets : on risquait de manquer de dons de sang pendant l'Eurofoot, comme en Allemagne lors du Mondial 2006. Les besoins devaient augmenter du fait de l'arrivée des spectateurs étrangers, mais les donneurs n'étaient pas plus nombreux (ils risquaient même de l'être moins), et un projet de collaboration avec l'UEFA avait échoué, du fait de l'UEFA, qui avait refusé d'offrir des billets pour les matches aux donneurs. C'est pas que l'UEFA soit contre le don du sang, non, c'est simplement qu'elle est contre le don de billets. En fait, les dons, elle y est favorable, l'UEFA. Mais seulement quand elle en bénéficie.

07 septembre 2009

EURODOPE

Le 12 mars, entraîneurs et dirigeants des fédérations de foot des seize pays participant à l'Eurofoot ont signé une charte contre le dopage, prévoyant des tests sanguins en plus des tests d'urine déja pratiqués. Avant que tout test ait été effectué, les patrons du foot européen avaient clamé qu'il n'y a pas, et qu'il n'y aura pas, de dopage dans "leur" sport... c'est dire si ces tests allaient être efficaces. Platini : "il n'y a pas à mon sens de dopage organisé" dans le foot; Kühn : "il est beaucoup plus difficile de se doper" dans le foot que dans d'autres sports, et "en équipe de Suisse, personne n'est dopé". Sur quoi, 300 contrôles antidopages ont été réalisés pendant l'Eurofoot. Tous négatifs, comme prévu, et comme annoncé. Il faudrait donc croire qu'aucun footballeur professionnel ne consomme des "drogues de performance". En fait, la seule chose qu'on doit croire c'est qu'aucun ne s'est fait prendre la dope dans le sang ou la pisse. Parce qu'on peut parfaitement se doper sans être pris : en consommant des substances interdites non décelables, des substances décelables mais non interdites, ou des substances décelables et en principe interdites sauf quand elles sont prescrites dans le cadre d'un traitement médical. Bref, on peut se doper aux hormones de croissance, aux transfusions autologues, à l'ACTH, à l'EPO biosimilaire, à l'insuline, à l'IGF-1, au Néoton, à l'Actovégin, aux hormomnes thyroïdiennes, à l'HMB... sans que cela apparaisse dans les contrôles ultérieurs. Les contrôles sanguins ne permettent pas la mise en évidence de la consommation de substances non hormonales, le dopage par hormone de croissance peut se faire quasiment en toute impunité (il faut être con pour se faire repérer), puisque trois heures après l'administration du produit, le contrôle sanguin ne le révèle plus. Bref, la seule vertu des contrôles effectués dans le foot, largement inférieurs en efficacité à ceux effectués par exemple sur le Tour de France, est une vertu de blanchiment : ça décerne un label de propreté à tous ceux qui ont été contrôlés, y compris ceux qui se sont dopés mais ne se sont pas fait repérer, ou à ceux qui se dopent habituellement mais se sont arrangés pour se faire contrôler à un moment où ils ne se se sont pas dopés.
Personne ne croit d'ailleurs sérieusement que le football professionnel soit préservé du dopage. Sinon, pourquoi la FIFA aurait-elle attendu d'être menacée de se retrouver devant le tribunal arbitral du sport pour mettre son réglement antidopage en conformité avec le code de l'Agence mondiale antidopage ? "Au sein de la FIFA, il y a des intérêts qui ne veulent aucun changement et d'autres qui sont plus progressistes", résumait en novembre le président sortant de l'agence mondiale antidopage, Richard Pound, qui expliquait que les intérêts économiques en jeu expliquent les libertés prises avec les codes : "les gens engagés dans les équipes ne veulent pas prendre le risque de perdre leurs stars pour une 'broutille' comme le dopage" ("Le Temps" du 14 novembre). Faut être con comme Maradona pour se faire piquer, quoi...

Dans le genre faux derche, le président du CIO, Jacques Rogge, a fait fort, dans un entretien au "Monde", en octobre dernier, déclarant : "je trouve que l'opinion publique est trop tolérante vis-à-vis du dopage en général : on a vu des athlètes pris en flagrant délit être encouragés le lendemain". On voit surtout aux JO des athlètes pratiquement tous dopés, et qui ne se distinguent que par la légalité ou non des substances et des méthodes de dopage.