22 octobre 2010

Fonds de tiroir

Derby de foot entre Lausanne Sport et Servette : la fondation du stade annonce, toute fiérote, que la fréquentation du stade a battu le record des matches de « Challenge League », avec 15'252 spectateurs. Soit un stade à moitié vide. Il est vrai qu'il l'est généralement à 90 %, vide. On peut dès lors être fiers pour pas grand chose.

Selon un rapport de la Cour des Comptes, c'est un peu le bordel dans l'utilisation des fonds reçue de la Loterie Romande par la Commission cantonale d'aide au sport (l'ancienne commission du Sport-Toto) : une partie des fonds laissés à la libre disposition du Conseiller d'Etat Mark Muller entre 2007 et 2009 ont été utilisés dans un joyeux irrespect du règlement : 200'000 francs débloqués (c'est le mot) pour étudier le projet loufoque d'organiser les Jeux Olympiques d'hiver 2018, et 50'000 balles pour financer le ballon gonflable qui nous a gonflé au-dessus du jet d'eau pendant l'Eurofoot 2008, ont été affectés par la commission en sortant de son rôle. qui est d'encourager « l'éducation physique de la jeunesse et le développement du sport amateur ». Quand aux quatre millions versés pour boucher les trous des finances du Stade de Genève, la Cour n'a tout simplement pas pu vérifier leur adéquation au règlement, faute d'éléments d'analyse suffisants. Toutes ces décisions de soutenir des foirades (les JO 2018, le ballon de l'Eurofoot et le stade de la Praille) ont été ratifiées, a posteriori, par le Conseil d'Etat (ce qui signifie qu'elles ont été prises par Muller tout seul). Explication de Charles Beer : elles correspondaient à « certains intérêts stratégiques du canton ». Bon sang, mais c'est bien sûr, la baudruche à Jobin, elle était « stratégique », c'était pas la grotesque pétuffe qu'on croyait voir, c'était un Zeppelin d'observation des cellules dormantes du terrorisme anti-sportif... Vous n'avez pas légèrement l'impression fugace qu'on se fout un peu de la gueule du monde, là ?

Ah ben ça alors, pour une surprise, c'est une surprise : y'a de la corruption dans la mafia du foot-pognon. Deux membres du comité exécutif de la Coupole (la Fédération internationale FIFA) ont été filmés en train de monnayer leur voix pour le vote attribuant les coupes du monbde 2018 et 2022. Et ça fait tout un tintouin, et la FIFA a dû faire mine d'ouvrir une enquête. Qu'elle s'est prudemment confiée à elle-même, histoire de s'assurer qu'elle ne déborde pas des cas des deux malheureux basanés qui se sont fait piquer (un Tahitien et un Nigérian). Parce qu'en fait, sur 24 membres du Comité exécutif de la FIFA, au moins sept sont déjà lourdement soupçonnés de s'être fait acheter à d'autres occasions, et que même l'accession du Suisse Sepp Blatter à la présidence du machin, des pratiques qu'on dira pudiquement « douteuses » alors qu'en fait, il y a assez peu de doutes à avoir à leur sujet, ont été évoquées (la présidente de la fédération somalienne de foot, dont on ignorait même qu'elle existât, avait reconnu avoir vendu 100'000 dollars sa voix à Blatter...). Mais bon, faut pas dire du mal du sport professionnel, Non, faut pas. C'est une grande et belle famille. La preuve : Les Ligues de football professionnelles européennes se sont engagées mardi à soutenir la campagne « Un milliard d'affamés » lancée par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), campagne se manifestant par une pétition appelant les gouvernements à accorder une priorité à l'éradication de la faim. Meuh non, on ricane pas...