11 mai 2010

Un carton jaune pour le foot-pognon ?

« Non à l’exploitation lors de Coupes du monde de football »

L’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO) a lancé hier a pétition « Hor$jeu – Un carton jaune pour Sepp Blatter! ». La pétition* exige de la Fédération internationale du foot-pognon (la FIFA) qu’elle s’engage activement contre l’exploitation et pour le respect des droits humains lors de Coupes du monde de football. La FIFA devrait imposer aux sponsors et aux entreprises de construction des stades et autres équipements induits par les mondiaux de foot qu'ils et elles versent des salaires suffisants pour vivre et respectent les normes fondamentales du travail. Les pays et entreprises qui ne sont pas disposés à remplir ces conditions ne devraient plus pouvoir organiser de Coupe du monde ou assumer de travaux en lien avec cette dernière. Et après les jeux du cirque, une fois les télés parties, la FIFA gavée et les supporters décuités, la plèbe locale retourne à la normalité de l'exploitation ?

* La pétition peut être signée sur
www.horsjeu-afriquedusud.ch/

Panem et circenses

Pour la prochaine Coupe du monde de football, en Afrique du Sud, la FIFA n'a rien laissé au hasard. Elle régit tout: de la hauteur du gazon à la diagonale d’écran règlementaire pour les diffusions publiques. Ce contrôle du moindre détail permet à la FIFA de s’assurer un bénéfice prévu de deux milliards de francs suisses. La FIFA ne laisse rien au hasard. Rien de ce qui pourrait lui rapporter, du moins. Car elle serait, selon les dires de son président, le Suisse Sepp Blatter, impuissante à faire respecter les droits du travail et les droits humains. Or « la Coupe du monde ne profitera malheureusement pas à tout le monde. L’Afrique du Sud a investi 4,5 milliards de francs en vue du Mondial. Ces investissements massifs n’ont cependant rien apporté aux 20 millions de pauvres que compte l’Afrique du Sud. 43 % de la population restera par conséquent hors jeu », rappelle le président de l’Oeuvre Suisse d'Entraide Ouvrière, Hans-Jürg Fehr, qui poursuit : « Les ouvriers ont construit les stades pour des salaires de misère et des quartiers pauvres ont été rasés, pour des raisons d’image. Les nouvelles maisons promises aux personnes chassées n’ont pas été construites, faute d’argent ». Quoi qu'elle en dise, en tant qu’organisatrice de la Coupe du monde, la FIFA a la possibilité d’exercer une pression sur ses mandataires et de leur imposer des conditions sur le plan social. L’OSEO exige par conséquent le respect des droits humains lors d’événements organisés par la FIFA – une exigence d’autant plus essentielle que le prochain Mondial aura lieu au Brésil. Les exigences de l’OSEO sont simples :
. Des conditions de travail équitables pour les ouvriers de la construction et autres employés,
• Les quartiers pauvres ne doivent plus être démolis.
• Pas de muselière pour les journalistes accrédités.
« Les pays et les entreprises qui violent les droits humains et pratiquent l’exploitation ne doivent plus pouvoir, à l’avenir, organiser de Coupe du monde ou assumer de travaux en lien avec cette dernière », conclut Hans-Jürg Fehr. Il convient sans doute de traduire cette phrase au conditionnel, mais il convient aussi de dire, d'écrire, de faire savoir, que nous sommes encore quelques uns et quelques unes à ne pas avoir été totalement décérébrés par la récurrence du vieux précepte « donnez à la plèbe du pain et des jeux, elle nous foutra la paix ».

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