17 janvier 2007

Les policiers suisses s'inquiètent de l'état d'impréparation dans les questions de sécurité liées à l'Eurofoot : "On est très, très en retard dans les questions de sécurité", déclare à la Tribune de Genève (du 18 novembre) le vice-président de la Fédération suisse des fonctionnaires de police, Olivier Prevosto. Selon lui, les polices suisses (et leurs renforts étrangers) ne pourront mobiliser que 900 hommes pour les matches à haut risque, 700 pour les matches à risque moyen, 450 pour les matches sans risque particulier (il y en a donc ?), alors que lors du Mondial de foot de 2006, l'Allemagne mobilisait 3000 hommes par match, ce qui avait permis de limiter la casse (sans l'éviter totalement).

Le sociologue allemand, spécialiste du hooliganisme, Günter Pilz, a inventé un nouveau concept : les "hooltras", croisement entre le hooligan pur jus (violent par principe) et le supporter "ultra", fana de son club et potentiellement (mais pas systématiquement) violent. Le "hooltra" est un personnage intéressant : raciste et violent, son ennemi principal n'est pas le supporter du club adverse, mais la police et toute espèce de service d'ordre. Sachant que les "hooltras" représentent, selon Pilz, 10 % des "ultras", et que ceux-ci (potentiellement violents) sont entre 1500 et 2000 en Suisse, on a donc, en Suisse même, un petit vivier de 150 à 200 "hooltras" (âgée de 18 à 30 ans, issus de toutes les couches sociales, et majoritairement suisses, selon le chef de la police fédérale, Urs von Däniken), qui vont s'ajouter à leurs congénères des autres pays participant à l'Eurofoot pour participer aux festivités, y'a pas de raison.

"Le football n'a ni les moyens ni l'ambition de résoudre des problèmes de société", déclare le porte-parole de l'UEFA, William Gaillard (Le Temps du 2 décembre), à propos des batailles rangées et actes racistes qui se multiplient dans les stades, et à leurs abords, dans toute l'Europe (y compris en Suisse). Il a raison le Gaillard : le football ne peut pas résoudre les problèmes de sociétés. Il peut juste les aggraver en en inventer de nouveaux.

- Le 27 octobre, des affrontements provoqués par des supporters munichois font plus de 80 blessés à Augsbourg, lors de match de 2ème division. 40 supporters sont arrêtés. Le week-end suivant, des arbitres amateurs de la région de Wittgenstein se sont mis en grève pour protester contre les violences dont ils sont victimes de la part de joueurs et de supporters.

- Le 1er novembre, dans un match entre équipes de juniors à Onex, un joueur de 15 ans est démoli à coups de pieds, alors qu'il était à terre, sous les yeux de son père par un joueur onésien. Le jeune vaudois, inanimé, est hospitalisé. Après le match, l'arbitre témoigne avoir entendu des joueurs d'Onex dire leur satisfaction d'avoir "cassé un adversaire".

- Le 8 novembre, des supporters du FC Schaffhouse et du FC Thoune, revenant d'un match à Schaffhouse entre les deux équipes, se sont affrontés à la gare de Schaffhouse, puis dans le train Cisalpino qu'ils ont pris en commun, où ils ont commis diverses déprédations et dont ils sont saccagé le wagon restaurant. Cinq d'entre eux ont été arrêtés.

- Le 23 novembre, à Paris, après la défaite du PSG devant l'Hapoel de Tel-Aviv, un groupe d'une centaine de supporters d'extrême-droite s'en prend à un supporter du club israélien. Un policier en civil (d'origine antillaise) tente de protéger du lychange le supporter agressé. La centaine de supporters d'extrême-droite s'en prend également à lui. Menacé lui aussi d'être lynché, le policier sort son arme, tire, blesse grièvement un supporter parisien et en tue un autre, membre du groupe de supporters d'extrême-droite "Boulogne Boys" (le groupe., dont l'emblème est une tête de mort, et dont les chefs se nomment eux-mêmes des "kapos", compte un millier de membres, dont 400 sont potentiellement violents, et une trentaine le sont systématiquement violents). Le policier et le supporter du club israélien se réfugient dans un Mc Do assiégé par plus d'une centaine de supporters parisiens hurlant "mort aux juifs", "Sale nègre" et "la France aux Français", et n'en sont finalement délivrés que grâce à l'intervention massive des CRS. Commentaire navré du président de la Ligue nationale française de foot, Frédéric Thiriez (dans Le Monde du 25 novembre) : "Le football, ce n'est pas la haine. Le football, ça ne peut pas être la guerre". Mais un pogrom, oui, ça, ça peut. Le 26 novembre, les petits copains du supporter abattu par le policier ont organisé à Nantes une marche en son hommage.

- Le 30 novembre, cinq supporters saint-gallois sont condamnés à des amendes de 500 à 800 francs et à des peines de prison de 15 jours avec sursis, pour avoir, après un match entre Xamax et Saint-Gall, commis des déprédations et des affrontements avec la police autour de la gare CFF de la Chaux de Fonds.

- Le 30 novembre, des hooligans hollandais sèment la panique dans le stade de Nancy, dans le cadre d'une rencontre de la Coupe de l'UEFA (l'organisatrice de l'Eurofoot 2008).

- Le 3 décembre, un match "à très haut risque" selon les Renseignements Généraux, match entre le Paris St-Germain et Toulouse est annulé par le préfet de police de Paris, compte tenu des risques d'affrontement après la mort d'un supporter parisien abattu par un policier le 23 novembre.

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