01 février 2007

Eurobaston

"Dans le sport, j'apprends à respecter l'adversaire (...), j'apprends à gagner sans penser que le suis le meilleur, j'apprends à perdre sans penser que c'est la fin du monde, j'apprends la tolérance, l'intégration, le fair-play, le courage, le respect", déclare l'inénarrable Adolf Ogi (dans Coopération du 27 décembre) :
Au Liechtenstein, l'arbitre d'un tournoi de foot en salle a été passé à tabac par des joueurs de foot, et a dû être hospitalisé, nous apprend
Le Matin Bleu du 9 janvier...
Chacun sait qu'au Liechtenstein règnent "la tolérance, l'intégration, le fair-play, le courage et le respect".


La porte-parole de l'Office fédéral du sport, Barbara Meier, rappelle (Le Matin du 11 janvier) que les hooligans ne sont pas seuls à pouvoir foutre le bordel et que "d'autres groupes utilisent les stades pour être violents".
Ouais : les joueurs...

Le délégué cantonal genevois à la sécurité pour l'Euro 2008, Marcel Brühlart, estime (La Tribune de Genève du 4 décembre) que l'estimation de 1400 places nécessaires pour la détention préventive de hooligans en Suisse était "exagérée" : "il n'y a pas de raison de paniquer".
... t'as raison Marcel, on a déjà suffisamment de raisons de rigoler...


La NZZ am Sonntag a annoncé que la police pourrait rendre une petite visite préventive aux hooligans suisses, histoire de les sensibiliser (car ce sont de grands sensibles) aux conséquences que pourraient avoir leurs actes de hooligans, de leur faire savoir qu'ils sont connus de la police et que la police saura où les trouver si elle les cherchait. Cette idée géniale du chef de la sécurité de l'Euro, Martin Jäggi, a cependant suscité l'opposition du préposé fédéral à la protection des données, qui craint la stigmatisation sociale (devant leurs proches ou leurs employeurs) des hooligans, évoque les risques d'erreurs, et propose plutôt de convoquer les intéressés au poste. Quant à la porte-parole de l'Office fédéral du sport, Barbara Meier, elle rappelle (Le Matin du 11 janvier) que les hooligans ne sont pas seuls à pouvoir foutre le bordel et que "d'autres groupes utilisent les stades pour être violents". Par exemple les joueurs ?

La loi (toute récente) prévoit contre les hooligans un dispositif allant de l'interdiction de périmètre à la garde à vue pour 24 heures. Ces mesures sont applicables à toute personne de plus de 12 ans, et peuvent être prises jusqu'en 2009. Mais on ne sait pas si un hooligan étranger (vu qu'y a des hooligans étrangers qui viennent manger le pain des hooligans suisses) interdit de stade dans son pays se verra notifier la même sanction en Suisse. En Valais, trois supporters du FC Sion ont été interdits de stade pendant trois ans, et condamnés à deux mois de prison avec sursis et 1000 francs d'amende pour avoir provoqué des incidents en 2003 lors d'un match entre Sion et Lucerne. Pendant trois ans, donc, il leur est interdit d'approcher à moins de 400 mètres d'un stade de foot, dans la période qui va de trois heures avant le match à trois heures après, pour des matches de "Challenge League, de "Super League" et de Coupe de Suisse (on dit pas encore "Swiss Cup ?"). Mais apparemment pas pour des matches de l'Euro. On les retrouvera donc peut-être à Genève. Où on annonce que la zone du stade de la Praille (du Bachet à l'Etoile en passant par la gare), le Centre sportif des Vernets (parvis et parking compris), Palexpo (parc compris) et la Plaine de Plainpalais seront interdits aux hooligans. Dont on connaît le respect qu'ils portent à ce genre d'interdits. Ces interdictions sont prononcées sans condition préalable de condamnation pénale (il suffit d'avoir été repéré par une caméra, un policier ou un témoin).

Petit problème : les organisateurs de l'Euro2008 sont inquiets du manque de lieux de détention préventive pour les hooligans. Il faudrait 1200 places de stockage dans les villes hôtes, et on ne les a pas. D'où l'idée géniale évoquée par le Sonntagsblick : utiliser Palexpo pour y installer une prison de 400 places.
Palexpo a déjà accueilli fin janvier une vente de surplus militaires, pourquoi pas, en effet, y stocker les surplus sportifs.
Le délégué cantonal genevois à la sécurité pour l'Euro 2008, Marcel Brühlart, estime (La Tribune de Genève du 4 décembre) que l'estimation de 1400 places nécessaires pour la détention préventive de hooligans en Suisse était "exagérée" : "il n'y a pas de raison de paniquer".
... t'as raison Marcel, on a déjà suffisamment de raisons de rigoler...

Le Conseil des Etats a accepté l'engagement de 15'000 militaires en service d'appui à la sécurité pendant l'Euro. On a enfin trouvé une utilité à notre glorieuse armée.
Même au Liechtenstein, et même hors des stades, la baston règne : un arbitre d'un tournoi de foot en salle a été passé à tabac par des joueurs de foot, et a dû être hospitalisé, nous apprend Le Matin Bleu du 9 janvier... Comme le déclare l'inénarrable Adolf Ogi (dans Coopération du 27 décembre) : "Dans le sport, j'apprends à respecter l'adversaire (...), j'apprends à gagner sans penser que le suis le meilleur, j'apprends à perdre sans penser que c'est la fin du monde, j'apprends la tolérance, l'intégration, le fair-play, le courage, le respect"...
La tolérance, l'intégration, le fair-play, le courage et le respect règnent à ce point dans le monde du sport (professionnel en l'ocurrence) que la rencontre de Coupe de l'UEFA du 13 décembre à Paris, entre le PSG et le Panathinaïkos d'Athènes, a été classée à "hauts risques" par la préfecture de police, qui a fermé la partie basse d'une tribune, mobilisé 700 stadiers et 2000 policiers, et interdit de stade 201 supporters.
La tolérance, l'intégration, le fair-play, le courage et le respect règnent aussi dans le sport amateur : l'un des huit trépanés qui ont, à Marseille, en octobre, pour faire comme à Nanterre et mieux qu'à Lyon, incendié un bus et brûlé vive une étudiante de 26 ans, était capitaine d'une équipe de foot, un autre était arbitre de sports collectifs et tous étaient fans de foot.

De toutes façons, y'a pas que le foot dans la vie. Y'a aussi le hockey. Deux joueurs du hockey-club de La Chaux de fonds ont été inculpés à la mi-décembre de viol sur quatre mineures de moins de 16 ans, et l'un d'eux, en plus, de tentative de viol sur majeure.

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