04 juillet 2010

Mondial de foot ? Mondial de fric !

L'Afrique du Sud sous protectorat de la FIFA

Entre les ahanements de sangliers en rut poussés à Roland Garros et les pouêt-pouêt de la caravane publicitaire du Tour de France, on va donc s'offrir pendant un mois, le cirque du Mondial de foot. Entre les petits bobos des joueurs, les états d'âme des entraîneurs et des commentateurs, les calculs des sponsors, les hurlements des supporters, les petites tricheries des matches et les grosses magouilles du sport-pognon, on pourra même se repaître d'une bienpensée du genre de celle produite, le 21 mars dernier, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, par la Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, qui, tout en déplorant les incidents racistes qui se sont déroulés ces dernières années dans les stades de football, a cru de son devoir d'ajouter que la Coupe du Monde en Afrique du Sud allait être « une bonne opportunité d'aborder le problème du racisme dans le sport, et d'accroître le formidable potentiel du sport pour éliminer le racisme, la xénophobie et les formes similaires d'intolérance dans l'ensemble de la société » Comme si le Mondial avait encore le moindre rapport objectif avec le sport, et était autre chose que la matérialisation, pendant un mois, de la gigantesque pompe à fric qu'est la FIFA. Le Mondial, antidote au racisme ? Souvenez-vous du Mondial de 1998, de la France championne du monde, du déferlement d'hymnes au « melting pot black.blanc-beur »... Quatre ans plus tard, qui s'invitait au deuxième tour de l'élection présidentielle ? Zidane ? Non : Le Pen...

Main basse sur l'Azanie

« La différence entre le football et d'autres empires gagnés par la conquête, c'est qu'il n'existe pas de puissance dominante capable d'imposer sa volonté aux autres », déclare Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques. « Pas de puissance dominante », vraiment ? Et la FIFA, alors ? L'Afrique du Sud a littéralement été mise en coupe réglée par la Fédération internationale de foot professionnel : dans chacune des neuf villes hôtes du Mondial, un hôpital privé et un hôpital public ont été partiellement ou totalement réquisitionnés pour l'événement. A Port Elizabeth, bien avant le premier coup de pied dans le premier ballon du premier match, la moitié des lits ont dû être maintenus vides, et les patients s'entasser dans l'autre moitié, être traités à la va-vite, ou carrément refusés et priés d'attendre que la fête à neuneu soit terminée et que la FIFA ait levé le protectorat qu'elle a établi sur la République sud-africaine, dont le gouvernement s'est littéralement vendu à l'organisation faîtière du foot-pognon. Des milliers d'agents de la FIFA ont été déployés pour imposer le respect de l'exclusivité (payante) de l'usage de certains termes, y compris des plus courants. Il est désormais interdit en Afrique du Sud en 2011 d'inscrire « Afrique du Sud-2011» sur une affiche, une enseigne ou un T-shirt. Les petits vendeurs de rues sont pourchassés et repoussés le plus loin possible des stades et des regards des spectateurs des matches. La FIFA s'est arrogée un pouvoir de censure de la presse, en s'octroyant le droit de retirer ou de modifier les accréditations de journalistes mal-pensants et les reportages dont elle-même juge qu'ils seraient nuisibles à ses intérêts. Les droits constitutionnels de manifestation, durement conquis dans la lutte contre l'apartheid, sont suspendus par le régime né de la victoire de cette lutte, et c'est sous un véritable état d'urgence non déclaré que va vivre pendant un mois le pays de Nelson Mandela. Quant aux retombées économiques des jeux du cirque, elles ont été volontairement surévaluées par la FIFA pour convaincre les autorités de se livrer à elle pieds et poings liés. La FIFA annonçait 400'000 visiteurs ? Ils seront sans doute moitié moins nombreux. Le PIB devait croître de 0,7 % ? ile ne croîtra vraisemblablement que de 0,1 %. Et les Sud-africains réalisent qu'ils se sont fait purement et simplement arnaquer, avant de se faire domestiquer. En gros : si le Mondial est bénéficiaire, la FISA empochera le bénéfice, et s'il est déficitaire, l'Afrique du Sud paiera le déficit. Quant aux 150'000 emplois liés à la construction des stades pharaoniques exigés par la FIFA (comme celui du Cap, qui a coûté 600 millions alors que la rénovation ou l'agrandissement de stades existants aurait coûté deux fois moins), ou à la rénovation des routes et des infrastructures, les deux tiers seront perdus dès la fin de la kermesse. Et les employés iront grossir la masse des chômeurs sud-africains (ils sont déjà quatre millions). là où la FIFA passe, le pognon coule, certes. Mais dans les poches de ceux qui en ont déjà, et donc dans les siennes : la FIFA est milliardaire...


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