23 janvier 2007

Spéléologie financière : exploration des trous de la Praille et de l'Eurofoot

Rapport sur l'impact économique de l'Euro 2004
(source : UEFA -les commentaires entre parenthèses étant de notre fait)

Les principaux bénéfices associés à le tenue de la finale de l'Euro 2004 de l'UEFA au Portugal sont (selon l'UEFA) :
- Des investissements de 795 millions d'euros dans la construction et la rénovation des stades (toutefois, une bonne partie de ces investissements, notamment ceux concernant la rénovation des stades, auraient de toutes façons été consentis et ne sont donc pas liés à l'Euro 2004);
- L'emploi pendant 4 ans et demi de 36'150 personnes par an pour les travaux précités, ce qui a généré une masse salariale de 85 à 100 millions d'euros (même remarque que pour le point précédent : une grande partie des personnes employées à la construction ou la rénovation des stades aurait de toutes façons été employée à des travaux équivalents, voire, s'agissant des rénovations, aux mêmes travaux);
- Une publicité pour le Portugal, dans tous les media télévisuels, équivalant à une publicité payante de 113 millions d'euros, plus 177 mios € de couverture media additionnelle (pour arriver à ces chiffres, il faut considérer qu'à chaque fois qu'on a évoqué le Portugal dans la retransmission d'un match de l'Euro 2008, cette évocation équivaut à une publicité pour le Portugal).
Au total, donc, on a d'un côté des investissements (essentiellement publics) de 795 millions d'euros, et de l'autre des retours sur investissement d'un peu moins de 400 millions. En d'autres termes, les investissements n'ont été compensés qu'à moitié, et le Portugal en a été de sa poche pour 400 millions. L'UEFA doit donc expliquer que le Portugal n'y a tout de même rien perdu, car l'Eurofoot lui a permis (ou l'a obligé) de rendre ses infrastructures plus performantes pour d'autres événements, a suscité une expansion économique, a renforcé l'attrait du pays pour des voyageurs potentiels à d'autres occasions, a généré un "bénéfice social" et a développé le sport. Mais dans le même temps où l'UEFA évoque ces bénéfices indirects, elle reconnaît qu'ils ne sont pas "facilemement mesurables et quantifiables", que d'autres événements que l'Eurofoot auraient pu avoir les mêmes effets, et que d'entre ceux que l'UEFA évoque, certains peuvent ne pas se concrétiser "immédiatement".

A propos de l'impact de l'Euro2004 sur le tourisme vers le Portugal, l'UEFA se contente de noter que le nombre de visiteurs étrangers du Portugal s'est accru de 50 % entre 2000 et 2005, que les profits retirés au Portugal du tourisme international ont crû dans la même période de 46 % et se situent dans une fourchette de 83 à 100 millions d'euros. La part de cette croissance qu'on pourrait attribuer à l'impact médiatique de l'Euro 2004 n'est cependant pas précisément évaluée (pour Genève, de toutes façons, cet impact serait à peu près nul, la renommée de la ville -et donc de sa région) étant déjà largement "assise" internationalement, et ne devant rien à des événements du genre de l'Eurofoot).L'UEFA note par ailleurs qu'un spectateur étranger de l'Euro2004 n'a passé qu'un jour (celui du match) au Portugal. Elle évalue à 64 euros par jour et par personne l'apport financier des visiteurs étrangers du Portugal à la faveur de l'Euro2004, et situe dans une fourchette de 197,5 à 262,3 millions d'euros le volume financier lié à l'ensemble des visiteurs étrangers venus pour l'Euro2004. Une grande partie de ce volume (de 59,3 à 91,5 millions d'euros) représente toutefois le coût du voyage au Portugal, et non des dépenses sur place.

S'agissant des stades construits dans la perspective ou au prétexte de l'Euro 2004, l'UEFA estime qu'il y en a sept dans ce cas : ceux de Braga (30'000 places), de Coimbra (30'000), de l'Algarve (30'000), l'Antas de Porto (50'000), d'Aveiro (30'000), le Luz de Lisbonne (65'000) et le stade José Alvalade. L'Antas et le Luz remplacent des stades plus anciens. Le coût total de ces nouvelles infrastructures et de la rénovation des anciennes a été de 795 millions d'euros (680 liés aux stades eux-mêmes, 115 à d'autres coûts). Ces coûts ont été couverts à 21,1 % par l'Etat, à 45 % par des emprunts bancaires, à 28,5 % par les ressources propres des stades (mais ces ressources dépendent elles-aussi en partie de subventions publiques, notamment municipales) et à 5,4 % d'autres sources.
La construction de nouveaux stades a impliqué directement 17'790 emplois par an, pesant 112,2 millions d'euros, et l'UEFA estime qu'elle a indirectement impliqué 18'360 emplois, pesant 131,5 millions d'euros. L'UEFA estime cependant que moins de la moitié de ces emplois (8030 sur 17'790) et de la masse financière qu'ils représentent (54 millions sur 112,2) sont explicitement dus à l'Euro2004, le reste correspondant donc vraisemblablement à des emplois et une masse financière qui auraient de toutes façons été réalisés puisqu'il aurait de toutes façons fallu entretenir, ou démolir, ou reconstruire, les stades existants.

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