04 mars 2007

terrains vagues

Selon les chiffres officiels de fréquentation des stades où se sont joués les matches de "Super League" dans la première partie du championnat 2006-7, la moyenne générale de fréquentation des stade a été de 9274 spectateurs (soit, en gros, entre un tiers et la moitié de la capacité des stades). A Bâle (19776 spectateurs en moyenne), Berne (15'725 spectateurs) et Sion (12'342 spectateurs), les stades ont remplis à plus de la molitié de leur capacité -mais partout ailleurs, il y avait en moyenne plus de places inoccupées que de places occupées.

Le 10 décembre, Servette reçoit YF Juventus à la Praille : 2453 spectateurs. Le stade est à plus de 90 % vide.
Le 13 janvier, un match remplit le stade à 60 % : c'est un match de rugby, entre Irlandais et Français.

A Lausanne, on se prépare à patauger dans le même genre de marigot que celui dans lequel on barbotte depuis des années à la Praille : faut remplacer le stade de la Pontaise, comme il fallait remplacer celui des Charmilles. Et on entend déjà les mêmes arguments foireux que ceux dont nous avons eu les oreilles rebattues à Piogre : un nouveau stade est vital pour l'équipe phare, le football moderne exige des installations capables d'attirfer non seulement les spectateurs, mais aussi les sponsors et les investisseurs, et quand on aura un nouveau stade tout beau, le club phare du canton se portera comme un charme.
Si des copains lausannois ont besoin d'un petit coup de main pour empêcher qu'on fasse les mêmes conneries à soixante kilomètres de distance, on est disponibles.

On est aussi disponibles pour aider nos copains français : onze projets de nouveaux stades sont lancés en France (où les stades appartiennent en général aux municipalités, et sont loués aux clubs), pour un coût moyen de 50 millions d'euros, mais pour 200 à 250 millions à Lyon, et 300 millions à Lille.
On a pas eu le temps de demander à l'abbé Pierre combien de sans-abri on pouvait loger avec 300 millions d'euros, il est parti dégoûté de la connerie du monde avant qu'on ait pu lui poser la question.

Pendant ce temps, à Genève, le parc public qui devait remplacer le stade des Charmilles n'est toujours ni parc, ni public. Le stade n'est toujours pas démoli. En octobre 2004, le banquier Bednedict Hentsch lançait à grands fracas médiatique le projet de réaménagement de la parcelle occupée par le stade, et sur laquelle devaient prendre place (pour 2008) un immeuble et un parc public.La parcelle est propriété de la fondation Hippomène, dont le but n'est pas de réaliser des opérations immobilières mais de construire les parcs et de "favoriser la pratique et le développement de tous les sports athlétique" à Genève, et en particulier de soutenir le Servette FC. Qui joue désormais à la Praille (dans un stade vide), stade dans la construction duquel ni Hentsch, ni sa fondation n'ont investi un fifrelin. Par ailleurs, le don à la fondation du Stade de Genève des terrains d'entraînement de Balexert n'a toujours pas été fait. Il avait pourtant été promis.
Mais bon, vous savez ce que c'est, les promesses des privés, dans l'histoire du stade de Genève, on aurait pu en paver le stade. Et revendre les pavés ensuite pour payer le stade.

Le "taux de remplissage" moyen des stades les plus récents est de 92 % en Angleterre, de 83 % en Allemagne, de 73 % en France, de 71 % en Espagne, de 52 % en Italie.
Et de moins de 10 % à Genève.

La tendance dans l'économie du football (disons : le foot-pognon) est de donner aux stades non pas le nom de la ville où ils sont situés ou de l'équipe qui y joue, mais de l'entreprise privée qui y a investi, précisément pour que le stade porte son nom : le stade d'Arsenal se nomme donc "Emirates Stadium", du nom d'une compagnie aérienne; le stade du Bayern de Munich l'"Allianz Arena" (assurances), celui du Borussia Dortmund le "Signal Iduna Park" (assurances) et le stade du HV Hambourg l'"AOL Arena" (communication).
Pour le stade de la Praille, on propose le "Trou du fonds d'équipement communal" s'impose donc, de toute évidence.

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