21 juin 2015

Servette FC et Stade de la Praille : Union sacrée et stade suprême





Bon, d'accord, c'était prévu, puisque c'est rituel, mais tout de même. ça interloque : au Grand Conseil genevois, ce fut «l'union sacrée pour sauver le stade» de la Praille après la cacade du FC Servette, titre « Le Courrier » de vendredi dernier. L'« Union sacrée », rien  que ça. Et pour « sauver » quoi ? la patrie ? la liberté ? un droit fondamental ? Non : un stade. Mal foutu, mal conçu, mal payé, trois fois trop grand, trois fois trop cher, dix fois trop vide. Pour lequel les députés (enfin, pas tous, des Verts et des « Ensemble à Gauche » ont tout de même rechigné à se laisser mobiliser comme en '14) demandent au Conseil d'Etat d'établir un plan pour maintenir le Titanic de la Praille à flot. Pour en faire quoi ? On s'en fout : ce truc a coûté tellement cher pour des prunes (ou presque) qu'on est prêt à payer encore autant pour pas plus de prunes. ça doit être ça, le raisonnement au coeur de la «gestion responsable des ressources publiques » : balancer des millions dans un trou, et quand on voit que ça ne suffit pas à le boucher, y rebalancer des millions. Pour le PDC, comme pour la commission de gestion du Grand Conseil, le stade « non terminé  » est un « équipement d'utilité publique ». Ah ouais ? Quelle « utilité publique » ? celle de pomper des ressources que, par ailleurs, on refuse d'affecter par exemple à la construction d'un nouveau Cycle d'Orientation ?


Cette fois, ça y'est, c'est sûr, on  a trouvé ze raîte man in ze raîte pléce


Donc, la commission parlementaire de (bonne) gestion a proposé aux députés une motion qu'ils ont acceptée, et qui demande au gouvernement d'étudier un soutien financier de six millions de francs pour des travaux de réfection du stade et de filer deux millions par an à la Fondation propriétaire de l'enceinte au prétexte de lui accorder les moyens d'élaborer un projet d'avenir. Un de plus ? Ouais, un de plus. L'avenir du stade clopine depuis dix ans de faillites en relégations, de sièges vides en plans financiers foireux. On s'y est habitués, y'a pas de raison que ça s'arrête. Pour le stade, c'est comme pour le FC Servette  : A chaque nouveau patron du FC Servette, ou du stade, ou des deux à la fois, c'est-à-dire à chaque foirade du patron précédent, ce furent les même soupirs de soulagements (mêlés même parfois de cris de joie) : cette fois, ça y'est, c'est sûr, on  a trouvé ze raîte man in ze raîte pléce. Vive Marc Roger ! Vive Madjid Pishyar ! Vive Hugh Quennec ! Vive Didier Fischer ! et demain, vive Sepp Blatter ou un émir qatari ? En 2012, pour permettre au FC Servette d'échapper à la faillite, des milliers de personnes avaient versé leur obole : où cet argent est-il passé ? A quoi a-t-il servi ? A la même chose que les 60 millions balancés par les collectivités publiques dans le trou de la Praille, c'est-à-dire à rien (sans pour autant forcément être perdu pour tout le monde) ?


Réagissant à la demande du président sortant du FC Servette (et exploitant sortant du Stade de la Praille) d'obtenir un soutien financier public pour sauver son club, ou son stade, ou lui-même, ou les trois, on ne sait plus trop, le député socialiste Alberto Velasco, constatant que « le privé est incapable d'assumer les coûts » de ce stade surdimensionné, avait résumé l'alternative en des termes (dans la Tribune de Genève du 2 avril) qui la simplifient assez raidement, mais assez justement : « A l'Etat d'entretenir le stade ! Ou alors, il faut le détruire pour faire des logements ou un parc ». Chiche ? Et pourquoi pas un musée privé ?


Quelqu'un a le téléphone perso de Jean-Claude Gandur ?

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