30 mai 2009

L'aumône au stade

500'000 francs pour solde de tout compte ?

Le Conseil d'Etat voulait lui assurer une rente viagère de deux millions de francs par an jusqu'à ce que mort du stade s'ensuive ? La Fondation du Stade de Genève ne recevra probablement qu'une aumône de 500'000 balles pour survivre en 2010 : c'est en tout cas la proposition que feront le PS et les Verts, après que la Commission de contrôle de gestion du Grand Conseil ait, à l'unanimité, donné un préavis négatif à la dispendieuse stadolâtrie du gouvernement. Et la commission de stigmatiser la " légèreté " du Conseil d'Etat (à deux millions par an, c'était pourtant une légèreté lestée), et de déplorer l'absence de toute réflexion sur un financement privé de cet équipement sur lequel, rappelons-le au passage, les Genevois n'ont jamais pu se prononcer, tout ayant été fait, défait et surfait pour les en empêcher.

Une année de fourrage
La crainte du vote populaire étant le commencement de la sagesse politique, du moins en démocratie, cette ombre a obscurci les perspectives offertes par le gouvernement cantonal à la Fondation du Stade de Genève. Il est vrai qu'à six mois des élections cantonales, même les partis qui ont depuis dix ans, dans le dossier pourri du stade de la Praille, avalé toutes les couleuvres, ratifié tous les rackets, admis toutes les manœuvres, ont commencé à s'interroger -non en se posant les bonnes questions (Genève a-t-elle besoin d'un stade de foot de 30'000 places ? Un tel équipement doit-il être continuellement financé à perte par des fonds publics ?), mais en finissant par donner des réponses à peu près sensées, même à de mauvaises questions (est-ce qu'on ne va pas se faire claquer le beignet en votation populaire, puisqu'un référendum est garanti contre la proposition du Conseil d'Etat ?). D'où ce sursaut d'intelligence politique, à défaut de prise de conscience de la décennale imbécillité qui a accompagné la croisière du Titanic de la Praille : on offrirait à la Fondation du stade 500'000 francs pour 2010, à elle, et au Conseil d'Etat, de trouver le moyen de financer le stade sans puiser continuellement dans les fonds publics. Il est vrai que si le référendum était garanti contre une ponction annuelle de deux millions de fonds publics pendant un demi-siècle, la question de son opportunité se pose s'il ne s'agit plus que d'une aumône de 500'000 francs, pour un an seulement. Mais il est non moins vrai que le référendum s'imposerait à nouveau si d'aventure, l'année prochaine, les stadolâtres nous revenaient sébile en main, quémandant une nouvelle subvention sous quelque prétexte de circonstance. Ou si la proposition devait être faite de liquider la fondation privée du stade pour la remplacer par une fondation publique, histoire de pérenniser le racket des caisses cantonales (et municipales). On a installé un mammouth à la Praille ? Que les glorieux responsables de cette lumineuse initiative se débrouillent pour payer le fourrage de l'animal.

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