24 avril 2007

Eurobaston

EUROBASTON
Le chef de l'état-major de la police, Raphaël Rebord, responsable de la sécurité pour l'Euro2008, annonce que les effectifs militaires additionnels aux effectifs policiers iront jusqu'à 350 hommes les jours de matches, 150 le reste du temps, et qu'on fera appel à des renforts français si la
configuration des matches l'impose.
De leur côté, les entreprises privées de sécurité Protectas et Securitas ont créé un consortium, PriSec-F08, pour coordinner les prestations de sécurité privée (genre vigiles devant les bijouteries) pendant l'Euro2008.
es deux boîtes assurent qu'elles seront "un soutien pour les autorités publiques". Quand il y a un marché à prendre, tous les arguments sont bons.

Bonne nouvelle : les supporters anglais et allemands violents et interdits de stade chez eux ne pourront se rendre en Suisse et en Autriche pour l'Eurobaston.
Mauvaise nouvelle : les supporters français et italiens violents et interdits de stade chez eux pourront se rendre en Suisse et en Autriche pour l'Eurobaston.
Et le chef de la gendarmerie genevoise, le commandant Cudre-Mauroux, prévoit des risques de débordements plus élevés "sur les sites équipés d'écrans géants ou dans les rues" que dans les stades. Amis de Plainpalais, bon courage : "Genève va s'éclater pendant l'Eurofoot 2008" titre La Tribune de Genève du 9 février. Et dans Le Temps du 3 mars, un hooligan explique : "Le foot touche tout le monde, il est universel. (...) Les stades sont combles, les journaux parlent sans cesse d'émeutes qui ont éclaté ici ou là. Qui irait cogner un brave supporter de rugby ? (...) Au
foot, tu te sens au coeur de l'événement. Tu vis". En cognant. On a la vie qu'on mérite.

Les supporters suisses ne sont pas contents : avec la méthode d'attribution des places pour les matches de l'Euro220, "même si on réussit à avoir un billet, on sera dispersé dans le stade, ce qui cassera l'ambiance", geint (dans Le Matin du 26 février) le vice-président du fan club "Swiss Active Movement". Ben pourquoi que ça casserait l'ambiance ? y'a qu'à taper sur son voisin... avec un peu de pot, ça tombera sur un étranger.
De toutes façons, assure le directeur de la "Swiss Football League" (en zurichois dans le texte), "60 % du public des matches de l'Eurofoot n'a rien à voir avec les équipes sur le terrain". Tu parles, Charles : un tiers des billets sont réservés aux fédérations nationales des équipes sur le
terrain, pour qu'elles les revendent à leurs compatriotes, et un autre tiers est mis en vente par les organisateurs à qui en veut -y compris les supporters des équipes en lice, habitant la Suisse ou non.

De son côté, la Confédération mobilise l'armée pour maintenir l'ordre autour des stades : jusqu'à 15'000 soldats pourront intervenir dans les villes qui accueillent (de bon ou mauvais gré) l'Euro2008. Les deux chambres du parlement ont accepté l''angement de l'armée en service d'appui. Au Conseil national, la décision a été prise le 5 mars par 111 voix contre 51 (les socialistes, qui voulaient ramener le nombre de soldats engagés à un maximum de 10'000, et les verts, qui refusaient tout engagement de l'armée).
A nos vaillants troufions s'ajouteront nos vaillants policiers : près de 2000 policiers genevois, confédérés et étrangers seront mobilisés, annonce fièrement la cheffe de la police genevoise, Monica Bonfanti. Près de 400 policiers étrangers pourraient prêter main forte à leurs collègues suisses, ceux-ci devant tout de même assurer en plus leurs tâches normales : "On ne peut pas dire à celui qui a été cambriolé : 'il y a le foot'", on ne peut pas intervenir... C'est pourtant vraisemblablement ce que va entendre "celui qui a été cambriolé".

L'Association suisse de foot a adressé, ou va le faire, à tous les clubs affiliés un "Pacte pour le fair-play et contre la violence". Pourquoi ? y'a un problème ? En signant ce pacte à Neuneu, les clubs s'engagent notamment à "condamner la violence, la discrimination, le racisme, le vandalisme et l'intolérance", à "refuser l'accès au stade aux fauteurs de troubles" qui "font preuve de violence à l'égard des personnes ou des choses", "pénètrent sur le terrain", "déploient des banderoles ou entonnent des chansons racistes, sexistes ou portant atteinte à l'honneur". Bref, si les signataires de ce pacte étaient cohérents (ce qu'ils ne sont pas), en signant le pacte il s'engageraient à jouer tous leurs matches à huis-clos.

- Le 2 février, un policier sicilien est tué dans des affrontements entre supporters des équipes de foot de Catane et Palerme. Les affrontements font au moins 75 blessés.
- Le 4 février, les supporters d'un club local de Dordogne ont passé à tabac l'arbitre du match opposant leur club à celui du village voisin.
- Le 10 février, des violences ont éclaté à la fin d'un match à Leipzig, entre policiers et hooligans, faisant 42 blessés, dont 36 policiers. La fédération de foot de Saxe a du coup annulé près de 60 rencontres prévues
le wee-end suivant. Le ministre de l'Intérieur a expliqué qu'il préférait "un stade vide à un policier mort". C'est une réponse aux déclarations du président de la Ligue italienne de foot, Antonio Matarese, après la mort
d'un policier sicilien tué dans des affrontements entre supporters des équipes de foot de Catane et Palerme, le 2 février : "Malheureusement, les morts font partie du système. Ils sont inévitables. Le foot est une des
industries les plus importantes d'Italie et elle a besoin de continuer à fonctionner".
- Le 6 mars, de violents incidents éclatent à la fin du match Valencia-Inter Milan, culminant en une bagarre générale entre joueurs sur le terrain, puis dans les vestiaires. Les fauteurs de troubles n'étaient pas des hooligans ou des supporters "ultras", mais des joueurs professionnels grassement payés (pour jouer). Le match retour aurait pu se jouer à Genève, la direction du stade de la Praille ayant été contactée par des dirigeants milanais. On l'a échappé belle.

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