16 avril 2007

Euroracket

EURORACKET
Le même genre de procédé utilisé pour contourner la démocratie (et les lois) à propos du Stade de la Praille a également été utilisé pour faire payer à la collectivité les frais liés à l'organisation de l'Eurofoot 2008 à Genève, et exclure un référendum.
Officiellement (c'est-à-dire au budget de l'Etat, et donc sans projet de loi idoine, histoire d'éviter un référendum puisqu'on ne peut pas lancer un référendum contre le budget), le canton devrait débourser 8,78 millions sur les 21,2 millions annoncée comme étant le coût pour Genève de l'Euro2008 (si ce coût annoncé suit, pour aboutir au coût réel, la même progression que celle qui avait marqué les coûts annoncés par la Confédération, ça amènerait le coût de l'Euro 2008 à Genève à la hauteur de 200 millions, dont un peu moins de la moitié à charge de la collectivité publique genevoise...). Ces 8,78 millions annoncés sont affectés à la sécurité pour plus de cinq millions (là-dessus, on a réservé quatre millions pour payer les heures supplémentaires de la police), aux transports et aux manifestations annexes (plus d'un million chaque fois), à la promotion et au marketing. La Confédération, la Fondation pour le tourisme, le Sport-Toto et la Loterie Romande sont également mis à contribution.
L'Euroracket a une autre utilité : celle de faire payer par la collectivité publique fédérale (et le Sport Toto) de nouveaux travaux au stade de la Praille, pour 6,8 millions.
On rappellera qu'officiellement, l'Euro2008 coûtera 180 millions aux caisses puibliques, dont 108 millions à la charge des villes et cantons hôtes. Le 17 juillet 2006, un crédit de 10 millions et demi est princièrement accordé par la Confédération aux villes hôtes. Bâle a prévu de débloquer 14,5 millions. Le 7 février dernier, le parlement de la Ville de Zurich a accepté un crédit de 18 millions. Trois jours avant, le parlement de la Ville de Berne a adopté un crédit de 5,5 millions, mais l'exécutif infiniment plus courageux et plus respectueux des droits démocratiques que son homologue cantonal genevois, a décidé de soumettre le crédit au référendum.

L'Association suisse de football (ASF) consacre 12 millions à la préparation et à la promotion de l'événement, et devrait en retour recevoir au moins autant (voire plus) de l'UEFA. Y'a au moins quelqu'un à qui l'Eurofoot rapportera. Il est vrai que l'ADF en a besoin : son exerc ice 2005-6 s'est achevé par un déficit de 1,2 million, et le budget de l'exercice suivant prévoit un déficit de 4 millions, en raison notamment des investissements consentis pour l'Euro2008. Investissements qui seront donc largement compensés par ce que l'UEFA versera ensuite à l'ASF.

