06 avril 2013

Stade de la Praille : une offre française refusée...et des perspectives en eau de boudin...

Que faire d'un stade que la Fondation qui le gère qualifie elle-même d'enceinte « le plus souvent vide et tristement silencieuse » ? S'agissant du Stade de la Praille, c'est la question qui se pose (et que nous posons) depuis sa construction (à laquelle, rappelons-le au passage, nous étions quelques uns à nous opposer). Une réponse a été suggérée par des élus français de la région genevoise et une équipe française, Evian-Thonon-Gaillard (ETG), qui joue (encore) en division d'élite, qui n'a pas de stade digne de ce nom et qui depuis la proclamation de l'existence de la « Grande Genève » se sent, logiquement, chez elle à Genève, a demandé à la coupole du foot européen (l'UEFA) et à son président, Michel Platini, d'être autorisée à jouer à la Praille. Ce que l'UEFA avait déjà refusé en 2010. Et qu'elle a donc nouveau refusé. On a donc une équipe sans stade et un stade sans public, qui voudraient convoler afin de remplir le stade vide par les supporters de l'équipe sans stade. Une jolie histoire de vases communiquants et de baignoires qui se vident et se remplissent.
Mais de vases communicants vaseux et de baignoires d'eau de boudin.


Le stade de la Praille, ou « comment s'en débarrasser ? »
Si navrante qu'elle soit, et celle du Stade de Genève l'est à souhait, une saga doit avoir une fin. Heureuse ou non, mais une fin. Or s'agissant de celle-là, la question qui se pose toujours, et à laquelle personne n'a jamais été foutu de répondre, est : « plutôt que construire un équipement lourd et coûteux sans savoir si on en a l'utilité, et se demander une fois qu'il est construit à quoi on va bien pouvoir l'utiliser et comment le remplir, et à qui le fourguer, est-ce qu'il n'aurait pas été plus intelligent de se demander avant de le construire si on en avait besoin ? », ce qui nous aurait évité de nous demander maintenant comment on va pouvoir s'en débarrasser. Questions auxquelles on ajoutera celle-ci : « la fonction de la «Grande Genève», et de l'une ou l'autre de ses communes, de l'un ou l'autre de ses parlements, ou de son gouvernement, est-elle de trouver une utilité aux machins dont la petite Genève ne sait pas quoi faire ? ». Le regretté Mark Muller avait un jour affirmé que « personne (ou presque) ne souhaite enterrer le stade ». L'enterrer, non, par respect pour la nappe phréatique. Mais le vendre, le découper, le cramer, le laisser pourrir sur pieds, oui. Après tout, sa durée de vie de ce machin est estimée à cinquante ans, on en a déjà tiré dix (le stade a été inauguré en 2003), il nous en reste quarante à tirer, compte non tenu d'une possible libération conditionnelle.

Il se trouve que, quelque peu contrainte par un référendum que nous fûmes quelques uns à lancer contre un prêt que la Ville voulait accorder à la Fondation du Stade, et que les électrices et électeurs de la Ville ont refusé à une majorité de trois contre un d'accorder, la Ville de Genève a réussi à se désengager partiellement de ce foutoir. Elle reste représentée au Conseil de la Fondation, mais on n'attend fort heureusement d'elle pas plus de soutien que cela à ce monument d'inutilité présomptueuse. La Ville de Genève ne se retrouve donc pas, ou plus, dans la situation de celle de Lancy, qui sait que les prêts qu'elle a consenti à la Fondation ne seront jamais remboursés. Est-ce vraiment le moment pour nous (à supposer qu'il y ait un moment pour cela) de remettre, fût-ce avec les meilleures intentions du monde, et en tenant un discours critique) de remettre, les pieds, les mains ou la tête pensante dans l'engrenage d'un soutien à la Fondation du Stade ? Cette fondation est évidemment d'accord que les Chablaisiens utilisent le stade, parce qu'en fait, elle serait d'accord avec n'importe quelle proposition d'utilisation qui pourrait donner au moins l'illusion que cet équipement ait une utilité qui justifie les, à la louche, 100 millions qu'il a coûté jusqu'à présent aux collectivités publiques. « Jusqu'à présent », parce que ce n'est vraisemblablement pas fini : La Fondation du Stade de Genève, propriétaire du trou du même nom, a mis en demeure le Servette FC, désormais exploitant du même trou, de lui payer 212'000 francs, soit des impayés de 2012 et la redevance annuelle de 2013. Et le club est emmerdé: l'hiver n'amène pas de recettes, le public se fait rare et l'organisation du match Brésil-Italie, match amical et exhibitionniste sans aucun enjeu mais sur lequel le club compte pour remplir le stade, coûte un saladier (rien que pour refaire la pelouse, c'est 260'000 balles). Alors le président du club se plaint qu'on lui ait fourgué un stade « ni fini, ni entretenu », qu'il se retrouve seul à devoir payer, ce pourquoi il faudrait disposer de deux millions de francs par an (sans compter les vingt millions qu'il faudrait pour le rendre « viable »). Mais qui l'a obligé à le reprendre, ce stade ? Il l'a voulu, il l'a, pour 32 ans (c'est la durée du contrat d'exploitation qui lie le club et la fondation du stade), qu'il se démerde avec. Non mais... Parce qu'on le voit venir, avec ses gros sabots et sa grosse sébile, auprès du canton (ou des villes), quémander une subvention, un prêt, une aumône...

Mais quand le MCG opposé à l'utilisation d'un stade genevois par des Français, les accuse de vouloir faire « main basse sur le stade », on ne peut s'empêcher de se dire : « Bon sang ! si au moins c'était leur intention, aux Français, de faire main basse sur le stade ! on pourrait s'en débarrasser en le leur fourguant » ... après tout, on a bien essayé de le fourguer à un Iranien, après un Marseillais...

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