09 septembre 2007

Fonds de corbeille

VROUM VROUM
Le Conseil national a accepté de lever l'interdiction de courses
automobiles en Suisse. L'ancien patron d'écurie automobile Peter Sauber
s'en réjouit, avec cet argument curieux que la F1 est un sport écologique
puisque la grande majorité de ceux qui s'y intéressent le regardent à la
télé (mais alors, qu'on les organise en Suisse ou en Patagonie, ça change
quoi ?).
Heureusement, comme le constate Sauber, "il y a encore beaucoup d'obstacles
à franchir" avant qu'une course F1 ait lieu chez nous : d'abord, il y a de
moins en moins de courses F1 organisées en Europe; ensuite, la construction
d'un circuit coûte très cher (plusieurs centaines de millions de francs).
Enfin, parce qu'il y aura "des résistances et oppositions aux émissions
sonores". Pas seulement aux émissions sonores.

LE SPORT QU'ON FAIT ET LE SPORT QU'ON MATE
L'Euro2008 a déjà fait une victime : le marathon de Genève. Le sport qu'on
mate (le sport-pognon) a ainsi repoussé le sport qu'on fait, parce que
l'organisation du premier implique un tel engagement de la police genevoise
qu'elle ne pourra assurer le moindre autre service. Or la quatrième édition
du marathon était prévue en juin 2008, en plein Euro. On a donc dû la
reporter à l'automne suivant. Entre une véritable manifestation sportive et
une pompe à fric, le choix étzait en effet évident.

FONDS DE CORBEILLE
L'Euro 2008 sera l'invité d'honneur des Fêtes de Genève, en août prochain.
Qui se ressemble, s'assemble.

"La culture sera le parent pauvre de l'Euro2008", annonce (à regrets) "Le
Temps" du 16 juin.
Sans blague ?

Jusqu'à 20'000 prisonniers pourraient participer, dans la joie et la bonne
humeur, et sous bonne garde, à la construction des stades prévus pour
l'Euro2012 en Pologne, annonce l'AFP (21 juin)
Et on fait des misères aux Chinois sous le prétexte futile de leurs
quelques lacunes en matière de droit de l'homme, avant les JO de Pékin ?
A Genève, au moins, on n'a pas fait construire le stade par des prisonniers.
On l'a seulement fait payer par les contribuables.

Le Suisse Joseph Blatter, président de la Fédération internationale du
sport-pognon (la FIFA) depuis 1998, apparatchik de la FIFA depuis 32 ans, a
été réélu à la tête de ladite FIFA, le 31 mai, par acclamations. Il était
le seul candidat. Et il est âgé de 71 ans.
Candidature unique, vote unanime, gérontocratie : on a l'amour du sport à
la soviétique, à la FIFA.

On notera la présence de Suisses (d'âge plus ou moins respectable) dans la
nomenklatura sportive internationale : Joseph Blatter préside la fédération
internationale de foot (et siège au Comité international olympique), René
Fasel préside la fédération internationale de hoykey sur glace (et siège
aussi au CIO), Gilbert Felli est directeur exécutif de la commission du CIO
pour les JO de Vancouver (2010) et de Londres (2012), Gianfranco Kasper
préside la fédération internationale de ski (et siège au CIO), Denis Oswald
préside la fédération internationale d'aviron (et siège au CIO), Raphaël
Martinetti préside la fédération internationale de lutte. Toute une série
de fédérations sportives internationales ont par ailleurs le siège en
Suisse, comme le comité international olympique. Finalement, qu'on supporte
de temps à autre les nuisances des compétitions sportives organisées par
ces bureaucrates, ça n'est peut-être que justice...

