24 février 2007

Eurofric


Un accord a été trouvé entre l'UEFA et les villes "hôtes" de l'Eurofoot. Un accord signé à Zurich le 23 janvier, et par lequel l'UEFA accorde aux villes en question une aumône (dont elles se disent satisfaites) de 3,3 millions (3,7 millions pour Bâle, qui accueille six matches alors que Berne, Zurich et Genève n'en accueilleront que trois), dont 1 million et demi en nature (contreparties diverses, dont la pose d'écrans géants et l'organisation des parcs à huitres, dits "Fans Zones"). Genève recevra donc 1,2 million pour l'organisation du parc à huîtres de Plainpalais, plus 600'000 de dédommagement pour les prestations des collectivités publiques. Dans les "Fans zones", l'UEFA s'est arrogée le droit de mettre en évidence ses propres sponsors (dix pour l'ensemble de la compétition, pour quatre pour la Suisse). Les villes n'auront le droit d'accorder de l'espace qu'à quatre annonceurs locaux, et encore : pour autant qu'ils ne soient pas concurrents des sponsors officiels. C'est ce que le représentant de Genève, le Conseiller d'Etat, appelle un accord "équilibré" : ce que l'UEFA verse aux villes ne couvre qu'un dixième de ce que les villes auront à payer, alors que les benefs pour l'UEFA se calculent en centaines de millions...
L'UEFA est une formidable machine à pognon : depuis 1992, la Ligue des champions, organisée par l'UEFA, a généré plus de 8 milliards de francs en droits de tous genres, dont 950 millions pour la seule édition 2005/2006. Pour le seul exercice (saison) 2004/2005, l'UEFA (qui détient désormais elle-même les droits d'exploitation de l'Euro, et donc encaissera elle-même ceux de l'Euro2008) a reçu pour 1,15 milliard de francs de recettes. Pour une association à but non lucratif (c'est son statut en droit suisse), c'est pas mal. L'ancien vice-président de l'UEFA, Freddy Rumo, battu en 1990 par Johansson pour la présidence, se demande "quelle est la différence entre le mode de fonctionnement de l'UEFA et celui d'une grande entreprise ?". Réponse : une grande entreprise paie des impôts et remplit les caisses publiques, l'UEFA vide les caisses publiques et ne paie pas d'impôts. Ce qui n'empêche pas son nouveau président, Michel Platini, de déclarer (il est vrai avant d'avoir été élu) : "le football est un jeu (...) c'est la beauté de ce jeu qui l'a rendu populaire. Il ne faut donc pas trop l'ouvrir à des gens qui viennent à lui par intérêt personnel". Et de poursuivre, un tantinet amer : "l'arrivée d'énormément d'argent dans le football a amené des gens qui aiment l'argent et qui veulent changer les règles du football (sans se soucier) de la valeur sociale, philosophique du football, de la notion de fair-play" ("La Tribune de Genève du 12 décembre). Il tombe de quelle planète, Platoche ?


L'UBS sponsorise, à hauteur de 15 millions (une paille sur son bilan) la pose d'écrans géants installés dans 13 à 17 villes de Suisse (plus les quatre villes hôtes) : 15 millions pour assourdir plusieurs milliers de riverains et voisins de ces écrans géants, et réjouir jusqu'à 10'000 personnes (qui payeront entre 10 et 15 balles) dans chacune des 13 à 17 villes victimes, ça va au moins relancer la vente des boules quies pour les uns et de la bière pour les autres. Encore un effet économique positif de l'Eurobeauf, sans doute : les partisans du machin chiffrent à 4 millions la valeur des "retombées promotionnelles indirectes" pour chacune des villes hôtes -qui aura son petit logo de l'Eurofoot et pourra l'utiliser dans ses opérations de promotion, ainsi qu'un clip promotionnel télé de 20 secondes (pas plus, l'espace publicitaire est capté par les sponsors, on va pas le laisser perdre) avant chaque match se déroulant chez elle. S'agissant de Genève, en tous cas, croire que l'Eurofoot sera de la moindre utilité promotionnelle relève de la mystification pure et simple : Genève est d'ores et déjà la ville suisse la plus connue au monde (et le foot n'y est pour rien), et on aura beaucoup de peine à trouver ne serait-ce qu'un taborniau au fin fond du trou du cul du monde qui apprendrait l'existence de Genève à la faveur de l'Eurofoot.

La campagne suisse de promotion touristique pendant l'Euro2008 (budget : 15 millions) aura pour slogan : "Suisse, un plus à découvrir" (pour des centaines d'évadés fiscaux friqués, la découverte est déjà faite. Mais c'est pas un plus, c'est un moins. D'impôts). L'Office fédéral des sports attend entre un million et plus de trois millions de visiteurs étrangers (mais que fait l'UDC ?). Dont la plupart ne viendront que pour le temps d'un match et repartiront sitôt après.
Le foot anglais va encaisser entre 2007 et 2010 plus de quatre millards d'euros, soit un milliard par saison, en droits de diffusion media (internet compris). Sur ce pactole, un quart sera redistribué aux équipes de première division : 120 millions pour le champion, 70 millions pour le deuxième, 70 millions à se partager entre les autres. Meuh non, le sport ça n'a rien à voir avec le pognon...

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