22 octobre 2014

Il y a trois mois, le Mondial de foot brésilien... et le pire reste à venir...


    
L'équipe nationale suisse de foot a donc battu celle de Saint Marin. Le Vatican et Andorre restent à portée de pénalty. Monaco et le Liechtenstein en sont plus loin, mais Hopp Sviss quand même. Et c'est là qu'on se dit « comme le temps passe vite »... il y a trois mois, on poussait un gros soupir de soulagement : le Mondial de foot se terminait. On en résume le coût : 12 milliards de francs (au moins) claqués pour organiser la fête à neuneu, par un Brésil en manque d'infrastructures scolaires, sanitaires et de transports publics efficaces, avec à la clef l'expulsion des vendeurs ambulants pour complaire aux sponsors, la déportation, pour faire place aux stades, à leurs voies d'accès et à leurs parkings, de 200'000 personnes à la périphérie la plus lointaine possible des villes accueillant des matches, une explosion de la spéculation immobilière, la répression des manifestations dénonçant gaspillages et corruption... Le foot-pognon et ses mafias dans toutes leurs splendeurs, quoi. Et ce sera pire encore en 2018 en Russie et en 2022 au Qatar.


La reconnaissance de Medor envers qui lui sert sa pâtée

Si le Mundial avait pu être mis en échec par ses opposants brésiliens, un précédent historique aurait été créé, qui aurait contraint la FIFA à repenser complètement non seulement le mode d'attribution des compétitions qu'elle organise (et fait payer par les pays organisateurs), mais sans doute aussi leur mercantilisation et tout ce qui l'accompagne, de la corruption aux épurations sociales et urbanistiques menées à grands renforts policiers dans les villes qui accueillent les matches et les infrastructures qu'ils rendent nécessaires. Las ! Les manifestations brésiliennes n'ont pas entravé, ni perturbé, les jeux du cirque. En 2013, pourtant, un mouvement populaire de protestation contre le prix et l'inefficacité des transports publics avait rapidement débouché sur une contestation massive des ressources consacrées au Mundial (et de la corruption les accompagnant), comparées à celles qui manquent aux infrastructures essentielles. Un an plus tard, cette contestation s'était essoufflée, dispersée en revendications sectorielles. Et dès que les Jeux du Cirque se sont ouverts, ils ont recouvert les critiques -mais n'est-ce pas à cela, aussi, qu'ils servent, depuis toujours ?

La concurrence entre les pays candidats à l'organisation du spectacle mondial de ballopied pousse à l'inflation de son coût, dans une sorte de course au gigantisme à laquelle ne peuvent participer que les pays les plus riches (mais pas forcément les plus démocratiques). Le Mondial brésilien de 2014 aura coûté au moins 15 milliards de dollars, le double du Mondial sud-africain de 2010. Le budget global du Mondial russe de 2018 devrait lui aussi atteindre le double de son prédécesseur, et dépasser les 30 milliards. Et l'ascenseur du gaspillage somptuaire devrait encore prendre de l'altitude ensuite, pour atteindre carrément les 200 milliards de dollars en 2022, au Qatar. Où déjà les ouvriers népalais tombent comme des mouches pour construire les infrastructures de la Coupe du monde que l'émirat a obtenue en achetant pour cinq millions les votes nécessaires au sein de la FIFA, après quoi les parrains de la FIFA, Sepp Blatter en tête (« petit caudillo de la FIFA, qui s'est autominéralisé sur son trône pour mieux instituer le football universel arrangeur et juteux » (Christophe Gallaz), ont pu se payer le luxe de faire les dégoûtés et d'exclure le représentant quatari au sein du Comité exécutif de la Coupole du foot-pognon.  Parce qu'il y a eu corruption ? Non : parce que cela s'est su. 

Aujourd'hui, au Brésil, les ressources publiques manquent pour les écoles, les hôpitaux, les transports publics, mais la FIFA aura engrangé au moins quatre milliards de francs des droits TV... Le vainqueur (allemand) de cette compétition exécrable comme tous les autres participants (suisses, entre autres), et comme le gouvernement (de gauche) brésilien étaient forcément complice de tout ce qu'elle a nécessité -et complices de cette complicité les supporters de ce vainqueur comme ceux de toutes les équipes participantes, comme tous les media faisant écho à cette exhibition.

Elle est là, la grande victoire de la FIFA, au-delà de l'abrutissement des foules et de la connification des masses, au-delà des profits qui en sont retirés : dans la reconnaissance du chien de Pavlov envers qui lui sert sa pâtée.