19 décembre 2010

Rénovation de la patinoire des Vernets : Combien vaut une fesse de sponsor ?

Pour assurer le confort des fessiers des sponsors et autres « VIP » qu'insupporte l'idée de se mélanger au commun des supporters (qui sentent la bière et la transpiration) du Genève-Servette Hockey-Club (GSHC), le Conseil administratif de la Ville a proposé au Conseil municipal, qui les a renvoyés en commission, un ensemble de deux ou trois crédits, pour un total de 13 ou 14 millions de francs, destinés à la création aux Vernets de « sky loges » et d'une « zone Lounge » et du « reprofilage du gradin sponsors ». En quels termes poétiques est dit ce vrai projet de gauche, pour une vraie Municipalité de gauche... Ces crédits, toutefois, ne satisfont même pas le GSHC, qui veut plus : une nouvelle patinoire. Et qui craint que la rénovation de l'ancienne, et l'amélioration de l'accueil des séants de la crème (financière) des spectateurs, ne soient un argument pour repousser aux calendes grecques la « nouvelle enceinte » dont il rêve et dont il rêve qu'elle lui soit offerte sur un plateau par la Ville et le Canton. Et le président du GHSC, Hugh Quennec, de sussurrer que le club « ne demande pas d'aide financière, mais simplement un outil structurel » pour lui permettre « de vivre ». Le rôle d'une collectivité locale est-il de mettre une infrastructure sportive à la disposition d'un club ou de la mettre à disposition de la population ?

Démangeaisons référendaires

Le Genève-Servette Hockey Club se paie une pleine page couleur de la Tribune de Genève, pour chanter ses louanges, et conclure son cantique d'autocélébration par un appel à soutenir la « construction d'une nouvelle patinoire pour le 1er septembre 2015 ». Sns doute par pure coïncidence, la pub du GSHC paraissait mardi, juste avant le début de débat (un début interminable pour un débat creux) sur le crédit de 13 ou 14 millions demandé par le Conseil administratif pour rénover la patinoire des Vernets. Parce qu'il a peur, le GSHC, qu'avec la rénovation des Vernets, on ait un argument pour ne pas lui offrir la nouvelle patinoire de ses rêves. Dans ce qui a tenu lieu de débat sur le sujet, on a à peu près tout entendu, d'à peu près tous les côtés, sur la nécessité de soutenir d'une manière ou d'une autre le « club phare du hockey genevois ». Tout, y compris les inévitables lieux communs sur la valeur du sport d'élite et de ses héros pour la jeunesse, qui devrait pouvoir s'y identifier -comme si l'identification à des toxicomanes millionnaires se castagnant dans des matches truqués sous les hurlements de supporters réduits à l'état préhominien était devenu un objectif pédagogique. Bref, on nous a resservi, à propos de la patinoire et du Servette-Hockey un plat qu'il nous souvient d'avoir goûté il y a une dizaine d'année à propos d'un stade et du Servette-football. Un plat que ni nous, ni Genève, n'avons toujours pas digéré : la Praille, son stade, son trou financier... Un stade trois fois trop grand, qui a coûté deux fois plus que prévu, qui vaut aujourd'hui dix fois moins que ce qu'il a coûté et qui n'accueille en moyenne que vingt fois moins de spectateurs qu'il n'en peut contenir... Espérons que le feuilleton qui commence à propos de la nouvelle patinoire dont rêve le GSHC fera remonter à la surface de la conscience politique locale quelques bribes de mémoire. Parce que la trame du feuilleton de cette patinoire est la même que celle du Stade de la Praille. Et que nos démangeaisons référendaires, elles aussi, sont les mêmes. Y compris contre le crédit demandé par le Conseil administratif pour rénover les boxes à sponsors des Vernets -et à plus forte raison lorsqu'il s'agira de se prononcer sur le moindre soutien financier apporté par la Ville (ou le canton) au projet de nouvelle patinoire, et la moindre autorisation de la construire -pour autant qu'un référendum soit alors possible.

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