L'Euro2008 va attirer huit fois moins de monde à Genève que le Salon de l'auto. Et devrait donc rapporter en gros sept à huit fois moins, soit 4,5 millions de recettes fiscales, pour un produit brut de 60 millions.
Rappelons qu'à Genève ne se dérouleront aucun des matches les plus importants de l'Euro2008, ce qui ne signifie évidemment pas que les nuisances provoquées par la "grande fête du sport" seront réduites par la réduction de l'intérêt des matches, puisque le pire ne sera pas dans le stade, mais à Plainpalais, avec une "*zone tampon" ouverte en permanence, une grande scène prévue pour six concerts, deux écrans géants, une "fan zone"pouvant accueillir 30'000 personnes ("noceurs et supporters", précise innocemment la "Tribune de Genève" du 9 février....
Le match d'ouverture de l'Euro2008 se déroulera le 7 juin à Bâle, ainsi que l'une des demi-finales, et la finale se déroulera à Vienne. La Suisse jouera ses trois premiers matches à Bâle les 7, 11 et 15 juin, mais on ne sait pas encore contre qui (la répartition des équipes dans les quatre groupes du tournoi ne sera connue que le 2 décembre 2007). Les trois autres équipes faisant partie du même groupe que la Suisse joueront leurs premiers matches à Genève.
La répartition des places disponibles dans les stades suisses et autrichiens est amusante (la grande fête du foot, on ne va pas laisser n'importe qui y participer, non mais, on n'est pas au Grand Théâtre) : 38 % des places seront attribuées (vendues ou offertes) par les fédérations nationales, qui les vendront dans leur pays, 14 % par les "partenaires" (sponsors) officiels, 8 % par des entreprises, 3 % aux notables de l'UEFA et à leur invités, 3 % aux "VIP" (politiciens locaux et nationaux, personnalités diverses et variées) et 1 % aux représentants et invités des villes hôtes et propriétaires des stades. Et le public ? Ben... il devra se contenter de 35 % des places disponibles, celles vendues par l'UEFA, et comme il y aura plus de demandes que d'offre (chaque personne pouvant commander jusqu'à quatre billets par match et par jour), il faudra tirer les possesseurs de billets au sort. A Genève, sur les 28'000 places disponibles pour chaque rencontre, seules 8132 seront en vente libre. 750 Genevois (ou présumés tels grâce au code postal figurant sur leur commande de billets) pourront asseoir leurs postérieurs dans la tribune Est du stade, la seule à être ouverte à la vente libre, l'autre tribune étant réservée aux postérieurs des sponsors, de la presse et des "VIP", et les deux virages aux supporters des équipes en lice. Le Conseil d'Etat disposera de quarante invitations par match, et pourra acheter 250 billets, dont il négociera la répartition avec les sponsors locaux. Dans les autres stades suisses accueillant les rencontres de l'Euromachin, les proportions de places attribuées, de places libres et de places réservées sont les mêmes. Commentaire de La Tribune : "si l'on n'est ni VIP, ni journaliste, ni mécène, ni supporter d'une équipe en lice, il va falloir sérieusement
réseauter auprès des sponsors". Le foot, c'est vraiment un sport populaire.
Le prix officiel des places se situe entre 70 et 880 francs, mais avant même que le vente commence, le marché noir s'organisait et affichait des prix allant de 470 à 4780 francs. Un peu plus d'un million de billets seront vendus, ce qui devrait rapporter 138 millions de francs suisses. Le 31 mars, 588'716 personnes ou supposées telles (la même personne pouvant passer commande sous deux noms et adresses différents) ont commandé 10'359'177 billets, pour 346'000 places disponibles à la vente avant fin mars (les places attribuées par copinage et celles attribuées par les fédérations le seront plus tard). Une bonne partie de ces commandes venaient d'Allemagne. omme une bonne partie des renforts policiers dont la Suisse aura besoin pour assurer la sécurité autour des stades.
Quant au Conseil fédéral, il s'est dégagé, par la voix de Samuel Schmid, de toute responsabilité dans la fixation du prix des billets. Il est vrai qu'il est déjà responsable de l'explosion du coût de l'Eurofoot pour les caisses publiques (officiellement 180 millions). La vente des billets devrait rapporter 138 millions, soit moins que ce que les collectivités publiques suisses (Confédération, cantons, villes) devront payer pour l'organisation des matches.

Le torchon fiscal brûle entre l'UEFA et les autorités fiscales cantonales bernoises, qui ont l'invrasemblable culot d'exiger de l'UEFA qu'elle s'acquitte de l'impôt à la source sur les primes versées au joueurs étrangers du match Thouse-Arsenal de 2005, en Ligue des Champions. Les
associations nationales du foot-pognon (l'ASE en Suisse et la FB autrichienne), qui ne veulent pas payer d'impôt, estiment que les joueurs de foot doivent être au bénéfice d'une exemption fiscale (on se demande pourquoi, puisque les artistes étrangers, eux, doivent payer l'impôt anticipé lorsqu'ils se produisent en Suisse), alors que la Confédération part du principe de l'égalité fiscale entre les footballeurs et les autres, et donc que l'impôt à la source est dû par les premiers.

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