17 février 2007

Platoche président d'EMS

Après l'élection de Michel Platini à la présidence de l'Union européenne de football (UEFA), le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Sepp Blatter, qui soutenait la candidature de Platini, se félicite (La Tribune de Genève du 27 janvier) : "nous avons la même conception du football, qui n'est pas seulement un produit et une entreprise".
Pas seulement, non. Mais surtout.

L'UEFA travaille, c'est sûr, pour les jeunes et leur bonne santé psychique et physique : Le Monde du 12 janvier décrit donc les membres de la coupole du foot européen (l'UEFA) : "le représentant espagnol soliloque en boîtant bas, le délégué anglais peine à réajuster sa ceinture de pantalon (...) (le) président suédois (...) semble usé par la maladie et seize années d'un pouvoir absolu".
... Allez les jeunes !

Le 26 janvier, les 52 fédérations nationales de l'UEFA étaient appelées à élire le président de la coupole du foot européen. Ils avaient le choix entre un vieux crocodile cacochyme de 78 ans, le Suédois Lennart Johansson, président sortant, en poste depuis 1990. et un ancien jeune de 52 ans, le Français Michel Platini, challenger, qui a finalement été élu avec 27 voix au premier tour. Johansson, qui a été consolé avec une présidence d'honneur, était le candidat de Johansson à la succession de Johansson, Platini le candidat du patron de la coupole internationale, la FIFA, Sepp Blatter, qu'il avait soutenu (en vain) contre Johansson pour l'élection du président de la FIFA en 1998. Retour d'ascenseur, donc : Platini soutient Blatter contre Johansson, donc Blatter soutient Platini contre Johansson, et affirme après l'élection de Platini : "nous avons la même conception du football, qui n'est pas seulement un produit et une entreprise". Pas seulement, non. Mais surtout. Commentaire du journaliste anglais Andrew Jennings, auteur d'une enquête ravageuse sur la FIFA et son président, l'élection de Platini est "une catastrophe pour le football, parce que comme il baisera la main de Blatter (grâce à qui il a été élu), ce dernier jouira alors des pleins pouvoirs" sur le foot mondial et le foot continental". Elu à la présidence de l'UEFA, Platini se retrouve d'ailleurs automatiquement vice-président de la FIFA, c'est-à-dire de Blatter.
Pour rester à son poste, le vieux crocodile avait pourtant arrosé : chaque association nationale (ce sont elles qui élisent) a reçu 600'000 balles de dotation supplémentaire. Et ça n'a pas suffi. Fallait verser plus. Pour conquérir le poste, le vieux jeune avait promis de renforcer le poids des petites fédérations nationales (les plus nombreuses) face aux grandes (l'italienne, la française, l'allemande, l'anglaise et l'espagnole). Promesses électorales. D'ailleurs, les deux candidats promettaient, la bouche en coeur, qu'ils allaient lutter avec vigueur contre le racisme, la violence, le dopage et la corruption. Parce qu'il y a tout ça dans le foot ? On en apprend de belles...
En même temps que son président, l'UEFA élisait son comité exécutif. Et vlam ! le seul Suisse candidat (un papy de 73 ans, Giangorgio Spiess) a été battu. Mais comme l'UEFA a son siège en Suisse (à Nyon) et que Platini a promis de s'installer en Suisse (à Nyon, pas à Gstaad), à défaut d'honneur, l'intérêt est sauf.

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