06 septembre 2007

Euroro

La justice genevoise a confisqué la caution de 300'000 francs qui avait été
versée par l'ancien patron du Servette (et de la SA d'exploitation du
stade), Marc Roger, en échange de sa libération provisoire -suivie de sa
fuite en France, d'où il ne pouvait être extradé, et conclue par une
escapade en Espagne, où il a été coffré sur mandat international. La
justice espagnole a donné son accord à l'extradition de Roro, demandée par
la Suisse. L'avocat espagnol de Marc Roger ne se faisait d'ailleurs pas
d'illusions sur ses chances d'éviter son extradition (il a quand même fait
recours contre la décision espagnole) et déclarait que le Bouc émissaire
était "prêt à revenir en Suisse" (mais pas en avion), et était même "plutôt
en forme". Après quoi, sans doute pour attester de la bonne forme de
l'animal, il a produit un certificat médical tenant de l'inventaire vésalien :
Roro souffre de troubles respiratoire, d'hypertension artérielle, de
surpoids, d'un taux trop élevé de cholestérol et de dépression. Un vrai
sportif, quoi. La justice espagnole a admis que l'état de santé de Roro
était incompatible avec son transport en avion vers la Suisse. Le transport
du malade extradé devra donc se faire en train ou en bagnole. Problème :
pour aller d'Espagne en Suisse, faut passer par la France. Dont Roger est
ressortissant. Et qui n'extrade pas ses ressortissants. Si Roro sautait du
train ou de la bagnole ou s'annonçait simplement à la frontière française
en tant que ressortissant français extradé d'Espagne vers la Suisse, il
pourrait rester en France. Libre ou pas, mais en France. Et la justice
genevoise se retrouverait le bec dans l'eau. L'office fédéral de la justice
négocie certes avec les autorités françaises la garantie qu'elles ne
s'opposeront pas à l'extradition de Roger, mis cette garantie n'est pas
acquise. L'avocat des joueurs (plaignants contre Roro) du Servette
s'inquiète et propose... un transfert en bateau. Comment aller en bateau
d'Espagne en Suisse quand on ne navigue pas sur Alinghi ? Et Me Canonica de
suggérer une croisière méditerranéenne d'Espagne vers l'Italie (encore
faudrait-il ne pas passer par les eaux territoriales françaises, Roro est
capable de se foutre à l'eau pour peu qu'elle soit française), puis le
train et la bagnole d'Italie vers la Suisse.
Le feuilleton de la faillite du Servette tourne carrément à la farce.
Quant à l'extradition, elle aurait pu être contestée si les délits
poursuivis n'existaient pas en droit espagnol ou si les conditions de
détention en Suisse violaient les droits de l'homme, mais les délits
retenus contre Roger existent en Espagne et la Suisse n'est pas une
dictature militaire. Seulement, et en 2008, une dictature médiatique du
foot pognon, mais c'est pas une violation des droits de l'homme.
Roro avait pourtant commencé par refuser son extradition, en invoquant des
motifs aussi sérieux que sa gestion du Servette et du Stade : la peur de
l'avion, la claustrophobie et ses ennuis cardiaques. Résultat : il sera
extradé en train. Pourquoi pas en char à boeufs ? Parce qu'on n'a pas
trouvé de char. Les boeufs, on les avait déjà : les supporters du Servette
et les contribuables qui ont, les uns et les autres (les uns étant
d'ailleurs aussi parmi les autres) payé les conneries de Roro, et la
connerie plus gtrande encore de ceux qui lui ont filé les clefs du stade et
du club.
Bref, on attend Roro à Genève d'ici la mi-août (s'il ne trouve pas le moyen
d'échapper d'ici là). Il est inculpé de gestion déloyale, banqueroute
frauduleuse abus de confiance et faux dans les titre. Ses parrains et
soutiens genevois, eux, ne sont inculpés de rien : la connerie n'est pas un
délit.

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