Le président à vie de la fédération internationale de foot-pognon, Joseph
Blatter, a proposé, et obtenu de la FIFA, que désormais on n'organiserait
plus de matches internationaux au-dessus de 2500 mètres d'altitude "pour
des raisons médicales et dans un souci de mieux protéger les joueurs"
Et pas du tout parce que de tels matches ne rapportent rien. Pour des
raisonss sociales et dans un souci de mieux protéger les caisses publiques,
on pourrait aussi décider de ne plus organiser de matches internationaux
au-dessus de 2500 balles. Mais faut pas rêver.
Jouer en altitude étant supposé malmener les organismes des joueurs qui n'y
sont pas habitués, les stades de La Paz (Bolivie, 3600 m-), Bogota
(Colombie, 2640 m.), Quito (Equateur, 2800 m.), Cuzco (Perou, 3500 m), pour
ne citer que les capitales sud-américaines, seraient mis hors compétition
par la FIFA. Du coup, les présidents péruvien (Alan Garcia) et bolivien
(Evo Morales) ont lancé, soutenus par leurs homologues vénézuélien (Hugo
Chavez) et chilienne (Michelle Bachelet) une offensive pour faire annuler
la décision de la FIFA, soutenue en revanche par les Brésiliens et les
Argentins, l'idole cacochyme du foot brésilien Pelé expliquant que "jouer
en altitude a toujours désavantagé les Brésiliens", ce qui justifie sans
doute qu'on y renonce. Comme, sans plus de doute, il serait justifié de
renoncer à jouer dans des pays chauds pour ne pas désavantager les joueurs
des pays scandinaves, dans des pays froids pour ne pas désavantager les
joueurs des pays africains. Et en Suisse pour ne pas désavantager les
joueurs des pays pauvres ? Un hebdo colombien, "Semana", pose donc la bonne
question : "Si la FIFA interdit de jouer en altitude pour de raisons de
santé, pourquoi ne le fait-elle pas aussi avec les basses températures, la
neige, la pluie et la canicule ?"...
Réponse : parce que les pays qui seraient victimes d'une telle interdiction
sont plus riches que les pays victimes de l'interdiction de jouer en
altitude...

Pendant ce temps, l'ONU décide de s'appuyer sur le sport pour réunir les
populations en conflit dans des pays en crise. On ne ricane pas, côté
hooligans, au fond à droite, c'est officiel : l'ONU a décidé d'investir
dans le domaine du sport en République démocratique du Confo, au Liberia et
en Côte d'Ivoire (après les massacres, le sport) afin de "créer des liens
et des passerrelles entre les gens". L'ONU va pour cela travailler avec la
mafia du foot-pognon, la FIFA, qui organise la Coupe du monde en Afrique
du Sud en 2010. Et pour couronner le tout, le directeur du bureau de l'ONU
pour le "sport au service de la paix et du développement", Djibril Diallo,
a proclamé que le sport était "un outil majeur pour la paix". Comme en
témoigne sans doute la mobilisation de milliers de policierset de soldats
en Suisse pour assurer la sécurité autour de l'Euro 2008.

SPÉLÉOLOGIE FINANCIÈRE
Ce n'est pas le coût de la construction des stades qui constitue pour les
collectivités publiques la charge la plus lourde, mais les frais de
fonctionnement, d'entretien, de rénovation, sur deux ou trois générations :
il faut remettre l'installation aux nomes, la rénover, la réparer,
l'entretenir. Et quand on veut s'en débarrasser, il faut encore payer pour
la démolir. De ce point de vue, l'exemple de la Praille est
particulièrement éclairant : une fois construit le stade, on n'arrête pas
de payer. Et comme la rentabilité d'une installation sportive lourde est
illusoire, et que s'en aporiocher dépend directement de l'existence d'0un
club local résident, classé dans l'"élite" du football national (voire
européen), et disposant d'une "base" de supporters importante, Genève se
retrouve particulièrement mal partie, avec un club relégué en division
inférieure, et qui, même lorsqu'il oeuvrait en division supérieure, ne
mobilisait que moins de 4000 supporters, épour un stade de 30'000 places.
Le trou creusé à la Praille est ainsi voué à s'agrandir, et à s'aprofondir
au fil du temps.

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