25 novembre 2006

FLIK (et Frik)

Le canton de Genève a demandé des renforts policiers aux autres cantons, à la France et à l'Allemagne en prévision du service d'ordre pour l'Eurofoot 2008. On nous refait le même coup que pour le G8. Spoerri est partie, les conneries continuent. C'est ce qu'on appelle la continuité de l'Etat.
En tous cas, les polices s'inquiètent : la base de données "deuxième génération" du système Schengen cafouille, et ses problèmes techniques pourraient retarder son introduction, ce qui serait "catastrophique" selon les polices européennes, car cela empêcherait la Suisse et l'Autriche d'avoir accès à des informations importantes sur les supporters violents et autres hooligans (voire les terroristes ou supposés tels, soupçonnés de tenter quelque chose pendant l'Euromachin).
Le 13 septembre, le Conseil fédéral a donné son feu vert à la mise à disposition de quinze bataillons et huit compagnies (jusqu'à 15'000 soldats) du 2 au 28 juin, pour assurer la sécurité de l'Eurofoot (protection et surveillance de bâtiments, soutien aux garde-frontières, surveillance de l'espace aérien, escorte de personnes protégées par des véhicules blindés etc...). Cette mobilisation d'effectifs, à disposition des villes et cantons hôtes, s'accompagnera d'une mobilisation de matériels de communication et de radars, et l'armée pourrait engager des hélicoptères Puma équipés de caméras à infrarouge et des drones de reconnaissance. On est soulagés : les bombes à fragmentation ne sont pas prévues. Le Conseiller fédéral Samuel Schmid déclare cependant qu'il vaut mieux que ce soit la police et non l'armée qui s'occupe de l'encadrement des supporters". La Fédération des fonctionnaires de police, quant à elle, a des doutes : elle relève que la police n'a pas les compétences nécessaires pour traiter les données obtenues par les zélicos et les drones de l'armée.
Mark Muller, lui, est tout content, cette mobilisation de l'armée fédérale pour la sécurité d'une manifestation organisée par l'UEFA le ravit : le Conseil fédéral "prend en compte nos soucis". En compte, c'est le mot. Et d'ajouter : "Nous n'espérons pas devoir utiliser des drones ou des hélicoptères. Cependant, nous savons que nous pourrions en faire usage". Contre qui ? les joueurs, le public, les supporters, les hooligans ou les référendaires ?
Le président du comité suisse d'organisation de l'Euromachin est optimiste : "l'exaltation suscitée auprès des supporters helvétiques est déjà un gage de succès". Si on y ajoute l'exaltation des supporters des autres pays, et celle des hooligans, on va friser le triomphe. Surtout auprès des vendeurs de bibine, des vitriers, de la police, de la justice et de l'armée.
Un lecteur du Temps compare judicieusement (dans un courrier de lecteur paru le 19 septembre) deux chiffres évoqués par le même journal cinq jours avant : l'OTAN a envoyé 20'000 soldats en Afghanistan, la Suisse en mobilise 15'000 pour assurer la sécurité de l'Eurofoot. Chacun ses priorités, quoi.

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