07 décembre 2014

Fonds de tiroir


Oslo a retiré sa candidature pour les Jeux Olympiques d'hiver 2022, pour des raisons financières (la foire sportive des neiges, un gouffre financier pour ses organisateurs mais un pactole pour le ComIté International Olympique, coûte trop cher pour ce qu'elle vaut aux yeux des Norvégiens), mais « personne ne doit s'inquiéter pour les Jeux », a assuré le président du Comité International Olympique : il reste les candidatures de deux célèbres stations de sport d'hiver, Pekin et Almaty (Kazakhstan). Ouagadougou n'était pas candidate. Et à propos du respect des Droits de l'Homme, le CIO assure qu'il prend « très au sérieux l'application de la Charte Olympique durant les jeux ». Avant et après les Jeux, il s'en fout. On se sent très Norvégiens, du coup.

Hier, on félicitait chaudement les Norvégiens pour avoir renoncé à porter Oslo candidate à l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver 2022. Aujourd'hui, on félicite tout aussi chaudement la Maire de Paris, Anne Hidalgo, pour avoir renvoyé dans les cordes François Hollande qui s'était déclaré «favorable» à ce que la Ville de Paris se porte candidate à l'organisation des Jeux Olympiques d'été de 2024, au prétexte que « ce sera un moment de ferveur », que ça fera « le plein d'équipements, d'emplois et d'industries qui pourront se montrer». A quoi Hidalgo a fort pertinemment répondu que « les Jeux, ça coûte cher, y compris la candidature en soi » et que la « course au toujours plus » à laquelle se livrent les villes organisatrices leur laisse surtout des équipements surdimensionnés, et inutiles une fois les jeux passés. Eh ouais, François, des fois, c'est utile de réfléchir avant de parler, ça évite de dire des conneries et de se faire tacler par ses propres camarades de parti...

Le Maroc ayant déclaré forfait pour l'organisation de la Coupe d'Afrique de foot, en raison de la peur d'une contamination des foules par le virus Ebola, la faîtière continentale de ballopied (la CAF) devait choisir un autre pays. On connaît les critères d'une parfaite rectitude qui guident les choix des faitières (continentales ou internationales) des sports qui rapportent, en ce qui concerne la démocratie, les droits humains, la transparence financière, tout ça... Et ben on a pas été déçus : la CAF a choisi la Guinée équatoriale et son président, Teodoro Obiang Nguema, 72 ans dont 35 ans au pouvoir (après un coup d'Etat, forcément, et en famille, contre son oncle), dictateur « népotique et prédateur » (dixit « Le Monde ») d'un pays où la violence à l'égard des opposants, de la société civile et de la presse est quotidienne, la corruption omniprésente et la pauvreté massive (la moitié de la population n'a pas accès à l'eau potable, un enfant sur cinq meurt avant l'âge de cinq ans...). Le choix rêvé pour une « grande fête du foot » dont le clan au pouvoir, les entreprises qui lui sont liées et la faîtière continentale du foot profiteront plein pot. La routine, quoi...

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